Les Âmes mortes
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Les Âmes mortes

Tome I

  1. 488 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Les Âmes mortes

Tome I

À propos de ce livre

Le résumé de l'intrigue est des plus simple. Tous les cinq ans, l'Empire russe procédait à un recensement de tous les serfs possédés par chaque propriétaire, afin de déterminer les taxes qu'ils devraient payer. Or, pendant ce laps de temps, il y avait de nombreux changements, morts et naissances. Administrativement, les serfs qui étaient décédés étaient considérés comme des «âmes fiscalement vivantes». Notre héros, l'ex fonctionnaire Tchitchikof, va sillonner la Russie profonde pour racheter à leurs propriétaires ces âmes mortes. Nous vous laissons découvrir le mystérieux but qu'il poursuit avec cette démarche pour le moins inhabituelle...L'intérêt principal de ce très grand roman, classé parmi les cent meilleures oeuvres littéraires de tous les temps par un jury de 54 écrivains, est la magnifique galerie de portaits que Gogol nous présente. Il faut reconnaître qu'ils ne sont pas très beaux, tous ces personnages que Tchitchikof rencontrent pour conclure ses marchés, acheter ses fameuses âmes mortes. Et lui-même est loin d'être un modèle de perfection... Mais je soupçonne Gogol d'éprouver une compassion, une tendresse cachée, pour ces russes si «typiques», jusque dans leurs défauts. Épopée comique, picaresque, virulente, souvent irrésistible, cette oeuvre est aussi une méditation sur la Russie, sur l'Homme, sur la mort.Livre sans cesse remanié par son auteur, il brûlera le manuscrit de la seconde partie le 7 février 1852, alors qu'il habite chez le comte Alexis Tolstoï, quelques jours avant de mourir. Ce second volume restera donc inachevé et fragmentaire. Nombreux sont ceux à le regretter, je préfère pour ma part rêver à cette fin et la réinventer sans cesse.

