Gaston Rousseau est le frĂšre de mon grand-pĂšre paternel. Lorsque jâĂ©tais enfant, jâentendais quâil Ă©tait mort « Ă la guerre ». Par la suite jâai su quâil fut tuĂ© lors de la « grande guerre », celle de 1914-1918, Ă Verdun, aux confins de lâhumanitĂ©, lĂ oĂč la lumiĂšre se rĂ©tractait et oĂč la vie se lançait un dĂ©fi quotidien.
Gaston Henri Rousseau nait Ă Aiffres (Deux SĂšvres) le 23 octobre 1896 Ă 5 heures du matin dans une famille de cultivateurs selon son acte de naissance. AprĂšs des Ă©tudes pour devenir instituteur, il enseigne durant un an Ă Cauterets. Il est mobilisĂ© le 6 avril 1915 et suit une formation dâĂ©lĂšve aspirant Ă Saint Cyr avant dâĂȘtre envoyĂ© au front avec le grade dâaspirant le 29 mars 1916.
Le 9 juin 1916, le 137e rĂ©giment dâinfanterie vendĂ©en auquel il appartient est transfĂ©rĂ© depuis la citadelle de Verdun afin de relever les troupes prĂ©sentes Ă Thiaumont avec la mission de tenir la position. Son bataillon, le troisiĂšme, ainsi que le premier sont dĂ©ployĂ©s en premiĂšre ligne sur le versant nord du ravin de la Dame (qui sera baptisĂ© par la suite ravin de la Mort) en dĂ©pit dâune situation fort peu favorable. En effet, d'une part, le rĂ©giment est positionnĂ© Ă contre-pente du ravin de la Dame et dominĂ© par l'ennemi, d'autre part, la liaison avec l'artillerie est dĂ©fectueuse, et en plus, les deux bataillons sont Ă dĂ©couvert sur plus de cinq cents mĂštres. Par ailleurs, des renseignements obtenus de prisonniers sur le regroupement de piĂšces d'artillerie ennemies font craindre une attaque imminente.
Ă l'aube du 10 juin, les deux bataillons amĂ©nagent Ă la hĂąte leurs positions dans une succession de trous d'obus entre le boyau de Nan et lâouest du boyau GenĂȘt. Le 11 juin, durant dix heures, les positions françaises sont soumises au pilonnage intensif et permanent de l'artillerie allemande.
Le lundi de PentecĂŽte 12 juin, Ă partir de six heures, les troupes allemandes, soutenues par leur artillerie, lancent plusieurs attaques afin de prendre les deux bataillons Ă revers. Ă six heures trente, sur la cote 121, Gaston Rousseau est touchĂ© mortellement par une balle de mitrailleuse française dans la tempe droite selon le tĂ©moignage dâun de ses camarades. Alors que les Français, submergĂ©s sur trois cĂŽtĂ©s Ă la fois par l'infanterie allemande et manquant de munitions, ont du se rendre, le commandant du 93e rĂ©giment dâinfanterie, dans la confusion, a dĂ©cidĂ© de faire tirer toutes ses mitrailleuses disponibles sur tout ce qui bougeait, c'est-Ă -dire sur les Français et Allemands mĂȘlĂ©s Ă quelques deux cents ou deux cent cinquante mĂštres de lĂ .
Gaston sera porté disparu et son corps ne sera jamais identifié. Il n'avait que dix-neuf ans et commandait une section de poilus1dont moins d'un quart revinrent indemnes dans leurs foyers. Mes arriÚre-grands-parents recherchÚrent en vain sa tombe pendant plus de quinze ans et finirent par faire apposer une plaque dans l'ossuaire de Douaumont.
Son décÚs avec la mention « Mort pour la Fra...