Les disparues d'Asie
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Les disparues d'Asie

  1. 238 pages
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Les disparues d'Asie

À propos de ce livre

Ce document dĂ©crit la discrimination dont sont victimes les femmes et les filles en Chine et en Inde, pays qui pratiquent la sĂ©lection prĂ©natale selon le sexe, l'infanticide des filles ou leur abandon. Il nous rĂ©vĂšle la triste situation des femmes et des fillettes abandonnĂ©es en comparant la situation socio-Ă©conomique de ces deux pays, profondĂ©ment influencĂ©s par les croyances religieuses. Nourrissons et jeunes enfants ont enrichi la corruption liĂ©e Ă  la florissante industrie de l'adoption. L'auteur dĂ©nonce l'envers des pratiques d'adoption et d'esclavage, ainsi que le trafic d'enfants, le mariage infantile, le travail des enfants, la prostitution juvĂ©nile.Ce livre reprĂ©sente aussi un vigoureux message pour les sociĂ©tĂ©s d'Inde et de Chine, leur signalant que la « disparition » des filles dans leur pays a provoquĂ© un dĂ©sĂ©quilibre de genre difficile Ă  rĂ©soudre dont les consĂ©quences pourraient ĂȘtre catastrophiques. Il pourra ĂȘtre utile aux politiciens, aux organisations responsables de la protection des femmes, aux ONG et Ă  tous ceux impliquĂ©s dans l'amĂ©lioration de la condition fĂ©minine dans le monde.

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Informations

CHAPITRE III
Exploitation des enfants
dans la société indienne

Le patriarcat en Inde
Au cours des siĂšcles, les femmes et leurs progĂ©nitures ont Ă©tĂ© en Inde victimes du patriarcat. Le karma, sanctifiĂ© par l’hindouisme et lĂ©gitimĂ© par Manu, voulait que la femme soit prĂ©disposĂ©e Ă  une condition d’esclave, alors que l’homme Ă©tait comparĂ© Ă  un saint, vĂ©nĂ©rĂ© dans cette vie et dans l’autre. D’aprĂšs Manu, un homme peut conquĂ©rir le monde s’il devient pĂšre d’un fils et l’éternitĂ© s’il devient grand-pĂšre d’un fils, et s’il devient arriĂšre grand-pĂšre d’un fils, il connaĂźtra un bonheur Ă©ternel (Prabhu 242). Le rĂŽle subalterne de la femme saute aux yeux dans le domaine privĂ© et professionnel de toutes les communautĂ©s : elle doit constamment lutter pour affirmer son aspiration Ă  l’égalitĂ©. L’Inde devient chaque jour plus consciente de la disparitĂ© entre les sexes et entre les castes et ce sera Ă  travers l’éducation et la promulgation de lois que le pays pourra rĂ©soudre les flagrantes inĂ©galitĂ©s que subissent les femmes et leurs filles. À cet Ă©gard, Charles Fourier a signalĂ© que l’on peut estimer le niveau d’une civilisation par la position sociale et politique de ses femmes. Si cela est vrai, on ne peut qu’espĂ©rer que les femmes puissent retrouver la position qui Ă©tait la leur dans l’Inde ancienne, tout comme elle l’était d’ailleurs dans la Chine ancienne. Les mouvements fĂ©ministes et les nombreuses associations qui dĂ©fendent les droits des femmes comme SEWA se consacrent Ă  pourvoir aux besoins et aux exigences de nombreuses femmes Ă  travers tout le pays. Ainsi, grĂące aux programmes d’alphabĂ©tisation et d’aide financiĂšre, les femmes rĂ©ussissent Ă  amĂ©liorer peu Ă  peu leur condition et amĂšnent la prochaine gĂ©nĂ©ration Ă  une prise de conscience en crĂ©ant les conditions d’une rĂ©elle amĂ©lioration de leur qualitĂ© de vie.
