Terminus Budapest
eBook - ePub

Terminus Budapest

Roman

  1. 136 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Terminus Budapest

Roman

À propos de ce livre

A Sarajevo, à Kaboul, à Budapest, ils travaillent depuis des années pour des organisations internationales. Diplomates, médecins, policiers, logisticiens - ces « internationaux » se sont constitués un groupe baptisé Communauté Internationale, dont l'objectif est de financer, dans le plus grand secret, la reconstruction d'écoles, les actions des opposants ou l'achat d'armes, bien loin des salons feutrés des ambassades et des ministères où se jouent leurs activités officielles.Alors qu'il intervient ainsi depuis plusieurs années, l'un des membres du groupe découvre que celui-ci a été infiltré...

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Informations

Éditeur
Fauves editions
Année
2020
ISBN de l'eBook
9791030217957

Sarajevo

13 mars.
Une voiture de l’OSCE m’attend à l’aéroport. À vrai dire, il y a plusieurs voitures qui attendent plusieurs membres du personnel de l’OSCE. Même manège pour les employés des Nations Unies qui ont droit à leur cohorte de Toyota blancs tout-terrain. Les militaires ne sont pas en reste avec leur Jeep ou leur Land Rover verdâtre siglé SFOR, ou leur bus dans lesquels s’engouffrent des troupes en uniformes allemands, français, turcs, espagnols… Chaque jour, à l’arrivée des vols en provenance de Vienne et de Zurich, le parking de l’aéroport prend ainsi des allures de salon de l’automobile d’un genre un peu particulier.
Comme je demande au chauffeur de me déposer au Bureau du Haut Représentant, il me donne un bout de papier. C’est un message du secrétariat du chef de la mission de l’OSCE, Donald Fries. La réunion sur la réforme de l’enseignement a commencé plus tard que prévu. Si j’arrive dès ma descente d’avion, je pourrai assister à la fin des débats, « ce qui est absolument indispensable ». Je confirme au chauffeur que c’est bien chez le Haut Représentant que j’ai l’intention d’aller immédiatement.
Mobile. « C’est Ellen ! Tu as bien eu mon message ? Don me demande de vérifier que tu seras là pour la fin de la réunion… »
‒ Écoute-moi bien, Ellen : tu dis à Don que si j’ai le temps je passerai demain au bureau et je lui paierai une bière. Et maintenant tu me fiches la paix, compris ?
La Maison-Blanche. C’est comme cela qu’à Sarajevo on surnomme le siège de l’administration du Haut Représentant, une sorte de chef d’État qui ne dit pas son nom. C’est effectivement un bloc de béton de couleur blanche, entouré de murs épais, à quelques pas de la Milijacka, la rivière qui coupe la ville en deux. Un bâtiment moderne et sans âme, au fronton duquel on aurait pu inscrire « Ordre et réglementation ». Le patron actuel est un Anglais, un ancien militaire pressé. Son prédécesseur était plutôt content du pouvoir que lui donnait sa fonction. Les décisions du Haut Représentant sont, comme jadis les oukases du tsar, sans appel. Comme il était Autrichien, on l’appelait l’Archiduc.
J’enfile mon badge OSCE et mon badge SFOR. Ici, sans accréditation, point de salut. Aujourd’hui, il y a deux catégories d’êtres humains à Sarajevo : ceux qui se promènent jour et nuit avec leurs passe-partout autour du cou, et les autres, les petits, les sans grade. Les hôtesses d’accueil me reconnaissent et font un signe au garde de sécurité pour qu’il me laisse prendre l’ascenseur. Je veux voir Pietro Torini, le chef du département « médias ». C’est surtout un membre du groupe et hier soir, en rentrant de chez Paul, j’ai trouvé un de ses mails. Il veut me voir d’urgence.
Torini est un petit bonhomme, toujours en jeans et en baskets, signe d’un certain courage ou d’une belle inconscience dans ce haut lieu du conformisme et du politiquement correct. En principe, nous ne nous voyons jamais dans nos bureaux respectifs, c’est la règle. « Je suis désolé de t’avoir fait venir ici. Mais j’ai vu ton message d’hier où tu nous annonces ton départ. Alors j’ai préféré faire vite. Tiens. » Il me donne une feuille de papier sur laquelle je reconnais son écriture nerveuse et serrée. « Je suis depuis plusieurs mois en contact avec un type qui veut nous rejoindre. Il m’a l’air fiable. Mais je voudrais avoir ton avis. Si tu es d’accord avec moi, on pourrait proposer sa candidature aux autres. C’est un médecin suisse. Il travaille ici depuis plusieurs années. C’est un expert de l’OMS placé auprès du ministère de la Santé de la fédération. Tu le connais peut-être. Henri Voraz. »
