Marie-Claire Blais
À L’INTÉRIEUR DE LA MENACE
Les Presses de l’Université de Montréal
Lauréats du prix de la revue Études françaises
1968 Ahmadou Kourouma
Les soleils des indépendances
1970 Gaston Miron
L’homme rapaillé
1971 Juan Garcia
Corps de gloire
1973 Michel Beaulieu
Variables
1974 Fernand Ouellette
Journal dénoué
1976 Jean-Yves Soucy
Un dieu chasseur
1980 Makombo Bamboté
Nouvelles de Bangui
1995 Édouard Glissant
Pour une poétique du divers
1997 Suzanne Jacob
La bulle d’encre
1999 Assia Djebar
Ces voix qui m’assiègent
2001 André Major
Le sourire d’Anton ou l’adieu au roman
2003 Pierre Vadeboncoeur
Le pas de l’aventurier
2005 Laurent Mailhot
Plaisirs de la prose
2007 Georges Leroux
Partita pour Glenn Gould
2009 Hélène Dorion
L’ étreinte des vents
2011 Normand Chaurette
Comment tuer Shakespeare
2014 Louis Hamelin
Fabrications. Essai sur la fiction et l’histoire
Les Presses de l’Université de Montréal
www.pum.umontreal.ca
Cette année, le jury du prix de la revue Études françaises était constitué de Patrick Poirier, directeur général des Presses de l’Université de Montréal, d’Élisabeth Nardout-Lafarge, directrice de la revue, de Francis Gingras et de Marie-Pascale Huglo.
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Titre: À l’intérieur de la menace / Marie-Claire Blais.
Noms: Blais, Marie-Claire, 1939- auteur.
Identifiants: Canadiana (livre imprimé) 20190015624 | Canadiana (livre numérique) 20190015632 | ISBN 9782760640528 | ISBN 9782760640535 (PDF) | ISBN 9782760640542 (EPUB)
Vedettes-matière: RVM: États-Unis—Histoire—21e siècle. | RVM: États-Unis—Politique et gouvernement—2017-
Classification: LCC E912 B53 2019 | CDD 973.933—dc23
Dépôt légal: 2e trimestre 2019
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
© Les Presses de l’Université de Montréal, 2019
www.pum.umontreal.ca
Les Presses de l’Université de Montréal remercient de leur soutien financier le Conseil des arts du Canada et la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC).
À Sylvie Sainte-Marie, avec mes remerciements,
À la mémoire de Myrna Delson-Karan,
trop tôt disparue, grande dame américaine, militante,
généreuse amie des écrivains du monde entier, avec qui ces propos ont souvent été échangés, sur une injuste défaite historique, mais aussi cet espoir que madame Hillary Clinton a inspiré pour l’avenir,
À Rosalind Brackenbury, amie écrivain
qui partage ces inquiétudes et ces espoirs par l’écriture et le combat.
Ce court essai est lié à deux autres Chroniques américaines, publiées plus tôt, Parcours d’un écrivain, notes américaines, et plus récemment Passages américains, qui se situent en un temps de révolte plus ancien, les années 1965-1975 où l’on retrouve les luttes menées par la jeunesse contre l’autoritarisme politique et toutes formes de ségrégation, et aussi les figures bientôt tragiques, assassinées, de Robert Kennedy, Martin Luther King, Malcom X, mais ici dans ce nouvel essai, lequel pourrait être un troisième carnet américain, nous sommes, avec À l’intérieur de la menace, dans un présent très vif et douloureux, brutalement confrontés à l’ère de Trump, laquelle, si nous succombons à la distraction, pourrait facilement devenir une ère de dictature que nous n’avons jamais connue ni aux États-Unis ni au Canada, plus oppressive encore que le furent l’ère de la Peur rouge (Red Scare) sous la honteuse répression intellectuelle et morale de Joseph McCarthy pendant les deux années 1953 et 1954. Si, dans le cycle des dix livres de Soifs, les événements sociaux et politiques, leurs