
- 168 pages
- French
- ePUB (adapté aux mobiles)
- Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub
À propos de ce livre
Face aux problèmes profonds de société, comme le risque d'effondrement de civilisation, le burn-out et l'échec scolaire, nous sommes dans l'impasse. Au-delà des grands discours et des effets de manche, on ne sait pas comment y répondre et la société avance vers l'abysse. Et si ces menaces étaient en fait causées par le même problème: notre rapport aux agrégats? C'est l'idée que l'auteur propose de venir explorer à travers l'étude du PIB, du bilan comptable, du contrat de travail, des notes, ainsi que d'un grand mythe du management: la possibilité de décrire exactement le travail. Nous verrons qu'un agrégat est en fait un outil dont l'utilisation est risquée et peut causer des dégâts terribles.
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Sujet
DidatticaSujet
Business generaleChapitre 1. PIB, l’agrégat de la prospérité d’un pays ?
« Même si elles diffèrent fortement, comme les articles de ce numéro de la Revue française des affaires sociales (RFAS) l’ont bien mis en évidence, les stratégies nationales de croissance et de protection sociale présentées partagent toutes un objectif commun affiché : obtenir les taux de croissance les plus élevés possibles. » (Méda 2016)
« Depuis, le PIB est devenu la superstar des indicateurs économiques. Que l’on parle de la croissance atone de la France ou de ses déficits, nous faisons constamment référence au Produit intérieur brut (PIB). Du coup, les gouvernements comme les marchés scrutent ses variations avec attention. » (Fayolle 2014)
Le PIB est sans doute l’indicateur le plus important de la politique économique, avec le chômage :
« La presse, tant politique que financière, fait quotidiennement référence aux chiffres du PIB. Celui-ci, en effet, est généralement considéré comme le plus important indicateur de la santé économique d’une région ou d’un pays. » (Burda et Wyplosz 1998 p.24)
La croissance du PIB est tellement valorisée qu’on ne passe pas une journée sans qu’elle soit mentionnée dans un ou plusieurs journaux nationaux. Elle se retrouve au centre des documents de planification, qu’il s’agisse du budget d’un pays, d’un programme européen ou même d’une loi (ex. : loi n° 2015-990 du 6 août 2015 pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques). Globalement, il est traité comme s’il traduisait la prospérité d’un pays. (I)
Pourtant, cette vision aboutit à dissimuler énormément de choses, comme sa pérennité, tant d’un point de vue purement économique, qu’environnemental et social. (II)
Une telle utilisation de cet indicateur aurait des effets terribles, comme la destruction de tout ce qui n’a pas de valeur non marchande et l’absence d’investissements sur le long terme … ce qu’on observe justement actuellement. (III)
Ces problèmes sont bien connus et assez évidents, cela pose dès lors une question : pourquoi cette utilisation ? (IV)
I. L’indicateur de la prospérité d’un pays ?
« Nulle autre statistique n’agrège de manière aussi complète l’activité économique. La quasi-totalité des indicateurs économiques auxquels les marchés prêtent attention sont d’ailleurs consacrés à des sous-ensembles du PIB[…]. » (Keller et Browaeys 2008, p.21)
D’après l’Insee, « Le PIB, c’est la richesse créée par les activités de production. » ; « Le PIB sert principalement à suivre l’état de santé de l’économie et à mesurer l’évolution de l’activité économique. C’est l’indicateur essentiel, produit dans le cadre des comptes nationaux, pour adapter la politique économique de la France en fonction de la situation de l’activité du pays. »
Il peut être calculé de trois façons :
–« le PIB est égal à la somme des valeurs ajoutées brutes des différents secteurs institutionnels ou des différentes branches d’activité, augmentée des impôts moins les subventions sur les produits (lesquels ne sont pas affectés aux secteurs et aux branches d’activité) » ;
–« le PIB est égal à la somme des emplois finals intérieurs de biens et de services (consommation finale effective, formation brute de capital fixe, variations de stocks), plus les exportations, moins les importations » ;
–« le PIB est égal à la somme des emplois des comptes d’exploitation des secteurs institutionnels : rémunération des salariés, impôts sur la production et les importations moins les subventions, excédent brut d’exploitation et revenu mixte. » (Insee)1
Le PIB est donc un flux et non pas un stock. Il renseigne sur la quantité de production économique d’un pays. L’idée est toujours la même : il s’agit de calculer la plus-value financière dégagée par les activités « productives ».
