
- 43 pages
- French
- ePUB (adapté aux mobiles)
- Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub
L'expédition du Mexique
À propos de ce livre
Au moment de l'écriture de ce texte Napoléon III vient de lancer la campagne du Mexique. Décidée pour des raisons politiques et financières, celle-ci devait s'achever six ans plus tard par un pitoyable fiasco et la mort tragique de l'empereur Maximilien. Dès le lancement des opérations, l'auteur avait jugé clairement et durement la folie de l'entreprise. Sa belle hauteur de vue universalise la problématique et la rend intemporelle. Les mots frappent aujourd'hui avec la force du recul comme certainement ils n'ont pas frappé à l'époque. À la limite du pamphlet, ce texte court et percutant force à la réflexion. (Édition annotée.)
Foire aux questions
Oui, vous pouvez résilier à tout moment à partir de l'onglet Abonnement dans les paramètres de votre compte sur le site Web de Perlego. Votre abonnement restera actif jusqu'à la fin de votre période de facturation actuelle. Découvrez comment résilier votre abonnement.
Pour le moment, tous nos livres en format ePub adaptés aux mobiles peuvent être téléchargés via l'application. La plupart de nos PDF sont également disponibles en téléchargement et les autres seront téléchargeables très prochainement. Découvrez-en plus ici.
Perlego propose deux forfaits: Essentiel et Intégral
- Essentiel est idéal pour les apprenants et professionnels qui aiment explorer un large éventail de sujets. Accédez à la Bibliothèque Essentielle avec plus de 800 000 titres fiables et best-sellers en business, développement personnel et sciences humaines. Comprend un temps de lecture illimité et une voix standard pour la fonction Écouter.
- Intégral: Parfait pour les apprenants avancés et les chercheurs qui ont besoin d’un accès complet et sans restriction. Débloquez plus de 1,4 million de livres dans des centaines de sujets, y compris des titres académiques et spécialisés. Le forfait Intégral inclut également des fonctionnalités avancées comme la fonctionnalité Écouter Premium et Research Assistant.
Nous sommes un service d'abonnement à des ouvrages universitaires en ligne, où vous pouvez accéder à toute une bibliothèque pour un prix inférieur à celui d'un seul livre par mois. Avec plus d'un million de livres sur plus de 1 000 sujets, nous avons ce qu'il vous faut ! Découvrez-en plus ici.
Recherchez le symbole Écouter sur votre prochain livre pour voir si vous pouvez l'écouter. L'outil Écouter lit le texte à haute voix pour vous, en surlignant le passage qui est en cours de lecture. Vous pouvez le mettre sur pause, l'accélérer ou le ralentir. Découvrez-en plus ici.
Oui ! Vous pouvez utiliser l’application Perlego sur appareils iOS et Android pour lire à tout moment, n’importe où — même hors ligne. Parfait pour les trajets ou quand vous êtes en déplacement.
Veuillez noter que nous ne pouvons pas prendre en charge les appareils fonctionnant sous iOS 13 ou Android 7 ou versions antérieures. En savoir plus sur l’utilisation de l’application.
Veuillez noter que nous ne pouvons pas prendre en charge les appareils fonctionnant sous iOS 13 ou Android 7 ou versions antérieures. En savoir plus sur l’utilisation de l’application.
Oui, vous pouvez accéder à L'expédition du Mexique par Edgar Quinet, Édition Mon Autre Librairie en format PDF et/ou ePUB ainsi qu'à d'autres livres populaires dans Histoire et Histoire du monde. Nous disposons de plus d'un million d'ouvrages à découvrir dans notre catalogue.
Informations
1 – Les prétextes.
Qu’est-ce que cette expédition ? Que veut-elle ? Que cache-t-elle ? Est-elle dans l’intérêt public, ou dans l’intérêt d’un seul ? Où peut-elle aboutir ? Le pays qui est lancé dans cette entreprise est celui qui serait le plus embarrassé de répondre à ces questions. Il ne sait pourquoi il fait cette guerre, ni comment il y a été engagé. Il verse son sang et celui d’autrui, et ne peut dire pour quelle cause.
J’essaierai de répondre à sa place.
Il fallait, disait-on d’abord, envahir le Mexique parce qu’il nous appelait ; maintenant, il faut l’envahir pour le châtier de ne nous avoir pas appelés. C’est la première raison.
La seconde se tire de la situation politique de cette société. Elle s’agite et préfère l’agitation à la servitude. Cela nous inquiète ! C’est là un état de choses que nous ne devons pas souffrir. Nous ne pouvons endurer la liberté même à travers l’Océan. Nous nous faisons un devoir d’imposer à ce petit peuple le silence que nous avons accepté chez nous. Il parle trop haut, il nous déplaît qu’il se croie libre. Nous ferons volontiers deux mille lieues et dépenserons, s’il le faut, nos meilleures troupes pour lui apprendre le contraire.
