MORTS EN SĂRIE
Mort de La Vienne
Le 10 aoĂ»t 1710 mourut La Vienne, Ă Paris, dans son appartement du Louvre. Une grande messe fut cĂ©lĂ©brĂ©e en lâĂ©glise de Saint-Germain lâAuxerrois en prĂ©sence de son fils et de ses gendres. Son corps fut ensuite portĂ© en carrosse jusquâĂ lâĂ©glise de Saint-Martin de Champcenetz, au diocĂšse de Sens. Il avait rĂ©digĂ© son testament olographe le 8 janvier 1809 et lâavait dĂ©posĂ© chez maĂźtre Marchand aĂźnĂ©, notaire Ă Paris. Il instituait son fils Louis comme lĂ©gataire universel et lâinventaire de ses biens commença le 20 aoĂ»t. EmancipĂ© par lettres de Louis XIV donnĂ©es en la Chancellerie du Palais le 17 septembre, entĂ©rinĂ©es par sentence du ChĂątelet le 25, Louis pĂ»t recueillir la succession de son pĂšre et lui succĂ©der dans sa charge de premier valet de chambre du roi, dont il avait la survivance depuis 1703 et dont il dĂ©missionna en 1757 !
On peut lire dans le registre des inventaires aprÚs décÚs41 à la date du 23 septembre 1710,
« est comparue dame Elisabeth Orceau, veuve de messire François Quantin de la Vienne, chevalier, marquis de Champcenetz, conseiller du roi en ses conseils, premier valet de chambre de Sa MajestĂ©, demeurante au Louvre, paroisse Saint-Germain-LâAuxerrois, tant en son nom Ă cause de la communautĂ© des biens dâentre le dit feu seigneur de la Vienne et elle, sauf Ă lâaccepter ou y renoncer ainsi quâelle jugera Ă propos, que comme exĂ©cutrice du testament olographe du dit seigneur de la Vienne en date du 8 janvier 1709 dĂ©posĂ© pour minutes chez Marchand notaire le 11 aoĂ»t et au greffe des insinuations du ChĂątelet de dix du dit mois, et encore ladite dame tutrice de messire Louis Quentin de la Vienne, chevalier, marquis de Champcenetz, conseiller du roi en ses conseils, premier valet de chambre de Sa MajestĂ©, et de demoiselle Françoise AgnĂšs Quentin de la Vienne et enfant mineure dudit dĂ©funt seigneur de la Vienne, et dâelle, laquelle a affirmĂ© vĂ©ritable lâinventaire fait Ă sa requĂȘte le vingtiĂšme jour dâaoĂ»t 1710 et jours suivants passĂ© par devant Vivany et Marchands, notaires Ă Paris, en la prĂ©sence de SĂ©bastien Channeau, bourgeois de Paris, tant en la maison de lâinstitution du prĂ©toire de lâoratoire porte Saint Michel comme subrogĂ© tuteur de la dite demoiselle mineure, continuation du dit inventaire fait au chĂąteau de Versailles, le premier septembre 1710, fait par Me Philippe Barbier, Ă©cuyer, conseiller du roi lieutenant gĂ©nĂ©ral civil et de police de la prĂ©vĂŽtĂ© de lâhĂŽtel du roi et grande prĂ©vĂŽtĂ© de France, en lâappartement qui Ă©tait occupĂ© par ledit dĂ©funt seigneur de la Vienne au chĂąteau du Louvre en la cour des princes au troisiĂšme Ă©tage, Ă la requĂȘte de la dite dame de la Vienne, autre continuation dudit inventaire fait Ă la requĂȘte de la dite dame de la Vienne le 10 septembre et le lendemain 1710 par Antoine Binet, seigneur du Courtomont, conseiller du roi, bailli de Brie Comte Robert, sur levĂ©e des meubles et effets dĂ©laissĂ©s par ledit dĂ©funt seigneur de Vienne, en sa maison85 situĂ©e au faubourg du dit Brie, signĂ© de Enfin Lou, greffier dudit Brie Comte Robert, et encore autre continuation au chĂąteau du marquisat de Champcenetz, fait par messire Jean Saulsoy, conseiller du roi, paroisse de Provins, datĂ© du douze septembre prĂ©sent mois et jour suivant dĂ©livrĂ© par Grisaud, greffier de la dite paroisse de Provins, pour lesquelles ont Ă©tĂ© assurĂ©s vĂ©ritables et tenu pour clore. »
Eglise Saint-Martin de Champcenest (autrefois Champcenetz).
