Adolescent suicidaire (L')
eBook - ePub

Adolescent suicidaire (L')

Le reconnaître, le comprendre et l'aider

  1. 252 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Adolescent suicidaire (L')

Le reconnaître, le comprendre et l'aider

À propos de ce livre

Le suicide est un geste brutal et difficile à saisir pleinement, surtout lorsqu'il survient durant l'adolescence. Idée fugace pour certains jeunes, plus persistante chez d'autres, elle fait d'assez nombreuses victimes pour faire du suicide la deuxième cause de décès chez les 14 à 19 ans.

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Informations

Chapitre 1

Ados souffrants en quête de remède…

Le suicide, vous disais-je, est un geste brutal et mystérieux. Adopsychiatre, j’ai tenté de comprendre les jeunes en difficulté et, possiblement, de les aider, mais je n’ai pas toujours réussi : quelques-uns, malgré tout, ont cédé à une pulsion plus forte que leur instinct vital. Ils ont emporté dans leur mort une partie de leur mystère et nous ont laissé une énigme à résoudre.
Je voudrais, dans un premier temps, vous présenter très objectivement des fragments recueillis de la tragique histoire de quelques adolescents qui se sont suicidés malgré l’aide qui leur a été apportée. Le but de cet exercice n’est pas de résoudre leur énigme, mais de tenter de trouver des dénominateurs communs à leur geste.

