2e Partie
Comment
s’y prendre ?
Les 3 règles d’or
Ne regarde pas comme or tout ce qui en porte le nom.
Proverbe turc
Des règles d’or se sont transmises entre les civilisations.
Il y a d’abord la règle des puissants : he who holds the gold makes the rules (qui détient l’or établit les règles). L’Évangile a aussi sa règle d’or : tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le de même pour eux (Matthieu 7 :12).
Ce sont des règles importantes, certes, mais ce ne sont pas les nôtres.
Pour notre part, nos convictions personnelles nous ont amenés à créer trois règles d’or pour guider nos choix en matière d’investissement dans l’or.
Règle d’or no 1 : l’important, c’est d’en avoir
Dans le contexte actuel, un fort vent de dos pousse l’or et les métaux précieux qui ont les attributs d’une monnaie. C’est comme des bateaux amarrés au quai : quand la marée monte, toutes les embarcations s’élèvent en même temps.
La règle d’or no 1 signifie que, devant le risque d’une dévaluation du dollar américain, toute exposition au métal jaune est préférable à l’abstinence. Un investisseur devient sensible aux variations du prix de l’or dès lors qu’il en détient en portefeuille.
En simplifiant, on peut dire qu’il existe deux grandes façons d’investir dans l’or.
1. On achète le métal en tant que tel : on le trouve sous forme de bijoux, de pièces de monnaie ou de lingots.
2. On achète des actions de sociétés exposées au prix de l’or : ce sont des actions d’exploitants miniers, petits et grands, ou de sociétés d’exploration minière, communément appelées juniors.
La différence entre les deux ? Acheter le métal plutôt qu’une minière, c’est moins risqué. Avec le métal, l’investisseur s’immunise contre les risques liés à l’extraction de l’or du sol. Quand on possède le métal, si le prix de l’once monte, on est plus riche ; si son prix baisse, on s’appauvrit. C’est clair et simple.
Règle d’or no 2 : on mise sur l’or physique pour la sécurité
Dans ce livre, nous proposons d’investir dans l’or à titre de police d’assurance contre la dévaluation de son patrimoine individuel. Par extension, la préservation du capital est primordiale.
Vous vous attendez à ce que l’assureur gère la prime d’assurance habitation que vous payez en bonne mère de famille, pas à ce qu’il la flambe au casino.
La police patrimoine par excellence, c’est l’or. L’assuré achète son or et attend. La fin du monde ne survient pas ? Tant mieux. Les États-Unis se reprennent en main, renouent avec la prospérité et avec les surplus budgétaires comme sous Bill Clinton ? Merveilleux. La bourse continuera à battre des records longtemps ; c’est le mieux qu’un investisseur puisse souhaiter. Le cas échéant, l’or n’ira nulle part et son prix baissera probablement.
Cette situation est semblable à celle du propriétaire de maison qui prend une assurance habitation pendant 20 ans. S’il n’a jamais à déclarer de sinistre ou de vol à son assureur, sera-t-il déçu ? Ce serait surprenant. C’est de loin préférable au fait de passer au feu.
Si, par malheur, une catastrophe survient, il ne sera pas à la rue : son assurance couvrira ses pertes. De la même manière, si l’économie ou la société est en déroute, l’or est disponible, à portée de main. Vous pouvez l’utiliser en fonction des circonstances et selon votre âme et conscience.
Situation purement théorique, dites-vous ? Pensez au Liban à l’été 2020. L’explosion d’un stock de nitrate d’ammonium qui a détruit une partie de Beyrouth a engendré une crise à la fois politique et économique en plus d’une tragédie humanitaire. Même avant cette terrible double explosion, la monnaie du pays, la livre libanaise, était en chute libre. Les banques locales limitaient le montant des retraits, faute de liquidités. Les Libanais qui recevaient des transferts en dollars américains en provenance de la diaspora étaient loin d’être certains de récupérer rapidement leur argent.
Le Libanais qui avait de l’or sur lui à l’été 2020 a eu les moyens d’agir, quitte à sortir du pays illico.
L’exemple douloureux du pays du cèdre nous ramène à l’essentiel : détenir de l’or, c’est une façon de garder son avoir en liquide.
La possession d’or physique n’est pas sans poser de défis. Pensons notamment à l’aspect sécuritaire lié à son transport et à son stockage, ainsi qu’aux frais qui y sont associés.
En matière d’espace, l’or est pratique, car il prend moins de place que l’argent liquide. Un lingot de 400 onces, qui fait 25 centimètres de long sur 7 de large et 3,5 centimètres d’épaisseur, vaut 800 000 $ US et pèse 11,3 kilos.
En comparaison, un million de billets verts, ça forme un cube d’un peu plus d’un mètre de côté qui pèse plus de 900 kilos ! Croyez-le ou non, un tel cube existe. Il est exhibé au musée de la monnaie de la Réserve fédérale, à Chicago.
Un million de dollars composé de coupures de 100 $ pèse à peine moins qu’un lingot et tiendrait dans un cube de 50 centimètres de côté (environ 4,5 pieds cubes). Ça entre dans un coffre-fort de bonne dimension.
Nous verrons au chapitre 12 comment acheter de l’or et l’entreposer de façon sécuritaire chez soi ou chez un tiers.
Une façon simple de régler d’un coup les questions de sécurité, d’assurance, de transport et d’entreposage, c’est d’acheter de l’or par l’intermédiaire de titres de fonds négociés en bourse (FNB) investis en lingots. Nous reviendrons plus en détail sur les FNB au chapitre 13.
Règle d’or no 3 : on choisit l’or en papier
pour faire de l’argent (ou en perdre)
Dans le contexte actuel, où le souffle poussant les métaux précieux est puissant, il est tentant de naviguer dans le sens du vent.
En achetant des pièces d’or frappées par la Monnaie royale canadienne (ce qu’on appelle l’or physique), l’investisseur préserve une partie de la valeur de son portefeuille, mais ne devient pas riche.
C’est l’investissement dans des actions de sociétés aurifères (ce qu’on appelle l’or en papier) qui ouvre la porte aux gains spectaculaires – du genre ten baggers, soit un rendement de 10 fois la mise initiale –, mais aussi aux pertes dramatiques, selon la conjoncture. On verra cela en détail au chapitre 14.
Pour le moment, contentons-nous de dire que deux choix s’offrent à vous pour appliquer la règle d’or no 3 : acheter directement des titres de sociétés minières ou acheter des parts d’un panier d’entreprises par l’entremise d’un fonds négocié en bourse invest...