Le Caméléon
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Le Caméléon

Alexandre Le Breton des Chapelles, enfant perdu de la République (1780 - 1847)

  1. 312 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Le Caméléon

Alexandre Le Breton des Chapelles, enfant perdu de la République (1780 - 1847)

À propos de ce livre

Né à l'ombre de Versailles en 1780 et filleul de Louis XVI, Alexandre Le Breton des Chapelles est, par nature, aussi insaisissable qu'un caméléon. Si l'Histoire en a conservé la trace, le mystère pèse encore sur ce personnage haut en couleur qui traversa la Révolution et l'Empire, assumant un rôle de premier plan dans le Paris mondain de l'époque. Soldat, instigateur des émeutes de 1832, il fut également champion du monde des échecs et de whist, laissant son nom à ce jeu sous celui de coup "Deschapelles". Par sa flamboyance, acteur majeur de la vie parisienne durant une cinquantaine d'année, il a marqué les esprits de son temps.

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Informations

Année
2020
ISBN de l'eBook
9791030217728

Les ombres de l’Empire

Avec l’Empire qui s’installait et ses deuils derrière lui, la vie d’Alexandre des Chapelles allait prendre un nouvel essor. Son handicap, qui lui interdisait de jouer un rôle de combattant sur les champs de bataille, n’était pas pour autant insurmontable et il existait dans l’armée impériale de nombreuses possibilités de se recycler. Dans sa politique de réorganisation de l’armée, entreprise aussitôt après le coup d’état du 18 brumaire, Napoléon avait créé deux ministères, celui de la guerre et celui de l’administration de la guerre. Le premier s’occupait des « hommes », c’est-à-dire des troupes et le second des « moyens », c’est-à-dire de l’intendance. Mais à cette première vague de mesures, allait succéder une seconde réforme. Elle concernera le corps du commissariat des guerres, survivance de l’Ancien Régime. De là allaient naître deux corps distincts, celui des inspecteurs et celui des commissaires. Il leur reviendra plus tard la tâche de gérer l’armée de l‘Empire. Leurs tâches, définies par un ensemble de lois dont certaines remontaient à la période révolutionnaire, seront conservées. Elles étaient spécifiques pour chaque corps. La loi définissait ainsi de la façon suivante le rôle des commissaires de guerre « surveillance des approvisionnements en tout genre, tant aux armées que dans les places ; levée des contributions en pays ennemis ; la police des étapes et convois militaires ; les équipages des vivres, de l’artillerie et de l’ambulance ; les hôpitaux, prisons, corps de garde et autres établissements militaires ; les distributions de vivres, fourrage, chauffage, habillement et équipement ; la vérification des dépenses résultant de ces distributions et de toutes les autres dépenses excepté celles de la solde ». Une hiérarchie préétablie et structurée donnait bien sûr à ce corps toute sa cohérence. Elle se subdivisait en commissaires ordonnateurs en chefs, en commissaires ordonnateurs, en commissaires des guerres de première et de deuxième classe. C’était au titre d’adjoint aux commissaires des guerres qu’Alexandre allait rejoindre le sixième corps d’armée commandé par le maréchal Ney. Son grade d’officier subalterne-il était alors lieutenant- l’autorisait à intégrer cette fonction dans laquelle il allait faire ses premières expériences d’administrateur et de gestionnaire.