On parle aussi d’une créance de trois millions, transformée frauduleusement en une créance de soixante-quinze millions ; et c’est pour prélever ce bénéfice honnête que nous envoyons une armée intrépide sommer le peuple mexicain d’avoir à vider sur l’heure ses villes, ses villages, sa capitale, livrer son indépendance, ses institutions, sa liberté, sa tradition, choses suspectes qu’il tient de son histoire ; le tout devant être remplacé par une monarchie autrichienne ; faute de quoi, la dite nation sera appréhendée au corps et incarcérée de père en fils, dans telle geôle ou tel Spielberg1 transatlantique qu’il nous plaira lui choisir.
Voilà les premières raisons qu’on allègue pour chercher si loin une occasion d’opprimer.
Ces raisons je ne les discute pas. Je dis seulement qu’elles en cachent d’autres, dont personne ne parle. Ce sont ces motifs cachés qui sont les vrais. Je vais chercher à les montrer.
En 1781, la France a mis le pied en Amérique ; ce fut pour l’aider à s’affranchir ; expédition qui ouvrit l’époque nouvelle et rapporta la liberté dans le vieux monde.
En 1862, la France débarque de nouveau, mais cette fois il ne s’agit plus d’affranchir ; il s’agit de faire violence. Dans les deux cas, la question renferme les intérêts de tout un monde. Le Mexique n’est qu’un point, d’où l’on espère rayonner sur un hémisphère. En 1781, la petite expédition de Lafayette et de Rochambeau devait laisser après elle tout un continent libre. En 1862, l’expédition du Mexique, si elle se développait, telle qu’elle a été conçue, aurait pour résultat tout un continent esclave, ou du moins asservi.
Entrez dans l’esprit bonapartiste, et ce que vous appelez ses mystères politiques se dissipera à vos yeux. C’est parce que vous ne pénétrez jamais dans cet esprit que tout vous reste obscur dans ses projets et dans ses actes. Vous vous résignez à ne rien comprendre de ce qu’il veut, de ce qu’il fait, et vous vous remettez à l’avenir inconnu d’expliquer ce que vous désespérez de concevoir de votre vivant. Vous voyez le maître agir et vous ne vous demandez plus même pourquoi il agit dans ce sens, plutôt que dans tel autre.
Pourtant il n’exige pas de vous une si complète démission de vous-même ! Il ne s’oppose pas à ce que vous le compreniez. Osez donc pénétrer un moment dans son système d’idées. Faites-vous pour quelques instants semblable à lui ; cette énigme du Mexique se dénouera d’elle-même.
2 – Le deux-décembre en Amérique. – Plan de l’entreprise.
On vient de vous le répéter ces jours-ci. Le Bonapartisme n’est pas simplement une opinion politique ; c’est un culte, une adoration, une superstition. Le principal de ces dogmes superstitieux, c’est qu’il doit réaliser la chimère du grand Empire napoléonien. Et puisque l’Europe est assez mal avisée pour ne pas se prêter à cette félicité, il est naturel, il est inévitable, que l’on se retourne vers l’Amérique. Là doivent se trouver ces vastes espaces et les peuples soumis qu’on désespère de s’annexer en Europe. On ne parle plus de la frontière du Rhin, il faut aller chercher un Rhin dans le nouveau monde.
Vous ne saurez jamais avec quelle rapidité s’éveillent les ambitions démesurées de pouvoir, les visions de domination dans un esprit rempli de ce que l’on a appelé les Idées Napoléoniennes.
L’occasion du projet d’invasion du Mexique a été la guerre des États-Unis. Aux premières nouvelles d’un échec des États du Nord, le Gouvernement des Tuileries se persuada que c’était fait de la grande République américaine. Du moins, il crut qu’elle était trop occupée pour mettre obstacle à une entreprise bonapartiste. Il ne s’agissait que de choisir l’endroit où l’on porterait le grand coup à l’indépendance du nouveau monde. Le Mexique parut l’endroit propice ; il se remettait à peine, sous un gouvernement régulier et libéral, de ses longues guerres civiles. Avant de laisser ses plaies se cicatriser, on viendrait le frapper inopinément ; et même il n’y aurait pas besoin d’une longue guerre ! Car on ferait à Vera-Cruz ce que l’on a fait à Civita-Vecchia2 ! L’exemple de l’expédition romaine profiterait ainsi à l’expédition du Mexique. On recommencerait en 1862 l’œuvre et les stratagèmes de 1849. On se présenterait en alliés. Le drapeau tricolore, n’était-ce pas la liberté, l’indépenda...
Table des matières
- 1 – Les prétextes.
- 2 – Le deux-décembre en Amérique. – Plan de l’entreprise.
- 3 – Suite. Nouveaux principes de ’89.
- 4 – Les républiques espagnoles. – Une monarchie austro-bonapartiste.
- 5 – La race latine.
- 6 – Amérique du Nord. – La monarchie bonapartiste et les États-Unis.
- 7 – Vraies causes de l’entreprise. – Que la fausse démocratie ne peut souffrir la démocratie vraie.
- 8 – Exécution du plan. – Première illusion.
- 9 – Seconde illusion.
- 10 – Les résultats. – Que l’Amérique ne veut pas être décembrisée.
- 11 – Le droit. – Les nationalités.
- 12 – Abus des grands mots. – Un dommage pour la France.
- 13 – L’expédition romaine et l’expédition mexicaine. – Conclusion.