Seconde guerre mondiale – Le naufrage d'un monde
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Seconde guerre mondiale – Le naufrage d'un monde

Gabriel Thériault

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Seconde guerre mondiale – Le naufrage d'un monde

Gabriel Thériault

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Prusse-Orientale, janvier 1945.Walther est un fantassin prussien. VĂ©tĂ©ran de nombreuses campagnes, il est usĂ© par les blessures.Erika est une fiĂšre Allemande qui refuse de plier.Tous deux s'apprĂȘtent Ă  subir de plein fouet l'invasion soviĂ©tique.Le premier fourbit ses armes, prĂȘt au combat, prĂȘt Ă  dĂ©fendre son foyer et sa famille.La seconde est communiste. Elle croit que l'ArmĂ©e rouge libĂ©rera l'Allemagne du fascisme. Elle ne sait pas qu'une terrible fureur l'anime le bras de l'ennemi.Tout les oppose, sauf la volontĂ© de survivre Ă  une guerre qui achĂšve.

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Informations

Année
2021
ISBN
9782898180477
Chapitre 1
27 janvier 1945, quelque part en Prusse-Orientale
Walther tombe et s’écrase sur la neige. Visage rougi, yeux exorbitĂ©s, il s’éveille d’un coup. Bouche grande ouverte, il avale l’air comme le presque noyĂ© recrachĂ© par les flots. Ou comme le nourrisson Ă  sa premiĂšre respiration. Mais il n’est ni l’un ni l’autre, seulement un pendu qui Ă©chappe de peu Ă  la mort.
MĂȘme rompue, la corde Ă©trangle Walther. Il Ă©touffe. Bave. RĂąle. Grimace.
Vite, ses mains attaquent ce funeste Ă©tau. HĂ©las, ses forces l’abandonnent. Ses doigts tremblent. Sa vision s’obscurcit. L’effort, la panique l’épuisent. Il va s’effondrer. Il va sombrer.
Enfin il glisse un doigt, puis deux dans cette mĂąchoire. Il la desserre et se libĂšre. S’arrache au reste de la corde. Regarde et lit l’écriteau pesant sur sa nuque.
Moi, Walther Schaal
 Lñche. Pas voulu combattre
 Pour les femmes et les enfants
 Pour Allemagne.
Étourdi, confus, il ne comprend pas ce qu’il lui arrive. Pourquoi est-il en vareuse en plein hiver ? Pourquoi lui a-t-on arrachĂ© ses Ă©paulettes ? Pourquoi l’a-t-on pendu ? Pourquoi la corde semble-t-elle tranchĂ©e plutĂŽt que cassĂ©e ? Pourquoi sa tĂȘte le fait-elle autant souffrir ?
EmbuĂ©s de larmes, ses yeux l’abandonnent. Walther plonge dans un brouillard sous lequel les images s’estompent. Plus loin, des hommes mutilĂ©s qui hurlent, des chevaux blessĂ©s qui hennissent. Tout prĂšs, un pin immense. La branche basse Ă  laquelle il fut pendu. Deux tristes corps qui se balancent mollement, sinistrement sous la bourrasque. Leur cou Ă©tirĂ©. Leur visage empourprĂ©. Leur langue qui poigne entre les lĂšvres.
Qui sont-ils ? Il rampe vers eux. Peu Ă  peu, il croit reconnaĂźtre deux pauvres naufragĂ©s de l’horreur qu’il a voulu protĂ©ger.
Ses reptations l’ont extĂ©nuĂ©. Le souffle lui manque. Il n’a pas la force de les dĂ©crocher. Il doit les abandonner Ă  leur triste sort.
Il voit mal à travers les larmes qui coulent et qui voilent son regard. Là, à quelques pas, une silhouette apparaüt. Elle approche, un poignard au poing. Elle tend l’autre main vers lui. Pour l’achever ?
Walther veut crier. Non pas de peur, mais de rage et de haine. Pourtant, seul un murmure étouffé jaillit de sa gorge blessée.
Il roule sur le dos, extĂ©nuĂ©. Sa respiration, son sang cognent dans sa tĂȘte. Dans ses yeux, les images se disloquent. LĂ -haut, trĂšs haut, les nuages gonflent jusqu’à se confondre avec l’immensitĂ© et l’éternitĂ©, mĂȘlĂ©es l’une dans l’autre. Une derniĂšre vision ? La vie qui l’abandonne ? Ou simplement le poids de la guerre, les mois de fer et de feu qui l’accablent ?
Lentement, le ciel s’efface, tandis que, sur sa rĂ©tine comme sur un Ă©cran, repasse le mauvais film des derniĂšres semaines.
