L'analyse réflexive en enseignement professionnel et technique
eBook - ePub

L'analyse réflexive en enseignement professionnel et technique

De la théorie à la pratique

  1. 292 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub

L'analyse réflexive en enseignement professionnel et technique

De la théorie à la pratique

À propos de ce livre

Le présent ouvrage traite de l'analyse réflexive en éducation.Il s'adresse principalement aux professeurs et aux enseignants qui œuvrent en formation professionnelle et technique, ainsi qu'à ceux qui se dirigent vers ce domaine d'enseignement. En outre, les étudiants actuellement inscrits dans un de ces programmes y trouveront leur compte, puisque la réalisation de ce livre s'inscrit dans une volonté de les sensibiliser à l'analyse réflexive en leur proposant des textes accessibles en lien direct avec leur cheminement.L'analyse réflexive en enseignement professionnel et technique met en lumière le fait que les enseignants sont profondément habités par la nécessité de penser et de réfléchir à leur propre pratique pédagogique. Ce livre répond à un besoin maintes fois répété et ouvre la voie à une meilleure compréhension des enjeux propres à la formation professionnelle et technique, ainsi qu'à la manière dont l'analyse réflexive contribue à faire progresser ce secteur essentiel au développement socioéconomique du Québec.Alliant théorie et pratique, les différents chapitres contiennent des témoignages d'enseignants, de futurs enseignants et de praticiens. Ils tentent de répondre à des questions fréquemment soulevées par les acteurs de ce milieu et proposent des réflexions issues du travail de reconnaissance des acquis disciplinaires spécifiques à ce type de formation.Sylvain Beaupré a été responsable du programme de la formation professionnelle à l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue. La méthodologie qualitative et l'étude du monde du travail figurent parmi ses intérêts de recherche.Julie Lefebvre est professeure au Département d'éducation et formation spécialisées à l'Université du Québec à Montréal (UQAM). Spécialiste de l'initiation à la profession enseignante, elle s'intéresse au développement de la pratique réflexive.Yves de Champlain est professeur au baccalauréat d'enseignement en formation professionnelle et technique à l'UQAM. Il se spécialise en explicitation des savoirs pratiques et en reconnaissance des acquis de l'expérience.

Foire aux questions

Oui, vous pouvez résilier à tout moment à partir de l'onglet Abonnement dans les paramètres de votre compte sur le site Web de Perlego. Votre abonnement restera actif jusqu'à la fin de votre période de facturation actuelle. Découvrez comment résilier votre abonnement.
Pour le moment, tous nos livres en format ePub adaptés aux mobiles peuvent être téléchargés via l'application. La plupart de nos PDF sont également disponibles en téléchargement et les autres seront téléchargeables très prochainement. Découvrez-en plus ici.
Perlego propose deux forfaits: Essentiel et Intégral
  • Essentiel est idéal pour les apprenants et professionnels qui aiment explorer un large éventail de sujets. Accédez à la Bibliothèque Essentielle avec plus de 800 000 titres fiables et best-sellers en business, développement personnel et sciences humaines. Comprend un temps de lecture illimité et une voix standard pour la fonction Écouter.
  • Intégral: Parfait pour les apprenants avancés et les chercheurs qui ont besoin d’un accès complet et sans restriction. Débloquez plus de 1,4 million de livres dans des centaines de sujets, y compris des titres académiques et spécialisés. Le forfait Intégral inclut également des fonctionnalités avancées comme la fonctionnalité Écouter Premium et Research Assistant.
Les deux forfaits sont disponibles avec des cycles de facturation mensuelle, de 4 mois ou annuelle.
Nous sommes un service d'abonnement à des ouvrages universitaires en ligne, où vous pouvez accéder à toute une bibliothèque pour un prix inférieur à celui d'un seul livre par mois. Avec plus d'un million de livres sur plus de 1 000 sujets, nous avons ce qu'il vous faut ! Découvrez-en plus ici.
Recherchez le symbole Écouter sur votre prochain livre pour voir si vous pouvez l'écouter. L'outil Écouter lit le texte à haute voix pour vous, en surlignant le passage qui est en cours de lecture. Vous pouvez le mettre sur pause, l'accélérer ou le ralentir. Découvrez-en plus ici.
Oui ! Vous pouvez utiliser l’application Perlego sur appareils iOS et Android pour lire à tout moment, n’importe où — même hors ligne. Parfait pour les trajets ou quand vous êtes en déplacement.
Veuillez noter que nous ne pouvons pas prendre en charge les appareils fonctionnant sous iOS 13 ou Android 7 ou versions antérieures. En savoir plus sur l’utilisation de l’application.
Oui, vous pouvez accéder à L'analyse réflexive en enseignement professionnel et technique par Julie Lefebvre,Yves de Champlain,Sylvain Beaupré en format PDF et/ou ePUB ainsi qu'à d'autres livres populaires dans Éducation et Éducation générale. Nous disposons de plus d'un million d'ouvrages à découvrir dans notre catalogue.

