Henry, roi de Navarre

La Saga des Bourbons T.1

Louis Gilles Pairault, La Geste

• Éditeur: La Geste
• Année: 2015
• Imprimer l'ISBN: 9791035302887
• ISBN de l'eBook: 9791035300081

En cette année 1588, voilà trente ans que la France est la proie des guerres de Religion. Iñaki est catholique, Samuel est protestant. Le premier est un bon vivant; le second, d'une rigueur austère. Tous deux sont au service d'Henry de Navarre qui les a chargés d'une mission délicate et capitale: porter à Henri III une proposition d'alliance contre le duc de Guise…Mais lorsqu'ils arrivent à Paris pour rencontrer le roi, les Parisiens fanatisés par la Ligue, se révoltent contre le pouvoir royal, dressent des barricades et forcent Henri III à s'enfuir. Les deux compagnons vont chercher à le rejoindre pour remplir leur mission… C'est le début d'une épopée pleine de rebondissements et d'aventures dans un royaume en ébullition.De l'Île-de-France à l'Auvergne, de la vallée de la Loire à la Saintonge et à la Gascogne, du Louvre au château de Blois, du château d'Usson à celui de Nérac, ils vont rencontrer Henri III et sa reine mère, la redoutable Catherine de Médicis; le duc d'Épernon, favori ambigu d'Henri III, ou l'orgueilleux marquis d'O qui le jalouse; mais aussi Henry de Navarre et ses conseillers, le futur ministre Sully, Duplessis-Mornay, le « pape huguenot », ou encore la séduisante et vénéneuse reine Margot…Échapperont-ils aux hommes du duc de Guise? Parviendront-ils à déjouer le complot diabolique que celui-ci a conçu pour prendre le pouvoir? Iñaki réussira-t-il à sauver Christine, sa maîtresse parisienne qui l'a protégé? Samuel retrouvera-t-il la belle Diane, la dame de compagnie de Catherine de Médicis qui lui a promis son amour? Et les deux compagnons échapperont-ils à tous les périls qui les menacent pour sauver la vie d'Henri III et préserver les droits à la couronne d'Henry de Navarre?Véritable fresque historique qui plonge aux coeurs des événements et accompagne les hommes dans ces moments décisifs où l'Histoire est prête à basculer, La Saga des Bourbons emporte le lecteur dans les espérances et les peurs, les haines et les passions qui ont agité les hommes et les femmes du temps du premier des Bourbons: Henri IV.

Chapitre 1

— Iñaki. Je m’appelle Iñaki.

— Catholique ou protestant ? demanda l’homme en faisant tourner dans sa main le pommeau de sa dague.

— Parbleu ! s’exclama Iñaki sans paraître intimidé. Vous ne savez donc pas reconnaître un vrai chrétien ? Je suis catholique, bien sûr. Vive la Sainte Église ! Vive notre Saint-Père le pape Sixte-Quint ! Que vous faut-il de plus ?

Les quatre hommes se regardèrent, eurent un instant d’hésitation. L’assurance de leur interlocuteur les agaçait et les impressionnait en même temps. Il faut dire qu’Iñaki mesurait une tête de plus qu’eux tous, qu’il avait une large carrure et deux grandes mains qui devaient porter des coups puissants. L’homme à la dague s’écarta lentement.

— C’est bon, lâcha-t-il. Tu peux passer. Mais ne fais pas le malin. Les traîtres, par les temps qui courent, on en trouve partout, catholique ou pas. Et nous, tu sais ce qu’on leur fait, aux traîtres ?

— Attends ! intervint un autre en empoignant avec rage la lance sur laquelle il s’appuyait l’instant d’avant, et en la plantant dans le sol juste devant Iñaki.