Il avait eu de la chance. Le maréchal Ney l’avait pris sous sa protection. Ce solide Lorrain, qui à travers les guerres de la Révolution avait gravi tous les échelons de la hiérarchie militaire jusqu’à devenir l’un des dix-huit maréchaux nommés lors de la proclamation de l’Empire, était devenu « Grand Aigle », équivalent de notre actuel grand-croix de la légion d’honneur. Comme Alexandre, il avait appartenu à l’armée du Rhin et avait servi sous les ordres de Kléber. Le futur duc d’Elchingen, sensible aux qualités d’intelligence de son protégé, l’emmènera avec lui dans la nouvelle campagne d’Allemagne, que venait d’orchestrer l’empereur. Alexandre n’était pas le seul membre de sa famille à avoir trouvé les grâces du bon maréchal, « le Brave des Braves » comme l’appellera l’empereur ou « crâne de tomates » comme le surnommeront méchamment ses soldats, en raison de la couleur rousse de sa chevelure.
À la même époque, le cousin d’Alexandre, Joseph de Pontalba, qui avait tout juste treize ans, venait de rentrer d’Espagne où il avait passé quelques années en compagnie de sa mère. Il était entré comme page au service de l’empereur. Il s’orientait lui aussi vers une carrière militaire et voulait intégrer un régiment de chasseurs à cheval. Son affectation sera due à celui qui était déjà son protecteur, le maréchal Ney. Visiblement, le charme et les qualités du jeune homme agissaient sur le duc d’Elchingen. Celui-ci ferait part en haut lieu de son intérêt pour le jeune Pontalba, qu’il désirait s’adjoindre comme aide de camp.
En 1815, alors que l’empire chavirait, le maréchal Ney, en prise aux vents étourdissants de l’Histoire, allait rallier les Bourbons, pour finalement rejoindre l’empereur durant les Cent-Jours. Le baron de Pontalba, conscient de la situation, offrira de l’accueillir en Louisiane, pour échapper à la police de Fouché. Elle traquait en effet les traîtres à Louis XVIII. Celui-ci, pour son malheur, déclinera la proposition. Il sera fusillé quelque temps plus tard place de l’Observatoire. De même, fidèle et féal de l’empereur qu’il avait soutenu dès les premiers temps du Consulat, Pontalba proposera au souverain déchu un asile sur ses propriétés de la Nouvelle-Orléans, ce qui eût été mille fois préférable à l’exil de Sainte-Hélène. Mais l’offre n’aura pas de suite…
Réseaux d’influence ou empathie naturelle. La question reste posée. Les deux cousins, des Chapelles et Pontalba, s’étaient attirés les faveurs d’un homme-clef de l’empire, le maréchal Ney, duc d’Elchingen. Ils en tireront tous les deux quelque profit dans un honnête rapport de fidélité et de loyauté à celui qui leur assurera protection et promotion.
Mais en attendant, la politique et la guerre allaient se charger de chambouler le destin de la France et de l’Europe. Comme c’est toujours le cas en pareille circonstance, les mouvements historiques influent sur les destinées individuelles, Alexandre des Chapelles sera concerné au premier chef. Pourtant, en cet été 1806 l’Europe paraissait en paix. L’Autriche avait désarmé, l’Angleterre tentait de trouver un compromis de paix avec la France et le royaume de Naples était occupé. Mais de l’autre côté du Rhin, le roi de Prusse, Frédéric-Guillaume III n’était pas tranquille. De façon tout à fait arbitraire et sans l’avoir prévenu, Napoléon avait disposé des vestiges du Saint-Empire qu’il comptait réorganiser en Confédération du Rhin. Cela n’était pas du tout du goût du roi de Prusse qui trouvait que le projet était beaucoup trop favorable à la France. En effet, Napoléon avait placé les principaux états qui la composaient sous protectorat français. De même, il voulait restituer à l’Angleterre le royaume de Hanovre, que la Prusse occupait, en échange de sa neutralité. Toutes ces considérations politiques et diplomatiques auront finalement raison de la bonne humeur de Frédéric-Guillaume III.