Chroniques de cinq adolescents suicidés

Dolores
Dolores a 15 ans. Elle est hospitalisée pour un trouble bipolaire en phase maniaque. Quelques semaines plus tard, son euphorie s’estompe et elle sombre dans un état dépressif profond et prolongé. Durant cette période, Dolores avoue avoir été abusée sexuellement par son père. Celui-ci reconnaît son geste et la jeune fille demande à être placée dans un foyer. L’attente est longue : à deux reprises, son admission imminente est repoussée. Après un court regain d’énergie, Dolores replonge dans sa mélancolie. Elle se sent alors prise par un fort sentiment de culpabilité « pour avoir détruit sa famille… ». Dans l’Unité, toute l’équipe soignante s’inquiète de son état, la pense suicidaire, mais se sent impuissante à pouvoir l’aider autrement que par une surveillance étroite. Un lundi après-midi, au moment où les infirmières de jour donnent leur rapport au quart de soir, Dolores s’enfuit et se précipite du haut du pont dans les eaux froides du fleuve…
Kim
Kim est la fille unique d’une mère célibataire possessive et fusionnelle. Depuis l’âge de 12 ans, elle consulte pour des troubles d’anxiété de séparation et de phobie sociale. Elle doit être hospitalisée à quelques reprises, notamment lors des rentrées scolaires, car elle vit difficilement la transition entre la maison et l’école. Elle parvient, grâce à une démarche en psychothérapie, à se distancier petit à petit de sa mère. Après un séjour en foyer de groupe, il lui devient possible d’accéder à un appartement supervisé. Elle progresse, un peu trop peut-être : à l’approche de ses 18 ans, Kim s’éclate. Elle passe son temps à chiller au centre-ville et consomme plusieurs drogues de rue, probablement pour atténuer une anxiété latente. Alors que des démarches sont entreprises pour lui fournir des services appropriés à ses besoins, elle décède d’une surdose durant cette période de transition...
Karl
Karl, 15 ans, est hébergé dans un centre de réadaptation (CR) des centres jeunesse. Sa mère est célibataire. Souffrant d’un trouble de personnalité limite, elle aurait fait de nombreuses tentatives de suicide. Karl est quant à lui très impulsif. Ses écarts de conduite et nombreux conflits ont abouti à son placement au CR. Un vendredi soir, il se présente à l’urgence avec son éducatrice à la suite d’une lacération mineure auto-infligée au poignet. Il menace de se suicider si on ne lui donne pas la permission de reprendre ses cours de tae boxe. Son éducatrice, très inquiète, informe l’urgentologue que cette activité à l’extérieur est refusée à Karl parce qu’il consomme des drogues de rue à chacune de ses sorties. Le jeune homme est revu le samedi matin par le pédopsychiatre. Il insiste fortement pour retourner à son centre et affirme n’avoir jamais eu l’intention de se suicider. Il reconnaît qu’il consomme fréquemment, depuis l’âge de 12 ans, du PCP et du cannabis. Il est également traité avec du Ritalin® pour un déficit de l’attention. Il aurait fait une tentative de suicide par strangulation à l’âge de 13 ans. L’examen psychiatrique révèle effectivement un déficit de l’attention avec hyperactivité, mais aucun signe de dépression, psychose ou intoxication. On le retourne au CR en recommandant de le faire traiter pour sa dépendance. Les intervenants, toujours inquiets, le surveillent étroitement. Trois semaines plus tard, vivant une frustration de plus, on le retrouve pendu dans la salle de bain...
Alex
Alex, 18 ans, est hospitalisé pour une dépression majeure très réfractaire. Il se dévalorise au plus haut point. Non seulement il se trouve nul, mais il trouve qu’il transpire trop et qu’il pue. Alex investit beaucoup son unité de soins, mais il ne parvient pas à mener à bon port les projets qu’il entreprend. Il se propose d’écrire une bande dessinée, mais celle-ci, bien que parfaitement débutée, est brusquement interrompue à la page 3. Il en va de même pour ses autres créations artistiques et ses élans relationnels. Étant donné que son état ne semble pas s’améliorer après de nombreux essais de médication, une thérapie électroconvulsive lui est proposée. Il l’accepte et s’améliore suffisamment pour reprendre goût à la vie. Il devient même follement amoureux de son infirmière et veut lui offrir un bijou d’une certaine valeur, qu’elle refuse avec tact. Étonnamment, il encaisse ce refus sans s’effondrer et poursuit sa rémission. Il reçoit son congé de l’Unité. Un mois plus tard, il fait parvenir à l’équipe soignante une belle lettre de remerciements et annonce qu’il déménage dans une autre ville pour commencer une « nouvelle vie ». Trois mois plus tard, son cadavre est retrouvé dans un boisé avec une balle logée dans la boîte crânienne : suicide par arme à feu...
Danny
Danny a 13 ans et fréquente un collège privé. Son frère aîné souffre d’un trouble obsessionnel compulsif. Son père et son oncle sont bipolaires. Très anxieux et perfectionniste, Danny a peur de rater ses examens de fin d’année. Il fait de nombreuses attaques de panique, assez graves pour devoir être hospitalisé. Il parvient cependant à surmonter ses craintes et à réussir ses examens. L’été se déroule sans anicroche et Danny commence à ressentir un certain éveil sexuel. « Ce sont les hormones », pense-t-il. À la rentrée, son anxiété se réactive subitement lorsqu’une camarade, qu’il regardait furtivement, l’invite « à regarder ailleurs ». Envahi par une grande honte, Danny fuit le regard de ses camarades, de ses professeurs et même de ses parents. Il croit que tout le monde pourrait, en le regardant dans les yeux, lire ses « mauvaises pensées ». Devant cette détérioration subite et grandissante, une hospitalisation lui est proposée. Considérant la mesure disproportionnée à la situation, ses parents et lui-même la refusent. Ils acceptent cependant l’administration d’une médication. Le soir même, après avoir regardé une émission de télé avec son père, Danny va prendre une douche. Son père croit l’entendre parler tout seul et perçoit un bruit sourd. Inquiet, il pénètre dans la salle de bain et retrouve Danny pendu, sans vie...
Que retenir du funeste épilogue de ces cinq jeunes ? D’abord leur souffrance extrême, qui les a rendus vulnérables, et ensuite leur isolement, qui les a rendus inaccessibles à une aide extérieure.

La souffrance

Au moment de commettre le geste fatal, la somme de toutes leurs souffrances dépassait toutes leurs raisons de vivre réunies : ils ont basculé de vie à trépas. Mais quelles pouvaient être leurs souffrances ? Probablement :
  • L’impression de pertes irrémédiables ;
  • Des conflits interpersonnels insolubles ;
  • Des frustrations incontrôlables ;
  • L’angoisse de lendemains incertains ;
  • Une non-acceptation de soi ;
  • Un mal de vivre inhérent à un trouble mental sous-jacent.
Et potentiellement d’autres souffrances dont ils garderont à tout jamais le secret.
Très certainement, tous les cinq souffraient d’un ou de plusieurs troubles mentaux : dépression, maladie bipolaire, troubles anxieux, abus de substances, troubles des conduites et de l’impulsivité. Ces troubles affectaient sûrement leurs perceptions et leur contrôle émotionnel. Leurs pertes ou leurs déceptions étaient devenues insurmontables, leur angoisse ou leur colère, sans mesure. En d’autres mots, ces troubles les rendaient plus fragiles et plus vulnérables. Notons aussi qu’au moins un d’entre eux avait fait une tentative de suicide auparavant et que plusieurs des proches de ces jeunes souffraient aussi de troubles mentaux ou avaient fait des tentatives de suicide. Enfin, la plupart d’entre eux éprouvaient de fortes difficultés avec leur milieu environnant.

