Huit clés pour la prévention du suicide chez les jeunes
eBook - ePub

Huit clés pour la prévention du suicide chez les jeunes

  1. 200 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub

Huit clés pour la prévention du suicide chez les jeunes

À propos de ce livre

L'auteure propose huit clés pour agir auprès des jeunes suicidaires: la gestion des émotions, la perception de soi, la relation au corps, la vision et la résolution des problèmes, les relations interpersonnelles, le rapport à la société et la perception de celle-ci, la relation aux objets, la dimension spirituelle.

Foire aux questions

Oui, vous pouvez résilier à tout moment à partir de l'onglet Abonnement dans les paramètres de votre compte sur le site Web de Perlego. Votre abonnement restera actif jusqu'à la fin de votre période de facturation actuelle. Découvrez comment résilier votre abonnement.
Pour le moment, tous nos livres en format ePub adaptés aux mobiles peuvent être téléchargés via l'application. La plupart de nos PDF sont également disponibles en téléchargement et les autres seront téléchargeables très prochainement. Découvrez-en plus ici.
Perlego propose deux forfaits: Essentiel et Intégral
  • Essentiel est idéal pour les apprenants et professionnels qui aiment explorer un large éventail de sujets. Accédez à la Bibliothèque Essentielle avec plus de 800 000 titres fiables et best-sellers en business, développement personnel et sciences humaines. Comprend un temps de lecture illimité et une voix standard pour la fonction Écouter.
  • Intégral: Parfait pour les apprenants avancés et les chercheurs qui ont besoin d’un accès complet et sans restriction. Débloquez plus de 1,4 million de livres dans des centaines de sujets, y compris des titres académiques et spécialisés. Le forfait Intégral inclut également des fonctionnalités avancées comme la fonctionnalité Écouter Premium et Research Assistant.
Les deux forfaits sont disponibles avec des cycles de facturation mensuelle, de 4 mois ou annuelle.
Nous sommes un service d'abonnement à des ouvrages universitaires en ligne, où vous pouvez accéder à toute une bibliothèque pour un prix inférieur à celui d'un seul livre par mois. Avec plus d'un million de livres sur plus de 1 000 sujets, nous avons ce qu'il vous faut ! Découvrez-en plus ici.
Recherchez le symbole Écouter sur votre prochain livre pour voir si vous pouvez l'écouter. L'outil Écouter lit le texte à haute voix pour vous, en surlignant le passage qui est en cours de lecture. Vous pouvez le mettre sur pause, l'accélérer ou le ralentir. Découvrez-en plus ici.
Oui ! Vous pouvez utiliser l’application Perlego sur appareils iOS et Android pour lire à tout moment, n’importe où — même hors ligne. Parfait pour les trajets ou quand vous êtes en déplacement.
Veuillez noter que nous ne pouvons pas prendre en charge les appareils fonctionnant sous iOS 13 ou Android 7 ou versions antérieures. En savoir plus sur l’utilisation de l’application.
Oui, vous pouvez accéder à Huit clés pour la prévention du suicide chez les jeunes par Marlène Falardeau en format PDF et/ou ePUB ainsi qu'à d'autres livres populaires dans Sciences sociales et Travail social. Nous disposons de plus d'un million d'ouvrages à découvrir dans notre catalogue.
CHAPITRE 1
ONZE ADOLESCENTS QUI
N’AVAIENT PLUS ENVIE DE VIVRE
Avant de présenter les jeunes1 qui ont été interviewés dans le cadre de ma recherche, j’ai cru bon, premièrement, de dire un mot sur l’adolescence afin de sensibiliser le lecteur à la réalité de cette étape de la vie, ou en guise de rappel, et deuxièmement, de préciser le concept de suicide afin pour que nous en ayons la même définition.