Chapitre 2
9 janvier, environ trois semaines plus tĂŽt, Prusse-Orientale
Une autre patrouille dans le froid et la glace. Une autre nuit Ă  frissonner, Ă  marcher, les sens Ă  l’affĂ»t. Autour et toujours, la tranchĂ©e qui se ferme sur Walther et l’étouffe. Jamais il ne s’est fait Ă  cette existence de troglodyte croupissant sur place. Au moins, peste-t-il, le front en Russie bougeait.
Devant la tranchĂ©e s’étend le no man’s land. LĂ , Ivan guette dans la nuit, quelque deux cents mĂštres plus loin. Il y a deux mois, le front s’est stabilisĂ© aux limites de la Prusse. Depuis, chaque camp s’enterre dans ses tranchĂ©es et reprend des forces, trop essoufflĂ© pour continuer la tuerie. Ivan patiente, avec la promesse de se venger. Les Landser, avec la volontĂ© de mourir plutĂŽt que de laisser leur pays tomber aux mains des bolchĂ©viques.
Avant la conflagration, Walther menait une existence tout Ă  fait diffĂ©rente de celle qu’il mĂšne aujourd’hui en tant qu’adjudant, Ă  faire et Ă  refaire la guerre de tranchĂ©es de ses pĂšres, Ă  s’enterrer vif au fond d’abris sombres et enfumĂ©s qui puent la sueur, la poudre, l’insecticide. En lui, il y a ce besoin de lumiĂšre et d’air frais, de mouvements, de grands espaces, de forĂȘts et de champs. Bon cavalier, chasseur Ă  ses heures, paysan et bĂ»cheron dans l’ñme, Walther est un vrai Prussien.
Mais Ă  quoi bon rĂąler contre sa condition ? DĂ©sormais, c’est du sĂ©rieux. La guerre se presse aux frontiĂšres du Vaterland1. Aussi noir soit l’avenir, il leur faut espĂ©rer. Et surtout lutter. C’est plus qu’un patriotisme de dĂ©fense, c’est un patriotisme de survie. Nemmersdorf et son sinistre cortĂšge de crimes rĂ©sonnent dans la nuit. Ils les obligent Ă  ne pas flancher d’un pouce, pour leurs pĂšres, pour leurs mĂšres, pour leurs familles.
Pour sa femme.
Pour ses enfants.
Pour les siens.
Pour Leni.
Pour Maxim.
Pour Maria.
Ivan ne passera pas.
Tout en patrouillant, Walther se répÚte cette promesse.
À son passage, la tranchĂ©e s’anime. Main Ă  la visiĂšre du casque, des recrues zĂ©lĂ©es font le salut rĂšglementaire. Des visages sourient sous les contours de l’acier et du passe-montagne : certains sont jeunes et imberbes, d’autres sont gris, barbus et usĂ©s. Çà et lĂ , des silhouettes s’effacent et se plaquent aux parois du boyau dans un tintement de mĂ©tal : le fourniment s’entrechoque dans un froid dialogue de fer. Enfin, des cuillĂšres raclent le fond des gamelles. Une odeur de soupe flotte. Le ravitaillement passe toujours la nuit, pour Ă©viter la pluie d’obus.
Walther croise parfois des sentinelles qui s’installent Ă  leur poste de garde, un peu plus haut le long du parapet. D’autres se plantent dans des postes avancĂ©s auxquels mĂšnent des boyaux qui s’avancent devant la ligne principale de rĂ©sistance. LĂ , elles s’embusquent. Ombres dans les ombres, elles se dissolvent dans la nuit. Elles guettent, muettes dans le silence qu’elles fouillent. Elles battent de la semelle, ou se pincent, ou se giflent, pour lutter contre l’emprise grandissante du froid et de la fatigue. Gare Ă  celles qui sombrent dans le sommeil. L’adjudant les engueule royalement, quand il ne les fait pas placer aux arrĂȘts, au pain et Ă  l’eau. Une telle duretĂ© lui tord parfois le cƓur. Mais la sĂ©curitĂ© de tous n’a-t-elle pas ses exigences ?
Des sentinelles, dĂ©jĂ  en place sur le parapet, se penchent vers lui quand il passe Ă  leurs pieds. Walther leur adresse l’éternelle question.
— Et puis ?
— Rien de neuf, Herr feldwebel2.
Des questions d’une autre nature lui sont posĂ©es.
— Herr feldwebel, c’est vrai que des unitĂ©s blindĂ©es arrivent Ă  la rescousse ? Notre offensive se prĂ©pare, hein ?
Ou encore :