PARTIE 1 /

OBJECTIVATION DE LA PRATIQUE EN ÉDUCATION

CHAPITRE 1 /

L’histoire, les obstacles et deux exercices pratiques

Sylvain Beaupré, Ph. D.
Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue
Ce texte se veut une introduction à l’objectivation de la pratique en éducation par un bref panorama historique du concept et par le repérage de quelques obstacles susceptibles de se poser au cours de la démarche. La présentation de concepts clés de deux exercices complétera le texte.
En premier lieu, nous explorerons donc très rapidement différents auteurs et leur regard sur l’objectivation de la pratique, plus communément nommée « analyse réflexive » en éducation. Ce bref détour historique, qui n’a absolument aucune prétention exhaustive sinon de situer très brièvement le lecteur quant à l’évolution de la pensée réflexive, visitera diverses disciplines. Cela permettra ensuite de mieux comprendre le tournant réflexif qui a gagné le monde de l’éducation, plus particulièrement dans les années 1980, avec la parution du livre de Donald A. Schön. Nous verrons alors que le « mode réflexif » s’inscrit d’emblée dans notre époque.
Après avoir repéré quelques obstacles, nous poursuivrons avec une argumentation démontrant les avantages de conduire en amont l’objectivation de la pratique. En effet, nous estimons qu’il importe de mener une objectivation en amont d’une analyse avant, pendant et à la suite de la pratique. Nous avançons l’idée que le praticien en éducation a tout intérêt à s’interroger sur les fondements de sa posture professionnelle.
Enfin, nous proposerons deux exercices pratiques propres à améliorer l’objectivation de la pratique enseignante, soit la biographie intellectuelle et la construction de l’habitus. Ce sera l’occasion de proposer une définition du concept d’habitus.

1 / Quelques repères historiques

Depuis l’Antiquité, le rapport du praticien à l’objet représente un élément de réflexion chez de nombreux penseurs. Protagoras (485-411 av. J.-C.) a peut-être été le premier à comprendre que deux observateurs peuvent avoir une perception différente d’une même réalité. D’après lui, il faut rompre avec notre expérience personnelle pour comprendre objectivement. C’est ce qu’on appelle la rupture épistémologique. L’acte de rupture est essentiel à toute intervention qui tend à être objective, même s’il est illusoire de croire que cette rupture puisse être totale ou complète. Si nos expériences peuvent nous être utiles à la compréhension du monde, elles ne doivent cependant pas altérer notre objectivité. Tout praticien doit être conscient de son implication émotive et intellectuelle dans l’interprétation des faits, des événements, des comportements ou des attitudes.

1.1 / « Connais-toi toi-même »

Nous connaissons le philosophe Socrate (470-399 av. J.-C.) principalement grâce à son disciple Platon (427-348). Dans le dialogue intitulé le Charmide (Sur la Sagesse), Platon fait référence à cette phrase de Socrate, « Connais-toi toi-même », tirée d’une gravure qu’il a lue sur le mur du temple d’Apollon à Delphes. Le « Connais-toi toi-même » de Socrate concerne un programme éthique et ne relève aucunement d’une réflexion purement narcissique. En se connaissant soi-même, l’individu peut ensuite mieux comprendre son rapport aux autres et au savoir.

1.2 / Platon et l’allégorie de la caverne

Cette allégorie expose de façon métaphorique les conditions pour accéder à la connaissance de la réalité. Elle suppose une certaine réflexivité. La connaissance des choses oblige des efforts pour apprendre et comprendre, et ainsi dépasser la perception souvent trompeuse que nous avons du monde.

