La Magna Carta, son importance pour le Canada

La démocratie, le droit et les droits de la personne

Carolyn Harris

• Éditeur: Dundurn Press
• Année: 2015
• Imprimer l'ISBN: 9781459732278
• ISBN de l'eBook: 9781459732292
• Sujet: Politique et relations internationales
• Sujet: Histoire et théorie politique

La Magna Carta avait été conçue au départ dans le but d'assurer que le roi Jean respecte les us et coutumes de la noblesse au XIII e siècle. Au cours des huit cents années qui se sont écoulées depuis sa création, elle est devenue la pierre angulaire des idéaux de la démocratie pour tous. La « Grande Charte » a inspiré de nombreux documents portant sur le respect des droits de la personne, y compris la Déclaration d'indépendance des États-Unis, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de la France, et la Déclaration universelle des droits de l'homme des Nations Unies. Pour les Canadiens, la Magna Carta a servi de modèle pour d'importants documents, depuis la Proclamation royale de 1763, qui a façonné les colonies britanniques de l'époque et les relations de celles-ci avec les Premières Nations, jusqu'à la Charte des droits et libertés. La Magna Carta: son importance pour le Canada est une célébration des huit cents années d'existence du document ainsi que de son influence sur le Canada et le monde entier.

Annexe 1

L’exposition Magna Carta 2015

« Ce projet a commencé simplement comme l’un des nombreux autres projets de notre liste d’activités de parents face au nid vide. Or, en peu de temps, il avait réussi à écarter tout le reste et à s’emparer de notre imaginaire et de notre énergie pendant la majeure partie des quatre dernières années de nos vies. » C’est ainsi que Len et Suzy Rodness de Toronto décrivaient en 2014 la genèse de l’idée qu’ils avaient eu quatre ans plus tôt de faire amener la Magna Carta au Canada. Ils ont d’abord consulté un ami à l’école de leur fils.

« Une amitié avec Bernadette Toner, une aimable trésorière anglaise transplantée au Canada à l’école de notre fils nous a donné l’occasion de diriger l’initiative de faire amener au Canada la pièce de parchemin inestimable qu’est la Magna Carta dans le cadre d’une célébration de son huit-centième anniversaire. »

À sa grande joie, le couple dévoué a réussi à obtenir le consentement de la cathédrale de Durham — où plusieurs exemplaires de la Magna Carta sont conservés — de prêter deux de ces trésors à une exposition itinérante restreinte du Canada lors du huit-centième anniversaire en 2015, si un nombre suffisant de lieux de qualité muséale pouvaient être trouvés pour les exposer, les protéger et les conserver, et si un financement suffisant pouvait être obtenu. En plus d’être avantageuse pour les Canadiens, l’exposition contribuerait au coût lié à la conservation de ces précieux documents historiques.

C’est ainsi que Magna Carta Canada a été fondée en tant qu’organisme sans but lucratif engagé à satisfaire ces conditions et à garantir la réalisation de la tournée. Len et Suzy ont coprésidé l’organisme et ont commencé à encourager des gens à se joindre à eux et à contribuer à leur campagne de financement, une expérience qui leur a permis d’en apprendre beaucoup au sujet de la Magna Carta et du Canada.

« Notre “voyage dans le temps” vers un pré anglais une journée d’été en 1215 a servi non seulement à accroître nos connaissances des attaques et parades de la politique et de la société à l’époque du Moyen Âge, mais aussi a aiguisé notre conscience de ce pays exceptionnel dans lequel nous vivons. Chaque conversation dans une salle de conférence ou un cocktail où nous entendions “je me souviens vaguement de la Magna Carta pour en avoir entendu parler à l’école, mais je ne sais vraiment de quoi il s’agit” nous incitait à poursuivre nos efforts de plus belle. »

