Théorie et pratique de conscientisation au Québec
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Théorie et pratique de conscientisation au Québec

  1. 318 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Théorie et pratique de conscientisation au Québec

À propos de ce livre

Se conscientiser, c'est réfléchir à sa réalité sociale et culturelle afin d'agir à la transformer. Dans la foulée des activités du Collectif québécois de conscientisation, les auteurs mettent à jour les fondements de cette approche qui vise le changement social et partagent les nouvelles expériences et les avancées en ce domaine.

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PARTIE 1

DÉFINITION, ORIGINES

ET DÉVELOPPEMENT

DE LA CONSCIENTISATION

Dans la première partie du livre, le chapitre 1 traite des dimensions structurelles et culturelles de l’oppression. L’auteur clarifie d’abord le concept de conscientisation tel qu’il a été compris à partir de la pensée de Paulo Freire et la façon dont ce concept a été actualisé au Québec par le Collectif québécois de conscientisation. Dans le chapitre 2, il est question d’un septième axe appelé l’axe Hommes ↔ Femmes. Celui-ci s’est ajouté avec l’apport de membres féministes et a enrichi notre compréhension des dimensions structurelles et culturelles de l’oppression. L’auteure, à l’origine de cet ajout, remonte au fondement de celui-ci et explique le rôle de cet axe en conscientisation.

CHAPITRE 1

La conscientisation

Une pratique antioppressive

Jean-Yves Desgagnés

La conscientisation, c’est plus
qu’une prise de conscience
ou qu’un travail de prise de conscience.
C’est aussi un engagement, une mise en action,
tant sur le plan individuel que collectif,
afin d’agir pour transformer le monde et pour se libérer
de toutes les formes d’oppression.
En 1980, au baccalauréat en sciences sociales à l’Université du Québec à Chicoutimi, j’effectue un stage au sein d’un groupe très dynamique de personnes assistées sociales de Montréal, plus précisément au local Mercier de l’Association pour la défense des droits sociaux du Montréal métropolitain (ADDS-MM). Le nom de ce groupe m’avait été transmis par des intervenants du Centre populaire de Roberval que j’avais connus au cours d’un emploi d’été et qui désiraient s’inspirer de la pratique de ce groupe pour en créer un semblable à Roberval. C’est au cours d’un stage dans ce groupe, dans la pratique quotidienne inspirée de l’approche de conscientisation, que je découvre la puissance de celle-ci pour travailler en alliance, entre les personnes issues de la classe populaire et celles de la petite bourgeoisie, dans une perspective de changement social. Cette rencontre allait être déterminante dans mon parcours de vie, puisqu’elle sera le début d’un engagement professionnel et militant dans la défense des droits des personnes assistées sociales et la lutte contre la pauvreté qui durera 25 ans.
Le début de mon engagement professionnel et militant sera également marqué par la mise en marche de mon propre processus de conscientisation et de libération avec la rencontre du Collectif québécois de conscientisation (CQC), un réseau d’hommes et de femmes engagés dans le changement social, et ce, tant dans les milieux institutionnels (CLSC, universités, commissions scolaires) que dans les groupes populaires (ADDS, comités de citoyens, groupes de consommateurs, etc.). Ce chapitre sur la conscientisation sera donc grandement inspiré par les apprentissages individuel et collectif réalisés dans la praxis Action ↔ Réflexion au cœur du processus d’apprentissage du CQC.
Dans ce chapitre, je commence par clarifier le concept de conscientisation tel que nous le comprenons à partir de la pensée de Paulo Freire et que nous le comprenons aujourd’hui au Collectif québécois de conscientisation. Puis, dans une deuxième partie, je présente les origines et le développement de l’approche de conscientisation depuis ses débuts en Amérique latine jusqu’à ses avancées au Québec et sur le plan international. Enfin, dans la dernière section du chapitre, j’entends démontrer que la conscientisation et la pensée de Freire sont toujours d’actualité, qu’on peut les considérer comme faisant partie des nouvelles pensées critiques émergentes et qu’elles s’inscrivent très bien dans le courant du praticien réflexif et de la praxéologie.

