Profession criminologue
eBook - ePub

Profession criminologue

  1. 72 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub

Profession criminologue

À propos de ce livre

Dans l'imaginaire collectif, le criminologue est un être étrange qui pourchasse des tueurs en série. Bien que cette représentation ne soit pas totalement erronée, elle ne constitue pas l'essence du travail du criminologue. En fait, ce professionnel peut être impliqué dans chacune des étapes du système de justice, à savoir: 1) le support aux enquêtes; 2) le traitement des criminels violents; 3) l'évaluation des risques de récidive; 4) le suivi de criminels lors de leur réinsertion sociale; 5) le support aux victimes d'actes criminels. L'auteur met en lumière les activités d'un criminologue impliqué dans la protection du public, mais respectant également les droits des criminels.Jean Proulx est professeur titulaire à l'École de criminologie de l'Université de Montréal, dont il est l'actuel directeur.

Foire aux questions

Oui, vous pouvez résilier à tout moment à partir de l'onglet Abonnement dans les paramètres de votre compte sur le site Web de Perlego. Votre abonnement restera actif jusqu'à la fin de votre période de facturation actuelle. Découvrez comment résilier votre abonnement.
Pour le moment, tous nos livres en format ePub adaptés aux mobiles peuvent être téléchargés via l'application. La plupart de nos PDF sont également disponibles en téléchargement et les autres seront téléchargeables très prochainement. Découvrez-en plus ici.
Perlego propose deux forfaits: Essentiel et Intégral
  • Essentiel est idéal pour les apprenants et professionnels qui aiment explorer un large éventail de sujets. Accédez à la Bibliothèque Essentielle avec plus de 800 000 titres fiables et best-sellers en business, développement personnel et sciences humaines. Comprend un temps de lecture illimité et une voix standard pour la fonction Écouter.
  • Intégral: Parfait pour les apprenants avancés et les chercheurs qui ont besoin d’un accès complet et sans restriction. Débloquez plus de 1,4 million de livres dans des centaines de sujets, y compris des titres académiques et spécialisés. Le forfait Intégral inclut également des fonctionnalités avancées comme la fonctionnalité Écouter Premium et Research Assistant.
Les deux forfaits sont disponibles avec des cycles de facturation mensuelle, de 4 mois ou annuelle.
Nous sommes un service d'abonnement à des ouvrages universitaires en ligne, où vous pouvez accéder à toute une bibliothèque pour un prix inférieur à celui d'un seul livre par mois. Avec plus d'un million de livres sur plus de 1 000 sujets, nous avons ce qu'il vous faut ! Découvrez-en plus ici.
Recherchez le symbole Écouter sur votre prochain livre pour voir si vous pouvez l'écouter. L'outil Écouter lit le texte à haute voix pour vous, en surlignant le passage qui est en cours de lecture. Vous pouvez le mettre sur pause, l'accélérer ou le ralentir. Découvrez-en plus ici.
Oui ! Vous pouvez utiliser l’application Perlego sur appareils iOS et Android pour lire à tout moment, n’importe où — même hors ligne. Parfait pour les trajets ou quand vous êtes en déplacement.
Veuillez noter que nous ne pouvons pas prendre en charge les appareils fonctionnant sous iOS 13 ou Android 7 ou versions antérieures. En savoir plus sur l’utilisation de l’application.
Oui, vous pouvez accéder à Profession criminologue par Proulx, Jean en format PDF et/ou ePUB ainsi qu'à d'autres livres populaires dans Sciences sociales et Criminologie. Nous disposons de plus d'un million d'ouvrages à découvrir dans notre catalogue.
1
Pourquoi choisir la criminologie ?
Je me dois de clarifier les raisons de ma curiosité au sujet de la vision du monde des criminels. Pourquoi ne me suis-je pas plutôt intéressé à la vision du monde des schizophrènes ? En somme, pourquoi les criminels me fascinent-ils ? Afin de répondre à cette question, je vais reprendre certains propos que j’adresse à mes étudiants et étudiantes lorsqu’ils me demandent candidement : « Sommes-nous en criminologie parce que nous sommes fascinés par le crime, parce que nous sommes nous-mêmes des criminels en puissance ? »
Tout d’abord, je leur lis une citation du cinéaste Fritz Lang :
Ouvrons la Bible, qu’y trouvons-nous ? Dès les premiers chapitres, on peut lire le récit d’une duperie (Ève fait manger la pomme à Adam), d’une expulsion (le couple originel est chassé de l’Éden) et d’un meurtre (Caïn tue Abel). Peu à peu, je me suis persuadé que chaque cerveau possède en lui-même un penchant au meurtre. Oui, chacun de nous est un tueur en puissance. S’il en est ainsi, je suis heureux d’exercer la profession de cinéaste, grâce à laquelle tous les crimes dont je suis l’auteur sont commis exclusivement dans le dessein de divertir.
