À l'aide mon enfant est doué !

Perspective de parent

Gisèle Séguin

• Éditeur: Éditions du CHU Sainte-Justine
• Année: 2014
• ISBN de l'eBook: 9782896196845
• Sujet: Didattica
• Sujet: Didattica generale

À l'aide, mon enfant est doué! aborde, dans une formule dynamique, les principales questions relatives à l'encadrement de l'enfant doté de capacités particulères et les moyens de l'accompagner le plus adéquatement possible, à l'école comme à la maison Qu'est-ce que le quotient intellectuel? Qu'est-ce que l'effet Pygmalion? Quelles sont les caractéristiques typiques du jeune enfant doué? Comment stimuler l'enfant doué? Comment favoriser l'entente entre l'enfant doué et ses frères et soeurs? À quoi l'enfant doué peut-il s'attendre de l'école primaire? Quels sont les avantages et problèmes possibles à l'école? Existe-t-il des moyens d'aider l'enfant doué, même en classe régulière?....et de nombreuses autres questions!

L’enfant doué à l’école

Chaque parent a à cœur l’intérêt de son enfant. Il se doit donc d’être son meilleur allié. L’enseignant, lui, veille aux intérêts de tout le groupe. Sa tâche est complexe : il doit répondre aux besoins de chaque enfant de sa classe, que celui-ci soit en difficulté, qu’il arrive à l’école sans avoir déjeuné, qu’il fasse preuve d’insécurité face à une situation familiale difficile, qu’il ait un handicap physique, qu’il souffre de déficit d’attention ou d’hyperactivité, qu’il présente un léger retard mental ou qu’il soit victime d’intimidation dans la cour de l’école. L’enseignant doit tenter de transmettre sa matière à la majorité des élèves, malgré les crises de celui qui a un trouble de comportement, l’apathie de celui qui manque de sommeil et les très nombreuses répétitions qu’exigent ceux qui comprennent plus difficilement.

Les enfants doués présentent souvent un mode de fonctionnement différent, tant dans leur façon de comprendre que de réfléchir. Malheureusement, on ne leur accorde que rarement une attention particulière, alors que leurs besoins sont différents, eux aussi. S’ils affichent de bons comportements et sont dociles, il leur est facile de passer inaperçus dans une classe. Certains enseignants avouent honnêtement presque les oublier s’ils fonctionnent bien sans qu’on leur accorde trop d’attention.

Dans ces circonstances, les parents doivent bien écouter et décoder ce que raconte leur enfant à son retour de l’école. Semble-t-il enthousiaste ou s’ennuie-t-il ? Dans quelles situations ? Pour bien évaluer et comprendre comment l’enfant se sent au quotidien, il vaut mieux poser des questions qui exigent une réponse plus développée qu’un simple oui ou non : Qu’a-t-il appris dans sa journée ? Qu’est-ce qui l’a surpris ? Qu’est-ce qui l’a fait rire ? Qu’a-t-il aimé ? Avec qui a-t-il travaillé ou joué ? Qu’est-ce qu’il a le moins aimé ?

Le rôle du parent ne s’arrête pas quand son enfant débute l’école. Une nouvelle aventure commence. À quoi doit-il s’attendre ?

► Est-ce plus facile de détecter
la facilité d’apprentissage de l’enfant
qui est à l’école ?

C’est effectivement à l’école qu’on constate ou qu’on confirme que l’enfant est quelque peu différent des amis de sa classe. Quelques caractéristiques, les mêmes qu’il a démontrées avant son entrée à l’école, le différencient. L’enfant doué a souvent une mémoire impressionnante. Il lit de tout, avec plaisir, car il adore apprendre, découvrir de nouveaux concepts ou de nouveaux intérêts. Il reste concentré pendant de longues périodes lorsqu’il est absorbé par quelque chose qui l’intéresse. Il apprécie trouver des solutions originales à certains problèmes qui lui sont posés. Il fait aussi des liens entre deux éléments ou idées qui semblent pourtant éloignés l’un de l’autre. Un professeur attentif, à l’affût, remarquera cette différence puisqu’il est à même de comparer ses capacités à celles des autres enfants de son âge.

► À quoi l’enfant doué peut-il
s’attendre de l’école primaire ?

Les enfants en difficulté bénéficient de programmes qui leur sont spécifiquement adaptés. Les enseignants sont formés pour mieux leur venir en aide et jouissent du soutien d’une équipe de professionnels : orthopédagogues, orthophonistes, éducateurs spécialisés, psychologues. Malheureusement, les ressources sont souvent insuffisantes, selon les établissements et le cas particulier des élèves. Plusieurs parents doivent ainsi se tourner vers le secteur privé pour obtenir du soutien.

Les enfants qui présentent des facilités d’apprentissages et leurs professeurs sont, quant à eux, souvent laissés à eux-mêmes, ce qui est tout aussi déplorable. Pourtant, selon la courbe de Gauss, les élèves doués composent environ 10 % des classes. Malgré la volonté de répondre aux besoins divers de toutes les clientèles, il existe peu de programmes qui s’adressent aux enfants doués au Québec, particulièrement au primaire.

