Dieu le veut

Saga des limousins T.17

Yves Aubard, La Geste

• Éditeur: La Geste
• Année: 2020
• Imprimer l'ISBN: 9791035310479
• ISBN de l'eBook: 9791035310479

Le 17e tome de «la saga des Limousins» se déroule à la fin du xie siècle, entre les années 1095 et 1099. Le pape Urbain a lancé son appel et de tous les coins de l'Europe les fidèles vont se mettre en route vers la terre Sainte. Pierre l'Ermite mènera la croisade des pauvres à sa perte à Cevitot. Les barons Chrétiens partent à leur tour: Hugues de Vermandois, Godefroy de Bouillon, Raymond de Toulouse et Bohémond de Tarente seront les principaux chefs de la croisade. Les descendants de Lou Ier seront de ces grandes épopées. Sous le commandement de Lou II, ils constitueront même un corps d'armée indépendant, petit par le nombre, mais vigoureux au combat.

Antioche

Après la victoire de Dorylée, les croisés avaient le choix entre trois routes pour continuer leur chemin vers Jérusalem : la première, la plus à l’est, était aussi la plus dangereuse car elle passait dans une région contrôlée par les Danishmendites et des émirs turcs, à la puissance intacte. La seconde était inenvisageable car elle commençait par la traversée du grand désert salé du centre de l’Anatolie, lieu de désolation dépourvu d’eau qui ne pouvait être emprunté que par de rapides cavaliers et non par une foule immense, dont la majorité cheminait à pied. Restait donc la troisième route, qui contournait le désert salé par le sud et passait par Philomélion21, Iconium22, Héraclée23, puis les portes de la Cilicie. Tatikios, qui accompagnait les croisés avec un contingent grec, conseilla cette dernière option.

La piste passait entre les montagnes et le désert, et elle s’avéra difficile en cet été 1097. À Philomélion on retrouva l’ancienne piste byzantine, mais les croisés découvrirent ce qu’était le terrible été anatolien. La faim et la soif les harcelaient. Même Lupus avait du mal à trouver quelque gibier sur ces terres désolées. Les citernes byzantines avaient été détruites par les Turcs et les seuls points d’eau étaient des mares saumâtres, qui rendaient hommes et bêtes malades de la tripaille. Vers la mi-août, la croisade arriva dans un triste état à Iconium. La ville avait été désertée par les Turcs, mais à proximité, la vallée de Méram, avec ses ruisseaux et ses vergers, parut un havre merveilleux aux Chrétiens épuisés. On y resta quelques jours pour s’y reposer, d’autant plus que Godefroy de Bouillon, blessé lors d’une chasse à l’ours, devait se faire soigner et que Raymond de Toulouse, gravement malade, avait réclamé l’extrême-onction de l’évêque d’Orange.

– Les rudes conditions de ce pays nous auront plus certainement la peau que les Turcs, maugréa Lou, devant sa troupe réunie au campement de la vallée de Méram.

– Si mon maître venait à passer, s’inquiéta Guy, j’en serais désolé, c’est le seul que je crois d’une quelconque probité parmi les grands barons.

C’est lors de cette halte que Lou retrouva trois de ses fantassins : Édouard, Anthelme et Robin rejoignirent la croisade, apportant quelques nouvelles fraîches de Constantinople. Bjarni apprit à cette occasion qu’il avait gagné une fille en la personne d’Odile et une belle-fille en préparation en la personne de Léa. Édouard expliqua à Judith et Eudes le projet qu’avait Clotilde de se joindre à eux sur la route de la soie en compagnie du prince Nizam, qu’elle avait embauché comme guide pour les conduire jusqu’à la terre des petits hommes jaunes. Tous deux furent enchantés de cette nouvelle. Ils comptaient quitter la croisade après Antioche et se rendre à Alep, point de départ du voyage, en pleine terre seldjoukide.

– C’est là que Clotilde et Nizam ont dit qu’ils vous attendraient, expliqua Édouard.