Ensuite, je poursuis en soutenant la proposition suivante : « Chacun de nous possède une certaine propension au crime, mais dans nos actions et nos représentations du monde nous nous distinguons de manière importante des criminels de carrière. » Afin de démontrer cette proposition, je leur soumets des arguments de deux ordres, soit ceux de la clinique et ceux de la recherche.
Sur le plan clinique, on constate que la réalisation d’un crime peut répondre à de nombreuses fonctions. Ainsi, lors d’un vol à main armée, les dangers encourus par son auteur sont susceptibles de lui procurer des sensations fortes (fonction contradépressive). Être dans l’action pour ne pas sentir le vide, le désespoir, la souffrance. Jacques Mesrine, un criminel célèbre, a dit un jour : « Je préfère mourir de peur que d’ennui. » En outre, lors de la perpétration d’un vol, son auteur peut exprimer une colère contre la société qu’il estime injuste à son égard (fonction agressive). Une fois son forfait accompli et réussi, le voleur risque fort de s’estimer de manière très positive : « Je suis courageux, je suis un homme, un vrai » (fonction narcissique). Finalement, le fruit de son crime, l’argent, constitue un autre élément explicatif de ses actions criminelles (fonction lucrative). Les diverses fonctions du crime répondent, bien que de manière inacceptable, à des besoins typiquement humains. Les fonctions contradépressives, agressives, narcissiques et lucratives des citoyens honnêtes sont assumées non par le crime, mais par des activités prosociales tels le travail (fonction lucrative), le sport (fonction agressive et fonction contradépressive) et les rapports interpersonnels (fonction narcissique). S’il en est ainsi, pourquoi un si grand nombre de personnes restent-elles fascinées par le crime ? Pourquoi le crime est-il un thème récurrent dans les films et les romans à succès ?
Le crime représenté dans les arts reste un exutoire à la disposition de la majorité des gens, mais il ne constitue qu’un mécanisme complémentaire et mineur par rapport aux modes socialement adéquats utilisés pour assumer les diverses fonctions mentionnées précédemment. Pour le criminel, toutefois, le crime constitue le mode privilégié pour assouvir ses besoins de gloire, d’argent et de sensations fortes. Ainsi, à la fin d’une journée ponctuée d’échecs et de frustrations, voir un film dans lequel le protagoniste écrase ses ennemis et réussit dans ses diverses entreprises peut apporter une certaine satisfaction à un citoyen « au-dessus de tout soupçon » (fonction agressive, fonction narcissique). Celui-ci se distingue du criminel dans la mesure où ces fonctions sont généralement assumées chez lui de manière satisfaisante dans la réalisation d’activités sociales adéquates, tel le travail. De plus, l’« honnête citoyen » se distingue du criminel par un rapport empathique à autrui, qui lui permet de jouir d’un film ou d’un livre où les violences décrites ne sont que de la fiction. Quant au criminel insensible à la détresse d’autrui, il s’engage dans des actions prédatrices dans lesquelles il assume des fonctions multiples qu’il ne sait pas comment assouvir autrement. À ces distinctions cliniques entre les criminels et les non-criminels (même ceux fascinés par le crime), on peut en ajouter d’autres relevées par la recherche.
Dans un ouvrage sur les caractéristiques criminologiques et psychologiques qui distinguent les délinquants des non-délinquants, Marcel Fréchette et Marc Le Blanc ont démontré que le criminel de carrière est un cas d’exception. Ainsi, ces chercheurs ont démontré que 80% des adolescents commettent des actes criminels. Cependant, pour la majorité d’entre eux, ces crimes sont de faible gravité (par exemple, un vol à l’étalage) et ils sont peu fréquents. Fréchette et Le Blanc considèrent que, chez la majorité des adolescents, ces actes criminels mineurs représentent une mise à l’épreuve du système normatif (lois, règles) dans le cadre d’un processus normal de socialisation ; ces crimes ne signifient pas un rejet catégorique des normes. Pour reprendre les termes de mon argumentation, la majorité des adolescents qui commettent un crime le font parce qu’ils n’ont pas encore acquis suffisamment de stratégies, de moyens appropriés et socialement acceptables pour assumer au quotidien des fonctions lucratives, narcissiques, agressives et contradépressives.
