La surdité chez l'enfant

Kristine Barriault, Mélanie Carbonneau, Chantal Caron, Nathalie Neveu, Valérie Ouellet, Line Pelletier, Marie-Pier Pelletier, Chantale Tremblay

• Éditeur: Éditions du CHU Sainte-Justine
• Année: 2021
• ISBN de l'eBook: 9782896199433

Un livre qui fournit toutes les clés pour accompagner adéquatement l'enfant qui présente un problème d'audition, bien communiquer avec lui et lui permettre de se développer le plus harmonieusement possible.

Chapitre 1

L’AUDITION

Sens constamment en action, l’ouïe permet d’entrer en contact avec l’environnement sonore — bruits, sons, musique, voix —, qui est une source continuelle de découvertes. Grâce à l’audition, l’enfant acquiert une grande partie des connaissances nécessaires pour développer la parole, le langage et communiquer oralement. Elle contribue également à son développement sur le plan socio-affectif ainsi qu’à ses apprentissages scolaires.

Pour comprendre comment la surdité se manifeste au niveau du système auditif, il est important d’en connaître les structures et le fonctionnement.

Le développement de l’oreille

Au moment de sa naissance, le bébé a pris contact avec le monde sonore depuis plusieurs semaines déjà¹. En effet, dès qu’il atteint 26 à 28 semaines de gestation, le fœtus commence à entendre les bruits provenant du placenta et des systèmes digestif et cardiaque de sa mère. À partir de 32 semaines, il devient sensible à la langue qu’elle parle et reconnaît sa voix. Il perçoit aussi celle des autres membres de sa famille et certains sons de l’environnement, comme la musique.

Ces premières expériences auditives dans l’utérus permettent au nouveau-né d’être rassuré par des sons qui lui sont familiers. La maturation de son système auditif se poursuit ensuite jusqu’à l’adolescence.

Les parties de l’oreille

L’oreille est composée de trois parties qui travaillent ensemble pour transmettre les sons de l’environnement jusqu’au cerveau. Il s’agit de l’oreille externe, de l’oreille moyenne et de l’oreille interne.

Figure 1.1 | Schéma de l’oreille

Source: Polyclinique de l’oreille

L’oreille externe

L’oreille externe est constituée du pavillon et du conduit auditif externe. Ces structures reçoivent et dirigent le son vers le tympan. Elles amplifient également ceux qui sont importants pour bien entendre la parole. Le pavillon de l’oreille contribue à localiser la provenance des sons.

L’oreille moyenne

L’oreille moyenne est la partie mécanique de l’oreille. Elle est composée du tympan, de trois osselets et de la trompe d’Eustache. Les osselets, soit le marteau, l’enclume et l’étrier sont les plus petits os du corps humain. Liés entre eux et au tympan au moyen de deux muscles et de plusieurs ligaments, ils forment ce qu’on appelle la chaîne tympano-ossiculaire.

La cavité où se trouvent les osselets est remplie d’air grâce à la trompe d’Eustache. Cette dernière, sous forme de tube, relie l’oreille moyenne au nasopharynx (partie de la gorge située derrière le nez) et permet d’équilibrer la pression présente dans l’oreille moyenne avec celle de l’extérieur.

L’oreille interne

L’oreille interne est constituée de deux parties: l’une pour l’audition et l’autre pour l’équilibre.

La composante auditive de l’oreille interne est constituée de la cochlée et du nerf auditif. La cochlée est une structure ressemblant à une coquille d’escargot. Elle contient des milliers de cellules sensorielles dotées de petits cils qui baignent dans du liquide. Elles sont regroupées en fonction de l’information spécifique qu’elles transmettent au nerf auditif: à l’entrée de la cochlée, nommée la base, se trouvent les cellules encodant les sons aigus (comme les cris d’oiseau), puis à mesure que l’on s’approche de l’apex (voir figure 1.2), celles encodant les sons de plus en plus graves (comme le grognement d’un chien).