1.1. UN PEU DE CLARIFICATION SUR LE CONCEPT

En 1983, lorsque le Regroupement des organisateurs communautaires du Québec (ROCQ) devient le Collectif québécois de conscientisation, le terme conscientisation est un mot peu utilisé dans la langue française au Québec. À tel point d’ailleurs que la demande de changement de nom de lettres patentes est refusée par l’organisme gouvernemental responsable de la gestion de celles-ci, au motif que ce mot n’existe pas dans la langue française.
Aujourd’hui, l’utilisation du mot conscientisation est devenue chose courante. La plupart du temps, ce mot est employé dans le sens de « sensibilisation » ou encore dans un sens plus psychologique : « être pleinement conscient de… ». Selon le dictionnaire Larousse, la conscientisation est une « méthode pédagogique par laquelle l’éducateur prend comme support de son enseignement la réalité matérielle et sociale environnant le sujet, de façon à l’impliquer et à le motiver au mieux possible pour son apprentissage. (Cette méthode a été notamment pratiquée, dans le cadre de l’alphabétisation, par Paulo Freire.)1 ».
Si cette définition se rapproche davantage du sens originel qui lui a été donné par les femmes et les hommes engagés dans le combat du changement social, notamment l’importance de la réalité matérielle et sociale comme point de départ du processus d’apprentissage, elle est encore loin de la définition de la conscientisation proposée à l’origine par Freire :
Un processus dans lequel les hommes [et les femmes], en tant que sujets connaissants, et non en tant que bénéficiaires, approfondissent la conscience qu’ils ont à la fois de la réalité socioculturelle qui modèle leur vie et de leur capacité de transformer cette réalité. […] Elle implique aussi une contestation du savoir dans lequel une personne bâtit sa connaissance en réfléchissant sur sa propre expérience « sujet connaissant » et n’est pas, par conséquent, une cruche à remplir « bénéficiaire » d’un savoir officiel établi. La conscientisation implique une réflexion indissociable d’une action de transformation du monde (Humbert, 1987, p. 290).
Dans la perspective de Freire, il n’existe donc pas de conscientisation sans la conviction profonde que le sujet a une capacité réflexive de développement de sa conscience à partir de sa réalité sociale et culturelle, et cela, afin de transformer cette même réalité.
Au Québec, dans les années 1980, des femmes et des hommes engagés dans des organisations « populaires » (des groupes de personnes assistées sociales, de logement, d’alphabétisation, de femmes, etc.), qui ont adopté et appliqué cette approche pendant plusieurs années, systématisent leurs pratiques développées dans ces organisations en produisant deux ouvrages : Pratiques de conscientisation : expériences d’éducation populaire au Québec (Ampleman et al., 1983) et Pratiques de conscientisation 2 (Ampleman et al., 1987). Dans le premier ouvrage, ces femmes et ces hommes apportent leur propre définition de la conscientisation :
Un processus d’apprentissage et d’interinfluence entre des groupes de personnes de la classe populaire, immergées dans des situations d’exploitation, de domination et d’aliénation, et des intervenant-e-s intérieur-e-s ou extérieur-e-s à la classe populaire, interpellé-e-s par ces situations et visant à les changer dans une interaction dialectique avec un processus plus global de transformation politique de la société (Ampleman et al., 1983, p. 291).
À la lumière de ces deux définitions, on peut donc dire que la conscientisation est non seulement un processus pédagogique, c’est-à-dire une méthode d’apprentissage où le sujet, à partir de son expérience d’oppression, de domination ou d’exploitation, est le maître de son processus, mais aussi un projet de transformation politique de la société. La conscientisation, c’est donc plus qu’une prise de conscience ou qu’un travail de prise de conscience. C’est aussi un engagement, une mise en action, tant sur le plan individuel que collectif, afin d’agir pour transformer le monde et pour se libérer de toutes les formes d’oppression.
En 2010, le Collectif québécois de conscientisation actualise son utopie créatrice, que l’on appelle visée. Dans celle-ci, la conscientisation est maintenant définie de la façon suivante : « Un engagement, une option qui se fonde sur la révolte face aux situations d’oppression économique, politique et idéologique, l’espoir de transformer ces situations et la confiance dans les capacités créatrices des personnes opprimées » (Collectif québécois de conscientisation, 2011).
Tout en étant en continuité avec les définitions précédentes, celle-ci insiste désormais sur une dimension fondamentale en conscientisation, le combat contre toutes les formes d’oppression (de classe, de sexe, de race, de genre, etc.). Cette définition précise que celles-ci peuvent être transcendées à partir des capacités créatrices des personnes opprimées. Il n’y a donc pas de conscientisation sans combat contre les oppressions.
Nous touchons ici une dimension fondamentale de la conscientisation qui distingue très clairement celle-ci de l’approche d’empowerment ou, traduite en français, de l’approche du développement du pouvoir d’agir des personnes et des collectivités. Pour plusieurs, conscientisation et empowerment sont synonymes ou, encore, la conscientisation est incluse dans l’empowerment. Cette confusion est compréhensible, puisque certains auteurs qui ont écrit sur cette approche, notamment Le Bossé et Ninacs, voient le développement d’une conscience critique comme l’une des quatre composantes de l’empowerment indiv...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Copyright
  3. Remerciements
  4. Liste des encadrés
  5. Liste des figures et tableaux
  6. Introduction. Gisèle Ampleman
  7. PARTIE 1 - DÉFINITION, ORIGINES ET DÉVELOPPEMENT DE LA CONSCIENTISATION
  8. PARTIE 2 - UNE MÉTHODE OUVERTE À TOUS LES CHAMPS DE PRATIQUE
  9. PARTIE 3 - S’OUTILLER POUR CHEMINER : UN PROCESSUS D’AUTOFORMATION ALLIANT THÉORIE ET PRATIQUE
  10. CONCLUSION La conscientisation. Un processus jamais terminé… Jean-Yves Desgagnés
  11. Annexe 1.
  12. Annexe 2.1.
  13. Annexe 2.2.
  14. Annexe 3.
  15. Références
  16. Notices biographiques
  17. Quatrième de couverture