1.3 / La fin de l’Antiquité

De la période annonçant la fin de l’Antiquité et l’aube du Moyen Âge, nous retenons ici l’exemple de saint Augustin (354-430) dans ses Confessions. Dans ce livre, saint Augustin se confie au lecteur comme à un thérapeute. L’auteur mène alors un véritable exercice d’introspection quand il réfléchit sur son passé, sa dévotion, ses erreurs de parcours, ses pulsions, etc. Il propose une théorie de la dynamique de l’âme (néoplatonisme) qui s’apparente à un courant tentant de concilier la vie mystique et la philosophie de Platon1.

1.4 / La Renaissance

Au début des Temps modernes (1500-1800), soit à la Renaissance, Michel de Montaigne (1533-1592) mène un véritable projet d’introspection qui poursuit comme seul but de se décrire au lecteur et, du même coup, décrire la forme de la condition humaine. Dans les Essais, Montaigne cherche à comprendre le psychisme humain et le Moi surgit comme jamais auparavant dans la littérature. Il faut noter qu’avant cette période historique, l’étude de l’être humain ne fait pas partie des préoccupations des penseurs.
Plus tard, le philosophe René Descartes (1596-1650) estime que, pour s’assurer de notre objectivité et de la rigueur de nos connaissances, il faut employer la méthode cartésienne, qui consiste à mettre en doute nos évidences. Descartes défend une rationalité issue de la mise à l’épreuve de nos connaissances. La suspension de notre jugement concerne à la fois les préjugés acquis par l’éducation et les sens trompeurs. Le doute, chez Descartes, renvoie à une interrogation sur le rapport du sujet à l’objet, de sorte que rien ne peut être considéré comme entièrement certain.
Toujours pendant les Temps modernes, plus précisément durant le siècle des Lumières (1700-1800), le philosophe Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) cherche essentiellement à se justifier devant ses contemporains et à dévoiler ses sentiments intimes. Il ne s’agit pas d’un exercice introspectif très sérieux que mène alors ce philosophe dans les Confessions et dans Les rêveries d’un promeneur solitaire. D’ailleurs, quelques années plus tard, l’écrivain français Stendhal (1783-1842) procède avec la même légèreté, dans Vie de Henri Brulard, qui cultive alors davantage l’égotisme qu’il ne mène une véritable introspection.

1.5 / Le XIXe siècle

Le fondateur de la phénoménologie, Edmund Husserl (1859-1938), nous propose de mettre entre parenthèses nos a priori pour réfléchir plus objectivement le monde. Selon ce philosophe allemand, il faut se défaire de nos certitudes et de nos prénotions avant d’aborder un objet de recherche. Il propose la réduction phénoménologique afin de remettre en question notre perception du monde et notre rapport à la réalité. S’inspirant à la fois de Descartes et de Kant (1724-1804), Husserl a voulu relever ce qui entrave la reconnaissance de la part subjective et émotionnelle de notre compréhension du monde. La méthode de la réduction phénoménologique peut participer à construire un nouveau regard plus objectif sur nos objets d’étude. Elle s’inscrit dans un effort réflexif pour que l’on cesse de voir le monde de façon naturelle, avec les a priori que cela suppose afin qu’on tende davantage vers l’objectivité.

1.6 / Le XXe siècle

Les auteurs en sociologie se targuent depuis les débuts de la discipline de la plus grande objectivité. Émile Durkheim (1858-1917) défend une objectivité maximale qui l’incline à considérer les faits sociaux comme des choses afin de lutter contre les prénotions.
Pour sa part, Max Weber (1864-1920) proclame son attachement à l’idée de neutralité axiologique, de sorte à éviter les jugements de valeur. Il souhaite « objectiver la subjectivité » afin de comprendre les relations sociales dans leur complexité.
Dans le domaine de l’éducation, on ne peut passer sous silence la contribution de John Dewey (1859-1952), qui a fortement inspiré Schön. Personnalité marquante du pragmatisme, Dewey avançait l’idée que la plupart des enseignants ignoraient les habitudes mentales (2004 [1910]), ces manières de penser qui peuvent intervenir dans leur enseignement. L’auteur s’intéresse à l’élaboration des savoirs professionnels dans l’action et à la réflexion qui en découle. En fait, il cherche à démontrer comment la réflexivité autorise la construction d’une posture chez les enseignants propre à faire évoluer leur pratique. Il y a un danger, selon Dewey, que l’enseignant enseigne davantage ses propres manières de réfléchir le monde que le contenu disciplinaire qu’il prétend aborder avec l’élève. L’analyse réflexive, chez Dewey, relève d’un examen de la validité (Mezirow, 2001). Il propose trois phases de la pensée réflexive – préréflexive, réflexive et post-réflexive – et sa démarche s’appuie sur la résolution de problème (Legault, 1999). C’est au moyen de la réflexion que l’expérience vécue devient un apprentissage et qu’elle devient une expertise (Kelchtermans, 2001). Dit autrement, l’apprentissage succède donc à l’expérience et la réflexion permet d’en valider le contenu.

