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Aimé Césaire. De l'Africain transplanté à la laminaire
- 160 pages
- French
- ePUB (adapté aux mobiles)
- Disponible sur iOS et Android
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Aimé Césaire. De l'Africain transplanté à la laminaire
À propos de ce livre
Après avoir plusieurs fois rencontré Aimé Césaire au cours des vacances scolaires qu'il passait au pays, quoique n'adhérant pas à sa philosophie politique, l'auteur s'exprime sur ce qu'il a senti d'africanité chez ce poète et homme politique. Il éclaire sous un autre angle l'inspiration politique du poète en mettant en exergue le rôle que l'Afrique a exercé sur lui. Et cela explique clairement sa propre autodéfinition: je suis un Africain transplanté.
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Informations
- VII -
Action politique d’Aimé Césaire
On pourrait mettre en parallèle sa poésie et son engagement politique.
On part de l’étudiant nostalgique de 1939 qui s’épanche dans le « Cahier d’un retour au pays natal » :
« Au bout du petit matin bourgeonnant d’anses frêles les Antilles qui ont faim, les Antilles grêlées de petite vérole, les Antilles dynamitées d’alcool, échouées dans la boue de cette baie, dans la poussière de cette ville sinistrement échouée ».
Nommé membre de la commission des territoires d’outre-mer, il présente le 26 février 1946 un rapport sur la proposition de loi déposée le 17 janvier précédent par son collègue martiniquais Léopold Bissol et tendant à faire classer la Guadeloupe et la Martinique comme départements français. La loi d’assimilation sera votée à l’unanimité le 19 mars 1946.
Il est aussi Rapporteur de la proposition de loi de Bissol, Monnerville et Vergès tendant au classement de la Guyane comme département.
Il n’y a pas de honte à avoir, car toutes les députées et tous les députés noirs voulaient demeurer dans la France et finalement, par la Constitution de 1946, nous serions tous français et fiers de l’être.
Juste après la loi de départementalisation, on assiste à une sorte de repos du guerrier qui est tout à la poésie ; c’est l’époque de « Soleil coup coupé ».
« La roue est la plus belle découverte de l’homme et la seule il y a le soleil qui tourne
il y a la terre qui tourne
il y a ton visage qui tourne sur l’essieu de ton cou quand tu pleures
mais vous minutes n’enroulerez-vous pas sur la bobine à vivre le sang lapé »
Deux années ont passé, le poète se lance dans « corps perdu » ; on sent petit à petit quelque chose qui éclot ; il sent que quelque chose doit bouger, que « les îles doivent exister » mais rien n’est encore défini
« Moi qui Krakatoa
moi qui tout mieux que mousson
moi qui poitrine ouverte
moi qui laïlape moi
qui bêle mieux que cloaque moi qui hors de gamme moi qui Zambèze ou frénétique ou rhombe ou cannibale »
Ce qui éclot se précise et c’est le constat du « discours sur le colonialisme ». Il demeure néanmoins au sein du Parti communiste français alors que les Africains le quittent. Il n’y a toujours pas de revendication nationale ; de même ses écrits révèlent un grand poète surréaliste dans ce « Discours sur le colonialisme » en 1950, il y a dénonciation des méfaits du colonialisme :
« Une civilisation qui s’avère incapable de résoudre les problèmes que suscite son fonctionnement est une civilisation décadente.
Une civilisation qui choisit de fermer les yeux à ses problèmes les plus cruciaux est une civilisation atteinte.
Une civilisation qui ruse avec ses principes est une civilisation moribonde.
Quand en Martinique on parle de l’action politique de Césaire, on a tendance à excuser la loi d’assimilation, comme si c’était une loi honteuse, on cherche des justificatifs dans le discours prononcé par Césaire à l’Assemblée nationale pour dire qu’il réclamait l’assimilation ; oui, maïs…
Le texte fondateur de la démarche politique de Césaire, pour ses admirateurs est la lettre à Maurice Thorez ; je pense que plus important que la lettre qui est un beau morceau de littérature, est le fait qu’il a quitté le Parti communiste. Même la lettre à Maurice Thorez n’est qu’une dénonciation du pouvoir communiste ; il n’est pas question de nationalisme ; cependant c’est un véritable monument littéraire.