tragédies dans les vies humaines, sont voilés par une écriture plus lyrique, bien qu’aussi présents que dans ce livre, ici, pour dénoncer les faits, les destructions, les injustices et les erreurs de plus en plus éclatantes d’une ère d’obscurités et de mensonges, ce déroulement des événements se passe directement sous nos yeux, sans aucun voile, comme si nous étions devant les choquantes images d’un téléviseur, quand en même temps, que ce soit par l’Internet, la télévision ou la lecture des journaux, ces images viendraient s’immobiliser avec un acharnement quotidien dans la lumière de notre conscience. Car c’est comme malgré nous que nous en sommes imprégnés tout en poursuivant nos existences très mouvementées, mais qui ne cessent de subir, sous cette ère catastrophique, un déchirement intérieur souvent à peine ressenti. Ou ressenti surtout tel un malaise souterrain mais sinistre. On a parlé de cancer pour cette ère, considérant l’administration de Trump comme cancéreuse, et c’est peut-être ainsi que les rayons mortels de ce cancer nous atteignent tous, et se révèlent aussi dans l’écriture de l’écrivain en tant que perturbation grave et troublante, et que soudain les mots éprouvent cette nécessité de s’exprimer à nu, comme est nue la courageuse dénonciation que l’on peut sentir naître partout pendant ce règne si destructeur et ennemi de l’écriture et de la parole. Car comme en toute période de latente dictature, ce sont les journalistes, les écrivains, les reporters que l’on veut faire taire d’abord, c’est ainsi que débute le silence de l’oppression, lequel manifeste le premier signe de danger. Si, dans Soifs, le premier livre du cycle, les Ku Klux Klan sont désignés tels de «blancs cavaliers» rôdant autour de la famille de Daniel et Mélanie pendant une nuit de fête, ces Blancs Cavaliers reviennent en jeunes gens néonazis dans À l’intérieur de la menace, avec ces inoubliables images d’un jeune homme fonçant au volant de sa voiture sur des manifestants antiracistes à Charlottesville (ce jeune homme est depuis reconnu coupable de meurtre), tuant une militante de trente-deux ans, qui protestait avec d’autres jeunes gens contre un rassemblement de mouvements d’extrême droite, une manifestation nationaliste dans cette ville de l’est des États-Unis. Dans le livre Des chants pour Angel, autre livre du cycle de Soifs, on assiste aux préparations d’un jeune homme qui ira assassiner treize personnes noires dans une église, il se lève un matin avec cette mission, tuer, tuer, bien que le meurtre soit prémédité depuis longtemps, ancré dans un passé ancestral de barbaries qu’il semble porter en lui, tout en étant à peine conscient, ici, dans le texte À l’intérieur de la menace, les meurtres contre les réfugiés, aux portes des frontières mexicaines et américaines, la négligence des officiers envers une petite fille malade amenée trop tard à l’hôpital, et qui en mourra, la cruauté des officiers (toujours sous les ordres de Trump) détruisant des bouteilles d’eau dans le désert afin que les réfugiés pendant leur traversée meurent de soif, sont des meurtres dont nous sommes les témoins directs, et que l’écrivain ne peut laisser au silence. C’est ainsi, dans la révolte contre ces meurtres dont nous sommes les spectateurs au quotidien, que ce livre, À l’intérieur de la menace, fut écrit, avec le même élan que furent écrits les livres du cycle de Soifs, empreints de semblables dénonciations de racisme, etc., mais avec le ton de la participation réaliste aux grandes tragédies de notre temps.