Celui-ci mit la main sur la garde de son épée. Il n’avait pas même eu le temps de la sortir de son fourreau lorsque les quatre gardes lui avaient barré la route, sans lui laisser la moindre chance de s’échapper. Depuis qu’il était entré dans Paris, par la porte d’Orléans, dix fois il avait été arrêté et sommé d’annoncer son identité, et surtout sa foi. La France était en guerre, et Paris bouillonnait comme un chaudron. Depuis quelques semaines, l’arrivée régulière de plusieurs bataillons de troupes étrangères – Allemands, Suisses – appelés par le roi Henri III, ne faisait qu’accroître l’inquiétude et la méfiance de la population. Les propos les plus hostiles se répandaient dans la ville. Pourquoi ce bougre de roi faisait-il appel à des soldats étrangers, sinon parce qu’il ne faisait plus confiance à ses propres sujets ? Les Ligueurs répétaient à l’envi qu’il voulait s’entourer de troupes dévouées corps et âme à sa personne, pour leur faire exécuter ensuite quelque noire besogne. Car une traîtrise de plus ne pouvait surprendre chez le dernier représentant de la maudite race des Valois… Une Saint-Barthélemy à l’envers, voilà ce qu’il fomentait : l’exécution des principaux chefs du parti catholique, afin de décapiter la Ligue pour laisser le champ libre à Henry de Navarre, chef du parti protestant et successeur présomptif de la Couronne depuis la mort du duc d’Alençon, le jeune frère d’Henri III…

Déjà, Henri III avait banni le duc de Guise, lui interdisant de revenir dans Paris où il était immensément populaire. À présent, n’allait-il pas faire égorger tous les bons catholiques, les grands seigneurs, le duc de Mayenne, le cardinal de Bourbon, le premier président Achille de Harlay et ses collègues du Parlement de Paris, Gondi, le cardinal évêque de Paris et ses co-adjuteurs, tout ce que la ville comptait de notables fidèles à la vraie Foi… ? Ce serait un massacre, la revanche des huguenots. Voilà ce que martelaient les moines juchés sur des caisses aux carrefours des rues, les curés dans leurs prêches, voilà ce que répétaient les partisans de la Ligue, et tous ceux qui sans adhérer complètement à leurs outrances, ne voulaient à aucun prix qu’au roi actuel succède un hérétique.

— Aux quelques mots que tu nous as dit, poursuivait l’homme à la lance, tu me sembles avoir un accent de Gascogne… et les parpaillots sont légion là bas !

— Moi, un hérétique ? Iñaki fit mine de s’emporter. Tudieu ! Je suis basque ! s’exclama-t-il sans trembler. C’est tout différent. Et nous, les Basques, nous sommes demeurés fidèles à la foi de nos pères.

— Je vous salue Marie, reprit l’autre. Récite-le. Les huguenots s’étrangleraient plutôt que de réciter le Je vous salue Marie. Je le sais, j’en ai démasqué plusieurs comme cela, les mécréants ! Vas-y, le Basque. On t’écoute.

— En français ou en basque ? demanda Iñaki sans se démonter.

L’homme à la lance s’approcha plus près, le fixa dans les yeux en serrant son arme.

— On t’a déjà dit de ne pas faire le malin, tu as compris ? Tu sais, si on tue un homme de trop, dans les rues de Paris en ce moment, quand bien même tu serais vraiment bon chrétien comme nous, personne ne viendrait y regarder. Allez, récite.

Iñaki comprit qu’il était allé trop loin. Il était plus fort que chacun d’eux, mais ils étaient quatre, et lui n’avait pas même dégainé son épée. Il avala sa salive, redressa la tête ; il songea à son compagnon Samuel, qui, étant protestant, avait sagement décidé de ne pas entrer avec lui dans la ville, puis ouvrit grands les yeux et commença :

Je vous salue Marie, pleine de grâces,

le Seigneur est avec vous,

Vous êtes bénie entre toutes les femmes…

— Alerte ! Alerte ! tonna une voix depuis le bout de la rue de la Harpe. Venez tous ! …

— Quoi ? encore… s’exclama l’homme à la dague.

— … C’est un miracle, un miracle ! continuait la voix. Monseigneur le duc… Le duc de Guise est revenu !

