Troisième partie
Processus de guérison
1.
Qu’est-ce que le burn out ?
Burn out = Syndrome d’épuisement professionnel.
Le mot burn en anglais veut dire « brûler ». Vous avez l’impression que votre corps se consume à l’intérieur alors que cela ne se voit pas forcément à l’extérieur. C’est un état d’épuisement émotionnel, physique et mental suite à une exposition à des conditions de travail trop exigeantes émotionnellement. Le burn out est le résultat de tout un processus de dégradation du vécu au travail, révélant un profond malaise. Le stress grandissant va dégrader les conditions de travail et avoir des conséquences sur la santé.
Permettez-moi de vous informer de la métaphore qu’a suscité en moi Notre-Dame de Paris en feu. Quand lundi 15 avril 2019, je découvre cette image de l’embrasement de Notre-Dame vue d’un drone, cela m’a fait un choc d’autant que, quelques minutes plus tôt, vue du parvis, Notre-Dame avec ses deux grandes tours et son enceinte intacte, tout semblait normal alors que tout brûlait à l’intérieur. Eh bien, le burn out, c’est exactement cela : la personne qui en souffre, vue de l’extérieur, est d’une apparence habituelle alors que tout est « cramé à l’intérieur ».
J’irai encore plus loin dans l’analyse : le lendemain matin, j’entends à la radio Stéphane Bern, qui se bat depuis des années pour notre patrimoine avec les moyens qu’on veut bien lui donner. Il disait avec des sanglots dans la voix : « Quand je pense qu’il faudra 40 ans de travaux pour reconstruire à l’identique, je crains de ne plus être de ce monde pour la revoir comme avant… ». Mais avec l’avalanche de dons qui sont tombés dans la journée pour sa reconstruction, voilà que le président de la République a l’audace d’imaginer que 5 ans suffiront. Pour le burn out, c’est pareil, il y en a pour qui cela prend 10, 15 ou 20 ans (ou jamais) pour s’en remettre mais si déjà le burn out était reconnu en devenant une cause nationale et priorité ministérielle pour tout le monde du travail, alors là, peut-être que l’on pourrait guérir du burn out en quelques mois (au lieu de plusieurs années), donc plus vite et plus durablement.
Le salarié fera tout pour tenir bon jusqu’à ce que son corps dise stop, mais son mental tentera l’impossible. C’est pour cela qu’il ira jusqu’au bout, sans se rendre compte de sa déchéance progressive. Et tout cela peut se concrétiser par une violente crise d’angoisse, un AVC, un problème cardio-vasculaire sur le lieu de travail qui sera la réponse du corps qui n’en peut plus. Ce qui est fou, c’est que quand votre ordinateur rame, on le laisse faire pour que la page demandée s’ouvre, même si cela prend un certain temps, voire un temps certain. Par contre, le salarié, on ne lui laisse même pas le temps de chercher l’info : il doit être opérationnel dans la seconde.
Les conditions dans lesquelles nous travaillons peuvent sembler normales car tout le monde y est confronté à un moment ou un autre, tels que les incivilités entre collègues, les conflits interpersonnels, le manque de respect, de reconnaissance, se sentir rabaisser, inutile… Mais tout cela devient anormal quand vous le vivez comme une violence subie et une pression psychologique. Bien souvent, le harcèlement moral s’installe insidieusement à travers :
- des conflits au quotidien : moqueries, railleries…
- des comportements hostiles : ni bonjour, ni merci, consignes floues, rétention d’informations…
- un climat social tendu, avec son lot de comportements toxiques qui progressent : réunion planifiée quand certains sont absents, privation de promotion interne ou reconnaissance (prime) ;
- isolement de certains collègues avec le sentiment de mise à l’écart, mise au placard, d’être pestiféré…
- des collègues qui font parler le souffrant de ses doutes, de ses difficultés voire de sa vie privée pour pouvoir après encore mieux s’en servir pour l’enfoncer encore plus. Bien souvent, ces informations sont transformées et finissent par se retourner contre le salarié en souffrance.
Il s’avère que chaque individu n’a pas le même niveau de résistance mentale, psychologique et émotionnelle aux facteurs de stress que l’on perçoit. Il faut alors puiser dans sa réserve d’énergie nerveuse.
*
Voici une liste des symptômes qui doivent vous alerter :
- fatigue : excessive, permanente, psychique, se sentir las, épuisé, usé, au bout du rouleau…
- stress : ralentissement flagrant, anxiété, idées noires, rumination, dépression…
- sentiments : tristesse importante, perte d’intérêt, culpabilité, irritable, impatient, agacé, dépassé, submergé, inutile, en panique, phobie sociale, frustration, détresse…
- appétit : perte ou excès d'appétit, grignotages, maladies gastriques, vomir en partant au travail…
- sommeil : insomnie, difficulté à se rendormir, cauchemar, réveil en pleine nuit, troubles du sommeil, hypersomnie, sueurs nocturnes, retour en boucle des humiliations de la journée…
- troubles cognitifs : attention saturée, erreurs à répétition, concentration difficile, difficultés à « imprimer » ce qu’il y a à retenir, du mal à trouver ses mots, trouble de la mémoire, sursaut au moindre bruit, ne supporte plus les cris…
- troubles physiques : maux de tête, mal à la nuque, mal partout, malaises, se sentir dans un étau, troubles de la vue, perte de l’équilibre, boule au ventre, crise d’angoisse, crises de larmes, perte de conscience, tension trop élevée ou trop basse…
- troubles psychiques : perte de l’estime de soi, dévalorisation, culpabilité, colère, peur, découragement, frustration, se justifier en permanence, perte de ses compétences…
La vie privée se trouve parasitée, impactée par la vie professionnelle destructrice et l’entourage finit aussi par en souffrir (conjoint, enfants). Il pense pouvoir s’en sortir seul et gérer seul en essayant de sauver les apparences sans demander de l’aide extérieure. Il va aussi inconsciemment se refermer sur lui-même, comme une huître, et pensera : « Comme j’aimerais hiberner quelque temps », car les temps de repos tels que les RTT, les week-ends et les vacances ne reposent même ...