La campagne de financement ayant été lancée, Magna Carta Canada a mandaté Lord Cultural Resources, une agence canadienne de réputation mondiale spécialisée dans la planification d’expositions dans les musées tout d’abord pour dénicher des lieux potentiels pour accueillir la Magna Carta et ensuite pour planifier et concevoir l’exposition. Len et Suzy ont expliqué leur objectif aux coprésidents Gail et Barry Lord, et à la vice-présidente des expositions de l’agence, Maria Piacente : « À nos yeux, amener la Magna Carta sur nos rives nous permettrait de faire vivre à tous les Canadiens un moment d’apprentissage concret. Quelle chance exceptionnelle de pouvoir se retrouver directement devant le document qui constitue sans aucun doute le point d’origine des idéaux démocratiques, de la primauté du droit et des normes au chapitre des droits de la personne de notre nation. »

Fort de son expérience dans la planification et la conception d’expositions dans des lieux de qualité muséale d’un océan à l’autre au Canada, Lord Cultural Resources a été en mesure de trouver quatre lieux impatients d’exposer la Magna Carta (voir l’annexe 2).

Pendant que cette liste exceptionnelle de lieux d’accueil de la Magna Carta se faisait dresser, Len et Suzy Rodness et leur comité de direction ont poursuivi leur campagne de financement afin de réaliser leur rêve. Bien que plusieurs importants donateurs aient contribué généreusement au projet, une grande avancée a été réalisée en 2014 lorsque Magna Carta Canada a réussi à obtenir l’appui financier du gouvernement fédéral. À partir de ce moment-là, Len et Suzy ont pu affirmer : « En 2015, le Canada aura l’occasion de tourner son regard collectif vers cet instrument de transformation dont les notes résonnent encore à travers les siècles et qui se font encore entendre aujourd’hui. »

Lord Cultural Resources pouvait donc poursuivre la conception détaillée et l’appel d’offres pour la construction de l’exposition installée dans un décor rappelant Runnymede, le pré où le 15 juin 1215 un groupe de barons britanniques ont forcé le roi Jean sans Terre d’Angleterre à poser son sceau sur le document original de la Magna Carta. L’exposition mettait en vedette des mannequins de barons, de gens du peuple et du roi Jean ainsi que des bannières, des panneaux et des écrans tactiles qui rappelaient le rôle de chacun dans sa lutte contre les exigences impérieuses du roi que tous sacrifient leur vie et leurs ressources pour ses guerres interminables (et infructueuses) avec la France. Tout au long de l’exposition, des citations écrites et verbales à propos de la Magna Carta rappelaient aux visiteurs que les principes mis de l’avant par ces grandes chartes ont été abordés pendant des siècles par de nombreux éminents penseurs. L’exposition était composée des vitrines de six regroupements d’objets :

Annexe 1 : L’exposition Magna Carta 2015

LES PRÉCIEUX DOCUMENTS

En 1300, le petit-fils du roi Édouard 1er, Jean, a volontairement émis à nouveau la Magna Carta afin de montrer qu’elle s’appliquerait à chaque futur souverain d’Angleterre. Les deux vitrines d’exposition principales de l’exposition mettaient en vedette les deux précieux documents prêtés par la cathédrale de Durham, l’un des exemplaires de 1300 portant le sceau d’Édouard et la Charte de la forêt de 1300. La Grande Charte de 1225 était exposée dans une tente qui symbolisait celle dans laquelle le roi Jean aurait accueilli les barons, alors que la Charte de la forêt était nichée dans un décor rappelant une forêt. Afin d’assurer la préservation de ces précieux documents, ces derniers devaient être exposés dans des boîtiers à ambiance contrôlée sous un éclairage diffus.