Il y a diffĂ©rentes thĂ©ories dĂ©crivant la naissance du systĂšme des castes en Inde, toutefois on suppose qu’il naquit avec les colonisateurs Aryens Ă  la peau claire et aux traits fins de la pĂ©riode vĂ©dique qui, arrivĂ©s aux alentours de 1500 av.J.-C. par le nord de l’Inde Ă  travers les montagnes de l’Hindou Koush, envahirent le pays durant deux siĂšcles ; on prĂ©sume que c’est alors qu’ils formulĂšrent la thĂ©orie des Varna. Ces conquĂ©rants aryens parlant le sanskrit venaient du sud de l’Europe ou du nord de l’Asie ; d’aprĂšs les VĂ©das35, ils Ă©taient agressifs et protĂ©gĂ©s par des divinitĂ©s comme Agni, le dieu du feu, sacrificiel ou Indra, le dieu de la foudre. Il semble qu’ils arrivĂšrent en Inde sur des chars tirĂ©s par des chevaux et qu’ils Ă©crasĂšrent les peuplades indigĂšnes appelĂ©es, Ă  cause de leur peau sombre, dasa ou dasyus dans les VĂ©das et dans le Manusmrti36. Les Aryens soumirent ces populations appartenant aux sociĂ©tĂ©s dravidiennes antĂ©rieures de la vallĂ©e de l’Indus et du Punjab et Ă©tendirent leurs conquĂȘtes jusqu’aux plaines de Delhi. DĂšs lors, ces dasa primitifs Ă  la peau foncĂ©e et au nez Ă©patĂ© furent rĂ©duits en esclavage ou asservis, Ă  moins qu’ils ne rĂ©ussissent Ă  fuir dans les montagnes ou dans la jungle, en tous cas vers le sud.
Bien vite, les conquĂ©rants vĂ©diques semi-nomades constituĂšrent la structure de ce nouveau monde qu’ils avaient occupĂ© dans le but de renforcer leur domination liĂ©e Ă  la puretĂ© de leur race pour la perpĂ©tuer. Le systĂšme des castes qu’ils avaient mis en place s’accordait parfaitement avec leur religion, car la thĂ©orie des Varna Ă©tait partie intĂ©grante des textes vĂ©diques. D’aprĂšs le Purusha Sukta, l’un des derniers hymnes du Rig VĂ©da37, aprĂšs le sacrifice de Purusa38 accompli par les dieux, c’est des diffĂ©rentes parties de son corps que proviennent les quatre varnas : les Brahmanes de ses mille tĂȘtes, les Kshatriyas de ses bras, les Varshyas de ses cuisses, et les Sudras de ses pieds ; la hiĂ©rarchie des castes Ă©tant dĂ©terminĂ©e par l’ordre dĂ©croissant des organes. De la mĂȘme maniĂšre, les chants vĂ©diques trouvent leur origine dans son sacrifice.
La sociĂ©tĂ© indienne a Ă©voluĂ©, fragmentĂ©e en quatre groupes hiĂ©rarchiques : d’abord les Brahmanes, des religieux et des savants, suivis par les Kshatriyas, des guerriers, des nobles et des politiciens ; puis, il y a les Varshyas, des paysans et des marchands et enfin, tout au bas de l’échelle, les Shudras, des serviteurs rĂ©tribuĂ©s, qui Ă©taient jadis des agriculteurs, des Ă©leveurs ou des artisans dont le premier devoir Ă©tait de servir les castes supĂ©rieures qui ne reprĂ©sentaient alors, comme de nos jours d’ailleurs, que 15 % de la population. Ces quatre varnas Ă©taient nommĂ©s savarna. Les Intouchables par contre, appelĂ©s avarna ce qui signifie sans caste, restaient en-dehors du systĂšme : on les jugeait impurs, exerçant des mĂ©tiers polluants ; ils Ă©taient chargĂ©s de la crĂ©mation ou de l’entretien des latrines, ou bien c’étaient des porteurs de cadavres, des Ă©boueurs, des cordonniers ou des balayeurs de rue.