À cette seule annonce, cent visages stupéfaits se montrèrent aux fenêtres. En une seconde, la rue de la Harpe devint une foire où chacun s’interpellait, s’interrogeait. Une nouvelle si incroyable, se pouvait-il qu’elle fût vraie ? Était-il possible que le duc de Guise eût bravé l’interdit que le roi lui avait fait d’entrer dans Paris ? En quelques minutes, l’incroyable nouvelle se répandit dans toutes les rues de tous les faubourgs de la ville, jetant dehors tous ses partisans. Les quatre hommes qui il y a un instant s’apprêtaient à faire un mauvais parti à Iñaki, tombèrent dans les bras les uns des autres et poussèrent des cris de joie. Interloqué, Iñaki les regardait sans bien comprendre.

— Monseigneur, c’est Monseigneur qui revient à Paris ! Nous sommes sauvés, sauvés ! Les huguenots n’oseront plus rien contre nous. Et même si ce bougre de roi les protège et les aide, ils sont moins forts que notre cher duc… Vive Guise !

— Vive Guise ! Vive Monseigneur le duc ! Vive Lorraine ! répétaient des voix tout autour d’eux.

En quelques secondes, la nouvelle avait atteint le bout de la rue et se répandait dans les rues voisines.

— Eh, toi ! s’exclama l’homme à la dague, qui à présent riait de joie. Continue ton chemin si ça te chante… Maintenant que Monseigneur le duc est revenu, nous n’avons plus rien à craindre. Si tu es des nôtres, tu dois le savoir ; et si tu n’en es pas, eh bien…

— … Eh bien va au diable ! s’exclama un autre. Où que tu ailles, Monseigneur le duc te rattrapera et t’ôtera l’envie de lui nuire…

— Laisse-le donc, intervint l’homme à la lance, qui semblait hilare. Il a récité son Je vous salue Marie, il est catholique comme nous, Dieu le bénisse.

Il donna sur l’épaule d’Iñaki une tape qui se voulait amicale.

— Sans rancune, l’ami, n’est-ce pas ? Les huguenots sont partout, et nous, on s’inquiétait, tu comprends ? Allez, va donc où bon te semble. Nous, nous allons saluer Monseigneur, n’est-ce pas, les gars ?

Les autres acquiescèrent, et le petit groupe s’éloigna gaiement vers l’autre côté de la rue, en répond...

Table des matières

• Chapitre 1
• Chapitre 3
• Chapitre 4
• Chapitre 5
• Chapitre 6
• Chapitre 7
• Chapitre 8
• Chapitre 9
• Chapitre 10
• Chapitre 11
• Chapitre 12
• Chapitre 13
• Chapitre 14
• Chapitre 15
• Chapitre 16
• Chapitre 17
• Chapitre 18
• Chapitre 19
• Chapitre 20
• Chapitre 21
• Chapitre 22
• Chapitre 23
• Chapitre 24
• Chapitre 25
• Chapitre 26
• Chapitre 27
• Chapitre 28
• Chapitre 29
• Chapitre 30
• Chapitre 31
• Chapitre 32
• Chapitre 33
• Chapitre 34
• Chapitre 35
• Chapitre 36
• Chapitre 37
• Chapitre 38
• Chapitre 39
• Chapitre 40
• Chapitre 41
• Chapitre 42
• Chapitre 43
• Chapitre 44
• Chapitre 45
• Chapitre 46
• Chapitre 47
• Chapitre 48
• Chapitre 49
• Chapitre 50
• Chapitre 51
• Chapitre 52
• Chapitre 53
• Chapitre 54
• Chapitre 55
• Chapitre 56
• Chapitre 57
• Chapitre 58
• Chapitre 59
• Chapitre 60
• Chapitre 61
• Chapitre 62
• Chapitre 63
• Chapitre 64
• Chapitre 65
• Chapitre 66
• Chapitre 67
• Chapitre 68
• jusqu’à l’avènement d’Henri IV
• Les personnages
• Arbres généalogiques
• La succession au trône de France ww Les Bourbons La maison de Lorraine et les Guises
• Bibliographie