« … Ma conception de l’universel est celle d’un universel riche de tout le particulier, riche de tous les particuliers, approfondissement et coexistence de tous les particuliers. Alors ? Alors il nous faudra avoir la patience de reprendre l’ouvrage, la force de refaire ce qui a été défait ; la force d’inventer au lieu de suivre ; la force « d’inventer » notre route… »
Cette lettre est un monument littéraire ; mais après nous être extasiés sur ce fait, nous constatons que Césaire est en retard sur les députés africains qui ont quitté le PC depuis six bonnes années déjà ; était-ce un manque de clairvoyance ?
Car, en fait, il n’a fait que faire avec six années de retard ce qu’Houphouët-Boigny et les députés africains avaient fait depuis 1950. Et mieux, il rejoint de façon éphémère, il est vrai, les Africains dans « le parti du regroupement africain et des fédéralistes » de Sédar Senghor.
L’ensemble des partis réunis dans le RDA réclamaient davantage de pouvoirs locaux ; et Gaston Defferre va juguler leur fougue en proposant en 1956 les lois de décentralisation qui portent son nom, et tirées de la Constitution du Togo autonome : La Loi-cadre de 1956.
Article détaillé : Loi-cadre Defferre.
Le 23 juin 1956, l’Assemblée nationale vote la loi-cadre de Gaston Defferre. Celle-ci modifie le statut des colonies d’Afrique noire : elle accorde le suffrage universel aux populations, renforce les pouvoirs de l’Assemblée territoriale mise sur pied en 1946 et opère une décentralisation administrative.
Les Africains se voient proposer une Autonomie régionale.
Jusqu’au milieu des années 1950, les colonies françaises d’Afrique occidentale et centrale ont été regroupées au sein de deux fédérations : Français Afrique équatoriale (AEF) et Afrique (AOF). La Côte d’Ivoire faisait partie de l’AOF. Désireux de libérer le pays de la tutelle de l’AOF, Houphouët-Boigny a participé activement à l’élaboration et à l’adoption de la loi-cadre Deferre, une réforme juridique qui, en plus de l’octroi de l’autonomie aux colonies africaines, ferait rompre les liens qui unissent les différents territoires ensemble, en leur donnant plus d’autonomie à l’aide d’Assemblées locales. La loi-cadre est loin d’être acceptée à l’unanimité par les compatriotes de Houphouët-Boigny en Afrique : Léopold Sédar Senghor, leader du Sénégal, a été le premier à dénoncer cette tentative de « balkanisation » de l’Afrique, en faisant valoir que cela ne correspondait à aucune réalité : que ce soit géographique, économique, ethnique ou linguistique. Senghor a fait valoir que le maintien de l’AOF donnerait aux territoires une crédibilité politique plus forte, et leur permettrait de se développer harmonieusement. Ce point de vue a été partagé par la plupart des membres du Rassemblement Démocratique Africain, qui ont soutenu Ahmed Sékou Touré et Modibo Keïta, plaçant Houphouët-Boigny en minorité au congrès 1957 à Bamako.
Pour donner suite à l’adoption de la réforme loi-cadre du 23 juin 1956, une élection territoriale a eu lieu en Côte d’Ivoire le 3 mars 1957, dans lequel le PDCI transformé sous contrôle ferme de Houphouët-Boigny remporte de nombreux sièges. Ministre en France, en tant que président de l’Assemblée territoriale et maire d’Abidjan, il choisit Auguste Denise, de père martiniquais, pour servir de vice-président du Conseil de gouvernement de la Côte d’Ivoire
Le 7 avril 1957, le Premier ministre du Ghana, Kwame Nkrumah, en visite en Côte d’Ivoire, a appelé toutes les colonies en Afrique à déclarer leur indépendance ; Houphouët-Boigny a répliqué à Nkrumah :
« Votre expérience est assez impressionnante… Mais en raison des relations humaines entre les Français et les Africains, et parce que dans le 20e siècle, les gens sont devenus interdépendants, nous avons estimé qu’il serait peut-être plus intéressant d’essayer une nouvelle expérience différente de la vôtre et unique en soi, dans une communauté franco-africaine basée sur l’égalité et la fraternité ».