Dans un ouvrage publié plus tôt (Passages américains), consacré à des événements importants aux États-Unis, tels que les assassinats de Robert Kennedy et de Martin Luther King, et les luttes de la jeunesse américaine contre l’autoritarisme politique et la ségrégation raciale, on aperçoit brièvement les silhouettes de quelques hommes racistes, du moins on peut entendre leurs voix conspiratrices annonçant que le nouveau président, le jeune président Obama que l’on vient d’élire, n’étant pas un homme blanc, et sur qui planent tous les doutes pour cette raison, ne peut être un citoyen américain, une voix haineuse s’élève plus fortement que toutes les autres, il faut se souvenir, celle de Donald Trump énonçant avec ses amis qu’il faut renvoyer le président Barak Obama au Kenya, qu’un Africain ne peut gouverner le pays: bien que ces mots, dans leur hostilité infectée de racisme, nous semblent aussi assassins aujourd’hui que lorsque nous les avons entendus la première fois, Donald Trump, tout en avançant vers un pouvoir dont il va bientôt complètement s’emparer avec la présidence des États-Unis, dans un mois, ne les a jamais regrettés, il les prononcerait encore, si l’occasion se présentait, s’il a balbutié récemment pendant un discours qu’il acceptait, oui, que le président Obama fût un citoyen américain, c’était surtout pour calmer une opinion publique souvent discordante avec ses propos racistes et acquérir davantage de votes, l’apparence de cette débonnaire conversion n’ayant rien de réel ni de sincère. Et pourtant, si étonnant que cela puisse paraître, on a cru que le magnat de l’immobilier se repentait, que, même de façon maladroite et d’une voix à peine audible, il faisait ses excuses au président Obama. Quand il ne s’agissait pour l’homme avide de pouvoir que d’un léger nettoyage verbal qui le rendrait plus transparent pour ses électeurs, car il était alors en pleine campagne électorale et il avait besoin d’eux. Mais nous voici en juin 2017, le président désigné est devenu le 45e président des États-Unis, il fut élu président la nuit du 7 novembre 2016 et nous ne pouvons le croire tant la surprise est immense et douloureuse, dans le monde, et parmi tant de femmes de tous les pays, de tous les milieux sociaux et culturels, et bien sûr plus qu’ailleurs ici aux États-Unis où le triomphe d’une femme présidente eût été une victoire historique tant attendue, victoire de madame Clinton qui, encore le 16 octobre 2016, semblait toute proche, si on revoit ce débat télévisé ce soir-là où la candidate nous apparaît toute souriante, vêtue de blanc, devant son opposant qui n’a cessé de l’insulter en attisant sa base avec ses vulgaires appels et ses cris déments («Lock her up, lock her up») tout le long de cette pénible campagne électorale, la candidate démocrate, cela sera annoncé dans les journaux de cette date, le 16 octobre 2016, a une avance considérable dans les sondages, et nous comptons tous sur une victoire assez large. Quelle déception suivra, et pour nombre d’entre nous, quelle certitude aussi que ces élections (juste après cette date triomphante) furent des élections trompées, volées à Hillary Clinton, cela par les moyens les plus pervers et les plus illicites, de cela nous ne sommes témoins que trop tard, maintenant, quand furent confirmés le piratage, l’infiltration russe, la suppression des votes des Noirs, dans certaines régions, par une déloyale incursion des républicains qui par tous les moyens essaient toujours d’empêcher, par des lois insensées, que les Noirs puissent voter librement, et aussi par cette complicité de la campagne de Trump jouant son rôle le plus destructeur, dans une traître collusion avec la Russie, contre Hillary Clinton et le Parti démocrate. Il est certain que Trump, s’écriant, pendant ses discours à une population aveugle et peu avertie sur la politique extérieure, ayant pour idéal une Amérique repliée sur elle-même, renfermée dans son intolérance, hurlant à tous «Venez, la Russie, fouiller dans les emails de Hillary Clinton», qu’avec toute l’intelligence fourbe de ce discours, il ne pouvait qu’être conscient que cet appel à l’intervention russe était ouvert, telle une invitation à détruire son adversaire, avec son accord personnel aussi troublant que fou, que déjà Trump savait ce qu’il faisait dans la suite ténébreuse de sa complicité russe contre madame Clinton. Mais revenons à ce malheureux 8 novembre, quand la foule des étudiants augmente sur la pelouse des campus universitaires, cette foule sera un premier mouvement de résistance dans tous les États-Unis, le début d’une longue