— Herr jeldwebel, qu’est-ce qu’on fout encore en premiùre ligne ?
— Herr feldwebel, vous savez quand on sera relevĂ©s ?
Walther est conscient que la place d’un peloton d’assaut lourdement armĂ© n’est pas en premiĂšre ligne, mais en rĂ©serve, prĂȘt Ă  mener des contre-attaques. Mais la Wehrmacht manque d’effectifs.
— Herr feldwebel, Ivan attaquera-t-il prochainement ?
Walther sait que les gars sont prĂȘts, mais qu’ils ont froid et
faim. Surtout, ils sont las qu’on leur cache tout, las d’attendre et de guetter ce qui pourtant arrivera, d’un jour Ă  l’autre. L’ultime combat approche, celui qui dĂ©cidera du destin du Vaterland.
Trop souvent, ces pauvres diables croient qu’un vulgaire feldwebel sait tout. Pourtant, Walther est trop petit pour ça. Il nage dans la mĂȘme soupe noire qu’eux. Lui aussi ignore les plans dĂ©cidĂ©s au sommet de la chaĂźne de commandement. Lui aussi carbure Ă  la machine Ă  rumeurs, aux infos glanĂ©es Ă  la radio ou dans les journaux.
Son rang lui interdit de projeter autre chose qu’une position de force et d’autoritĂ©. C’est pourquoi Walther chasse le doute ou la peur ; il n’offre que des certitudes. Chaque fois que ses gars le questionnent, il leur promet qu’ils arrĂȘteront les Rouges, qu’ils ne peuvent pas se permettre de les laisser passer, mĂȘme s’il leur faut pour cela tous mourir. Peut-ĂȘtre sont-ils perdus, mais ils combattront jusqu’au dernier homme et jusqu’à la derniĂšre cartouche.
Lui et les sentinelles parlent peu. Comme tous les cochons du front, ils sont avares de paroles. Les mots qu’ils Ă©changent sont comptĂ©s et jetĂ©s tout bas, voire chuchotĂ©s prudemment ou remplacĂ©s par des gestes. L’expĂ©rience leur a appris la vigilance et la discrĂ©tion Ă  cette heure propice aux coups de main et aux infiltrations. Car Ivan affectionne la nuit. Pourtant, l’espace qui s’étend entre eux et l’ennemi est protĂ©gĂ©. Ici, des mines. LĂ , des barbelĂ©s qui Ă©corchent les chairs et font barriĂšre.
La nuit les abrite Ă©galement. Au contraire, Ă  midi, un seul mouvement Ă©piĂ© depuis une colline au loin jette sur eux des torrents de flammes et d’acier qui les Ă©crasent et les mĂȘlent Ă  la terre. C’est pourquoi ils sont des ĂȘtres d’ombres. De nuit, ils vivent cachĂ©s dans les tĂ©nĂšbres. De jour, ils sont tapis dans leurs taniĂšres, comme les bĂȘtes sauvages.
DerriĂšre Walther, il y a Hans. La recrue lui colle aux semelles, comme toujours. L’adjudant a pris ce jeunot sous son aile, en tant qu’estafette et protection toute thĂ©orique. Car c’est bien Walther qui veille sur Hans. À dix-sept printemps, la derniĂšre fournĂ©e de recrues Ă©tait dĂ©jĂ  trop jeune. Or, lui n’a que quinze ans et des poussiĂšres. Comme son frĂšre jumeau GĂŒnther, il a menti sur son Ăąge. À l’heure des grands pĂ©rils, ni l’un ni l’autre ne voulaient rater l’occasion de servir leur pays et le FĂŒhrer.
Ce gamin est une pousse trop verte. Au menton, pas de poils. Au poing, jamais de rasoir. Au bec, jamais de cigarette non plus. Sa gorge trop fine n’en supporte pas l’ñpretĂ©. À la place, il suçote nerveusement des bonbons Ă  l’ersatz de sucre, qu’il fait glisser contre ses dents.
Ce petit ne quitte jamais Walther. L’adjudant lui enseigne tout, alors qu’il a confiĂ© son frĂšre jumeau Ă  un sergent, camarade et vĂ©tĂ©ran de confiance : Fritz, le Polak et colosse blond taillĂ© dans le roc. Ainsi, comme Walther lui a appris, Hans a toujours une main collĂ©e sur le StG44 pendu Ă  son cou.
Soudain, des explosions secouent le no man’s land. Hans et Walther, aussi profondĂ©ment sont-ils enfoncĂ©s dans la terre, entraperçoivent les flashs lumineux qui papillotent au-dessus de leurs tĂȘtes et Ă©gratignent les ombres.
1. Littéralement pÚre-patrie. On peu...

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