Contrairement à certains dirigeants africains qui ont immédiatement demandé l’indépendance, Houphouët-Boigny a souhaité une transition prudente dans l « ensemble français » parce que, selon lui, l’indépendance politique sans indépendance économique était sans valeur. Il a également invité Nkrumah à le rencontrer dans 10 ans pour voir lequel des deux avait choisi la meilleure approche vers l’indépendance.
Création du Parti Progressiste martiniquais
La lettre à Maurice Thorez, d’une certaine façon, annonçait la création d’un mouvement dans l’annonce faite au milieu de l’écrit : L’heure de nous-même a sonné.
Aimé Césaire crée le Parti Progressiste martiniquais le 22 mars 1958 ; il était simultanément membre du PRA de son ami Senghor, le Parti du Rassemblement Africain, parti fédéraliste ; ce parti ne vivra que jusqu’en Juillet 1958.
Césaire semble avoir retenu les exemples des partis progressistes africains membres du RDA. En effet, que ce soit Hamani Diori du Niger, ou Manga Bell du Cameroun, ils ne revendiquaient rien d’autre qu’une décentralisation du pouvoir à l’intérieur de la République française ; être progressiste ne signifiait pas être nationaliste ; le progressisme sous la IVe République voulait être une doctrine pour le progrès social ; c’est la position de Césaire quand il crée son parti.
Certains historiens martiniquais, comme mon ami et frère Camille Chauvet, directeur du journal « Le Naïf », qui ne veulent peut-être rien devoir à l’Afrique, avancent que le PPM a été fondé en Martinique, par des Martiniquais et surtout à l’initiative de Aristide Maugée. Mais il est extrêmement curieux que, justement, soit créé un parti progressiste dont le modèle n’existait qu’en Afrique. Néanmoins, admettons qu’ils aient raison ; il n’empêche que le progressisme a le même contenu pour tous les hommes politique de la quatrième République, y compris donc Aristide Maugée.
Dans le premier discours de Césaire, on croirait entendre le Senghor des années quarante qui voulait une Afrique fédérée au sein de l’Europe. : Il présente un rapport intitulé : “Pour la transformation de la Martinique en région dans le cadre d’une union française fédérée”. Lors du congrès constitutif, il disait dans son discours :
Le Parti Progressiste martiniquais pourrait proposer la transformation des départements d’outre-mer en régions fédérales. Si nous faisons cela nous aurons réussi à allier notre double souci de rester liés à la France et d’être de bons martiniquais. »
Il n’y a pas de revendication d’autonomie politique, exactement comme au sein des partis progressistes africains ; à la limite on pourrait concevoir une autonomie régionale, qui pourrait d’ailleurs être attribuée à n’importe quelle région de France.
Il a visiblement un petit retard sur les Africains : tout se passe comme si eux avaient donné la suite pratique qui manquait au « Discours sur le colonialisme » alors que Césaire est encore timoré ; car au sein du RDA, les idées ont progressé vers l’autonomie ; Defferre avait essayé, en vain, de désamorcer ce besoin des Africains en proposant sa loi sur la décentralisation ; De Gaulle essaiera de canaliser leur vélléité dans un système où la France gardera la main mise sur les colonies.
Le 28 septembre 1958 Charles de Gaulle propose un référendum constitutionnel à la communauté franco-africaine : les territoires ont eu le choix de soutenir soit la constitution soit la proclamation de leur indépendance et de se couper de la France. Pour Houphouët-Boigny, le choix était simple : « Quoi...
Table des matières
- Couverture
- 4e de couverture
- Copyright
- Titre
- Sommaire
- Introduction
- I - Le temps de l’assimilation Césaire enfant et adolescent
- II - Rencontres avec des Noirs favorisés
- III - Les compagnons de Césaire
- IV - La résistance culturelle
- V - L’état d’esprit des députés africains en 1946
- VI - Deux chemins différents pour devenir Français
- VII - Action politique d’Aimé Césaire
- VIII - L’heure du bilan
- Conclusion
- Adresse