En marge de la Bible
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En marge de la Bible

Fictions bibliques III

  1. 116 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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En marge de la Bible

Fictions bibliques III

À propos de ce livre

Chaque livre est une réécriture: il s'écrit dans les marges d'un autre, ou d'autres. Celui-ci s'inscrit dans les marges du Livre par excellence, la Bible, dont il actualise certains passages.Ces actualisations servent parfois l'intention du texte initial, mais parfois aussi en problématisent le contenu, quand il n'a plus semblé admissible pour un esprit libre et indépendant.L'appel constant à la sensibilité, propre à la littérature, permet ainsi de corriger ce que l'exégèse et la théologie traditionnelles peuvent avoir de dogmatique.

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Informations

Année
2021
Imprimer l'ISBN
9782322394609
ISBN de l'eBook
9782322417230

Les Deux enfants

– Si tu m’avais vu, mon ami, dans ma jeunesse ! Aujourd’hui que nous voici, sur ce banc et dans ce jardin, assis côte à côte et portant le poids de nos années passées, combien pouvons-nous regretter ce qu’elles nous ont ôté ! Je pense que comme moi tu étais plein d’allant, voulant parcourir le monde et croquer la vie à pleines dents. Qu’il était grand ce monde alors, et maintenant combien petit est le nôtre ! Toutes ces belles années, je ne finirai pas de pleurer sur elles, et de m’attrister au spectacle de ce que je suis devenu.
– As-tu vraiment raison de pleurer ? N’embellistu pas ce que tu as connu, et n’assombris-tu pas ce que tu vis maintenant, en t’empêchant de goûter le seul présent ? Songe qu’il y a des vieillesses bien amères par défaut de vraie réflexion sur ce qui est arrivé et sur ce qui arrive. On s’y aigrit bien souvent, comme le vin resté au fond de la bouteille. Et beaucoup meurent sans avoir ouvert les yeux.
– Mais tout ce que je vois, par contraste, me montre mon passé tout plein de lumière. Regarde dans quelle époque nous vivons : les tags qui défigurent les murs de ce parc, les papiers gras qui traînent par terre, les cyclistes qui manquent de te renverser, les enfants qui te bousculent sans s’excuser, ou qui braillent à te casser les oreilles...
– Précisément. Il n’y a pas là que les enfants que tu vois. Tu peux t’y compter aussi.
– Comment cela ?
– Tes récriminations sur ton passé font penser aux caprices des enfants. Essaie de réfléchir davantage. Et si finalement tu étais resté un grand enfant ?
– Il me semble alors que la meilleure part est à moi. Ne faut-il pas rester un grand enfant, comme beaucoup le disent ?
– Attention, ne confonds pas tout ici. Il y a deux enfants, l’enfant infantile, dont tu as les traits aujourd’hui, et l’enfant spirituel, qui demande à vivre en toi mais que tu n’as pas encore reconnu. Si le premier condamne à la régression, qui tourne le dos à la vie, le second nous permet d’y progresser. Le premier nous immobilise, nous fait stagner, et le second nous fait avancer, nous met en marche. Si enfin tu acceptais sa main tendue...
– Mais comment devrais-je m’y prendre ? Je te trouve bien sévère aujourd’hui.
– J’essaie de t’aider. Tu sais bien, pour avoir beaucoup lu, qu’il ne faut pas regarder en arrière, sous peine de perdre l’essentiel. Songe à Orphée qui a perdu Eurydice pour s’être trop tôt retourné afin de la voir. Ou aussi Pirithoüs, l’ami de Thé-sée, qui n’a pas pu s’extraire à temps des Enfers où il s’était attardé. Et en changeant de sphère culturelle, songe à la femme de Loth, qui fut changée en statue de sel pour avoir voulu regarder derrière elle Sodome en flammes. Cette statufication, cette pétrification, guettent tous ceux qui ne font que regarder derrière eux. On pourrait appeler cela le complexe du rétroviseur. Vois ici ces jeunes cyclistes qui t’incommodent, dis-tu, et prends-en leçon. C’est simplement parce qu’ils avancent qu’ils ne tombent pas. Dans la vie c’est la même chose : il ne faut pas se retourner pour regarder en arrière, il faut avancer pour ne pas tomber.A
– Parle-moi alors de l’autre enfant.
– C’est un enfant archétypal, définitionnel, idéal si tu veux, mais dont les enfants réels ont maintes caractéristiques, et qui aussi t’accompagne depuis toujours, comme un Ange gardien qui veille sur toi.
– Comment cela ?
– N’as-tu pas eu dans ton enfance des moments parfaits, où tu t’es senti en harmonie avec tout ce qui t’entourait ? Ne dis pas le contraire, tout le monde en a eu. Moi le premier. Mais ensuite évidemment tout s’est désagrégé, du fait de l’usure du temps et des obligations de la vie d’adulte. Et on en arrive à cet état de stagnation qui est le tien aujourd’hui. Alors on ressasse l’ensemble de sa vie passée, qui en réalité n’est évidemment pas homogène dans la perfection, mais qu’on embellit par la distance qui nous en sépare. Et on pleure sur ce qui, croit-on, nous manque maintenant. Mais c’est une illusion, un embellissement rétrospectif. Méfie-toi du « c’était mieux avant » en général, de cette mentalité d’« ancien combattant ». Arrête de décliner sur le mode plaintif le refrain du « Mais ou sont... » (ubi sunt ?) – Personnellement je ne pleure pas sur l’ensemble de cette vie, à cause précisément de son hétérogénéité, dont je suis bien conscient, et ensuite parce que c’est parfaitement inutile, et nous empêche de goûter l’instant présent. Vois les frondaisons magiques de ce parc, transpercées des derniers rayons du soleil, écoute le bruit de ce jet d’eau, contemple les jeux de ces enfants...
