L'imprévisible Sud-Est asiatique
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L'imprévisible Sud-Est asiatique

  1. 64 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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L'imprévisible Sud-Est asiatique

À propos de ce livre

Lieu de convergence au sein du monde tropical et océanique, l'Asie du Sud-Est est constituée de onze pays fort différents, dont l'avenir était envisagé en termes alarmistes par des observateurs chevronnés de la scène mondiale dès après la Deuxième Guerre mondiale et jusqu'aux années 1960-1970. Malgré des pronostics très pessimistes et des perspectives économiques et politiques jugées désastreuses, le Sud-Est asiatique est toutefois parvenu à appliquer des politiques contredisant les experts occidentaux, montrant ainsi combien imprévisible reste cette région.

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La déroutante scène politique

Plus encore que la scène agricole et les transformations dans la répartition des populations rurales et urbaines, plus encore que la profonde sédimentation culturelle et même, enfin, que la détérioration des écosystèmes, la scène politique sud-­est asiatique est depuis longtemps déroutante. En effet, qui aurait pu prévoir qu’à l’issue de la Deuxième Guerre mondiale, après que le Japon eut capitulé, les puissances coloniales européennes, en particulier les Pays-­Bas et la France, allaient tenter de reprendre les choses en main comme si rien ne s’était passé? Surtout, qui aurait pu prévoir qu’elles seraient défaites et piteusement renvoyées chez elles?

