Politique mondiale
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Politique mondiale

Approches disciplinaires

  1. 344 pages
  2. French
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  4. Disponible sur iOS et Android
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Politique mondiale

Approches disciplinaires

À propos de ce livre

Il existe peu d'ouvrages sur l'analyse de la politique étrangère en langue française et la plupart d'entre eux découpent l'objet d'étude de manière soit thématique, soit géographique, soit théorique (théories de l'analyse de la politique étrangère et des relations internationales). Ce livre se démarque clairement de ces travaux. Son ambition est de réaliser un tour d'horizon des grands questionnements, des théories, des concepts et des méthodes qui traversent les différentes disciplines de sciences humaines et sociales, et qui peuvent enrichir et affiner l'étude de la politique étrangère. Il met ainsi à jour avec rigueur et clarté toute la complexité de l'analyse de la politique étrangère.Christian Lequesne est professeur de science politique à Sciences Po (CERI) et rédacteur en chef d'European Review of International Studies (ERIS). Connu pour ses travaux sur l'Union européenne, il consacre aussi ses recherches aux pratiques de la diplomatie contemporaine.Hugo Meijer est Marie Sk?odowska-Curie Research Fellow au Robert Schuman Centre for Advanced Studies de l'Institut universitaire européen (IUE). Ses recherches se concentrent sur l'analyse de la politique étrangère et de défense aux États-Unis et en Europe.

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Première partie

La science politique
et la sociologie politique

Chapitre 1

L’analyse de la politique étrangère
et les théories des relations internationales

Jonathan Paquin et Jean-Frédéric Morin
Dans une synthèse historique des moments forts qui ont animé ces champs d’étude, ce chapitre montre que si l’analyse de la politique étrangère (APE) et les théories des relations internationales (RI) ont évolué en vase clos pendant quelques décennies, elles se sont considérablement rapprochées au cours des dernières années pour devenir des vases communicants13. Alors que la frontière entre ce qui est interne et ce qui est externe à l’État est remise en question, il en va de même pour celle qui sépare l’APE et les théories des RI. Même si ces champs d’étude ont longtemps entretenu une relation complexe en raison de l’absence de consensus sur leur démarcation, les échanges entre eux sont maintenant monnaie courante. C’est en combinant les théories de l’APE et celles des RI dans un bricolage théorique que les chercheurs contemporains peuvent aborder de la façon la plus fructueuse possible les questions de politique étrangère qui marquent notre temps.

La scission en deux champs d’étude distincts

L’étude de la politique étrangère et celle des relations internationales ont des racines communes. L’approche du choix rationnel classique, par exemple, est longtemps demeurée le principal paradigme les animant, et la «révolution béhavioriste», qui a marqué la discipline de la science politique aux États-Unis dans les années 1950 et 1960, les a durablement inscrites dans une approche positiviste.
C’est à la suite de cette révolution béhavioriste que s’est opérée une scission entre l’APE et les théories des RI. Au nom de la spécialisation scientifique, certains analystes ont adopté un point de vue résolument «microscopique» pour étudier les facteurs infranationaux, comme la personnalité des chefs de gouvernement ou les structures de l’État, alors que d’autres se sont concentrés sur une échelle plus «macroscopique» pour expliquer les phénomènes interétatiques. C’est sous le prétexte que les théories des relations internationales et l’analyse de la politique étrangère mobilisent des échelles d’analyse différentes qu’elles ont été distinguées14.

Le tournant scientifique de la politique étrangère

L’appel qu’a lancé James Rosenau pour une analyse plus scientifique de la politique étrangère a marqué le tournant béhavioriste de ce champ d’étude15. Pour Rosenau, l’APE devait aller au-delà des simples études de cas, au-delà des approches descriptives et des approches interprétatives traditionnellement privilégiées par l’histoire diplomatique, pour atteindre des niveaux supérieurs de généralisation.
Répondant à cet appel, de nombreux experts ont produit une littérature foisonnante qui a défini le champ de l’APE. Certains ont focalisé leur attention sur le processus organisationnel et la bureaucratie16; d’autres, sur les dynamiques groupales17, ou encore sur les caractéristiques psychologiques des décideurs18. C’est également à cette époque que l’analyse de la politique étrangère comparée a pris son envol. De vastes bases de données telles que la World Event Interaction Survey ou encore la Conflict and Peace Data Bank ont été constituées pour observer de manière systématique le comportement des États à l’égard des événements internationaux. Le principal objectif de ces entreprises était de découvrir des récurrences empiriques à partir desquelles il serait possible d’isoler des variables indépendantes et de bâtir des modèles théoriques suffisamment généralisables pour expliquer le comportement des États sur la scène internationale. Malheureusement, l’accumulation comparative de données n’a pas permis d’aboutir à des théories explicatives générales de la politique étrangère. C’est que le comportement des États est conditionné par des caractéristiques qui leur sont propres, tels la culture et les valeurs politiques, le développement économique et les perceptions des dirigeants. Cela rend difficile, voire impossible, l’explication de récurrences empiriques ayant une portée universelle et intemporelle.
Ainsi, après des années de recherche intensive soutenue par des gouvernements et des fondations privées, les experts de la politique étrangère comparée ont dû se rendre à l’évidence: leurs programmes de recherche ne parvenaient pas à un degré d’abstraction et de parcimonie suffisamment élevé pour donner naissance à des théories scientifiques de grande portée. Cette constatation a engendré un certain désintérêt pour l’analyse de la politique étrangère au cours des années 1970 et 1980, alors qu’au même moment émergeaient des théories structurelles en relations internationales qui transformaient la relation avec l’APE.