LA CHARTE « NUMÉRIQUE »

Les chartes sont écrites en latin médiéval, le langage juridique et administratif de l’époque, mais l’exposition a fait appel à la technologie du XXIe siècle pour permettre aux visiteurs de les lire en anglais, explorant des thèmes importants qui expliquent la raison de l’importance passée et actuelle des documents. L’habeas corpus, par exemple, l’ordonnance selon laquelle la Couronne ne peut détenir un prisonnier à moins qu’elle soit en mesure de présenter une preuve des actes préjudiciables, le procès devant jury et la liberté des veuves de refuser tout mariage forcé, et par conséquent de perdre leur héritage, ne sont que quelques-uns des droits et des mesures de protection offerts par la Magna Carta. Des mots clés à travers toute l’exposition, notamment, droits, privilèges, libertés, justice et droit, rappelaient aux visiteurs quelques-uns des concepts fondamentaux qui ont vu le jour grâce à la Magna Carta.

UN HÉRITAGE MONDIAL

La présence d’un gros globe terrestre en trois dimensions a aidé les visiteurs à reconnaître l’incidence de ces documents historiques à travers le monde au cours de huit cents ans. Aux États-Unis, bien sûr, la Déclaration d’indépendance, la Constitution et la Charte des droits sont tous des descendantes directes de la Magna Carta. En France, la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, qui a déclenché la Révolution française, est l’exemple le mieux connu, bien que la Charte constitutionnelle de 1814 qui limitait les droits du roi Louis XVIII lorsqu’il est revenu sur le trône après la chute de Napoléon revêtait autant d’importance puisqu’elle est le fondement de la primauté du droit et l’application régulière de la loi qui sont encore en vigueur en France actuellement. De l’autre côté du globe, la Constitution de l’Inde de 1947 comporte une section sur tous les droits fondamentaux d’égalité des citoyens indiens devant la loi, selon le modèle de la Magna Carta. L’Australie et la Nouvelle-Zélande comptent parmi les autres anciennes colonies britanniques touchées de manière semblable. Et, bien sûr, la Déclaration universelle des droits de l’homme des Nations Unies de 1948 nous a donné ce que plusieurs voient comme l’héritage à long terme le plus important de la Magna Carta, élargissant la portée des droits de la personne à tous, peu importe leur citoyenneté, leur origine ethnique ou leur pays de résidence. Nous nous efforçons encore d’être à la hauteur de l’intention de la Grande Charte, soit de veiller à ce que des atrocités comme l’Holocauste ne se produisent jamais plus.

LES GRANDES CHARTES ET LE CANADA

Le « gouvernement responsable » — un concept mis de l’avant pour la première fois par la Magna Carta — était l’objectif à la fois de William Lyon Mackenzie et de Louis-Joseph Papineau lors des rébellions qu’ils ont menées contre l’administration de la colonie britannique entre 1837 et 1839. Les Canadiens bénéficient aujourd’hui d’un gouvernement responsable et de l’application régulière de la loi, grâce aux principes qui ont été mis de l’avant pour la première fois — quoique de façon limitée — par ces grandes chartes. Plusieurs sections de la loi qui a créé la Confédération canadienne en 1867 traduisent l’héritage de la Charte, tandis que notre Charte canadienne des droits et libertés de 1982 s’y conforme en tous points. Les liens de ces documents et autres textes avec la Magna Carta ont été montrés lors d’une exposition qui liait l’héritage de la Magna Carta et le Canada, y compris les controverses et les luttes pour tenter de préserver l’esprit de ces documents. Les Premières Nations du Canada, par exemple, ont conservé une culture d’intendance de leurs terres comparable à la vision de la Charte de la forêt, mais les activités de colonisation ne la respectaient que très rarement. Une reproduction à grande échelle de la Proclamation royale de 1763, souvent qualifiée de « Magna Carta des droits des Indiens », montre qu’il s’agissait en effet de la première reconnaissance par la Couronne britannique des droits du peuple autochtone du Canada. La Proclamation est depuis invoquée dans les disputes de revendication territoriale.

LES DROITS DES « HOMMES LIBRES » (SEULEMENT?)