L’expulsion des maîtres coloniaux

Il est vrai que les Britanniques, eux, réussirent à s’en sortir avec un parfait cynisme et une certaine élégance, en parvenant avant leur départ et par étapes à: 1) laisser les Birmans se débrouiller entre eux à compter de 1948; 2) largement neutraliser la guérilla communiste en Malaisie (Malaya), avant de lui accorder l’indépendance en 1957; et 3) laisser Singapour tirer provisoirement son épingle du jeu au sein même de la grande Fédération de Malaisie (Malaysia) rassemblée en 1963. Il est vrai aussi qu’après avoir cédé l’indépendance aux Philippines dès 1946, les Américains trouvèrent le moyen de rester sur place, s’impliquant financièrement dans la reconstruction postconflit – façon plan Marshall en Europe –, transformant l’archipel en véritable porte-­avions en y établissant une douzaine de bases militaires. Cela comprenait le gigantesque complexe constitué par la base navale de Subic Bay et celle aérienne de Clark. Mais les choses furent très différentes tant pour les Néerlandais en Indonésie que pour les Français en Indochine.
Avant même leur capitulation, alors qu’ils savaient leur cause perdue, les Japonais avaient convenu avec les dirigeants indonésiens que l’empereur accorderait l’indépendance à l’Indonésie le 24 août 1945. Mais les leaders nationalistes Sukarno et Hatta prenaient les devants et, le 17 août 1945, proclamaient l’indépendance de l’Indonésie, s’attribuant l’un la présidence et l’autre la vice-­présidence. S’ensuivirent quatre années de lutte, dont plusieurs épisodes ont marqué durablement les destinées de la nouvelle République d’Indonésie.
En effet les maîtres coloniaux néerlandais, eux aussi déchus, s’opposèrent violemment à la création de la République et tentèrent de reprendre par la force leur ancienne et immense colonie. Dès septembre 1945, des troupes anglo-­néerlandaises se présentaient devant Jakarta pour assurer la relève de la garde, c’est-­à-dire désarmer les Japonais et réinstaller l’administration coloniale néerlandaise, faisant ainsi superbement fi des légitimes volontés d’indépendance de la population! Dès lors la résistance armée au retour des Néerlandais allait s’accentuer. Pendant un an, les combats et les escarmouches se multiplièrent à Java, un premier cessez-­le-­feu étant signé en novembre 1946. Les trois années qui suivirent furent marquées par les avancées et les reculs de la cause nationaliste, les Néerlandais faisant tout pour diviser les Indonésiens, sans toutefois parvenir à entraver la consolidation de l’État unitaire. En décembre 1949, il leur fallut enfin reconnaître l’indépendance de l’Indonésie, lui transférant la souveraineté sur l’ensemble du territoire des ex-­Indes néerlandaises.
Encore plus spectaculaire, l’expulsion des Français hors de l’Indochine6, après leur défaite à la bataille de Dien Bien Phu en mai 1954, au terme de huit années de guerre, fut officiellement scellée deux mois plus tard par les accords de Genève. À la fois peu prévisible et exemplaire de la force de la résistance vietnamienne au colonialisme et à l’impérialisme, cette victoire fut même surpassée en ampleur par celle remportée en avril 1975 par ces mêmes nationalistes et communistes vietnamiens. Cette fois, au terme d’un nouveau conflit meurtrier d’une durée de plus de dix ans, c’est aux Américains que la leçon de guerre fut infligée. En effet, qui aurait pu prévoir combien spectaculaire et cuisante serait la défaite de la puissante armada américaine aux mains des Vietnamiens, un fiasco militaire sans équivalent dans l’histoire des États-­Unis d’Amérique?
Malgré le caractère définitif de la victoire vietnamienne, la stabilité politique dans la péninsule indochinoise était loin d’être établie. Cela dit, au terme de péripéties extrêmement complexes, pour la plupart liées directement ou indirectement au conflit franco-­vietnamien puis américano-­vietnamien, des régimes communistes s’installaient, là aussi dès 1975, au Cambodge et au Laos. Il faut dire que ces deux pays avaient été impliqués dans la guerre américaine, largement contre leur gré. Pendant des années, leurs territoires furent utilisés par les insurgés vietnamiens comme bases de repli ou plus encore comme lieux de passage et d’infiltration. Cela leur valut une attention particulière de la part des bombardiers B-52 américains qui, dans le cas de l’est du Cambodge, y déversèrent pendant une période de trois ans plus de bombes qu’ils n’en avaient lancé sur le Japon pendant la Deuxième Guerre mondiale. Cette féroce répression venue des airs ne fit que donner plus d’arguments aux communistes cambodgiens, les Khmers rouges, pour mobiliser une partie de la population rurale contre le régime de Phnom Penh. Au début d’avril 1975, peu avant que les communistes vietnamiens ne s’emparent de Saigon, les Khmers rouges capturaient Phnom Penh, déjà engorgée par deux millions de réfugiés, prenant le contrôle total et sanguinaire du pays pendant près de quatre ans.
L’utilisation du territoire laotien par les troupes vietnamiennes attira, comme pour le territoire khmer, des bombardements aériens massifs. Là aussi, la tactique américaine de la terre brûlée entraîna la formation d’une énorme masse de réfugiés, dans ce cas rassemblés dans des camps, toutes choses qui ne firent que rendre plus difficile la résolution de la guerre civile entre les communistes du Pathet Lao, liés aux communistes vietnamiens, et le gouvernement royal, lié aux Américains. Quoi qu’il en soit, dans la foulée d’un cessez-­le-­feu signé en 1973, un gouvernement de coalition était mis en place en 1974, les communistes en prenant le contrôle quasi total à la toute fin de 1975, quelques mois après les captures militaires successives par les forces communistes de Phnom Penh et de Saigon.
Enfin, s’agissant de l’expulsion inattendue de maîtres «coloniaux», il est difficile de faire mieux que les Timorais qui se sont débarrassés de la violente tutelle indonésienne en 1999 avant d’obtenir leur indépendance en 2002.

Entre dictature et démocratie

Au cours des décennies ayant suivi la Deuxième Guerre mondiale, surtout pendant les années 1960 et 1970 et, à vrai dire, presque sans interruption depuis, la scène politique régionale n’a cessé de connaître bouleversements et rebondissements, un véritable fléau y ayant survécu voire prospéré, comme le soulignait Vatikiotis en 2018: la corruption des élites. Celle-­ci est tellement bien implantée qu’il est difficile d’affirmer que la démocratie a nettement pris le dessus ou qu’elle est partout assurée, loin de là. Chose certaine, des progrès économiques et sociaux considérables ont été réalisés dans chacun des pays de la région. Ils sont manifestes sur le plan agricole et par leurs effets sur la réduction de la pauvreté rurale, tout comme sur le plan de l’industrialisation et de l’urbanisation, laquelle, loin d’être équilibrée, repose tout de même et de plus en plus sur la croissance de la production et de l’emploi industriels. Les progrès sont également évidents en éducation et en sant...

Table des matières

  1. Introduction
  2. Le compromis territorial
  3. Une profonde sédimentation culturelle
  4. À la merci des fureurs de la terre
  5. La déroutante scène politique
  6. Notes
  7. Bibliographie
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