A la date du 12 août 1710, Saint-Simon écrivait :
« (La Vienne) avait un frÚre qui s'appelait Quentin, qui avait les quatre charges de barbier du roi, dont la femme était premiÚre femme de chambre de Mme la duchesse de Bourgogne, avec du mérite et de la considération, et dont le fils était premier valet de garde-robe du roi, duquel toute la famille tirait beaucoup. »
Le 13 aout 1710, Quentin, qualifiĂ© seigneur de Villiers-sur-Orge, et son fils Jean, qualifiĂ© baron de Champlost, Ă©taient prĂ©sents avec dâautres membres de la famille, pour nommer les tuteurs des enfants mineurs de La Vienne.
Registre des tutelles, août 1710, AN Y4204
Le 26 août 1710, Jean Quentin eut "une grande faiblesse" en entendant la messe avant le lever du roi, et Sourches précise que comme il était fort usé par les longs services qu'il avait rendus au roi avec une assiduité merveilleuse, et qu'il avait plus de soixante-douze ans, on regardait cet accident comme trÚs dangereux. Le lendemain il donnait de bonnes nouvelles, disant que le 27 on apprit que Quentin était hors de danger, l'émétique lui ayant fait de trÚs bons effets. Le 27 octobre 1710, le roi accorda à La CorbiÚre, 4e fils des Quentin, les quatre charges de premier valet de garde-robe du duc de Berry, avec faculté de les séparer et de les vendre.
Il semble quâĂ cette Ă©poque Quentin nâexerçait plus sa charge de premier valet de garde-robe et quâil lâavait transmise Ă son fils Jean, qui recevait de ce fait un appartement au chĂąteau de Versailles : appartement AN 68 dans lâaile du nord, 29.10.1710 : M. de Saint-Aignan avait un fort petit appartement quâon avait donnĂ© Ă un fils de Mme Cantin86.
Le 6 janvier 1711, Quentin et ses fils Jean et Louis, Ă©taient tĂ©moins Ă un acte par devant notaire, par lequel leur neveu et cousin-germain Louis Quentin de la Vienne, chevalier, marquis de Champcenetz, conseiller du roi et son conseiller premier valet de chambre, Ă©mancipĂ© dâĂąge, sous la tutelle du sieur Pierre Creuset, bourgeois de Paris, demandait la dĂ©livrance du legs fait Ă son profit par son pĂšre.
Registre des tutelles janvier 1711 AN Y4209
On remarque que le pĂšre signe Quantin, un fils Quantin de Villiers, et lâautre Quantin de Champlost.
Le 12 juin 1711, le roi et la famille royale signÚrent le contrat de mariage de leur fille Marie-Anne avec Jean-René de Jouanne d'Esgrigny. Les Quentin donnaient 80 000 livres de dot à leur fille. Les fiançailles eurent lieu dans l'appartement de la Dauphine.
