Pressée de vivre
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Pressée de vivre

Combat d'une jeune anorexique

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Combat d'une jeune anorexique

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PARTIE 1

L’enfermement

1

Un demi-pamplemousse par jour

Camille venait d’obtenir son BAC Économique et Social. Elle avait 17 ans et elle s’en foutait.
Elle se tenait debout dans la cour du lycée Janson de Sailly. Elle était seule, et pourtant Paul Aldrich était venu la soutenir.
Camille se souvient d’avoir attrapé la main de son ami sur le chemin. Pas par peur, mais pour se sentir vivante.
Elle se souvient d’avoir vu son nom sur la liste des admis. Toujours rien.
Elle se souvient de Lui, la serrant dans ses bras. Hadrien venait d’apprendre qu’il avait lui aussi obtenu son Bac. Son Hadrien. Un amour d’adolescents. Une histoire qui la rongeait encore.
Puis, plus rien.
Hadrien était passé à quelqu’un d’autre, laissant Camille seule au milieu de ce brouhaha, de ces accolades. Seule face à sa solitude, à ce vide qui la gagnait chaque jour un peu plus. Elle était comme étourdie. Trop de monde d’un coup. Trop d’amour. Trop de tout. Et pas assez.
Camille n’était plus. À ce moment-là, elle ne se doutait pas qu’elle tombait dans les prémices de la mort. Dans cette maladie que l’on nomme l’anorexie.
*
Pour fêter leur réussite, Camille et ses amis étaient partis pour quelques semaines. Ils s’étaient retrouvés dans un appartement à St Raphaël, passant leurs journées au bord de la mer et leurs soirées autour d’une bouteille de vin. Personne ne semblait remarquer le nouveau comportement de la brindille.
À cinq heures du matin, quand la faim la gagnait, elle se levait pour prendre son petit déjeuner qui se résumait à un bol de Spécial K aux copeaux de chocolats au lait. Le seul petit plaisir qu’elle s’octroyait à l’abri des regards. Par pudeur. Manger était devenu un acte vulgaire.
À midi, elle prétextait ne pas avoir très faim et ne mangeait que deux Coraya avec quelques feuilles de salade et des tomates cerises. Le soir, c’était gaspacho ! Et c’était tout. C’était tout pour la brindille.
Au bout de quelques jours, Paul Aldrich s’était étonné du peu de nourriture que Camille ingérait. Un soir, il l’avait tourné en rigolade.
— Qu’est-ce qu’un grain de riz dans la cuvette des toilettes ? Camille venant de vomir son repas !
Ils partirent tous dans un fou rire. Pourtant, Paul Aldrich venait sans le savoir de prédire l’avenir de son amie.
*
En rentrant de vacances, Camille avait perdu beaucoup de poids, mais cela ne semblait inquiéter personne.
Était-elle si transparente aux yeux des autres ?
Que fallait-il faire pour qu’on la remarque enfin ? Elle voulait crier son désespoir mais préféra sauter le repas du soir. Les mots sont parfois plus durs que les gestes ou bien est-ce l’inverse ?
Au bout de quelques mois, Camille ressentait de moins en moins la faim. Elle venait de rentrer en première année de droit à ASSAS. En parallèle, elle suivait une prépa où elle fit la connaissance d’Anne. Un rayon de soleil. Anne la faisait sortir, lui faisait oublier ses démons, ce vide qui gagnait de plus en plus de terrain. Ensemble, elles étaient allées au weekend d’intégration organisé par la fac, sur un terrain de camping au milieu de nulle part.
Qu’est-ce qu’elles avaient ri ce jour-là. Elles s’étaient installées dans un bungalow avec deux autres amies.
À seize heures, alors que ça parlait « chiffons », « sacs » ou encore « maquillage », une des filles interpella Camille.
— Qu’est-ce que j’aimerais avoir tes jambes... Elles sont parfaites !
Camille était couchée sur son lit, tête en bas et jambes contre le mur. Elle voulut répondre à son amie, que non, non, elle n’aimerait pas avoir ses jambes. Non, elle n’aimerait pas faire son poids. Ses jambes, c’étaient son désespoir ; son poids, le vide qui s’emparait d’elle. Alors non, elle n’aimerait pas être à sa place.
Au lieu de ça, Camille sourit et la remercia.
Son régime alimentaire évoluait de jour en jour, et son poids avec. Elle avait stoppé les déjeuners et dîners et ne mangeait plus que son bol de céréales du matin. Elle pesait 41 kilos pour 1m62.
Sa maigreur commençait à se faire remarquer. Anne essayait de la raisonner comme elle pouvait, en vain. Elle n’avait pas faim. La nourriture était devenue sa bête noire. Elle en avait peur. Et puis, à quoi bon nourrir un corps déjà mort ?
Au restaurant, pour éviter toutes remarques désobligeantes de la part des serveurs, Anne commandait pour deux. Une entrée, que Camille faisait fi de manger, et un plat pour elle. Quand le serveur leur tournait le dos, Camille passait son entrée à son amie qui la mangeait. Une fois l’assiette engloutie, c’était retour à l’envoyeur. Camille se retrouvait face à une assiette vide. Vide. Tout comme elle.
*
À présent que sa perte de poids était visible, sa famille commençait à s’inquiéter. On devinait ses côtes et son bassin. Camille exhibait sa maigreur, comme on exhibe son existence aux yeux de tous.
Un matin, alors qu’elle se dirigeait vers la salle de bain, elle croisa sa mère dans le couloir. Elle lui agrippa le bras et la força à se peser devant elle. Prise par surprise, Camille refusa mais capitula rapidement sous la menace de sa mère. Le résultat fut sans appel : 39 kilos.
Camille fondait à petit feu. Mais elle se disait que 39, ce n’était pas encore assez. Il fallait perdre encore. Ce n’était plus son poids le problème, mais les chiffres. Elle n’aimait pas ce 39. Il était vulgaire. Non, elle voulait un 35. C’est beau 35. C’est poétique, franc. Alors que le 39, c’est timide ; ça s’agrippe au 40.
Effrayée, la mère de Camille l’obligea à manger trois fois par jour. À ces mots, la jeune fille vacilla. Il fallait qu’elle trouve un subterfuge.
— D’accord, je vais manger, mais seule. J’attendrai que vous ayez terminé pour me mettre à table. Je n’arrive pas à manger avec vous.
Sa mère n’avait pas d’autre choix que d’accepter. Ce soir-là, comme convenu, Camille s’installa à la table de la cuisine, désertée par sa famille. Elle se servit de poisson et de légumes, fit du bruit avec ses couverts pour feindre de manger puis cacha la nourriture dans une petite serviette qu’elle fourra au fond de la poubelle. Ni vu, ni connu.
Ce manège dura des mois.
Des mois de dupe. Son régime alimentaire finit par ne se résumer qu’à un demi pamplemousse par jour.