Cette situation en milieu scolaire semble la même dans presque toute la francophonie, en France, en Belgique ou au Québec. C’est ce que souligne Françoys Gagné, professeur associé au Département de psychologie de l’Université du Québec à Montréal, qui a fait du concept de la douance son principal sujet de recherche : « À peu près partout dans le monde, [la population des enfants doués] demeure la plus mal servie de toutes les populations spéciales. Par comparaison aux millions de dollars investis par les ministères d’éducation pour toutes formes de handicaps, l’éducation des élèves doués et talentueux ne reçoit que des miettes. Pourtant, tel qu’il est spécifié dans la Déclaration des droits de l’enfant rédigée par l’Organisation des Nations Unies, ils ont droit, comme tous les autres, à une éducation qui favorise au maximum le développement de leurs habiletés et de leur personnalité¹. »

À l’école secondaire, il existe de plus en plus de programmes adaptés aux différents intérêts et capacités des adolescents (outre les écoles internationales, on compte, par exemple, des programmes en sport, en musique, en arts ou en science). L’enseignant du primaire s’organise souvent seul avec l’enfant doué dans sa classe. De trop rares établissements offrent des programmes adaptés et quelques écoles alternatives facilitent la progression de chaque enfant, à son propre rythme. Évidemment, ces écoles sont principalement situées dans les grands centres urbains, alors que les enfants doués, eux, sont disséminés partout dans la province. Les réflexions qui suivent s’appliquent plutôt au jeune enfant en début de parcours scolaire. Quelle place aura-t-il dans la classe ? Quelles seront les réactions, les difficultés, les avantages possibles découlant de son fort potentiel intellectuel ? Quel soutien pourra-t-on lui offrir en classe régulière à l’école primaire ?

Un enseignant peut très bien reconnaître qu’un enfant est doué en comparant sa facilité d’apprentissage à celle des autres élèves de la classe. Selon le degré de difficulté de la gestion du groupe, il offrira parfois une stimulation supplémentaire à cet enfant. Un autre enseignant peut simplement avoir l’impression que l’enfant s’organise et se comporte très bien, et le félicitera lorsqu’il en aura le temps. Comme le souligne le professeur Gagné : « Il faut arrêter de croire que les enseignants dans les classes régulières vont pouvoir offrir cet enrichissement aux enfants. Certains pourront faire des petites choses occasionnellement, mais les enfants doués ont besoin d’enrichissement à tous les jours² ». Certains enseignants associent tout naturellement leur « premier de classe » à un enfant potentiellement doué. Pourtant, les élèves doués ne sont pas tous des premiers de classe, loin de là. L’efficience intellectuelle n’est pas équivalente à l’efficacité scolaire. De plus, considérant la diversité des comportements que les enfants doués peuvent adopter dans une classe régulière, on peut comprendre que l’enseignant puisse même percevoir ces enfants comme des éléments dérangeants. Cette situation amène d’ailleurs de nombreux enfants à forte vivacité intellectuelle (près de 50 % selon certaines statistiques) à vivre une grande difficulté ou un échec scolaire vers l’âge de 14 ans³. Il ne faut donc pas se fier à l’école pour nécessairement répondre aux besoins des enfants doués. Les parents font état de leur désarroi devant ces situations. Que faire ?

Lors des rencontres de parents, le personnel enseignant et la direction de l’école souhaitent plus ardemment rencontrer les parents d’élèves en difficulté que ceux des élèves qui réussissent bien. À ceux-là, on n’a généralement pas grand-chose à dire. Pourtant, c’est précisément lors de ces rencontres que les parents peuvent questionner l’enseignant à propos de leur enfant et de son quotidien en classe. Évidemment, par respect, on n’osera jamais proposer à celui-ci des moyens d’offrir plus d’attention et de stimulation à l’enfant. Cependant, les parents peuvent et doivent intervenir à ce moment s’ils sentent que leur enfant a besoin de soutien supplémentaire, même s’il est illusoire de croire que le professeur pourra régler le « problème » de l’enfant doué.

Comme le mentionne Suzanne Tremblay, il faut considérer que « dans une année, un enfant ne passe que 26 % de son temps réveillé à l’école. L’important, par conséquent, c’est qu’à la maison, le parent réponde aux questions de son enfant, le stimule dans ses efforts, le nourrisse dans ses interrogations⁴ ». Ainsi, les parents doivent profiter de tout ce que le système scolaire peut offrir tout en se rappelant que les parents et la famille resteront toujours les sources de stimulation les plus déterminantes de l’enfant.

► Quels sont les avantages possibles
de l’enfant doué à l’école ?

L’enfant doué intellectuellement qui côtoie des enseignants stimulants ne pourra qu’être heureux à l’école. L’enseignant qui reconnaît son potentiel réussit à garder vivant son intérêt. D’ailleurs, un enfant qui s’intéresse à tout devrait être un atout dans la classe. Il posera sans doute des questions et sera enthousiaste face aux nouveaux projets. Le professeur risquera fort d’apprécier cet enfant agréable et travaillera à son tour pour le stimuler, lui donnera des responsabilités qui le rendront fier ou lui accordera des privilèges particuliers, une fois ses tâches terminées.

Sensible aux autres, le jeune doué peut potentiellement être l’ami de la majorité des élèves de sa classe. Son sens de l’humour fait de lui un compagnon agréable. Comprenant les états d’âme des gens, il aide spontanément ceux qui ont de la difficulté et a de l’empathie face à leurs problèmes. Le garçon doué, particulièrement, est l’ami des filles, puisqu’il est probablement plus doux avec elles que les autres garçons et plus à l’écoute de leurs confidences.

Si, en plus de la vivacité intellectuelle, l’enfant démontre d’autres formes d’intelligence (spatiale ou kinesthésique, par exemple), il deviendra peut-être un leader et sera très populaire dans un groupe, ce qui sera excellent pour son estime de soi. Certains talents (en dessin ou dans les sports, par exemple) peuvent susciter l’admiration des autres et l’enfant est ainsi plus facilement accepté « malgré » l...

Table des matières

• Introduction
• Interrogations et signaux
• L’enfant doué à l’école
• L’enfant doué à la maison
• Pour en savoir plus
• Quelques ressources sur le web