Les délinquants judiciarisés ne constituent qu’une proportion très faible des adolescents qui commettent des crimes. Toutefois, ils se distinguent des adolescents conventionnels (ceux décrits au paragraphe précédent) par l’ampleur de leur activité criminelle. En effet, 70% d’entre eux ont commis plus de 10 délits. Pour la plupart, ils ont commis des délits graves, tels des vols par effraction et des vols d’automobiles. De plus, leur activité criminelle débute tôt (avant 10 ans pour 35% d’entre eux) et elle se maintient tout au long de l’adolescence. Finalement, 75% d’entre eux deviendront des criminels adultes judiciarisés. En comparaison, seulement 11,5% des adolescents conventionnels auront un casier judiciaire à l’âge adulte. Ainsi, en ce qui a trait aux comportements criminels, la plupart des adolescents se distinguent clairement des adolescents judiciarisés. Mais qu’en est-il sur le plan de la personnalité ?
Les adolescents judiciarisés présentent de nombreuses caractéristiques distinctives. Ils ont tendance à se percevoir comme des victimes, ce qui justifie leur hostilité et leurs comportements de prédation, qu’ils considèrent comme une juste compensation pour les torts qu’ils ont subis. La colère est le sentiment dominant dans leur répertoire émotif. Ils sont hostiles, méfiants, irritables. Finalement, ils ont de la difficulté à tolérer les délais et ils ont tendance à utiliser les menaces et la violence physique afin de résoudre les conflits (à leur avantage, évidemment). Dans un ouvrage qui reste une référence en criminologie, Pinatel affirme que ces traits de personnalité ont pour prolongement à l’âge adulte une personnalité criminelle caractérisée par l’égocentrisme, l’agressivité, le manque d’empathie et l’instabilité affective.
Les données de l’étude de Fréchette et Le Blanc concordent avec les conclusions déjà exposées relativement à la fascination pour le crime mis en scène dans les arts. Malgré une certaine curiosité pour le crime, la majorité des gens ont une activité criminelle absente ou triviale, et ils se distinguent par là des criminels. De plus, sur le plan de la personnalité, les délinquants présentent des caractéristiques spécifiques (hostilité, manque d’empathie) qui les démarquent des gens ordinaires. Une autre dimension de l’étude de Fréchette et Le Blanc mérite notre attention. En effet, dans leur conceptualisation des comportements et de la propension criminelle, ces chercheurs ont intégré des concepts relatifs à des théories sociologiques et d’autres relevant de théories psychologiques. Cette jonction entre ces deux disciplines constitue un des traits distinctifs de la criminologie.
2
Les corpus de connaissances
de la criminologie
La criminologie se définit par son objet d’étude, le crime. Si elle puise ses concepts et ses méthodes dans la psychologie, la sociologie et le droit, elle est émancipée de ces disciplines mères. Comme le souligne Maurice Cusson, « ce qui fait vraiment la criminologie, ce qui la distingue du droit, de la psychologie, etc., c’est un corpus de connaissances sur un objet : le phénomène criminel. Ce qui caractérise le criminologue, c’est son savoir et c’est aussi son art de savoir, car il est initié aux méthodes d’investigation clinique et scientifique qui lui permettent de comprendre les individus délinquants et de savoir la nature précise des problèmes criminels qui se posent dans un contexte précis ». Les criminologues s’intéressent aux criminels (leur personnalité, leur histoire familiale), aux crimes (les processus décisionnels des criminels qui commettent des fraudes par carte de crédit ou bien de ceux qui dirigent un réseau de trafic de drogue), aux victimes (l’impact d’une agression) et au système de justice (la police, les tribunaux, les pénitenciers). Parmi les questions que se posent les criminologues, on peut noter : pourquoi une personne devient-elle un criminel ? Quelle est l’influence de la famille et du milieu social sur le développement d’une propension au crime ? Pourquoi les crimes violents sont-ils plus fréquents à telle époque ou dans telle ville ? Pourquoi certains comportements en viennent-ils à être définis comme des crimes (la vente de drogues tels l’opium ou la cocaïne) ? Comment peut-on prévenir le crime ? Quels sont les prédicteurs de la récidive chez des criminels judiciarisés ? Quelle est l’efficacité des traitements pour pédophiles ?
Les assises théoriques de la criminologie puisent dans plusieurs disciplines, ce qui se reflète dans la façon de l’enseigner. Ainsi, à l’Université de Montréal, la criminologie est une unité d’enseignement autonome, distincte des Départements de sociologie et de psychologie, ainsi que de la Faculté de droit. Néanmoins, ...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Page titre
  3. La collection
  4. Copyright
  5. Introduction
  6. Chapitre 1 - Pourquoi choisir la criminologie ?
  7. Chapitre 2 - Les corpus de connaissances de la criminologie
  8. Chapitre 3 - Champs de pratique du criminologue
  9. Chapitre 4 - Histoires de cas
  10. Chapitre 5 - Un criminologue en action
  11. Conclusion
  12. Remerciements
  13. Lectures complémentaires