Profession urbaniste
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Profession urbaniste

  1. 72 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Profession urbaniste

À propos de ce livre

Ayant pour objet la ville et les processus d'urbanisation, l'urbaniste mobilise, pour remplir sa mission, des savoirs et compétences disciplinaires variés (sociologie, économie, génie civil, sciences politiques, architecture urbaine, géographie, sciences de la gestion, etc.). Né en début de deuxième moitié du XIXe siècle dans le sillage des préoccupations hygiénistes et longtemps préoccupé par les questions de croissance, l'urbanisme est aujourd'hui convoqué sur le terrain d'une urbanisation généralisée et du développement durable. Ce qui a toutes les apparences d'un nouveau défi est en même temps un retour aux sources. Face à cette évolution récente des enjeux et des défis, comment et où se situe l'urbaniste québécois?Gérard Beaudet est professeur titulaire et directeur de l'Institut d'urbanisme à la Faculté de l'aménagement de l'Université de Montréal.

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Dynamismes, enjeux
et défis urbains actuels
J’ai souligné d’entrée de jeu qu’à peine fondé l’urbanisme était déjà confronté à des transformations en profondeur de la ville et aux premières manifestations d’une urbanisation généralisée. Loin d’avoir réussi à combler le fossé entre les moyens dont il disposait et les défis qu’il devait relever, l’urbanisme est aujourd’hui dans une situation similaire à celle qui prévalait au moment où les précurseurs tentaient de se donner les moyens d’une intervention devenue indispensable. Non pas que les enjeux soient restés les mêmes, bien au contraire, mais plutôt parce qu’ils ont un caractère tout aussi inédit et que l’urgence de la situation s’impose à nouveau. Certains parlent même d’une troisième révolution urbaine qui n’aurait rien à envier à celle qui a accompagné, tout au long du XIXe siècle, la révolution industrielle.
Cette troisième révolution se caractériserait par un renforcement d’une spécialisation des espaces fonctionnels dans un contexte métropolitain élargi, par l’émergence de chaînes de mobilité caractérisées par la fragmentation des déplacements en parcours de moins en moins dépendants du couple résidence-lieu d’emploi et des temps propres du travail, par le redéploiement des relations de sociabilité hors du voisinage immédiat, ainsi que par une diminution du rôle du quartier au profit de la résidence, devenue centre du dispositif en vertu duquel l’individu définit son appartenance urbaine et sa participation à la vie collective. Parcourue en tous sens de trajectoires de mobilité matérielles et de flux d’informations, la ville, devenue région urbaine, se confondrait désormais avec un territoire sans limite nette, polarisé par une centralité éclatée, et où la nature, souvent incarnée par des paysages témoins à caractère rural, a retrouvé droit de cité.
Urbanisation planétaire, métropolisation et étalement urbain
Depuis la fin du XIXe siècle, et en particulier depuis les années 1960, la planète s’est urbanisée à un rythme affolant. De nos jours, plus de 50% de la population mondiale vit dans des villes. Cette statistique doit être considérée avec prudence en raison de la très grande variabilité des seuils statistiques utilisés dans les divers pays (250 habitants au Danemark, 1 000 au Canada, 2 000 en France, 2 500 aux États-Unis, 5 000 en Grande-Bretagne, 30 000 à 50 000 au Japon, etc.). Il n’en demeure pas moins que les établissements humains groupés accueillent une part croissante des habitants de la planète. Si Tokyo (35 millions), Mexico (19 M), New York et Sao Paulo (18 M), de même que Bombay (17 M), frappent l’imaginaire par leur gigantisme, ces mégapoles restent des exceptions1. La vingtaine de mégalopoles comptant chacune plus de 10 millions d’habitants abritent en effet environ seulement 5% de la population mondiale, alors que 50% de la population urbaine est groupé dans des villes et des régions urbaines de moins de 500 000 habitants. Sans être nécessairement condamné à la démesure, le monde urbain n’en connaît pas moins une progression continue.
À telle enseigne que de vastes régions sont aujourd’hui reconnues comme entièrement urbanisées, même si les agglomérations et les villes qui s’y trouvent ne se déploient pas en continuité. Le géographe français Jean Gottmann localisait, dès 1961, une telle région urbaine sur la côte Est états-unienne. Désignée par l’acronyme BosWas, elle s’étire, de Boston à Washington, sur quelque 800 km et comprend notamment les villes de New York, Philadelphie et Baltimore. Bien qu’elle couvre moins de 2% du territoire, elle abrite, avec quelque 70 millions d’habitants, plus de 20% de la population des États-Unis.
Au Japon, une telle région, longue d’environ 1 000 km, est habitée par plus de 100 millions d’individus (80% de la population nippone), même si elle compte pour à peine 4% du territoire national. En Europe, le vaste croissant qui s’étire du Lancashire à la Toscage – qualifié de Banane bleue – groupe, sur un espace économique façonné à compter du XIIIe siècle par les routes commerciales, une vingtaine de plus grandes villes de cette région du monde, dont Londres, Amsterdam, Rotterdam, La Haye, Cologne, Francfort, Stuttgart, Paris, Bâle et Milan. Dans le Canada central, Québec, Montréal, Ottawa, Toronto et Windsor formeraient également les pivots d’une telle région urbaine. Ce phénomène, traditionnellement repérable par la cartographie, est dorénavant révélé de façon spectaculaire par les photographies satellitaires prises de nuit (EarthLights on Google Maps).