LA PÉRIODE DE L’ADOLESCENCE

L’adolescence a été identifiée comme une phase spécifique de la vie humaine à partir du milieu du XIXe siècle. C’est la révolution industrielle qui a fait naître une séparation entre les enfants et les adultes qui, auparavant, travaillaient ensemble quotidiennement (Hurrelmann et Engel, 1989). Le jeune n’apprend plus son métier de ses parents. Ce type d’apprentissage, autrefois, favorisait la communication et la compréhension (Muuss, 1962).
Adolescence vient du verbe latin adolere qui signifie « croître, mûrir ». Certes, la croissance s’échelonne sur toute la vie, mais il semble que l’adolescence soit une période fondamentale, du moins en ce qui a trait à la définition de soi et à l’acquisition de l’autonomie (auto nomie : normes internes) (Kroger, 1989).
Dans cette phase troublante de la vie, l’individu doit prendre des décisions majeures qui augmentent sa conscience de lui, ainsi que son incertitude face à lui-même. Son statut demeure ambigu. Des pressions s’exercent pour l’acquisition de son indépendance, bien que des obstacles à cette indépendance et à sa liberté sexuelle subsistent (Simmons, Rosenberg et Rosenberg, 1973).
L’adolescence, cet espace-temps situé entre la béate insouciance de l’enfance et les nombreuses responsabilités de l’âge adulte, est une période de bouleversements profonds, une pénombre du cheminement personnel, une zone nébuleuse. Cette période d’orientation psychosociale survient au même moment que des changements primordiaux s’opèrent sur le plan corporel (Caron, 1995). Le corps en métamorphose peut être ressenti par l’individu comme une violence qui lui est infligée pouvant susciter un sentiment d’étrangeté à lui-même, où il sent perdre la maîtrise de sa vie et de son corps (Corthay-Casot et Halfon, 1998). Ces transformations brutales du corps qui introduisent le trouble, le doute, l’indéfini, confrontent l’adolescent à l’ananké, cette loi de la nature devant laquelle il est totalement impuissant ; son corps est le fruit de l’union de ses parents et il se dit qu’il ne l’a pas choisi. C’est ce qu’expriment les adolescents quand ils nous disent : « Je n’ai pas choisi de naître », phrase dont le contrepoint est : « Je peux choisir de mourir. » La violence, comme maîtrise, apparaît alors (Jeammet, 1997).
Pour Chapelle (1990), l’adolescence est une période « à risque », « dangereuse », comparable à une mise au monde en raison de la nouveauté, du traumatisme et de la charge affective qui la marquent. Plusieurs présentent les adolescents comme étant en vide d’être, mais ne s’agirait-il pas plutôt d’effervescence, d’un trop-plein d’émotions, de pulsions sexuelles, d’idéologies (Beaulieu, 1996) ?
Stillion, McDowell et May (1989) définissent l’adolescence comme une période tumultueuse, en passant par des facteurs biologiques, psychologiques, cognitifs et environnementaux. Selon ces auteurs, sur le plan biologique, les adolescents agissent sous l’effet d’une production augmentée d’hormones. Sur le plan psychologique, la tâche majeure est d’établir un sens d’identité. S’ils comprennent qui ils sont et qui ils deviennent, il leur est plus facile de transiger avec les stresseurs de cette période. L’adolescence est aussi un temps critique pour former des liens d’intimité avec les amis. Ces liens les protègent de l’isolement et d’un sentiment de solitude. Au niveau cognitif, leurs premières expériences avec la pensée opérationnelle formelle les amènent à développer de l’idéalisme et de l’égocentrisme. Pour la première fois, ils comprennent, à un niveau individuel, les implications de certains concepts telles la justice et l’égalité. Une distance entre ce qui existe vraiment et leurs mondes idéalisés est vécue comme une tragédie. Ils peuvent également éprouver de la difficulté à accepter leur propre mort, ce qui occasionne une illusion d’invulnérabilité et une prise de risques. Croyant qu’ils sont les seuls à vraiment comprendre le monde selon leur nouvelle perspective, leur conscience de soi est amplifiée. Les petits tracas de la vie quotidienne semblent des traumatismes majeurs, créant de la souffrance. Finalement, l’adolescent est sous l’influence de facteurs provenant de l’environnement comme des conflits avec les parents, des relations turbulentes ou absentes avec les pairs, la consommation de drogues, etc.
Ces considérations peuvent expliquer, du moins partiellement, le fait que les adolescents et les jeunes adultes constituent le groupe, au Québec, où les taux de suicides et de comportements suicidaires sont les plus élevés.

UNE DÉFINITION DU SUICIDE

« Suicide » est un mot d’origine latine qui signifie mort de soi-même (sui : soi-même, cide : mort). Innombrables sont les auteurs qui ont tenté de définir ce phénomène complexe. Parmi les définitions proposées, nous retrouvons celle de Durkheim (1930, p. 5) : « On appelle suicide tout cas de mort qui résulte directement ou indirectement d’un acte positif ou négatif accompli par la victime elle-même et qu’elle savait devoir produire ce résultat. » Cette précision nous amène déjà plus loin que le seul sens étymologique ; elle demeure toutefois incomplète, réduisant, entre autres, le suicide à un acte.
Pour ma part, je préfère celle de Baechler (1975, p. 77) : « Le suicide désigne tout comportement qui cherche et trouve la solution d’un problème existentiel dans le fait d’attenter à la vie du sujet. » Dans son ouvrage, Baechler décortique cette définition. Par exemple, il explique que, par comportement, il entend la conduite et les modes de vie, ou encore que, par problème, il désigne autant les problèmes internes qu’externes.
Quant à la tentative de suicide, vu que le mot « tentative » vient du latin tentare qui veut dire tenter, c’est-à-dire commencer en vue de réussir, « tentative de suicide » signifie donc tenter de se suicider, essayer de s’enlever la vie. Dans le dictionnaire Robert (1990), le mot « tentative » est défini de la façon suivante : « Action par laquelle on s’efforce d’obtenir un résultat quand ce résultat est ou douteux ou nul. » Bardet (1996, p. 4) propose la définition suivante : « Une tentative de suicide (ou ts, en jargon médical) est un acte délibéré par lequel un individu se cause un préjudice physique, dans l’intention de se donner la mort ou d’obtenir un changement d’état (mettre fin à une souffrance psychique ou physique), mais dont l’issue n’est pas fatale. » Dans mon étude, les tentatives symboliques (p. ex., fuguer de la maison parentale avec l’intention de poser un geste suicidaire et y revenir sans avoir poser ce geste) ou les patrons d’automutilation n’ont pas été considérés comme des tentatives de suicide.