Le Grand Dauphin Louis Ă©tant mort de la variole le 14 avril 1711, la duchesse de Bourgogne devint Dauphine de France. Une autre des filles de Quentin, Marie-Anne, bĂ©nĂ©ficia pour ses fiançailles, de la mĂȘme faveur que sa sĆur, le 13 juin 1711 au chĂąteau de Marly, dans la chambre et en prĂ©sence de Madame la Dauphine et de toute la cour. CâĂ©tait la veille de son mariage, Ă Fontenay-Saint-PĂšre (Yvelines), avec Jean-RenĂ© Jouenne, seigneur d'Esgrigny, Fontenay-Saint-PĂšre, Ă©cuyer, colonel du rĂ©giment de Forez, brigadier des armĂ©es du roi, inspecteur de la milice des gĂ©nĂ©ralitĂ©s de Paris et d'OrlĂ©ans (Contrat du 13 juin 1711, signĂ© par le roi et la Cour, passĂ© devant Le Chanteur et Dutartre, notaires Ă Paris). Lors de la cĂ©lĂ©bration, Quentin, qualifiĂ© Ă©cuyer, conseiller du roi, maĂźtre d'hĂŽtel et premier valet de garderobe de Sa MajestĂ© signe "Quantin". Les frĂšres de la mariĂ©e sont tous lĂ ; ils sont tous Ă©cuyer et premier valet de garderobe et signent "Quantin de Champlost", "Quantin de Villiers", "Quantin de la CorbiĂšre", Quantin de Richebourg" ... A cette occasion Sourches complimentait AngĂ©lique en la qualifiant dâune des plus habiles femmes du royaume pour les affaires de sa famille.
Registre de lâĂ©glise Saint-Denis de Fontenay-Saint-PĂšre
Le voyage Ă Marly
Le roi nâĂ©tait pas retournĂ© au chĂąteau de Marly depuis le long sĂ©jour quâil y avait fait, du 15 avril au 14 juillet, aprĂšs la mort du grand dauphin. Il dĂ©cida ensuite de reprendre ses sĂ©jours habituels de dix ou quinze jours, et le 27 septembre 1711, annonça quâil irait passer dix jours Ă Marly Ă partir du 7 octobre.
Les sĂ©jours que le roi faisait Ă Marly tenaient une grande place dans la vie la cour, surtout vers la fin du rĂšgne de Louis XIV. En plus des officiers indispensables au service, des dames et des courtisans Ă©taient invitĂ©s par le roi dĂ©sirant leur ĂȘtre agrĂ©able ou leur montrer son mĂ©contentement. Saint Simon raconte comment se faisait la dĂ©signation pour les dames : la surveille du jour du voyage, toutes celles qui dĂ©siraient y aller avaient soin dâassister au souper du roi ; elles sây tenaient soit debout, soit assises sur des tabourets, suivant leur rang et leur titre ; cela sâappelait se prĂ©senter pour Marly. Le roi notait dans sa mĂ©moire celles quâil dĂ©cidait dâinviter, et, rentrĂ© dans son, cabinet, il en indiquait les noms au grand marĂ©chal des logis, marquis de Cavoye, qui dressait la liste et faisait avertir les Ă©lues. Quant aux hommes, ils demandaient le mĂȘme jour, le matin ; ils attendaient le roi au passage, lorsquâil sortait de la messe, et lui disaient seulement : Sire, Marly. Le roi faisait un signe dâacquiescement ou ne rĂ©pondait rien.
La liste dressĂ©e, il fallait attribuer Ă chacun le logement qui lui Ă©tait destinĂ©. Le grand marĂ©chal des logis avait pour cela un Ă©tat imprimĂ© des logements du chĂąteau et de ses dĂ©pendances, sur lequel il nây avait plus quâĂ Ă©crire Ă la main, en face de chaque appartement, le nom de celui ou celle qui devait lâoccuper.
La liste de ce voyage dâoctobre 1711 contient 125 personnes, tant invitĂ©s que grands officiers, dames dâaccompagnement ou domestiques de considĂ©ration. Mais Ă ce chiffre il faut ajouter un certain nombre dâhommes qui ne sont pas mentionnĂ©s parce quâils partageaient lâappartement de leur femme. CâĂ©tait en effet la rĂšgle que, quand une femme Ă©tait nommĂ©e pour aller Ă Marly, son mari y venait aussi de droit, sans avoir besoin de le demander.
Lors de ce voyage, le roi avait « en bas » du chùteau six piÚces, le dauphin et la dauphine trois piÚces chacun, Madame, quatre piÚces et Mme de Maintenon cinq piÚces. « En haut » se tro...