L’isolement

Leur suicide est survenu dans un moment de rupture avec leur milieu naturel ou aidant. Ce bris de continuité peut avoir de nombreuses explications, la principale demeurant cependant le repli dans lequel le suicidaire se confine : honte de lui ou crainte de l’autre ? Perte de confiance en lui-même et en autrui ? Sentiment d’impuissance qui le fige et décourage l’autre ? N’est-ce pas le cas pour Dolores ?
Le bris du lien peut survenir sur une période relativement courte, mais suffisante pour un possible passage à l’acte. C’est fréquemment le cas des adolescents impulsifs, chez qui une frustration parfois minime peut raviver le souvenir de frustrations antérieures et les amener à agir violemment et sans retenue, comme ce fut le cas pour Karl, ou bien des adolescents psychotiques tel Danny, qu’un bris soudain de contact avec la réalité amène à commettre l’irréparable.
Les risques de suicide sont plus élevés au moment de certaines transitions, par exemple lorsqu’un adolescent termine son hospitalisation et doit être pris en charge par d’autres intervenants, comme ce fut le cas d’Alex, qui a déménagé dans une autre ville, ou de Kim qui, devenue majeure, a dû affronter de nouveaux défis, ou tout simplement lors d’un changement de garde comme l’a vécu Dolores.
Recevoir des soins actifs n’est malheureusement pas une garantie de continuité ou de non-rupture de lien : l’isolement affectif — même très bref — dans lequel se met le suicidaire peut à lui seul suffire à couper le contact. Dolores et Karl se sont suicidés alors qu’ils étaient sous étroite surveillance.
Briser l’isolement du suicidaire et tenter d’établir un lien de confiance avec lui sont des bases essentielles pour amorcer son rétablissement. Malheureusement, cela n’est pas toujours possible. Nous devons, au moins dans les moments durant lesquels sa « fenêtre de vulnérabilité » s’entrouvre, substituer l’alliance par la surveillance, tout en sachant fort bien que par son aspect contraignant, celle-ci peut assurer la survie du jeune, mais ne peut, en soi, le ramener à vouloir vivre.
Il est donc important de retenir que certains éléments extérieurs peuvent faciliter l’actualisation d’un suicide, notamment :
  • L’échec du milieu à offrir le soulagement requis ;
  • L’incapacité du milieu à assurer la sécurité nécessaire ;
  • Une alliance inexistante, fragilisée ou mal établie ;
  • Une communication insuffisante entre les intervenants.

Récits de trois « survivants »

Fort heureusement, certains jeunes présentant des caractéristiques assez similaires aux cinq adolescents présentés précédemment ont pu éviter la mort de justesse, et ce, malgré le sérieux de leur tentative. Bien que présentant des facteurs de risque semblables aux premiers, ces jeunes ont aujourd’hui la possibilité de témoigner de leur détresse au moment où ils ont commis leur geste, ainsi que de l’évolution de leur état d’esprit par la suite.
Johnny
Johnny a presque 18 ans. Il vit avec sa mère et ses grands-parents. Son frère aîné, qu’il chérissait particulièrement, s’est suicidé ...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Copyright
  3. Remerciements
  4. Préface
  5. Introduction
  6. Chapitre 1 - Ados souffrants en quête de remède…
  7. Chapitre 2 - Épidémiologie des comportements suicidaires de l’adolescent
  8. Chapitre 3 - Comprendre le suicide : quelques modèles théoriques
  9. Chapitre 4 - Reconnaître et comprendre l’adolescent suicidaire
  10. Chapitre 5 - Évaluer le risque suicidaire chez les adolescents
  11. Chapitre 6 - Comment intervenir et traiter les adolescents suicidaires
  12. Chapitre 7 - La prévention du suicide chez les adolescents
  13. Chapitre 8 - La postvention
  14. Chapitre 9 - Quelles sont les priorités afin d’améliorer les interventions et le traitement des adolescents suicidaires ?
  15. Conclusion
  16. Bibliographie
  17. Quatrième de couverture