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Informations

Année
2021
ISBN de l'eBook
9782322387175

CHANT IV. Nozdref

Notre héros gagne l’auberge de la route. – Description du lieu. – Ce que c’est qu’un estomac russe dans la province. – Le héros se fait servir un déjeuner plus qu’abondant, comme s’il eût été à la diète depuis deux jours. – Il cause avec la servante. – Nozdref et un beau-frère blond. – Ce que c’est que Nozdref ; ses équipées foraines. – Il s’acharne à entraîner le héros chez lui. – Il entraîne aussi l’honnête beau-frère, mari de sa sœur, ennemi des popinations. – Désordre dans la maison comme dans la tête de Nozdref. – Celui-ci montre en détail son domaine. – Ses hâbleries de tout genre. – Le beau-frère blond en un personnage incommode aux hâbleurs ; notre héros est plus facile. – Après un dîner long et surabondamment arrosé, le beau-frère parvient à fuir ; Tchitchikof est forcé de jouer ; mais d’abord il pressent son hôte sur les âmes mortes de son domaine. – Nozdref a un langage et des manières terribles, outre cela il triche au jeu. – Grande querelle qui se renouvelle le lendemain matin avec violence, chacun estimant bien que l’autre mérite au moins la potence. – Heureuse fuite du héros, providentiellement favorisée par l’incident de l’arrivée d’un magistrat.
En approchant de l’auberge de la maison de poste, Tchitchikof ordonna qu’on s’arrêtât pour deux raisons : pour laisser les chevaux souffler une bonne petite heure, et aussi pour mettre quelque chose sous la dent, afin de se refaire des fatigues du trajet. L’auteur doit avouer qu’il envie beaucoup l’appétit et l’estomac de gens ainsi constitués ; et à ses yeux ils sont bien ridicules, vraiment, tous ces beaux messieurs de la haute volée, gravitant dans le firmament gastronomique de Pétersbourg et dans celui de Moscou, qui passent leur vie dans la méditation de ce qu’ils mangeront demain, des mets dont ils composeront leur dîner d’après-demain, qui se préparent à leur savante entreprise en avalant une pilule et des huîtres et des araignées marines et d’autres merveilles, et, après cent ou deux cents séances pareilles, partent forcément pour les eaux ou de Karlsbad ou du Caucase. Non, ces messieurs n’ont jamais éveillé en moi la moindre envie. Il n’en est pas de même des hobereaux ; le hobereau court les routes, et, dans une maison de poste, se fait servie trois livres de jambon ; à la station suivante, un cochon de lait ; dans une troisième, un quartier d’esturgeon ou un gros saucisson à l’ail, ce qui ne l’empêche pas, en arrivant à destination, n’importe à quelle heure, de se mettre à table et là, comme si de rien n’eût été, d’absorber une oukha[1] de sterlets, avec des barbottes et du frai qui craquent et gémissent entre ses dents, coupée par de fortes bouchées de gâteaux rastiagai ou koulibiak au sauté de silure, et cela d’un appétit à donner envie de manger aux regardants. Oui, ce sont là des gens tout spécialement favorisés du ciel, de la terre et de la mer, qu’ils rendent tributaires de leur bouche. Plus d’un riche seigneur donnerait à l’instant même la moitié de ses âmes et de ses terres hypothéquées ou non hypothéquées, avec toutes les améliorations faites d’après les nouveaux procédés, soit russes, soit étrangers, pour posséder un estomac comme les gens de moyenne noblesse ; mais le mal est que, pour tout l’or et l’argent du monde, pour tous les domaines améliorés ou non, on ne peut se procurer un estomac de hobereau ou de provincial russe[2].
L’auberge aux murs de rondins noircis, calcinés par le temps, accueillit Tchitchikof sous son étroite avancée, dont le toit hospitalier portait sur quatre piliers façonnés au tour, et pareils à nos anciens chandeliers d’église. Le bâtiment ressemblait à une chaumière russe, sauf des proportions un peu plus amples. Des corniches, des rebords, des garnitures, des encadrements à jour ou en dentelle, fouillés à la hache, au ciseau et à la tarière dans le bois frais, entouraient les fenêtres, le pignon, le balcon, le perron, de manière à donner un air de gaieté au fond lugubre des murailles. Sur les volets on voyait une intention de vases rustiques hauts en couleurs, remplis d’une intention de fleurs, peinture à l’huile très naïve et pourtant prétentieuse.