– Comment la fille de Golet a-t-elle fait pour convaincre ce Turc de vous servir de guide ? s’étonna Guy.

– Tu sais bien que les femmes de la famille ont toujours su obtenir tout ce qu’elles voulaient des hommes, expliqua Bjarni.

– C’est vrai, admit Guy, j’avais oublié ce détail.

Cependant, contre toute attente, et pour le plus grand plaisir de Guy, Raymond de Toulouse se remit de sa maladie. On qualifia cette guérison de « miracle de Dieu » et la croisade put repartir. À Héraclée, une armée turque tenta de faire obstacle aux Chrétiens. L’émir Hassan et l’émir des Danishmend voulurent les repousser vers les passes du Taurus, mais Bohémond les attaqua soudainement et les Turcs se retirèrent prestement vers le nord, refusant le combat et laissant la ville aux croisés.

C’est à Héraclée que la belle entente qui avait jusqu’alors régné au sein de l’armée des Chrétiens commença à se lézarder. Si tout le monde s’accordait sur le fait qu’Antioche devait être la prochaine étape, deux routes étaient possibles pour se rendre dans cette grande cité. Un peu à l’est d’Héraclée, une piste passait au travers des montagnes du Taurus, vers les dangereuses « portes de Cilicie » ; c’était la route la plus directe vers Antioche, mais les sentiers étroits et escarpés rendaient le passage difficile. De l’autre côté, la fuite des deux émirs ouvrait la voie de Césarée, par laquelle on pouvait rejoindre l’ancienne grande route militaire byzantine qui reliait Constantinople à Antioche et qui traversait l’anti-Taurus vers Marash. Alors que la première voie était tenue par les Turcs, celle-ci passait par les terres des Chrétiens arméniens, probablement favorables aux croisés. Tatikios, Pierre et Ethan conseillèrent cette deuxième voie aux barons, mais Tancrède, le neveu de Bohémond, et Baudouin de Boulogne, le frère de Godefroy, se défiaient des Grecs et ils ne voulurent pas emprunter la route recommandée.

Ces deux princes avaient un point commun : cadets de famille, ils étaient venus à la croisade pour s’y constituer des domaines et s’installer dans la région. Ils décidèrent de quitter l’armée des croisés, pour prendre la route de Cilicie et tenter d’y conquérir des territoires. Tancrède avait cent chevaliers et cinq cents fantassins avec lui, tandis que Baudouin comptait cinq cents chevaliers et deux mille fantassins. Godvère, l’épouse de Baudouin, était malade, mais cela ne retint pas le Germain ; il fut décidé qu’elle resterait avec le corps principal de l’armée, en compagnie de ses enfants.

Lou et sa troupe discutaient des derniers événements sur la route de Césarée.

– Maudits soient ces rapaces de Baudouin et Tancrède qui nous ont abandonnés pour se tailler des domaines dans le pays, bougonna le Châlusien.

– Notre armée est pleine de clans, fit remarquer Guy, tout le monde s’épie et se jalouse. La belle confiance du début a fait place à la défiance.

– Je crois, moi, que la confiance n’a jamais régné, estima Vladimir, depuis Constantinople, les grands barons s’observent et se méfient les un...

Table des matières

• Livres du même auteur, déjà parus chez Geste Éditions
• Résumés des tomes précédents
• Arbre généalogique des descendants de Lou et Mathilde
• Situation des personnages au début du tome 17
• Le tour de France du pape
• Conflits familiaux
• Branle-bas en Limousin
• La croisade des pauvres
• La juive de Spire
• Civetot
• La croisade des barons
• Les esclaves du sultan
• Nicée
• Dorylée
• Adoptions
• La campagne du Vexin
• Antioche
• La Sainte Lance
• Nouvelles de la « vieille Europe »
• La fièvre stuporeuse
• Grands départs
• Cartes du tome 17
• Commentaires
• Personnages
• Dates réelles des évènements
• Découvrez le tome 18 de la saga des Limousins L’avoué du Saint Sépulcre (de Gisors à Samarkand) 1099-1103