mobilisation politique, se répandant bientôt dans toutes les villes américaines (presque chaque samedi, souvenons-nous), déjà tous se rassemblent, femmes, hommes, enfants, pour des réunions collectives, des rencontres publiques où chacun, chacune, exprime son indignation, sa colère, que sur la scène mondiale s’érige soudain, loin de l’image généreuse que l’on peut avoir de ce pays, pendant la présidence d’Obama, avec la progression des lois, la libéralité de la pensée, toute cette radicale métamorphose qui fut reçue telle une leçon d’humanité, en un mot la présence surtout d’une compréhension nouvelle de la société, celle d’un homme bon et compatissant croyant à la diversité et au progrès, que s’érige soudain un aspirant à la tyrannie et à la dictature (pas encore défini, il se cherche encore) qui n’a pas même le mérite d’avoir obtenu le vote populaire, en qui nous, ils, ne voient pas même un vainqueur, ils seront longtemps convaincus que Hillary Clinton dut être leur présidente, et non cet homme qui leur est hostile, car pendant des mois ils ont entendu un discours raciste, anti-musulman, s’attaquant aux minorités raciales et sexuelles, un dangereux discours qui peu à peu sera normalisé (comme si on ne l’entendait plus, peu à peu on s’y résigne, on ne l’entend plus, les paroles incendiaires entrent dans la vie de tous les jours, s’y glissent sourdement) et on peut craindre que cette normalisation du pire, cette acceptation de la honte et des préjugés de la honte peu à peu endorment les consciences, c’est ce jour-là ce que craignent les étudiants sur les campus, et tous ceux qui ont déjà commencé leur résistance dans les rues de New York, et dans plusieurs villes américaines où on les a vus pleurer en cette nuit du 8 novembre, témoins d’une défaite de Hillary Clinton qui leur semble si injuste et irrécupérable. Car toujours on ne peut croire qu’un tel désastre s’annonce à l’horizon. Celui qui admire les dictateurs, qui défend toujours leurs actions oppressives, cet aspirant à une dictature atténuée par des intérêts hautement financiers (car avec son allure de bonhomie c’est, certains jours, un homme fragile qui veut surtout être aimé, cajolé d’adulations, un simple bon garçon qui ne semble avoir rien de redoutable) essaie d’apaiser la voie médiatique (lorsque précisément, elle ne sert pas ses intérêts), surtout faire taire cette presse intelligente qui le critique, qui analyse les failles racistes de son discours, c’est là le début de son invasion dans le mot écrit, contre les journalistes dont il ne peut réprimer la colère ni la lucidité, lui qui voudrait tout tempérer de ces excès des esprits analytiques de son outrageuse politique qui en peu de temps a fait tant de mal, mais heureusement pour nous, eux sauront l’affronter et le confronter, même si en grand aspirant à la tyrannie intellectuelle comme ces despotes qu’il admire, il ne cessera de les menacer de sa persécution, les persécutera réellement, qu’ils soient journalistes, reporters de qualité à la télévision ou dans la presse écrite où ils sont pour nous les figures exemplaires d’un journalisme libre et éclatant souvent de vérité, devant cette descente des valeurs humaines que nous traversons tous, en écoutant cet homme qui soudain domine le monde et tient, avec le code nucléaire dissimulé dans la poche de son costume, l’avenir de l’humanité. Comment en sommes-nous tous venus là, n’est-ce pas incompréhensible, n’avons-nous pas été trompés (trompés ou dupés) par le langage d’un fou délirant qui allait bouleverser le confort de bien des vies par ses lois et discours régressifs, était-ce bien ce que voulaient ses électeurs, que nous retournions au temps du gouverneur Wallace, et que cela en vînt à nous paraître la normalité, comme si s’effaçaient soudain l’évolution morale et l’état de conscience et de réparation devant l’injustice raciale, acquis en ces dernières décennies, et rendus plus consciencieux encore par l’intransigeance du président Obama? C’est le rêve des dictateurs d’effacer toute évolution ou tout progrès, de nous voir toujours reculer dans l’ignorance et la bêtise, même si Trump n’a envers ses électeurs qu’une approche tyrannique, un désir profond surtout de les voir combler son narcissisme et son besoin d’être loué et aimé, même pour de fausses raisons, sans être encore un vrai dictateur, il est capable de faire de cette foule surtout rurale une foule haineuse qui hurlera avec lui (et quelques autres de ses indignes associés) en désignant madame Clinton, «Qu’elle soit emprisonnée, qu’elle soit emprisonnée», son influence demeure