Cette géographie urbaine offre peu de prise à l’urbanisme. Elle constitue en quelque sorte un exemple de l’auto-organisation de structures spatiales observable à des échelles macrogéographiques et qui échappe pour partie aux intentions et aux gestes des aménageurs. Elle est, en conséquence, le terreau de la mise en œuvre de l’adage penser globalement, agir localement. À défaut d’être contenue, cette géographie fait l’objet d’interventions qui visent notamment à articuler de manière optimale les mobilités régionales à des corridors et à des nœuds de transport rapide – en particulier ferroviaire –, et à freiner l’érosion des vocations, des occupations et des paysages des vastes espaces interstitiels.
Cette urbanisation croissante n’affecte pas que l’univers des villes. Le monde rural connaît en effet des bouleversements profonds, tant du point de vue démographique qu’économique. C’est ainsi que, dans les pays occidentaux, urbanisés à plus de 75%, la ruralité au sens anthropologique du terme est presque complètement disparue, les campagnes et les régions-ressources étant dorénavant habitées par des populations qui partagent avec celles des villes et des agglomérations une culture urbaine de plus en plus homogène. Un peu partout, la désertification démographique guette par ailleurs les territoires qui ne bénéficient pas des effets de proximité d’une grande ville. En revanche, dans les pays en voie de développement – dont certains, tels l’Éthiopie, le Cambodge, le Rwanda et le Niger, sont urbanisés à moins de 25% –, les « paysanneries » ont davantage conservé leur culture rurale distinctive. La spécialisation des productions économiques privilégiée par les entreprises transnationales et les grands propriétaires terriens tend toutefois à déposséder de leur lopin de terre et à prolétariser les populations pour qui la migration s’impose trop souvent comme seule échappatoire à la misère des campagnes.
Les établissements humains groupés qui concentrent une part grandissante de l’humanité ne se distinguent pas que par leur taille. Par exemple, aux États-Unis, où on compte un très grand nombre de villes millionnaires, plus de 50% de la population totale vit désormais en banlieue. Au Canada, l’histoire, les particularités de nos économies et les politiques urbaines ont permis de préserver des caractères urbains qui s’apparentent à certains égards à nos plus grandes villes (Montréal, Québec, Ottawa-Gatineau, Toronto et Vancouver) aux villes européennes, notamment en ce qui concerne leur étendue et les densités d’occupation. L’étalement à la manière états-unienne n’y sévit pas moins. En Europe, on a longtemps distingué la ville méditerranéenne (davantage compacte) et la ville du Nord (moins dense et plus étendue). L’étalement urbain y a toutefois eu, là aussi, un impact croissant au cours des dernières décennies, les agglomérations et les villes-régions de l’ensemble du continent présentant des visages moins contrastés. Par ailleurs, si l’urbanisation des pays développés a surtout été marquée, au cours des cinq dernières décennies, par l’étalement des populations et des fonctions, celle des pays en voie de développement et celle de certains pays caractérisés par des contrastes socioéconomiques extrêmement marqués (Afrique du Sud, Brésil, Argentine, Inde) se sont distinguées par la prolifération des bidonvilles, des favelas et des autres manifestations d’une croissance urbaine spontanée et en apparence incontrôlable.
À l’instar des régions urbaines évoquées plus haut, ces formes d’urbanisation déployées sur des milliers de kilomètres carrés répondent de dynamiques extrêmement complexes. Diverses solutions ont été proposées par les planificateurs, dont des urbanistes, pour en contenir certaines des manifestations jugées difficilement acceptables d’un point de vue environnemental, social ou économique. En Grande-Bretagne, l’adoption du plan du grand Londres, proposé dès 1944 dans le sillage des travaux de Sir Patrick Abercrombie, visait à freiner la croissance du cœur de l’agglomération par la création de villes nouvelles et à limiter l’expansion métropolitaine par la protection d’une ceinture verte à la périphérie d’une région de quelque 8 000 km2. En France, le gouvernement lançait, au milieu des années 1960, le projet des métropoles d’équilibre, destiné à contrer, par la distribution des pôles de croissance économique sur l’ensemble de l’Hexagone, la croissance de la grande région parisienne et la désertification des régions. Au pays, les plans de l’urbaniste français Jacques Gréber préparés pour Ottawa et Montréal dans les années 1950 visaient également à contenir l’urbanisation, notamment par la désignation, dans la région de la capitale nationale, d’une ceinture verte et par une densification de l’occupation le long de certains axes de transport. Préparé en 1967 à la demande des autorités montréalaises, le document Montréal Horizon 2000 répondait à des préoccupations similaires. Il s’agissait d’orienter le développement d’une région urbaine dont on estimait, à l’époque, qu’elle compterait plus de 7 millions d’habitants à l’aube du XXIe siècle.
Bien qu’ayant connu un certain succès, ces vastes exercices de planification ont surtout révélé les limites de la prospective urbaine – la région montréalaise, de nos jours aussi étendue qu’on le prévoyait au milieu des années 1960, compte cependant moitié moins d’habitants – et celles des moyens de contrôle de l’urbanisation et des modalités de distribution géographique de l’activité économique.
Au cours des dernières décennies, la mondialisation des échanges et la globalisation des économies ont significativement modifié le rôle des villes-régions et les relations qu’elles entretenaient avec les États-nations auxquels elles appartenaient. Certes, les grandes métropoles économiques, telles Londres, Paris, Amsterdam, Venise, Beyrouth, Tokyo, Shangai, Buenos Aires, New York, Chicago, Montréal ou To...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Page titre
  3. La collection
  4. Copyright
  5. Introduction
  6. Naissance et développement de l’urbanisme : jalons
  7. Devenir urbaniste au Québec
  8. L’urbanisme et l’université
  9. Dynamismes, enjeux et défis urbains actuels
  10. L’urbaniste dans la Cité
  11. Lectures complémentaires