Moi, Ivo, victime de guerre
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Moi, Ivo, victime de guerre

  1. 124 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Moi, Ivo, victime de guerre

À propos de ce livre

Ivo Magalhaes est l'homme qui s'est retrouvĂ© bien malgrĂ© lui sur la route de ChĂ©rif et SaĂŻd Kouachi au lendemain des attentats perpĂ©trĂ©s chez Charlie-Hebdo. Dans leur fuite, les deux frĂšres, recherchĂ©s par toutes les polices de France, s'arrĂȘtent Ă  une station service pour se ravitailler.Quatre minutes qui dĂ©cideront du destin du jeune employĂ© de la station service, seul prĂ©sent, avec un touriste allemand, durant cette matinĂ©e du 8 janvier 2015. PassĂ© l'Ă©tat de sidĂ©ration, l'incomprĂ©hension demeure: pourquoi lui? Et, surtout, pourquoi n'a-t-il pas Ă©tĂ© pris en charge par les autoritĂ©s? Pourquoi n'a-t-il pas bĂ©nĂ©ficiĂ© d'un soutien psychologique, au mĂȘme titre que d'autres victimes? LaissĂ© pour compte, Ivo Magalhaes s'exprime pour la premiĂšre fois sur cet Ă©vĂ©nement. Un tĂ©moignage unique, Ă  l'heure oĂč rĂ©sonne le sinistre rappel des heures sombres que la France a traversĂ©es depuis 2015.

Foire aux questions

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Informations

Éditeur
Fauves editions
Année
2019
ISBN de l'eBook
9791030217162

1.

Présentation

Je m’appelle Ivo. J’ai 35 ans. Je suis manager d’une station-service aux alentours de Villers-CotterĂȘts. D’origine portugaise, nĂ© en France, j’ai Ă©tĂ© Ă©levĂ© dans mes traditions d’origine. Elles comportent encore un certain nombre de valeurs, dont « le respect de l’autre ».
D’un naturel enjouĂ©, le sourire toujours aux lĂšvres, j’aime faire la fĂȘte avec mes potes. La fĂȘte, oui, bien sĂ»r, mais sans les dĂ©bordements causĂ©s par l’alcool ou l’usage de drogues de toutes sortes. Ainsi, je profite de chaque instant prĂ©sent.
 
Je suis plutĂŽt conciliant, et paisible par nature. Je ne suis pas pour la violence. Je suis profondĂ©ment convaincu que l’on ne peut se dĂ©velopper que dans le calme et l’entente.
Mais le dĂ©veloppement du terrorisme en France a considĂ©rablement altĂ©rĂ© les conditions de vie et les relations avec les autres. Certes, les conflits sont toujours possibles, mais c’est justement la diffĂ©rence entre les hommes et les animaux qui permet, en usant d’intelligence et de raisonnement, d’aboutir Ă  des conciliations, afin de pouvoir vivre en bonne harmonie.
 
Les Ă©vĂ©nements qui se sont produits dans ma vie m’ont prouvĂ© la contradiction qui existe entre ce que je pense et la rĂ©alitĂ©.
Ce que je pense, c’est le fait de rencontrer tous les jours, à travers mon travail, ma clientùle, et dans ma vie personnelle, des gens de tous horizons, avec lesquels il fait bon discuter en toute confiance.
La rĂ©alitĂ©, c’est celle dans laquelle je me suis retrouvĂ©, plongĂ© Ă  mon corps dĂ©fendant, dans une situation quasi-irrĂ©elle, dramatique, et traumatisante, et qui pourrait faire croire que la vie entre nous est impossible.
Ces minutes, qui m’ont paru ĂȘtre des heures, m’ont marquĂ© pour tout le reste de ma vie. Je suis devenu un autre homme. J’ai perdu ma joie de vivre, tout au moins, je ne suis plus insouciant. Lorsque je me retrouve Ă  l’extĂ©rieur au milieu d’une foule, mon premier instinct est de rechercher toutes les issues possibles, pour une Ă©chappatoire Ă©ventuelle. Je ne redoute rien de particulier, mais je reste nĂ©anmoins sur le qui-vive. Et encore, j’ai Ă©normĂ©ment progressĂ©, car les trois premiĂšres annĂ©es qui ont suivi cet Ă©pisode de ma vie, j’ai souffert d’une agoraphobie intense. Je ne supportais plus de me retrouver au milieu d’un groupe de personnes. Cela ne dĂ©pendait pas forcĂ©ment du nombre, mais aussi des Ă©lĂ©ments qui pouvaient renforcer ce sentiment : c’était la dimension des lieux, petits ou grands, et le bruit ambiant, plus ou moins intense. Un coup de klaxon intempestif, des bruits de pĂ©tards, tout ce qui avait une connotation d’armes Ă  feu, me faisait sursauter, tressaillir, et devenir nerveux.
Aujourd’hui, j’ai l’impression de renaĂźtre. J’ai fait la connaissance de celle qui est devenue ma conjointe deux mois aprĂšs les Ă©vĂ©nements de la station, en mars 2015. Elle n’a cessĂ© de m’aider Ă  remonter la pente. Durant cette pĂ©riode, et malgrĂ© des passages trĂšs difficiles, elle a toujours Ă©tĂ© prĂ©sente. Elle reprĂ©sente une grande part de ma reconstruction. Je reprends goĂ»t Ă  la vie. Je me surprends Ă  sourire, Ă  rire parfois.
Je suis devenu un nouvel Ivo.