Le tournant structuraliste des relations internationales

Jusqu’à la fin des années 1970, les théories des relations internationales considéraient le système international comme une résultante du comportement des États, sans pour autant accorder un rôle prépondérant à la structure du système prise comme une entité autonome et régulatrice. Au nom de la recherche des causes fondamentales ou élémentaires des dynamiques internationales, de nouvelles théories privilégiant une échelle exclusivement macroscopique ont toutefois vu le jour. Le néoréalisme (ou réalisme structurel de Kenneth Waltz19) et la théorie des régimes (associée à l’institutionnalisme libéral et défendue notamment par Robert Keohane20) ont attiré l’attention des chercheurs, qui se sont concentrés sur les structures et les institutions internationales, tout en ignorant les processus internes de formulation de la politique étrangère. Le néoréalisme et l’institutionnalisme libéral s’intéressent davantage aux interactions internationales qu’à l’action spécifique d’un acteur ou d’un autre. Cette petite révolution a achevé d’établir le schisme entre les études sur les processus de prise de décision en politique étrangère et celles portant sur la structure du système international.

Le débat agent-structure

L’émergence des théories structurelles a eu pour effet d’intensifier les débats sur l’importance relative devant être accordée aux agents ou à la structure. La majorité des théories de l’APE qui privilégient une échelle microscopique se situent plus près du pôle des agents que de celui de la structure. Elles avancent que les agents sont dotés d’une certaine autonomie et que ce sont eux qui produisent la structure. Elles s’intéressent aux spécificités propres à chacun des agents au lieu de les considérer comme des unités homogènes et fonctionnelle- ment équivalentes, baignant dans une structure qui les conditionne entièrement.
En revanche, plusieurs théories macroscopiques des RI considèrent que l’étude de la structure internationale doit primer celle des agents. Que ce soit la théorie néoréaliste de Kenneth Waltz21, l’école anglaise des relations internationales associée à Hedley Bull22 et à Martin Wight23, les approches constructivistes comme celle de Nicholas Onuf24 ou la théorie néomarxiste du système-monde avancée par Immanuel Wallerstein25, chacune d’elles affirme que les agents sont si enchâssés dans la structure internationale, c’est-à-dire dans les principes organisateurs des relations internationales, que celle-ci détermine largement leurs comportements, à l’image du marché qui dicte le comportement des investisseurs, des producteurs et des consommateurs.
Le néoréalisme fait figure de proue du mouvement structuraliste. Il postule que les unités de base des relations internationales sont les États et que ceux-ci sont rationnels et cherchent à maximiser leur propre utilité dans le but d’assurer leur survie dans un monde anarchique. Pour ce faire, les États sont en concurrence constante pour l’accumulation de ressources dans un jeu à somme nulle: ce que l’un gagne, l’autre le perd. Ainsi, pour les néoréalistes, le comportement de chaque État dépend de ses ressources et de son positionnement par rapport aux autres États. La structure internationale, c’est-à-dire la distribution de la puissance militaire entre les unités du système international, peut ainsi dicter le comportement des États sans égard à leurs caractéristiques internes. C’est ainsi qu’un État faible et isolé, voisin d’une grande puissance, aura tendance à éviter de heurter cette puissance pour assurer sa propre survie. Les pressions systémiques conduiront naturellement l’État faible à s’aligner sur les positions de l’État dominant à travers la stratégie du suivisme. En revanche, plusieurs États faibles regroupés dans une même région conviendront probablement de créer une coalition pour contrer une puissance émergente et menaçante en adoptant la stratégie de l’équilibrage. Ainsi, l’analyse de la politique étrangère ne serait pas nécessaire pour comprendre ce qui est à la base du comportement des États, puisque la réponse se trouve dans la configuration du système26.
D’ailleurs, Kenneth Waltz a plaidé durant toute sa carrière pour une distinction rigide entre l’étude de la structure et celle des agents. Après avoir distingué les différents niveaux d’analyse dans son ouvrage Man, the State and War, en 1959, il a délibérément ignoré le niveau individuel et le niveau national, afin de se concentrer uniquement sur le troisième niveau, c’est-à-dire sur la structure internationale. Dans la foulée, Waltz a formulé une critique acerbe des théories qu’il qualifie de «réductionnistes». Il juge qu’il est erroné de percevoir le système international comme le résultat de l’interaction entre les États ou encore comme l’effet des seules politiques étrangères. Pour lui, le système est une structure autonome qui dicte le comportement des États. La structure est par conséquent la cause et non le résultat du comportement des États. Dès lors, Waltz refuse catégoriquement de considérer le néoréalisme comme une théorie de la politique étrangère, qui, pour lui, vise un niveau de généralité et d’abstraction trop élevé pour expliquer une politique étrangère particulière.

L’APE et la critique du néoréalisme

Une part substantielle de la recherche en APE s’oppose avec force à cette primauté de la structure pour expliquer, au-delà des tendances générales et abstraites, la politique étrangère. Bien que le néoréalisme ait fait couler beaucoup d’encre, il attire relativement peu d’adhérents. En fait, on l’évoque bien plus souvent pour le critiquer que pour le défendre. Dans l...

Table des matières

  1. Remerciements
  2. Introduction
  3. Première partie
  4. Deuxième partie
  5. Bibliographie pour aller plus loin
  6. Les auteurs