Les membres des trois plus hautes castes se nommaient aussi des dvijas ou « deux-fois-nĂ©s ». Un jeune membre de ces castes, Ă  l’ñge de huit, onze ou douze ans, renaĂźt, mais spirituellement ; on lui remet le fil sacrĂ©39 et on l’initie aux mystĂšres de l’hindouisme ; il aura alors accĂšs Ă  l’étude des VĂ©das et des autres textes sacrĂ©s.
Les femmes, quelle que soit leur caste, tout comme les Shudras et les Intouchables, restent des “une-fois-nĂ©es” ; selon la tradition, elles n’auront accĂšs ni aux textes sacrĂ©s ni aux accessoires liĂ©s Ă  la religion. Elles n’avaient autrefois mĂȘme pas la possibilitĂ© d’espĂ©rer une meilleure condition aprĂšs la rĂ©incarnation. Car d’aprĂšs Manu :
XI. 36-37. Une femme n’est pas autorisĂ©e Ă  accomplir les oblations prescrites par les VĂ©das. Si elle le fait, elle ira en enfer.
L’hindouisme a toujours considĂ©rĂ© les femmes moins pures que les hommes tout simplement parce que l’idĂ©e de souillure a toujours Ă©tĂ© liĂ©e aux menstruations, Ă  l’accouchement et d’une certaine maniĂšre aussi au veuvage. Toutefois, dans les castes les plus basses, il n’y a jamais eu vraiment de distinction entre puretĂ© et impuretĂ©, les femmes Ă©tant forcĂ©es de travailler pour gagner leur vie, contrairement aux femmes des castes les plus hautes. Qu’elles travaillent dans les champs, comme sage-femmes, comme femmes de mĂ©nage, ou dans des lieux de traitement des ordures pour ne citer que quelques exemples, on considĂšre qu’elles sont plus exposĂ©es Ă  la pollution.
Autrefois, avant les lois de Manu, non seulement les femmes pouvaient choisir leur mari et si elles Ă©taient veuves elles pouvaient se remarier, mais en plus elles Ă©taient profondĂ©ment respectĂ©es dans la sociĂ©tĂ©. On a vu Ă  travers les Shranta Sutras que les femmes, tout comme les hommes, rĂ©pĂ©taient les mantras des VĂ©das et qu’on leur enseignait comment les lire. Elles frĂ©quentaient les Ă©coles, finissant mĂȘme parfois Ă  enseigner les VĂ©das Ă  leurs Ă©lĂšves filles. On apprĂ©ciait leur aptitude Ă  dĂ©battre avec l’autre sexe sur tous les sujets, y compris la religion, la philosophie ou la mĂ©taphysique. Ambedkar, le cĂ©lĂšbre leader des Intouchables, estimait que ces lois qui neutralisaient les femmes et les Sudras leur avaient Ă©tĂ© imposĂ©es car il s’agissait des deux principaux groupes qui, Ă  l’époque de la domination aryenne, cherchaient refuge dans la foi bouddhiste et il fallait donc les contrĂŽler car ils menaçaient la religion brahmanique.
Si l’on Ă©tudie de plus prĂšs les lois du ManuSmriti, on comprend mieux dans quelle mesure les femmes Ă  tout Ăąge ont Ă©tĂ© dĂ©valorisĂ©es et doivent lutter pour obtenir Ă  nouveau respect et paritĂ©. C’est chez les Intouchables et les Sudras qu’elles sont le plus vulnĂ©rables, se trouvant au bas de l’échelle sociale, Ă©conomique et religieuse. D’aprĂšs les lois :
II. 213. Il est dans la nature du sexe fĂ©minin de chercher ici-bas Ă  corrompre les hommes, et c’est pour cette raison que les sages ne s’abandonnent jamais aux sĂ©ductions des femmes.
II. 214. En effet une femme peut en ce monde Ă©carter du droit chemin, non seulement l’insensĂ©, mais aussi l’homme pourvu d’expĂ©rience et le soumettre au joug de l’amour et de la passion.