Ayant escaladé un étage par un étroit escalier de planches, Tchitchikof pénétra dans une antichambre spacieuse où il trouva une porte qui s’ouvrait avec bruit, et une grosse commère en robe de perse bigarrée, qui lui dit : « Par ici, monsieur. » Dans la chambre il y avait beaucoup de ces vieux amis qu’on rencontre dans toutes les petites auberges construites en bois, si nombreuses sur les routes à chaussée, nommément un samovar tout sillonné d’eau de vapeur saisie, figée à blanc sur le cuivre ; des parois de sapin raboté, de calfeutrage visible en bourrelet dans les interstices des rondins ; une armoire de coin pleine de théières et de tasses, et surmontée de plateaux ; des œufs de porcelaine dorés, appendus devant les images par leurs rubans rouges et bleus ; une chatte récemment délivrée d’une portée merveilleuse ; un miroir qui vous rend deux nez pour un, qui vous présente au lieu de figure, une sorte de tarte aux pommes ; et enfin des images saintes entourées de touffes d’herbes fleuries aromatiques et d’œillets secs à un tel point, que le voyageur qui s’avise de vouloir s’assurer de leur parfum, soulève aussitôt les nuages épais d’une poussière qui a les effets de tabac d’Espagne.
« Y a-t-il un petit cochon de lait ?… cria Tchitchikof pour tout compliment à la bonne femme qui lui faisait accueil.
– Oui, monsieur, et bien à votre service.
– Au raifort et à la smetane ?
– Au raifort et à la crème aigrie, justement.
– Donnez-moi ça ; allons, leste. »
La vieille partit comme par un ressort et ne s’arrêta plus ; elle rentra vingt fois coup sur coup : 1° avec une couple d’assiettes ; 2° avec une serviette si libéralement empesée, qu’elle pouvait se tenir debout comme une écorce de vieux liège ; 3° avec un couteau à manche d’os du plus beau jaune antique et à lame réduite de deux bons tiers de sa largeur en deux endroits, mais tranchant toutefois comme une lime d’horloger ; 4° avec une fourchette à deux dents et demie ; 5° avec un poivrier affectant la forme d’une fiole lacrymatoire attique ou toscane ; 6° avec une salière parfaitement incapable de garder son aplomb, sinon dans une position inclinée… Mais bientôt notre héros, selon une habitude prise de longue date, entama avec cette femme une conversation en règle ; il ne manqua pas de lui demander si elle tenait elle-même l’auberge, ou si c’était son mari, son frère, son parrain ou son compère qui était aubergiste… quel revenu annuel donnait l’établissement ; si elle avait des fils ; si son fils aîné avait femme ou s’il était garçon ; quelle femme il avait prise, riche ou pauvre ; s’il y avait eu une dot, et en quoi elle consistait ; non : eh bien, si le beau-père a été content ; s’il n’est pas au contraire fâché comme s’il recevait trop peu de présents en donnant sa fille.
Tchitchikof n’était pas homme à rien oublier dans ces sortes d’enquêtes. Il va sans dire qu’il ne manqua pas de se faire nommer en détail, un à un, posément, tous les gentillâtres d’alentour, petits et grands, riches et pauvres ; il lui fallut tout savoir, et ses questions tombaient là dru comme grêle.
La bonne femme connaissait surtout Blokine, Potchitilef, Myllnoï, Tchéprakof dit le Colonel, Sabakévitch…
« Sabakévitch ? Ah ! tu connais Sabakévitch[3] ?
– Comment donc ? et assez, vraiment. »
Tchitchikof sut alors que la vieille connaissait non seulement Sabakévitch, mais aussi Manilof, et qu’à ses yeux Manilof était bien plus délicat, probablement plus délicat, plus grand et plus aimable que Sabakévitch. En effet, jugez donc : Manilof se fait bouillir, cuire au beurre ou rôtir une poule, et en attendant, il s’amuse avec un quartier de veau, puis il tâte d’un foie de mouton, s’il y en a de prêt, et il se borne à goûter de ceci et de cela ; mais Sabakévitch, lui, ne se fait servir qu’une seule viande, mange tout le plat, demande s’il n’y en a pas encore un peu au four… comme si l’on eût fraudé de quelque partie ; et il ne paye jamais que ce qui lui avait été dit du prix de la portion ordinaire.
Comme il conversait de la sorte, tout en expédiant un cochon de lait, et qu’il n’en restait plus qu’une bouchée empalée sur la fourchette brèche-dent, on entendit un bruit d’équipage au pied de la maison. L’hôtesse disparut, la bouchée aussi. Tchitchikof se leva, regarda par la fenêtre et vit, arrêtée devant l’avancée, une légère britchka attelée d’un troïge fringant. Deux hommes descendirent de cette britchka, l’un blond et de haute stature, l’autre brun et de moins haute taille. Le grand blond était en hongroise bleu foncé, le brunet en simple arkhalouk d’une étoffe orientale à raies[4]. Après eux, arrivait d’un pas très lent une méchante calèche, vieux débris tiré par un méchant quadrige à long poil, à qui le rafraîchissement de l’étrille était jouissance inconnue ; chaque haridelle, bridée de cordes à p...

Table des matières

  1. Les Âmes mortes
  2. CHANT PREMIER. Le chef-lieu de gouvernement
  3. CHANT II. La famille Manilof
  4. CHANT III. Madame Korobotchkine
  5. CHANT IV. Nozdref
  6. CHANT V. Sabakévitch
  7. CHANT VI. Pluchkine
  8. CHANT VII. Les tribunaux et la police
  9. CHANT VII. Le bal du gouverneur
  10. CHANT IX. Les émotions d’une petite ville La population entière est sur les dents
  11. CHANT X. Le dénouement par la fugue de notre héros
  12. ÉPILOGUE
  13. Page de copyright