Figure 1.2 | La cochlée

Source: Openi PMC4256984_fnins-08-00381-g001

La composante de l’équilibre de l’oreille interne s’appelle la partie vestibulaire. Elle est constituée entre autres de trois canaux semi-circulaires. Ceux-ci permettent de percevoir les mouvements du corps (avant-arrière et haut-bas) ainsi que ceux de la tête. Le système vestibulaire contribue à l’équilibre, avec les sens de la vision et de la proprioception (perception de la position du corps dans l’espace).

Comment entend-on?

Lorsqu’un son de l’environnement frappe le pavillon, il est acheminé dans le conduit auditif externe, puis il fait vibrer le tympan et les osselets. Cette vibration est ensuite transmise à la cochlée où elle se propage dans le liquide sous la forme d’une vague qui fait bouger les cils des cellules cochléaires. Selon le type de son entendu (par exemple, un son grave ou un son aigu), des cellules spécifiques de la cochlée sont stimulées. La stimulation sonore reçue par les cellules est transformée en impulsion nerveuse qui est ensuite transmise par le nerf auditif au tronc cérébral. Ce dernier relaie l’information jusqu’au cerveau.

Pourquoi avons-nous deux oreilles?

Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi le corps humain est muni de deux oreilles plutôt qu’une seule? Cela peut sembler banal, mais l’écoute binaurale, c’est-à-dire avec nos deux oreilles, comporte plusieurs avantages.

Tout d’abord, le volume des sons entendus aux deux oreilles s’additionne, offrant ainsi une écoute confortable. L’emploi d’un casque d’écoute l’illustre bien. Avez-vous déjà tenté d’écouter de la musique à l’aide d’un seul écouteur? Une attention plus grande et un volume plus élevé risquent d’être nécessaires.

En revanche, l’utilisation d’un écouteur à chaque oreille rend l’écoute plus facile et requiert généralement un volume plus bas et mieux contrôlé.

Ensuite, l’écoute binaurale permet de localiser les sons dans l’environnement. Le cerveau analyse rapidement l’intensité du son entendu à chaque oreille ainsi que la différence de temps entre la perception du son à chacune des oreilles. Grâce à ces informations, il est possible d’identifier la provenance des sons.

Finalement, entendre avec deux oreilles facilite la compréhension de la parole dans les environnements bruyants. Le cerveau utilise l’information auditive reçue aux deux oreilles et peut ainsi plus facilement séparer la parole du bruit ambiant.

Le développement de l’audition et du langage

La communication et les réactions auditives se développent avec le temps. Puisque chaque enfant évolue à son propre rythme, il peut exister une certaine variation quant à l’âge d’acquisition des différentes habiletés auditives et langagières. Cependant, des indices permettent de savoir si le développement de ces habiletés chez un enfant correspond à celui de la majorité des individus de son groupe d’âge.

Le tableau suivant indique la progression habituelle de la communication (audition, parole et langage) pour différentes tranches d’âge. Lorsqu’un enfant n’a pas acquis une habileté attendue à son âge, cela ne signifie pas nécessairement qu’il y a un problème. Toutefois, s’il ne montre pas plusieurs des indices attendus ou si son développement correspond à celui d’un enfant plus jeune, il est recommandé de consulter une audiologiste ou une orthophoniste.

Tableau 1.1 | Indices de développement de l’audition, de la parole et du langage chez l’enfant

› L’audition est essentielle à l’enfant pour qu’il puisse acquérir une grande partie des connaissances qui lui permettent de communiquer oralement. Elle contribue également à son développement socio-affectif ain...

Table des matières

• Couverture
• Page légale
• Table des matières
• Introduction
• Chapitre 1: L’audition
• Chapitre 2: Le dépistage de la surdité et l’évaluation de l’audition
• Chapitre 3: La surdité
• Chapitre 4: Les répercussions d’une déficience auditive sur la communication
• Chapitre 5: Les causes de la surdité
• Chapitre 6: L’accompagnement de l’enfant et de sa famille
• Chapitre 7: Les aides technologiques pour la surdité
• Chapitre 8: La communication et la scolarisation
• Conclusion
• Glossaire
• Ressources
• Bibliographie
• Quatrième de couverture