Durant toute la fin de l’été et le début de l’automne, la haine anti-française battait son plein dans les rangs des Prussiens. Excités par la reine Louise, les officiers supérieurs aiguisaient leurs sabres sur les marches de l’ambassade de France à Berlin. Frédéric-Guillaume III, au comble de l’excitation et au paroxysme de l’hystérie belliqueuse, ne cachait pas sa hargne « Pas besoin de sabres, les gourdins suffiront pour ces chiens de Français ». Le tsar Alexandre 1er et le roi de Prusse finiront par se rencontrer à Postdam, l’ancien fief du grand Frédéric II et jurèrent d’avoir raison des Français. Bientôt la Suède, la Saxe et l’Angleterre les rejoindront, avec le même désir d’anéantir la Grande Armée. Ce sera la quatrième coalition. Un ultimatum posé à l’empereur allait envenimer les choses. En effet, les forces coalisées lui avaient demandé de se retirer de la rive droite du Rhin. Evidemment, l’empereur n’obtempèrera pas à cette provocation qui mettra le feu aux poudres. L’invasion de la Prusse sera dès lors programmée.
Alexandre des Chapelles, dans l’ombre du maréchal Ney, s’était mis en route pour l’Allemagne septentrionale. Il avait d’abord stationné à Hambourg, l’une des grandes villes de la Hanse au moyen-âge. Sa tradition marchande et portuaire en avait fait une métropole renommée. C’était aussi une ville où l’on pouvait s’encanailler à peu de frais. Ses bordels étaient réputés et les rencontres avec des filles faciles se faisaient avec la plus grande aisance. Alexandre avait toujours aimé cette errance et cette liberté que facilitait la vie militaire. Cela faisait partie de l’armée, de ses mœurs, de l’ambiance virile qui y régnait. Dans l’anonymat d’une grande ville, il pouvait s’abandonner aux exigences de ses sens sans offenser quiconque. La chaleur lourde de l’été allemand l’y encourageait. Le dépaysement, les longues insomnies étaient la porte ouverte à tous les fantasmes du rêve et de l’esprit. Or, Alexandre n’en manquait pas. Il pouvait se perdre à loisirs dans les ruelles sombres et parfois sordides des quartiers qui conduisaient au port. Il était sûr qu’il y ferait quelque rencontre. Il ne craignait rien, ni le manque d’hygiène, ni les risques de syphilis. Il avait vingt-six ans. Il obéissait aux impératifs de sa libido. Nommé inspecteur des vivres aux armées de Prusse et de Pologne, il avait rejoint le 1er octobre les bases arrière de l’armée qui attendait les ordres.
Le 6 octobre, l’empereur envahissait la Prusse, avec derrière lui, cent-quatre-vingt mille hommes. On peut aisément imaginer la logistique mise en place pour assurer la vie quotidienne d’une armée d’une telle ampleur. Alexandre était au cœur de ce processus. Plusieurs fronts s’organisaient dont celui d’Iéna dirigé par Napoléon en personne. Les forces françaises l’assistaient. Elles comprenaient le quatrième corps de Soult, le cinquième de Lannes, le sixième de Ney et le septième d’Augereau. A ces différents corps s’étaient joints les effectifs de la garde impériale et la réserve de la cavalerie, soit environ soixante-cinq mille hommes. L’empereur pouvait également compter sur l’artillerie qui disposait de cent soixante-treize canons. La topographie des lieux compliquait les choses, mais les corps d’armée dirigés par Lannes, Augereau et Murat, parviendraient à se rendre maître d’un plateau où ils se trouveraient en position dominante. Surpris par l’ordre inattendu de Napoléon d’attaquer à l’aube du 14 octobre, les Prussiens avaient été pris au dépourvu. C’est alors que Ney interviendra, s’intercalant entre Lannes et Augereau. Au final, il s’avancera et se retrouvera au milieu des lignes adverses. Ney, qui avait appelé l’artillerie à la rescousse, prendra l’avantage sur la cavalerie du prince de Hohenlohe, général autrichien. Les pertes seront lourdes du côté des armées de la coalition, plus de douze mille hommes et de nombreux officiers supérieurs avaient été tués. Quatorze mille autres seront faits prisonniers. Le même jour, Davout remportait la bataille d’Auerstadt. Le succès était total pour l’empereur des Français.