Bien qu’elle attestait du droit des veuves de refuser de se remarier contre leur gré et, par conséquent, de renoncer à leurs biens, la Magna Carta n’a pas reconnu la femme comme une personne puisqu’elle appartenait à son père ou à son mari. Trois ou quatre siècles plus tard, alors que la traite des esclaves a enrichi certains hommes, personne n’avait étendu des droits à la marchandise humaine. Les colonisés, de façon analogue, n’étaient pas reconnus comme personnes possédant des droits égaux. L’exposition comporte des extraits des documents historiques qui décrivent ces limites des concepts d’origine et la lutte continuelle pour tenter d’étendre ces droits à tous, en Angleterre et à l’échelle mondiale, ces huit derniers siècles.

LE MUR TACTILE DE LA JUSTICE ACTUELLE

Une technologie du XXIe siècle a illuminé la dernière section de l’exposition avec un écran tactile mural qui encourageait les visiteurs à explorer les luttes contemporaines pour la justice et les droits de la personne. Les visiteurs ont été invités à voter pour les articles les plus importants de la Magna Carta à leurs yeux, à rédiger une charte contemporaine et à dessiner un sceau.

L’exposition itinérante Magna Carta Canada 2015 a permis aux Canadiens de prendre en compte plus que jamais la grande importance des principes de ces documents et a démontré à quel point il est essentiel pour nous tous de les préserver.

Annexe 2

Les lieux de présentation

MUSÉE CANADIEN DE L’HISTOIRE

Gatineau (Québec)

Situé aux abords de la rivière des Outaouais à Gatineau, Québec, le Musée canadien de l’histoire compte parmi les établissements culturels les plus grands et les plus populaires du Canada, accueillant plus d’un million de visiteurs chaque année. Le rôle principal du Musée est d’accroître les connaissances, la compréhension et l’appréciation des Canadiens face aux événements, aux expériences, aux gens et aux objets qui ont façonné l’histoire et l’identité du Canada, et de leur faire apprécier également l’histoire mondiale et les cultures du monde. Le Musée abrite une collection qui comprend plus de quatre millions d’artéfacts et de spécimens, dont certains trésors nationaux les plus précieux au Canada. On y trouve également le Musée canadien des enfants et un théâtre IMAX®. Le Musée canadien de l’histoire est une société d’État fédérale qui est également responsable du Musée canadien de la guerre.

LIEU HISTORIQUE NATIONAL DU CANADA FORT-YORK

Toronto (Ontario)

Construit en 1793 pour protéger la toute nouvelle ville de York, le lieu historique national du Canada Fort-York est le lieu de naissance de la région de la ville moderne de Toronto. L’endroit est mieux connu pour avoir été le lieu où la bataille de York a atteint son point culminant en avril 1813 pendant la guerre de 1812. Le fort servait principalement de défense portuaire de la ville entre les années 1790 et les années 1880. L’emplacement a abrité une garnison jusqu’au début des années 1930 lorsque le fort a été transformé en musée municipal.

Aujourd’hui, les murailles clôturent la plus importante collection d’édifices construits durant la guerre de 1812. Une centre pour les visiteurs a ouvert ses portes en 2014 à l’extérieur des murailles afin de permettre de bien voir le vaste lieu historique national de dix-sept hectares et pour offrir un espace pouvant exposer des objets exceptionnels comme la Magna Carta.

Fort York a été fondé par le premier lieutenant-gouverneur du Haut-Canada, John Graves Simcoe. Ces liens entre M. Simcoe et le Fort font de celui-ci un endroit tout indiqué pour prendre connaissance de l’héritage de la Magna Carta. En plus de mettre en place les institutions démocratiques de la province, M. Simcoe a également été un partisan d’une loi adoptée en 1793 pour empêcher que d’aut...

Table des matières

• Cover
• Table des matières
• Avant-propos
• Introduction
• 1re partie
• 2e partie
• 3e partie
• 4e partie
• 5e partie
• Remerciements
• Annexe 1
• Annexe 2
• Annexe 3
• Remarques
• Lectures suggérées
• Références photographiques
• Copyright