ONZE JEUNES QUI ONT TENTÉ DE SE SUICIDER

J’ai cherché à comprendre ce que vivaient les jeunes qui avaient fait une ou plusieurs tentatives de suicide. J’ai pensé, comme Chabot (1997), que c’est vers ceux qui étaient passés aux actes qu’il fallait se tourner. Les jeunes devenaient donc les experts, ceux qui détenaient les réponses à mes questions. D’octobre 1998 à février 2000, je me suis impliquée dans quelques organismes communautaires du centre-ville de Montréal et j’ai sillonné les rues en compagnie d’un travailleur de rue. Onze jeunes ont accepté de me faire part de leurs expériences.
Le tableau 1 résume un certain nombre des caractéristiques des jeunes qui ont participé à l’étude. Cinq femmes et six hommes, tous d’origine québécoise et âgés entre 17 et 25 ans (l’anniversaire de naissance survenant entre la première et la dernière entrevue pour deux des participants, leur âge est passé de 19 à 20 ans), ont été interviewés. Le temps passé entre la tentative de suicide et la participation à la première entrevue variait de dix jours à deux ans. Les moyens utilisés par les adolescents pour tenter de mettre fin à leurs jours furent divers. Trois des onze jeunes en étaient à leur première tentative de suicide alors que deux en avaient fait plus de dix ; pour les autres, le nombre de tentatives antérieures variait de une à trois sauf pour un des jeunes pour qui nous n’avons pas l’information exacte.
La section qui suit présente les 11 participants de l’étude par des données telles que : l’âge, les antécédents suicidaires, l’intention au moment de la tentative, le moyen utilisé. Les faits de la vie du jeune, avant et après son geste suicidaire, sont aussi exposés.
1. Vanessa2
Vanessa est une jeune femme de 20 ans qui a dit avoir, une dizaine de fois, tenté de s’enlever la vie ; elle n’a pu fournir un nombre précis de fois. Elle a mentionné, cependant, qu’elle avait utilisé soit la drogue, soit un produit toxique (ammoniaque). Lorsque je l’ai rencontrée pour la première fois, elle avait essayé de se suicider en s’injectant une dose massive d’héroïne, cinq semaines plus tôt (c’était sa tentative la plus récente).
Je n’ai pas d’informations sur la dose qu’elle s’est injectée, mais je sais qu’elle est entrée dans un coma et qu’elle a été réanimée par une équipe médicale à l’hôpital. En absorbant cette quantité d’héroïne, Vanessa avait l’intention de se suicider : « La dernière tentative de suicide, bon, après un viol, consciemment ce que je voulais, j’espérais crever d’une overdose, j’espérais ne pas être capable de supporter toute la drogue que mon corps absorbait. »
Elle a dit qu’elle avait quitté le domicile familial à l’âge de 13 ans parce que son père la battait. Elle est partie avec un copain qui, lui aussi, se faisait violenter chez lui. Ils se sont retrouvés au centre-ville de Montréal. Dans la rue, Vanessa a ressenti plusieurs émotions : honte, humiliation, culpabilité, rejet, agressivité. Elle y a découvert les drogues ; elle y a appris la quête et le vol. Cinq ans plus tard, elle s’est insérée dans le milieu de la prostitution. À deux reprises, elle s’est fait violer par un ex-client. Elle a cherché en vain un réconfort auprès des personnes qu’elle côtoyait et qu’elle croyait ses amis. Se sentant alors « très déçue, seule et dégoûtée d’elle-même », elle a tenté de mettre fin à ses jours. « Bon, le viol, c’est ce qui m’a donné l’idée de me suicider, la goutte qui a fait déborder le vase, et puis en en parlant, c’était la deuxième fois que ça arrivait avec la même personne, ça fait que c’était humiliant. »