En un mot, Manu a dĂ©crit les femmes comme des tentatrices diaboliques et sĂ©ductrices ayant une influence nĂ©faste sur les hommes. Il faut donc les tenir en captivitĂ© et les priver de toute autonomie. En plus d’ĂȘtre asservies Ă  leur pĂšre, leur mari ou leurs fils, Manu a ajoutĂ© que :
V. 147. Une petite fille, une jeune femme, une femme avancĂ©e en Ăąge ne doivent rien faire suivant leur propre volontĂ©, mĂȘme dans leur maison.
V. 149. Pendant son enfance, une femme doit dĂ©pendre de son pĂšre et pendant sa jeunesse, de son mari ; son mari Ă©tant mort, elle dĂ©pendra de ses fils ; si elle n’a pas de fils, des proches parents de son mari, ou, Ă  dĂ©faut, de ceux de son pĂšre ; si elle n’a pas de parents paternels, du souverain ; une femme ne doit jamais se gouverner Ă  sa guise.
De plus, les femmes n’avaient pas le droit de divorcer.
Selon Manu, une femme Ă©tait en fait une appendice de l’homme, c’est-Ă -dire totalement contrĂŽlĂ©e par lui. À propos du divorce, il faut prĂ©ciser qu’un homme mariĂ© continuait d’ĂȘtre libre, ce n’est que la femme qui Ă©tait liĂ©e Ă  son mari, devenant Ă  tous les effets l’esclave de son mari.
IX. 46. Une femme ne peut ĂȘtre affranchie de l’autoritĂ© de son Ă©poux, ni par vente, ni par abandon [
]
Comme elle appartenait Ă  son Ă©poux, que celui-ci la rĂ©pudie ou la vende, elle restait liĂ©e Ă  lui pour toujours et ne pouvait jamais, d’aprĂšs la loi, devenir la femme lĂ©gitime d’un autre homme mĂȘme s’il l’avait achetĂ©e. Selon le ManuSmriti, une Ă©pouse devenait une esclave Ă  tous les effets :
VIII. 416. Une Ă©pouse, un fils et un esclave sont dĂ©clarĂ©s par la loi ne rien possĂ©der par eux-mĂȘmes ; tout ce qu’ils peuvent acquĂ©rir, est la propriĂ©tĂ© de celui dont ils dĂ©pendent.
D’aprĂšs le ManuSmriti, le mari Ă©tait mĂȘme autorisĂ© Ă  battre sa femme :
VIII. 298. Une femme, un fils, un domestique, un Ă©lĂšve, un frĂšre du mĂȘme lit, mais plus jeune, peuvent ĂȘtre chĂątiĂ©s, lorsqu’ils commettent quelque faute avec une corde ou une tige de bambou.
Pour conclure, Manu a enfermĂ© les femmes, surtout celles des castes les plus basses dans un systĂšme patriarcal sanctionnĂ© par la religion dans lequel l’époux, souvent bigame, Ă©tait son Dieu :
V. 154. MĂȘme si la conduite de son Ă©poux est blĂąmable et qu’il se livre Ă  d’autres amours, mĂȘme s’il est dĂ©pourvu de qualitĂ©s, une femme vertueuse doit constamment le rĂ©vĂ©rer comme un Dieu.
Des siÚcles plus tard, les femmes en Inde, surtout celles des castes les plus basses, luttent sans relùche pour se libérer des entraves de Manu.
Cette admiration forcĂ©e pour les hommes, entĂ©rinĂ©e dĂšs l’époque de Manu, apparaĂźt aussi dans certaines coutumes religieuses des Dalits. Par exemple, les femmes mariĂ©es de la communautĂ© des mahars, l’une des castes les plus basses, doivent jeĂ»ner deux fois par an pour assurer le salut de leur Ă©poux ; elles cĂ©lĂšbrent leVat Savitri vers le mois de mai ou de juin en faisant sept fois le tour d’un bananier, arbre de culte, avec un cordon sacrĂ© “bĂ©nissant sept fois la chance d’ĂȘtre mariĂ©e avec le mĂȘme mari”.