dangereuse, auprès de ces électeurs sans défense comme auprès de chacune, chacun dans son auditoire qui subit son lointain envoûtement sur fond de dictature réelle, et de régression. «Ce sont ces gens que l’on rencontre le long de sa route, qui nous inspirent cette passion de travailler pour eux, ce sont leurs inquiétudes, ce sont leurs espérances qui nous donnent le courage de nous lever le matin», dit madame Clinton peu de temps après sa mince victoire en Iowa, il s’agit d’une conversation entre Hillary Clinton et le brillant journaliste Joe Klein (Time, 15 février 2016) où la candidate démocrate exprime la joie qu’elle ressent pendant les nombreuses rencontres avec ses électeurs, ceux qui l’estiment et la soutiennent depuis de nombreuses années, dont un grand nombre de femmes, et d’hommes aussi, et que l’on verra autour d’elle, tendant l’écran de leur téléphone, pour des selfies, y incluant la photographie de celle en qui ils voient la future présidente des États-Unis, c’est une réunion joyeuse que cette rencontre du 2 février, à Hampton, New Hampshire, où il y a aussi une autre voix dominante, celle de Bernie Sanders, mais en ce 2 février c’est Hillary Clinton qui triomphe modestement, entourée de ses admirateurs. Pourtant cette journée de campagne électorale fut épuisante et longue dans le New Hampshire où à plusieurs reprises Hillary Clinton a dénoncé les abus des compagnies pharmaceutiques, ayant le courage même de nommer ces compagnies profitant outrageusement de l’inconfort des malades et des patients, mais ce qu’elle exprime surtout ce jour-là, c’est sa gratitude envers ses électeurs, avouant plus tard à celui qui l’interviewait que dans sa vie politique, rien ne fut jamais facile pour elle, qu’il y eut et aura toujours des obstacles à franchir, elle dira pendant cette interview ces mots qui me frapperont, qu’il y a quelque étrangeté pendant ces élections, qu’à cause des pressions économiques c’est un temps de tension, de frustration aussi, mais qu’elle se réjouit de ceux qui l’accompagnent si fidèlement, elle semble très énergique, rayonnante dans son assemblée, malgré la fatigue et l’absence de sommeil des derniers jours, elle semble dire à tous, nous y parviendrons, ou j’y parviendrai grâce à vous, à votre militantisme, car nous défendrons tous ensemble les mêmes causes, les mêmes droits de chacun au bonheur et à l’équité, eux, ces futurs électeurs, la connaissent bien, ils lui sont presque familiers, ils savent que dans sa jeunesse, Hillary Clinton avait déjà exigé le respect des lois pour les enfants, des lois nouvelles pour les personnes invalides, qu’elle veut une assurance maladie juste pour tous, on sait de quel côté elle est, on l’a observée, on l’a vue lorsqu’elle était une remarquable secrétaire d’État, on l’a suivie à travers le monde, on sait que de nature c’est une combattante, même si pendant cette période d’élections, pèse l’inquiétude d’enquêtes sur les emails (lesquelles s’avéreront vaines, intensifiées par la calomnie républicaine, une infiltration de mensonges de la Russie, que d’outrages et de violences qui vinrent tout déranger, troubler, détruire, et dont elle sera la victime), il y aussi une présence nouvelle, celle du sénateur indépendant du Vermont, Bernie Sanders, en duo dans la campagne, on ne saura jamais si cette présence fut fraternelle, intruse ou ambiguë, car Sanders tarda longtemps à se joindre à madame Clinton, lorsqu’elle sortit victorieuse pour la nomination démocrate, il lui reprocha d’avoir gagné trop de votes en Californie, quand cet état avait choisi madame Clinton de façon très claire, Bernie Sanders, que l’on voit partout à la télévision aujourd’hui quand Hillary Clinton demeure très discrète, préparant un livre où enfin nous aurons son témoignage intime et personnel sur ces malheureuses élections, Sanders continue d’appeler les foules à la révolution, plus modéré, ces jours-ci, il manifeste fortement avec les démocrates pour une révolution saine d’un système de santé préservant l’entièreté de l’Obamacare tout en l’améliorant, et on aime entendre sa voix dissidente et progressiste pour toute réforme salutaire, toutefois Hillary Clinton, comme Sanders, souhaitait les mêmes changements, la même réforme, et c’est à peine si on l’a écoutée. Elle demandait elle aussi des études gratuites, une augmentation des salaires pour les femmes, mais toujours sa voix, qui était plus discrète, lors de ses discours devant les foules, fut moins entendue. On a ignoré la force de ses propositions, des transformations profondes qu’elle souhaitait pour la société américaine, c’est ...