Le PIB semble avoir une place centrale dans les politiques publiques. Ainsi, l’importance du déficit est toujours considérée en fonction du PIB, ce qui sous-entend que cet indicateur traduit la solvabilité d’un État.
Lorsque le gouvernement présente son budget au Parlement, c’est avant tout de la croissance dont on parle comme indicateur macroéconomique. Les autres indicateurs ne semblent n’être là que pour tenter de l’expliquer, à part le chômage qui semble lui être subordonné (croissance => diminution du chômage). De même dans les rapports annuels du FMI (ex. : 2015).
Même lorsqu’il est critiqué, le PIB semble validé. Ainsi le rapport Stiglitz le remet en question parce qu’il ne prendrait pas en compte le bonheur ou l’environnement, à aucun moment parce qu’il ne rendrait pas bien compte de l’économie.
De même, lorsque d’innombrables rapports sur l’écologie parlent de « croissance non soutenable », ils font clairement référence au PIB et reconnaissent que ce dernier traduit l’activité économique dont l’expansion menace l’environnement. C’est notamment la position de Jean-Marc Jancovici et du club de Rome.
De manière générale, j’ai le sentiment que les grands rapports sur l’économie sont toujours focalisés sur le PIB. On parlera par exemple de l’effet sur le PIB des politiques publiques « de relance » ou « d’austérité », du fait de favoriser les échanges en signant tel ou tel traité ou bien une politique protectionniste (FMI 2015 p.7), de l’augmentation ou la diminution des « charges sur les entreprises »…
Partons donc du présupposé que le PIB est le principal indicateur pour évaluer la richesse créée et que cela oriente de manière déterminante les politiques publiques.
1 https://www.insee.fr/fr/metadonnees/definition/c1365
II. Biais
Le PIB a de nombreux défauts. Les plus communément mentionnés sont la non prise en compte de l’économie souterraine, de l’économie domestique et des externalités négatives. On lui reproche même de ne pas traduire le bonheur d’un pays. (Stigliz et coll. 2008). Ces limites sont tellement connues … qu’elles sont au programme de terminale ES !2
Je ne reviendrai pas sur les dimensions qui relèvent plus du détail technique (la différence de valeur des biens et services entre deux mesures ; l’évaluation des choses (Stigliz et coll. 2008p.25)) et me focaliserai sur les failles qui définissent le PIB.
Je ne reviendrai pas non plus sur la question du bonheur : je ne vois toutefois pas pourquoi il faudrait reprocher à un indicateur de ne pas tout prendre en compte3 et trouve discutable de valoriser le bonheur (ce qui porte une vision morale du monde sur laquelle je ne pense pas qu’il soit possible de trouver un consensus). Nous nous intéressons à la cohérence interne du PIB.
Le gros problème est que le PIB compte « production » comme l’entièreté de ce que produit l’économie. Pourtant l’économie produit de très nombreuses choses hors du marché, en premier lieu du lien social, mais aussi des externalités positives (insertion, éducation …) ou négatives (pollution, risques physiques et psychologiques liés au travail), qui ont un impact extrêmement fort sur l’économie.
« Tout ce qui a une valeur a nécessairement un prix. : il s’agit là d’un principe économique de base. » (Burda et Wyplosz 1998 p.50)
La dévalorisation des échanges
économiques non marchands
économiques non marchands
Cet indicateur ne prend pas en compte l’économie informelle. Celle-ci représente 30 % de la population active non agricole en Amérique Latine, 45 % de l’emploi urbain en Inde ou bien encore 35 % de l’épargne collectée au Cameroun. (Montalieu 2001)
Toutefois, il semblerait que les États puissent l’intégrer en l’estimant (ex. : cela représenterait 3,7 % du PIB en France (Insee)). Admettons.