1.7 / L’analyse réflexive chez Schön

Les travaux de Donald A. Schön (1994) sur la pratique réflexive se poursuivent dans la même foulée empiriste que l’entreprise menée par John Dewey. Ils s’intéressent au rapport entre l’agir professionnel (savoir-faire) et le savoir scientifique. Schön a remarqué qu’il s’opère une rupture entre ces deux types de savoir lorsque l’enseignant se trouve devant des situations problématiques, ce dernier préférant se servir des expériences passées pour résoudre les difficultés. Schön veut connaître le savoir qui se cache à l’intérieur de la pratique professionnelle. D'après cet auteur, il n’existe pas de solution toute faite en enseignement car le monde change et les problèmes rencontrés en classe également. Il est donc avisé de réfléchir sur notre pratique à l’aide de l’analyse réflexive et selon deux axes : 1) en cours d’action, c’est-à-dire durant la pratique ; 2) sur l’action, c’est-à-dire une fois l’action terminée (Beaupré, 2014).
L’analyse réflexive, chez Schön, représente un processus cognitif en boucle dans lequel la relation entre la réflexion en cours d’action et la réflexion à la suite de l’action fait office de moteur. Si le premier axe demande à l’enseignant de s’adapter à la situation du moment en faisant montre d’ingéniosité, le second axe requiert un questionnement plus profond sur sa pratique, ses motivations et la qualité objective de son enseignement. C’est la tension entre ces deux axes de réflexion qui donne lieu à une pratique enseignante plus éclairée (Beaupré, 2014).
Schön, comme Dewey, estime que l’enseignant peut bonifier sa pratique au rythme des expériences et de la multiplicité des situations. Par le biais de l’analyse réflexive, l’enseignant apprend donc à s’adapter à la complexité.

1.8 / Une époque réflexive

Selon Beck (2001), la modernité, c’est la manière dont la société va s’organiser pour prévoir les risques. L’auteur appelle cette seconde modernité la « modernité réflexive ». Une société moderne est une société qui sait s’organiser démocratiquement pour prévoir et prévenir les chocs qu’elle engendre en retour. Giddens (1994), qui partage un point de vue similaire à celui de Beck, parle plutôt de « modernité avancée ». Lyotard (1979) affirme que la postmodernité nous invite à remettre en question la raison et à critiquer les grands récits explicatifs. Désormais, en cette ère postmoderne, la vérité est locale et éphémère…

1.9 / L’émergence d’un consensus

Les auteurs en sciences humaines et sociales s’entendent sur la nécessité de réfléchir notre rapport au monde collectivement (Beck, 2001 ; Giddens, 1994) ou sur une base individuelle, comme c’est parfois le cas en éducation avec l’analyse réflexive. Dans tous les cas, la réflexivité demeure une préoccupation intellectuelle essentielle pour mieux comprendre notre rapport au monde et aux choses. Elle n’est donc pas exclusive au monde de l’éducation.
Il ressort de cela que dans les sciences humaines, peut-être davantage que dans les autres sciences, il faut tenir compte de l’existence du chercheur et traiter la subjectivité rattachée à son activité professionnelle (Devereux, 1980, p. 30). Pour l’enseignant qui ne s’interroge pas sur sa pratique avec tout le sérieux que cela requiert, il devient inconcevable d’exercer sa profession de manière impartiale ou neutre (Bourdieu, Chamboredon et Passeron, 1968).

2 / Des obstacles à l’objectivation de la pratique

Dans les prochaines lignes, nous verrons quelques obstacles à l’objectivation de la pratique. Toutefois, avant d’aller plus loin, il importe de faire le point sur une sorte de dérapage terminologique qui peut nuire à un entendement commun de la démarche d’objectivation.