Un article paru en 2010 dans l’Economist se rĂ©fĂ©rait Ă  la prĂ©dominance masculine de la population comme Ă©tant le rĂ©sultat d’un “fĂ©minicide dĂ» aux avortements des bĂ©bĂ©s de sexe fĂ©minin. Les motifs sont purement Ă©conomiques : non seulement les salaires des hommes sont supĂ©rieurs Ă  ceux des femmes mais en plus, ni l’Inde ni la Chine n’ont de plan de retraite universelle et c’est aux fils de pourvoir aux besoins de leurs vieux parents. Ils hĂ©ritaient en fait les affaires et la fortune de la famille. Autrefois, seules les familles de sang royal observaient les rĂšgles de primogĂ©niture et, dans le reste de la sociĂ©tĂ©, les fils se partageaient l’hĂ©ritage Ă  part Ă©gale. Bien que de nos jours, tout comme en Chine, les filles aient droit Ă  l’hĂ©ritage, il leur faut souvent bien du courage pour dĂ©fendre leurs droits auprĂšs des tribunaux. Il y a une vingtaine d’annĂ©es le prix d’une Ă©pouse fut substituĂ© par la dot : les femmes reprĂ©sentĂšrent alors un fardeau financier vu qu’elles signifiaient une dot et les frais d’un mariage, payĂ© en gĂ©nĂ©ral par leurs parents. Toutes proportions gardĂ©es, on s’attend souvent Ă  une dot assez substantielle : dans les hautes classes plus riches et cultivĂ©es, les parents sont supposĂ©s acheter une affaire ou un appartement parfois mĂȘme une voiture au futur mariĂ©. Dans les castes les plus basses, plus pauvres et peu instruites, les parents peuvent par exemple donner une contribution pour l’instruction du futur Ă©poux ou bien offrir des bijoux ou du bĂ©tail. Pendant ce temps-lĂ , la jeune fille vit avec sa future belle-famille et n’aide pas ses parents. On a pu compter Ă  Delhi, entre l’an 2000 et 2005 jusqu’à soixante-six “dĂ©cĂšs de dot” : l’épouse Ă©tait assassinĂ©e par sa belle-famille qui estimait sa dot insuffisante. Ces “dĂ©cĂšs de dot” sont plus frĂ©quents dans les hautes castes et on observe par contre de nombreux suicides ou de nombreuses tentatives de suicide chez les futures Ă©pouses Harijan. Souvent, ces jeunes mariĂ©es s’aspergent de kerosĂšne et mettent le feu. Lorsqu’on les emmĂšne Ă  l’hĂŽpital, elles dĂ©clarent en gĂ©nĂ©ral que leurs brĂ»lures sont le rĂ©sultat d’un accident domestique. Quoique trĂšs nombreux, ces dĂ©cĂšs ne sont en gĂ©nĂ©ral pas enregistrĂ©s.
Vu l’augmentation des avortements fĂ©minins, le gouvernement a approuvĂ© en 1994, la loi PSPNDT (Pre-Natal Diagnostic Techniques Act) visant Ă  interdire les tests Ă  ultrasons Ă  huit dollars permettant de connaĂźtre ...

Table des matiĂšres

  1. Couverture
  2. 4e de couverture
  3. Copyright
  4. Titre
  5. Dédicace
  6. PRÉFACE
  7. CHAPITRE I : Politique de l’enfant unique, disparitĂ© de genre et abandon des nourrissons dans la sociĂ©tĂ© chinoise
  8. CHAPITRE II : Orphelinats et adoption en Chine : procédures et difficultés
  9. CHAPITRE III : Exploitation des enfants dans la société indienne
  10. CHAPITRE IV : Les adoptions en Inde et l’aide des organismes privĂ©s
  11. CONCLUSION
  12. BIBLIOGRAPHIE
  13. TABLE DES MATIÈRES