Je glisse le papier dans la fente de la déchiqueteuse.
‒ Non, je ne le connais pas…
‒ En tout cas, si tu pouvais le voir avant ton départ, ce serait bien, je pense. Je te donne son numéro de téléphone.
Parmi les sept membres du groupe actuellement présents en Bosnie, Torini est le plus ancien. Bien qu’il n’y ait pas véritablement de chef parmi nous, l’autorité de Pietro s’impose souvent assez naturellement, et le fait qu’il soit un ancien militaire n’a, je crois, rien à voir avec cela. Ce serait plutôt sa nonchalance apparente et la sérénité avec laquelle il est capable de faire des choix parfois difficiles qui lui valent notre respect. C’est aussi un bon vivant. Nous nous sommes retrouvés il y a quelques mois par hasard sur le même vol entre Sarajevo et Istanbul où nous avions, chacun de notre côté, décidé de passer le week-end. Une fois sur place, Torini m’a proposé de m’emmener chez les amis qui l’attendaient. J’étais déjà allé plusieurs fois à Istanbul et je n’étais pas spécialement impatient de retrouver Taksim ou les touristes de Topkapi. J’ai donc suivi Pietro. Les amis en question étaient un couple d’homosexuels américains, installés depuis plusieurs années dans une superbe villa au bord du Bosphore, en face de Bebek. Richard et Michael avaient invité plus d’une quarantaine de personnes, de tous âges, mais manifestement de condition aisée. Des Américains, des Turcs, des Anglais. Beaucoup d’hommes, et quelques femmes, plutôt du genre oisives, accompagnées ou non. Heureusement, il ne s’agissait pas ce soir-là d’un dîner ennuyeux ou d’un salon littéraire. J’étais convié à assister à un défilé de mode privé. Nos hôtes s’efforçaient d’encourager quelques stylistes stambouliotes qui nous offraient ainsi la primeur de leurs dernières créations. On ne peut pas dire que j’étais ébloui par les modèles présentés, mais le spectacle des mannequins déambulant sous les lustres en cristal de Murano sur fond de musique orientale n’était pas désagréable.
Je quitte la Maison-Blanche. Messagerie du mobile. « C’est Don ! Je ne sais pas à quoi vous jouez, mais cela ne peut plus durer. Je vous attends impérativement demain à 10 heures dans mon bureau. »
Il faudrait aller voir la petite Majda et ses parents, leur dire que je vais quitter Sarajevo dans quelques jours. Mais je n’en ai pas la force, pas le courage. Je sais déjà que je partirai discrètement, sans bruit, sans adieux, sans « pot de départ ». Ces rituels m’ennuient profondément. Lorsque j’ai connu Majda, elle avait cinq ans. C’était en novembre 1995, quelques semaines avant la signature des accords de Dayton. C’était la fin des combats, mais la guerre était encore dans tous les esprits, dans toutes les discussions, dans tous les cauchemars des enfants et des adultes, sur les murs blessés de la ville et dans le regard fatigué des passants. L’aéroport était encore fermé aux vols civils et un couvre-feu était imposé à tous les Sarajéviens. Les étrangers en revanche avaient le droit de circuler librement après 23 heures. J’avais loué pour une semaine une chambre chez Azra et Enès Hodzic, les parents de Majda. À l’époque, à part l’Holiday Inn qui était hors de prix, la plupart des hôtels étaient détruits ou fermés, et on trouvait facilement des chambres chez l’habitant. Comme celles de bien des appartements, les vitres de celui de la famille Hodzic avaient volé en éclats à cause des explosions et elles étaient remplacées par des toiles plastifiées blanches distribuées par le HCR3. Si bien qu’à l’intérieur, on ne voyait pas ce qui passait dehors, mais on entendait tout car l’insonorisation était nulle. Comme beaucoup d’enfants de son âge, la petite Majda était restée enfermée chez elle pendant tout le siège de la ville et elle était extrêmement attachée, accrochée devrait-on dire, à ses parents. Enès, son père, avait été mobilisé dans l’armée d’Izetbegovic et il n’en tirait aucune gloire. Il n’avait pas d’exploit à raconter. Il avait simplement accompli son devoir comme il disait, et il voulait retrouver rapidement la vie tranquille d’autrefois.
Après ce premier séjour, j’ai logé plusieurs fois encore chez les Hodzic avant d’emménager, en 1999, dans un appartement dans la vieille ville. Mais j’ai toujours gardé le contact avec eux. Aujourd’hui encore, Majda et sa famille, ses grands-parents aussi qui vivent sous le même toit, sont restés mes seuls vrais amis à Sarajevo. Et je n’ose pas leur dire que je pars.