– Je les vois. Mais ou est l’enfant intérieur dont tu parles ?
– Comprends que ces moments magiques que tu as connus dans l’enfance ne sont pas disparus à tout jamais. Ils restent au fond de toi, et sont pour toi le salut. Comme si tu as vu une fois le soleil, tu sais qu’il est toujours derrière tous les nuages : ils ont beau s’amonceler, tu sais qu’il y a quelque chose derrière, pour l’avoir un jour vu, ou même seulement entrevu. Il ne suffit que de le retrouver dans ta mémoire. Dans la vie, c’est toujours le souvenir qui donne un avenir, et on peut être pour avoir été. Aussi reviens à ton enfance – pas à la totalité bien sûr, mais aux éclairs que tu as vus ou aux pépites qu’elle recèle, enfouies dans la gangue du passé qui, lui, est révolu. C’est maintenant que tu dois faire cette aventure, aller vers une Source de vie – qui est l’enfance archétypale. On dit toujours « Retomber en enfance ». Pourquoi ne dit-on pas « Y remonter » ? Que préfèrestu dans la vie : se laisser aller à vau-l’eau, comme un bois mort, ou remonter au lieu de ta naissance, comme un saumon vivant ?
– Pourquoi t’arrêtes-tu ?
– Je venais d’écouter les coups frappés à l’horloge de l’église voisine. Toi et moi pouvons bien les entendre maintenant, car le bruit des voitures qui les a couverts dans la journée s’est estompé dans le calme du soir. En réalité ces coups ont toujours été frappés depuis le matin. Mais on les perçoit mieux le soir, quand tous les bruits environnants s’estompent.
– Et alors ?
– Il en est de même pour nous : nous sommes au soir de notre vie, comme à la fin de notre journée, et c’est le moment d’écouter ce qui frappe à notre porte, qui a toujours été, là mais à quoi nous n’avons pas prêté attention avant.
– Pourtant ces enfants que je vois se disputent, crient, pleurent... Où est le modèle que tu dis ?
– Ne les juge pas trop vite. Ils recèlent en eux quelque chose de l’enfance définitionnelle. Pour te faire sourire dans l’état triste où je te vois, je pourrais bien sûr te citer des saillies amusantes, du type : « Rien ne remplace l’enfance, surtout pas les gosses », ou encore : « Quelle belle chose que l’enfance ! Il ne faut pas la laisser gâcher par les enfants ! » Mais de toute façon, malgré leur côté insolite ou incongru, il y a du vrai dans ces remarques. Elles opposent deux plans, l’essentiel et le circonstanciel. La vérité est que les enfants à certains moments peuvent être vraiment ce qu’ils sont, se trouver en adéquation parfaite avec l’Enfant qu’ils incarnent et dont ils nous donnent l’idée, et correspondre véritablement au modèle ou à l’archétype salvateur que j’ai évoqué. Ensuite, ils peuvent évidemment être insupportables, et comme dirait un humoriste ils font regretter que les ogres n’existent pas.
– Les miens en effet m’ont souvent insupporté.
– Tiens, celui-ci vient de nous envoyer son ballon. Rends-le-lui. Et observe-le bien. Vois comment il te sourit, et avec quelle confiance ! Aucun adulte, paralysé par les convenances et le masque social qu’il porte, n’a ce sourire. Là est l’Enfant essentiel, ici et à cet instant présent heureux d’être vivant, et entièrement occupé par son jeu, entièrement à ce qu’il fait. La peur à ce moment lui est totalement étrangère. Tandis que celle de ses parents ne les quitte jamais. C’est à lui vraiment qu’appartient le Royaume, et serait-il nu, dépouillé des tous les vêtements et oripeaux sociaux, que rien pour lui ne serait changé.B
– En effet, je le vois, il semble entièrement absorbé dans ce ballon qu’il frappe et récupère, sans se lasser...
– Pour lui, un oui est un oui, et un non, un non. Tout le reste n’existe pas, ce reste diabolique qui fait perpétuellement hésiter, tergiverser les adultes, prisonniers de leurs projections mentales. Comme il faut l’envier !C (Un temps) Mais veuxtu que nous nous levions maintenant, et allions faire une petite visite à l’intérieur de cette église dont le clocher vient de nous rappeler à l’ordre ?
– Dans quel but ?
– Je voudrais te montrer un tableau mural représentant saint Christophe, qui me semble très parlant pour toi, au point où tu en es. Tu y verras et comprendras que si Christophe comme le dit son nom porte l’enfant, en réalité c’est l’Enfant qui le guide et lui montre la route, lui permet d’avancer. Tu es (et moi aussi) dans cette situation : vieilli et chenu, comme Christophe, mais il y a sur ton épaule ton viatique, ton Enfant intérieur qui ne demande qu’à te guider.
– Allons !
A Genèse 19/26 : La femme de Loth regarda en arrière et elle devint une colonne de sel.
Luc 9/62 : « Quiconque met la main à la charrue, puis regarde en arrière, n’est pas fait pour le Royaume de Dieu. »
Id. 17/32 : « Rappelez-vous la femme de Loth. »
B Marc 10/15 : « Je vous le dis en vérité, quiconque ne recevra pas le royaume de Dieu comme un petit enfant n’y entrera point. »
Évangile selon Thomas, logion 37 : Ses disciples dirent : « Quel jour nous apparaîtras-tu et quel jour te verrons-nous ? » Jésus dit : « Lorsque vous vous départez de votre pruderie et prenez vos vêtements, les déposez à vos pieds comme les tout petits enfants, les piétinez, alors vous verrez le Fils de celui qui est Vivant et vous n’aurez pas peur. »
C Matthieu 5:37 « Quand vous parlez, que votre oui soit oui, et votre non, non : tout le reste vient du Malin. »