L’armée prussienne, battue à plate couture, se rendra sans opposer la moindre résistance. Ce sera un véritable traumatisme pour le pays qui se trouvera plongé dans un profond désarroi. Le prince électeur de Saxe fera finalement allégeance à Napoléon et rejoindra la Confédération du Rhin. L’empereur n’était pas ingrat. Le prince électeur coiffera bientôt la couronne de Saxe. Trois semaines plus tard, le 27 octobre, Napoléon entrera triomphalement dans Berlin à la tête de ses troupes. Pendant ce temps, Murat et Ney mettront un terme aux dernières hostilités et captureront ce qui pouvait encore l’être. Le 30 novembre, l’armistice sera scellé. Le 9 juillet suivant, le second traité de Tilsit réglait le sort de la Prusse. Condamnée à une lourde indemnité de guerre, elle perdra la moitié de son territoire. La défaite était cuisante. Les répercussions psychologiques seront immenses. Humiliée, vaincue, consciente de ses archaïsmes, mais aussi fascinée par les prouesses militaires de l’ennemi, la Prusse, déstabilisée dans ses certitudes, allait désormais chercher de nouveaux modèles. Elle les trouvera dans l’ambivalence que lui procurera le modèle français, une haine nourrie à son égard doublée de l’admiration qu’elle éprouvait pour le libéralisme français. Le nationalisme allemand naîtra de cette expérience douloureuse. Il conduira à son unité et à la guerre de 1870. Alors que l’empire allemand était proclamé à Versailles en 1871, Bismarck lui-même s’esclaffera « Sans Iéna, pas de Versailles ». La bataille avait en effet marqué tous les esprits. Le philosophe Hegel qui enseignait à cette époque à l’université de la ville écrira « J’ai vu l’empereur, cette âme du monde, sortir de la ville pour aller en reconnaissance ; c’est effectivement une sensation merveilleuse de voir un pareil individu qui, concentré en un point, assis sur un cheval, s’étend sur le monde et le domine. »
Alexandre, qui était à l’inspection des vivres, n’avait pas suivi les évènements en direct. Basé avec les lignes arrière, en dehors du champ des hostilités, il avait eu vent du déroulement des évènements par quelque messager venu du front apporter des nouvelles à l’Intendance. Son rôle n’était pas des plus faciles. Il devait prévoir, coordonner, gérer. Cela se faisait dans des conditions souvent précaires et difficiles. Il fallait, avant tout, assurer la vie matérielle des troupes. Le règlement prévoyait que les soldats recevaient des vivres selon un protocole précis. Toutefois dans la réalité, les choses étaient différentes. En effet, afin d’être efficace et opérationnelle l’armée devait avancer rapidement. Le soldat devait être léger, donc son chargement réduit au minimum. Cela entraînait un autre type de gestion. Les troupes étaient nourries sur place, c’est-à-dire dans les pa...

Table des matières

  1. Couverture
  2. 4e de couverture
  3. Copyright
  4. Titre
  5. Dedicace
  6. Avant-propos
  7. Sans sépulture
  8. À Ville-d’Avray
  9. En Louisiane
  10. Mariage
  11. À Versailles
  12. À Brienne
  13. La fin d’un monde
  14. Dans les armées de la Révolution
  15. De retour à Paris : l’apprentissage des Échecs
  16. Honneur et service
  17. Outil de l’hégémonie impériale : la Grande Armée
  18. Une logistique au service d’un grand dessein
  19. Les ombres de l’Empire
  20. Le piège espagnol
  21. Le bout du tunnel
  22. Le roi des échecs
  23. Le roi du whist
  24. Les mille visages d’un homme
  25. La cause du lys
  26. Les derniers feux
  27. Bibliographie
  28. Remerciement
  29. TABLE DES MATIÈRES