2

Le rituel

À 19 ans, Camille ne pesait pas plus lourd qu’une plume et séchait les cours. Cela faisait déjà deux ans qu’elle était inscrite en droit à ASSAS, mais elle n’assistait plus aux cours. Plus rien n’avait d’importance à ses yeux. Depuis qu’elle avait cessé de l’alimenter, c’était comme si son cerveau s’était détaché de toute réalité. Elle planait – un sentiment de légèreté qui lui donnait des ailes. Elle survolait le monde, non, elle le gobait ! Elle se sentait au-dessus de tout. Elle contrôlait son existence. Mais, par-dessus tout, elle refusait de rentrer dans les rangs. Elle les regardait, ces gens qui se pressaient pour arriver en avance et être sûrs d’avoir une place dans l’amphithéâtre. Ces autres qui se bousculaient presque pour trouver une place où poser leurs fesses bien rebondies. Toujours en train de s’empiffrer de barres de chocolat ou autres sucreries, écoutant religieusement la verve de l’intervenant, ces autres.
Camille s’en amusait. Elle avait cette capacité à tout retenir, sans même avoir à travailler. Aucun détail ne lui échappait. Tous ses sens étaient décuplés. Elle voyait tout. Quand certains voient une branche d’arbre, Camille voyait un végétal ligneux qui compose le houppier de l’arbre, un être vivant.
Le moindre chuchotement, elle l’entendait. Une nouvelle coupe de cheveux, elle la remarquait. Des articles de droit cités en cours, elle s’en souvenait. Et quels cours ! La moitié des intervenants lisaient leur propre bouquin, dont ils faisaient au préalable la publicité. Des livres qui ne se vendaient pas loin de quarante euros. Alors forcément, tous les moyens étaient bons...
Camille avait trouvé une astuce : elle avait fait une rafle à la Fnac et les avaient tous acheté. Elle pouvait ainsi se consacrer à son passe-temps favori : observer les autres en cours. Ces autres qui vivaient. Mais très vite, elle fut lasse de ce spectacle et décida d’y mettre un terme. Elle avait trouvé une activité bien plus alléchante. Une occupation découverte par hasard, lorsqu’elle était allée acheter ses livres de droit. Alors qu’elle déambulait au hasard, elle avait atterri au rayon ... « cuisine ». Le Graal. Quand ses camarades assistaient à des cours de droit constitutionnel assommants, Camille se mangeait des recettes de cuisine. Elle s’asseyait dans un coin de la Fnac, prenait 10 livres au hasard, les positionnait soigneusement autour d’elle et entreprenait son voyage culinaire. En un mois, elle avait déjà visité la Chine, l’Inde, l’Afrique du sud, l’Italie et son fameux risotto, ou encore les États-Unis et leur célèbre carotcake.
Alors que Camille se remplissait la tête de tous ces mets, son corps se décharnait. Perdait de l’épaisseur. Les quelques vendeurs du rayon étaient tous intrigués par l’étrange rituel de la jeune fille. Personne n’osait l’aborder, mais leur regard se posait sans cesse sur la brindille. Camille ne les voyait pas,...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Copyright
  4. Sommaire
  5. Le mot du Directeur de collection
  6. Avant-propos
  7. Prologue
  8. Partie 1 - L’enfermement
  9. Partie 2 - L’agonie
  10. Post-scriptum
  11. Remerciements