Obéissance

Mon cher fils,
je t’envoie cette lettre car on me dit que tu as manifesté le désir, dans cette guerre qui ravage le monde entier, de ne pas t’engager et aller au front. Manifestement tu ne veux pas risquer ta vie pour sauver ta patrie. Je comprends ta réaction immédiate à cette perspective, mais je te prie de réfléchir plus avant là-dessus.
Vois. Si nos ancêtres et anciens avaient eu les mêmes refus et opéré la même désertion, où en serions-nous aujourd’hui ? Connaîtrions-nous la liberté, cette liberté pour laquelle beaucoup de nos prédécesseurs sont morts ? Ne penses-tu pas qu’il serait ingrat de ta part de ne pas les imiter ? Il me semble qu’on leur doit beaucoup, ne crois-tu pas ?
Songe aussi à l’utilité de beaucoup de sacrifices. Rien ne s’obtient sans eux. Ce n’est pas dans la sécurité que se font les grandes choses. Verser le sang même, ne t’en déplaise, a de tout temps permis la purification de toutes choses. La rémission de toutes souffrances ne s’obtient que dans l’épreuve qu’on accepte. Dure, certes, est cette loi, mais telle elle est : sans effusion de sang, il n’est pas de pardon.A
Crois-moi. Je te comprends, et crois t’avoir vraiment devant mes yeux. Je suis sensible à ce que tes amis m’ont rapporté, et que j’imagine bien aussi : à tes prières et supplications, avec grand cri et larmes. Mais si tu te soumets et obéis à cette grande loi, et si tu acceptes d’engager ta vie dans la circonstance présente, tu ...

Table des matières

  1. Epigraphe
  2. Sommaire
  3. Avant-propos
  4. Aux échelles du temps...
  5. Avoir, ou pas...
  6. Ce n’est pas le moment !
  7. Colère et Pitié
  8. Confiance
  9. Dépaysement
  10. Doute et Présence
  11. Famille
  12. Genèse d’un fasciste
  13. Jalousie
  14. L’Avorton belliqueux
  15. La Lampe de ton corps
  16. Le Démon de Midi
  17. Le Moment présent
  18. Le Pas de côté
  19. Le Silence de l’agneau
  20. Le Touriste théologien
  21. Les Deux enfants
  22. Obéissance
  23. Pas de ce monde
  24. Pas seulement de pain
  25. Paternité
  26. Portes
  27. Qui était-il ?
  28. Responsable ?
  29. Si tu sais...
  30. Sous le soleil
  31. Un repas
  32. Un souvenir
  33. Va vers toi-même
  34. Du même auteur
  35. Page de copyright