Je remonte l’avenue Tito, en direction de la rue Ferhadija. Au rez-de-chaussée du café Imperijal, la vieille dame au chapeau bleu est à sa place habituelle. Elle vient tous les jours, vers 17 heures, prendre un thé. Elle connaît tous les clients, et tous la saluent d’un signe de tête en entrant. Moi aussi. Elle est francophone et me dit toujours « bonjour, monsieur » avec un pauvre sourire. Au premier étage, toutes les tables sont occupées, mais je n’ai pas de trop de mal à identifier l’homme que je dois retrouver ici. Près de la fenêtre donnant sur la rue, Henri Voraz ‒ car je suis sûr que c’est lui ‒ lit distraitement ce qui semble être un roman. Il n’a pas l’air étonné lorsque je prends place devant lui.
‒ Vous êtes bien le docteur Voraz, de l’OMS ?
‒ On ne peut rien vous cacher !
Je sais que je ne peux pas tout expliquer ce soir à Voraz. Ce serait un peu hâtif et imprudent, d’autant que nous n’avons pas encore reçu tous les renseignements nécessaires sur son compte.
‒ Torini m’a parlé de vous. Vous voulez nous rejoindre, c’est bien cela ?
Voraz range son bouquin et me regarde droit dans les yeux. Il a une cinquantaine d’années et semble à l’aise, équilibré.
‒ C’est bien cela. Vous savez cela fait pas mal d’années que je bourlingue. Pietro Torini a dû vous raconter cela. J’ai envie de sortir du cocon douillet dans lequel nous vivons, nous les expatriés de luxe. J’ai besoin d’autre chose et quand j’ai appris l’existence de votre groupe ‒ vous voyez, au moins je sais déjà qu’il faut parler du « groupe », pas d’autre nom en public ! ‒ je me suis dit que c’était peut-être pour moi…
‒ Vous devez savoir que si votre candidature est acceptée, vous serez un membre invisible et muet pendant un an. Une période probatoire, si vous voulez. Pendant tout ce temps, vous n’aurez aucun contact avec le groupe, vous ne recevrez aucun mail, aucun message, vous ne recevrez aucune information sur les actions financées par le groupe et bien entendu vous n’aurez aucun avis à donner sur les choix du groupe. Tout ce que vous aurez à faire, c’est de virer chaque mois les 5000 euros prévus sur un compte dont nous vous communiquerons les coordonnées. Et si au bout d’un an nous décidons de ne pas vous garder parmi nous, vous ne récupérerez pas votre argent, cela va de soi. Sur tous ces points vous aurez à donner votre accord par écrit. Est-ce que c’est clair pour vous ?
‒ Parfaitement clair. Torini m’avait expliqué tout cela. Ce que j’aimerais avoir, ce sont des détails supplémentaires sur les actions du groupe. Vous pourriez peut-être me donner quelques exemples précis ?
‒ Vous voulez peut-être aussi que je vous donne la liste complète de nos membres avec leurs coordonnées ? Non, docteur… Je suis désolé, mais nous ne vous connaissons pas encore assez pour cela.
‒ Mais quand même, j’aimerais savoir si je m’engage dans quelque chose d’illégal ou pas…
Nous y voilà.
‒ Parce que pour vous, si c’est illégal, c’est un problème ?
‒ Pas forcément. Mais j’estime normal de le savoir. Je ne suis pas un gamin. J’aime bien prendre mes responsabilités en connaissance de cause.
‒ Voraz, oui, parfois nous soutenons des opérations illégales. Il faut bien vous mettre dans la tête que nous ne sommes ni une ONG, ni un comité de bonnes œuvres… Et comme vous le savez, ce qui est illégal peut aussi être juste.
‒ Je suis bien d’accord là-dessus.
Torini avait raison : ce Voraz n’a pas l’air mal. Avant de quitter l’Imperijal, nous échangeons nos cartes de visite. Le médecin suisse me regarde en riant : « Et si vous êtes malade, surtout ne comptez pas sur moi. Il y a des années que je n’ai pas touché un stéthoscope ! »
La rue piétonnière est déjà pleine des couples et des bandes de jeunes qui déambulent bruyamment comme chaque soir. Je marche jusqu’à la fontaine de Bascarsija. Les inévitables militaires de la SFOR se font photographier devant la mosquée. Ce soir, ce sont en majorité des Hongrois. Est-ce qu’ils se disent qu’au temps de la cacanie, leurs a...

Table des matières

  1. Couverture
  2. 4e de couverture
  3. Copyright
  4. Titre
  5. Sarajevo
  6. Paris
  7. Sarajevo
  8. Kaboul
  9. Budapest
  10. Le Touquet
  11. Remerciements
  12. Table des matières