À sa sortie de l’hôpital, elle s’est retrouvée dans le Milieu de la rue où elle a vaqué à ses activités habituelles : quête, prostitution, consommation de drogues… Pour elle, le passage du temps lui a confirmé sa « corruption ». « Par rapport à moi, je trouve ça bien rough. J’ai un certain dégoût de moi-même. Il y a certaines choses que je regrette. Je me sens coupable. J’ai des peurs. J’ai des blessures qui ne pourront jamais partir, tu sais. Ma conscience, je la considère positive ; j’ai une âme ; je suis une personne quand même saine, mais on dirait que tout ça me corrompt. Je suis corrompue carrément. »
Vanessa a expliqué que de 13 ans à 18 ans, elle commettait des vols avec effraction avec des copains et que c’est de cette façon qu’elle réussissait à se procurer sa drogue. « J’étais tellement fière parce que j’avais consommé cinq ans puis ça coûte cher tu sais, puis je n’avais pas eu à me prostituer. » Elle a ajouté : « J’étais contre la prostitution. Puis les valeurs, le respect, par rapport à ça… Je suis déchirée dans mon intérieur, dans mon estime. » Lorsque je l’ai rencontrée, elle ne croyait pas qu’elle pouvait guérir ses déchirures intérieures (« Je pense que ma sexualité va “être fuckée pour un bout” », etc.). Aussi, pour elle, vivre autrement était inaccessible. Par exemple, elle ne se voyait pas « dans un travail régulier, un petit quotidien, une petite routine » se définissant plutôt comme une personne « marginale, excentrique » ; elle ne croyait plus qu’il était possible de gagner sa vie avec l’art et « préférait ne pas avoir trop d’attentes » ; elle ne pouvait réaliser son désir d’avoir des enfants, étant infertile, etc. Aussi, elle considérait qu’elle avait « trop de retard », elle ne savait pas comment faire fonctionner un ordinateur, elle s’était retirée du système scolaire depuis trop longtemps…
Elle a dit qu’elle connaissait les ressources d’aide et que, si elle mettait ses énergies à la bonne place, sûrement qu’elle réussirait à orienter sa vie différemment et à quitter le Milieu de la rue, mais elle avait peur de l’échec et du rejet. Pour ces raisons, elle exprimait que cela ne lui « tentait pas, présentement » d’y mettre des efforts.
2. François
François est un jeune homme âgé de 21 ans qui, deux ans plus tôt, avait tenté de s’enlever la vie par pendaison. Il venait de démolir sa chambre et de menacer de tuer sa mère, lorsqu’il s’est enfui de la maison et a grimpé dans un arbre dans lequel il avait installé une corde, quelques semaines plus tôt. La corde autour du cou, il observait les ambulanciers et les policiers qui étaient sur place. Ce sont les policiers qui l’ont rejoint dans l’arbre et qui l’ont finalement décroché. Il s’est retrouvé à l’hôpital.
Environ un an plus tôt, François avait amorcé une tentative de suicide en utilisant un couteau. « J’avais déjà essayé de me suicider avec un couteau de cuisine avec des dents coupées au laser, puis genre je n’avais pas le cœur, ça faisait trop mal, tu sais. »
François a rapporté qu’au cours de son adolescence, avec des camarades, il invoquait les morts par des pratiques occultes. Aussi, il priait un de ses oncles qui s’était suicidé. Il vivait beaucoup de haine envers les autres, la société et lui-même. Il nourrissait des idées noires. Il accumulait les échecs, par manque de persévérance, a-t-il expliqué (relations amoureuses, affaires scolaires…). Il consommait des drogues po...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Dans la même colletion
  3. Page titre
  4. Copyright
  5. PRÉFACE
  6. REMERCIEMENTS
  7. Table des matières
  8. INTRODUCTION
  9. CHAPITRE 1 ONZE ADOLESCENTS QUI N’AVAIENT PLUS ENVIE DE VIVRE
  10. CHAPITRE 2 LES ÉMOTIONS
  11. CHAPITRE 3 LE SOI
  12. CHAPITRE 4 LE CORPS
  13. CHAPITRE 5 LES PROBLÈMES
  14. CHAPITRE 6 LES RELATIONS INTERPERSONNELLES
  15. CHAPITRE 7 LA SOCIÉTÉ
  16. CHAPITRE 8 LES OBJETS
  17. CHAPITRE 9 LA SPIRITUALITÉ
  18. CHAPITRE 10 LE SUICIDE : UN PHÉNOMÈNE COMPLEXE
  19. CHAPITRE 11 L’INTERVENTION AUPRÈS DES JEUNES
  20. CONCLUSION
  21. BIBLIOGRAPHIE