2.

Face-Ă -face avec les frĂšres Kouachi

Jeudi 8 janvier 2015 – 9 h 26.
C’est Ă  cet instant que ma vie a basculĂ©.
Pris par mon activitĂ© (je finissais d’encaisser un client), je les ai vus arriver un peu tard, juste averti par le bip d’ouverture de la double porte coulissante.
Devant moi, deux hommes en tenue commando, sans cagoule, armes Ă  la main, de type kalachnikov, et mĂȘme, pour l’un d’entre eux, un bazooka dans le dos.
Mon client Ă©tait sur le point de partir et s’est trouvĂ© face Ă  face avec les deux frĂšres qui, sans le toucher, lui ont fait signe de reculer. Mais, devant autant d’armes, je crois que n’importe quel homme aurait sagement reculĂ©.
Il est retournĂ© lĂ  oĂč il avait consommĂ©, s’est rassis, en se recroquevillant sur son tabouret, la tĂȘte posĂ©e sur le comptoir entre ses deux mains Ă  plat.
Mon regard balaie le premier de bas en haut. J’aperçois, pendant quelques secondes, des chaussures assez Ă©paisses, des sortes de rangers. Je crois, sur le moment, avoir Ă  faire Ă  des forces de police ou de gendarmerie. Puis mon regard poursuit sa remontĂ©e, apercevant tout un Ă©quipement qui me fait penser le contraire.
En une fraction de seconde, mon regard se fixe sur les fusils d’assaut et là, je comprends que c’est autre chose.
La tĂ©lĂ©vision diffusait en continu des portraits de personnes recherchĂ©es pour les Ă©vĂ©nements de Charlie-Hebdo survenus la veille : des portraits des supposĂ©s-terroristes. Mais en aucun cas je n’aurais imaginĂ© que nos routes puissent se croiser.
Le premier contact, qui m’apparaĂźt comme un vĂ©ritable face Ă  face, est pour moi, assez complexe. Mon corps a rĂ©agi d’une façon, et mon cerveau d’une autre. Mon corps s’est protĂ©gĂ© en se repliant sur lui-mĂȘme, en position fƓtale. Mon cerveau, lui, a compris que c’était fini.
Des choses assez bizarres, se sont produites dans ma tĂȘte, des flashs, des images, plusieurs pensĂ©es pour certaines personnes, proches et ami(e)s.
Je pense vraiment que mon heure est venue. J’ai l’impression qu’il est temps que je me prĂ©pare au grand dĂ©part.
En mĂȘme temps, ces deux individus me parlent, sans que je ne les entende pour autant. Je sens mon cerveau totalement dĂ©connectĂ©, et je me rĂ©pĂšte, sans cesse : « C’est le moment, c’est le moment
 »
Et puis, je m’entends les supplier de ne rien me faire :
...

Table des matiĂšres

  1. Couverture
  2. 4e de couverture
  3. Copyright
  4. Prologue
  5. PrĂ©face “Apprendre Ă  vivre avec
” par MĂ©lanie Laboureur-Ronval, psychologue clinicienne
  6. 1. Présentation
  7. 2. Face-Ă -face avec les frĂšres Kouachi
  8. 3. Chez les gendarmes
  9. 4. Post-événements
  10. 5. Le suivi médical
  11. 6. Forces de l’ordre = indics des mĂ©dias ?
  12. 7. Les Kouachi, quelle sorte de terroristes ?
  13. 8. Le tsunami financier
  14. 9. Questions aux politiques
  15. Dédicace