2.1 / Un dérapage terminologique

Il n’existe pas de consensus pour désigner l’objectivation de la pratique en éducation. Cette situation se traduit par un certain dérapage terminologique ou sémantique. Voici quelques expressions qui participent à ce dérapage, définies par Collin, Karsenti et Lepage (2012) : pratique réflexive, réflexivité, réflexion, habitus réflexif, analyse réflexive… On pourrait ajouter à cette liste : retour du sujet sur lui-même, introspection, autoanalyse, autocritique, etc. Cette situation donne lieu à un certain dérapage polysémique duquel nous nous distinguons en préférant l’expression « objectivation de la pratique », qui permet de désigner un exercice de déconstruction et de mise à plat. Cette dernière expression nous semble plus fédératrice et elle évite les ambiguïtés sémantiques.

2.2 / Quelques obstacles2

Le premier obstacle que nous avons choisi de présenter est la tradition. On peut s’entendre pour affirmer que notre explication du monde provient de notre culture, de notre éducation. Le principal avantage de la tradition demeure son caractère cumulatif, tandis que son principal inconvénient consiste en son caractère conservateur. Dans tous les cas, la tradition peut représenter un obstacle à la réflexion, enferrés que nous sommes dans les a priori qu’elle véhicule.
Le sens commun est le deuxième obstacle repéré. Il se définit comme la manière de juger, la façon d’agir commune à tous les individus partageant une culture commune, des traits culturels communs ou des codes et des règles semblables. En fait, il s’agit du « gros bon sens »: cette capacité de comprendre les choses sans en discuter la valeur réelle. Cependant, il faut se méfier du sens commun comme de la tradition, car ils suggèrent une sorte de raccourci dans la réflexion, ce qui nous évite de considérer une situation, par exemple, avec un œil nouveau. Le sens commun, c’est un peu comme le chemin le plus court à emprunter sans se donner la peine de réfléchir réellement dans une situation donnée.
Le troisième obstacle concerne l’intuition. Celle-ci s’appuie très rarement sur une analyse basée sur un raisonnement rigoureux. L’intuition signale un intérêt pour telle ou telle partie de la connaissance. Il faut aussi s’en méfier, car elle n’est pas toujours soutenue par des faits observables.
Enfin, le dernier et quatrième obstacle sur lequel nous souhaitons attirer l’attention se rapporte à la mode intellectuelle. Cette dernière s’oppose à la tradition en prévenant la paralysie du savoir (Kuhn, 1962). Humanisme, structuralisme, sociobiologie, néo-marxisme, Nouvel Âge, postmodernisme sont des exemples anciens et actuels de façons différentes d’aborder le réel qui ont déjà provoqué un certain engouement. Si les modes intellectuelles encouragent l’exploitation de nouvelles pistes de recherche, elles font aussi parfois perdre le sens de la mesure. De plus, la mode du moment est peu encline à s’évanouir au profit d’une autre (Kuhn, 1962). Tout changement de paradigme représente une rupture difficile et il rencontre immanquablement de la résistance chez ceux qui défendent la mode intellectuelle du moment. Et des modes ainsi que des réformes en éducation, il y en a eu plusieurs. Chacune a eu droit à sa part de résistance.

3 / L’objectivation de la pratique : avant, pendant et après

De nombreux auteurs s’entendent sur la nécessité chez les enseignants d’objectiver leur pratique, de sorte qu’ils puissent réguler leur action et s’adapter à chaque situation sans recourir à des recettes toutes faites (Paquay et al., 2012). La formation des maîtres doit former des enseignants capables d’analyse réflexive et d’apprendre de leur réflexion (Legault, 1999). L’enseignant professionnel doit être en mesure de prendre du recul et d’analyser sa pratique. Cette forme de réflexivité consiste en un retour de la conscience sur elle-même pour l’exa...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Page de titre
  3. Copyright
  4. Préface
  5. Liste des figures et des tableaux
  6. Liste des abréviations
  7. Introduction
  8. PARTIE 1 / OBJECTIVATION DE LA PRATIQUE EN ÉDUCATION
  9. PARTIE 2 / DISPOSITIFS ET APPLICATIONS
  10. Notices biographiques