Il ne compte pas non plus l’autoconsommation. Par exemple, mettons qu’une personne s’occupe du ménage d’un foyer à une période T, puis, à une période T1, elle décide de travailler et d’embaucher quelqu’un.
À ce moment-là, le travail ménager sera intégré au PIB, alors qu’il en était auparavant absent.
Mieux, imaginons deux voisins : l’un est plombier, l’autre est menuisier. Ils s’entraident et s’échangent des services : cela ne rentre pas dans le PIB.
S’ils passaient par le marché et se payaient chacun la valeur de leurs services, d’un coup de baguette magique, le PIB augmenterait, alors que rien de plus ne serait produit.
C’est probablement la raison d’être du crédit d’impôt sur la rémunération des « emplois à domicile » (par exemple, entretien de la maison et travaux ménagers, travaux de jardinage et d’entretien courant, prestations de petit bricolage, garde d’enfant …) : en faisant faire la même tâche par une personne plutôt qu’une autre, on a généré une création de PIB.
Le bénévolat n’est pas non plus comptabilisé. Cela représente en France 680 000 équivalents temps plein, qui peuvent être évalués à 13 Md€, soit 0,6 % du PIB.
Enfin, les services publics sont mal comptabilisés : seuls leurs coûts de production sont pris en compte, pas leur valeur ajoutée. C’est un argument extrêmement fort en faveur de la privatisation de la santé : on créerait magiquement une quantité phénoménale de PIB ! Sans pourtant créer plus de valeur, d’utilité …
Ces biais aboutissent à encourager la privatisation des services publics, à négliger le bénévolat et à favoriser l’étendue des liens marchands.
La dévalorisation de l’existant, marchand ou non
« En revanche sont comptabilisées des activités généralement considérées comme négatives ou nuisibles. Par exemple, un embouteillage crée du PIB parce qu’il argumente la consommation d’essence et donc l’activité pétrolière. Et pourtant, il nuit à l’environnement et fait perdre du temps ! » (Insee)
Le Produit Brut ne renseigne pas sur les dégâts occasionnés pour le réaliser. C’est le problème de la non-prise en compte des externalités négatives.
Prenons l’exemple donné par l’Insee : la valeur ajoutée apportée par le boulanger est égale au prix du pain moins les ingrédients et l’énergie. Cela ne prend pas en compte les dommages tacites que la production aurait pu causer à l’artisan : troubles musculo-squelettiques, stress moral que pourrait causer un management abusif, etc.
Aujourd’hui, on parle toutefois surtout des dommages environnementaux : la destruction de la biodiversité, la pollution, etc.
Pire, quand ces dommages apparaissent, c’est souvent comme quelque chose de positif ! Ainsi, les soins dont sera l’objet l’artisan vont venir gonfler le PIB. De même, les dommages environnementaux ne seront pris en compte que lorsqu’ils demanderont des actions qui feront gonfler le PIB.
Il serait alors même souhaitable, « pour la croissance », de causer des dommages à réparer. Cela vaut aussi pour le domaine marchand : si une voiture est détruite et remplacée … le PIB aura augmenté de la valeur de la voiture.
« [Le PIB ne mesure pas les actifs ou le bilan de la nation, mais uniquement son flux de revenus, de dépenses et de production d’une année à l’autre. La disparition d’une partie des actifs, que ce soit à la suite de catastrophes naturelles ou causées par l’homme, et l’activité ou...
Table des matières
- Couverture
- 4e de couverture
- Titre
- Copyright
- Introduction
- Chapitre 1. PIB, l’agrégat de la prospérité d’un pays ?
- Chapitre 2. Le bilan, l’agrégat de la santé d’une entreprise ?
- Chapitre 3. Le salariat – contrat de travail
- Chapitre 4. Les notes, agrégats de la compétence des élèves ?
- Chapitre 5. Le danger des agrégats
- Chapitre 6. Un danger réalisé : le travail à l’épreuve de la description
- Conclusion
- Bibliographie
- Adresse