Réalités, perceptions et représentations des frontières
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Réalités, perceptions et représentations des frontières

L'espace transfrontalier de la grande région Sarre-Lor-Lux

  1. 268 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Réalités, perceptions et représentations des frontières

L'espace transfrontalier de la grande région Sarre-Lor-Lux

À propos de ce livre

Cet ouvrage prend le parti d'une approche décentrée et transfrontalière, en croisant les disciplines scientifiques et les regards nationaux. Une première partie est consacrée aux représentations, une deuxième au marché du travail et à la formation, une troisième à l'aménagement. L'ensemble des contributions offre une image de la complexité de ces frontières.

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Informations

Éditeur
EME Editions
Année
2020
ISBN de l'eBook
9782806662088

CHAPITRE 3

FRONTIÈRES ET IDENTITÉS SPATIALES
DANS/DE LA GRANDE RÉGION :
APPROCHES ANALYTIQUES ET RÉSULTATS
EMPIRIQUES

Christian WILLE*
Mobilités et imbrications transfrontalières sont à la fois les résultats et les conditions de l’importance du caractère changeant des frontières nationales. Les espaces frontaliers européens caractérisés par des migrations pendulaires transfrontalières et autres imbrications fonctionnelles illustrent tout à fait ce constat. De tels échanges sont particulièrement marqués dans la Grande Région, amenant à confirmer les effets de séparation et de mise en relation des frontières nationales (Wille, 2015a). Par la suite, les frontières revêtent des significations distinctes. Leur analyse, qui s’appuiera sur l’exemple des identités spatiales dans/de la Grande Région, fera l’objet de cette contribution.
Dans les discours, la Grande Région se présente souvent par une position « au cœur de l’Europe » (cf. Fig. 1, dans l’introduction de cet ouvrage). D’autres mots-clefs ressortent comme un « passé commun » ou une « Europe en miniature » qui aspire à une identité transfrontalière de la Grande Région, et donc une relativisation des frontières nationales. Une partie intégrante de ce discours est la stratégie directrice établie dans le projet « Vision d’avenir » publié en 2003, consacré à la coopération politique interrégionale au sein de la Grande Région et dont le contenu prévoit toutefois qu’un jour les habitants s’identifieront à leur région de résidence et à l’espace transfrontalier : « Ils [les habitants] ont le sentiment d’appartenir à la Grande Région et ont développé un sens communautaire. Et pourtant, ils sont restés des Wallons, des Luxembourgeois, des Lorrains, des Rhénans-Palatins et des Sarrois » (7e Sommet de la Grande Région, 2003, p. 1). La multi-appartenance ici proclamée laisse entendre que l’ordre de l’État national est d’importance pour l’identité en même temps qu’elle le relativise. Il convient d’analyser cette ambivalence de manière plus approfondie en comprenant les identités comme résultats de processus sociaux en général et de « l’interaction spatiale » en particulier – dans lesquels projections, représentations, appropriations, expériences physico-corporelles, etc. sont efficaces (Reckwitz, 2001 ; Reckinger et Wille, 2011 ; Wille et Reckinger, 2015). Dans la présente contribution, cette perspective socio-constructiviste désignée par la notion de Doing Identity se traduit par les questions de savoir dans quelle mesure une Grande Région est identifiée dans le contexte de tracés de frontières nationales et dans quelle mesure les habitants s’identifient avec l’espace (transfrontalier), plus exactement, avec les projections et expériences qui le font se constituer (IPSE, 2011). En ce qui concerne les processus de projection et d’appropriation identitaires transfrontalières, ce n’est pas tant le principe d’ordre des échelles spatiales qui doit être déterminant que les constitutions spatiales et sociales qui se manifestent le long et au-delà des frontières nationales et ne doivent être organisées a priori selon des catégories administratives.
À cet effet, dans un premier temps, cette contribution va développer un modèle d’analyse présenté sous forme de matrice à quatre champs qui permettra d’étudier les identités spatiales au sens de Doing Identiy. Procédant de cette heuristique seront présentées, dans un deuxième temps, des projections identitaires institutionnelles et culturelles quotidiennes de la Grande Région et des appropriations identitaires avec la Grande Région qui reposent essentiellement sur des résultats d’une enquête représentative effectuée auprès des habitants du Luxembourg et de ceux des territoires attenants au Grand-Duché de Luxembourg, à savoir la Lorraine, la Wallonie, la Rhénanie-Palatinat et la Sarre (Wille et al., 2016, pp. 44 sq. ; dans cette enquête, on compte 314 répondants en Sarre, 581 en Rhénanie-Palatinat, 867 en Lorraine, 517 en Wallonie et 1021 au Luxembourg). Pour conclure, l’analyse débattra de la question du rôle que jouent les frontières nationales dans les identités projetées et appropriées.
À plus d’un titre, l’analyse des identités spatiales se réfère à un moment performatif. On veut parler de ce que les deux catégories « Espace » et « Identité » ne sont pas des faits incontestés, mais qu’elles sont envisagées chacune comme étant établies socialement (Wille et Reckinger, 2015). C’est pourquoi Kajetzke et Schroer parlent, « au lieu de “l’espace”, de la pratique de la spatialisation […], étant donné que la spatialité n’est engendrée que par l’interaction des corps, des matérialités et des connaissances » (Kajetzke et Schroer, 2015, p. 11). Ceci implique qu’il faut supposer les espaces et identités comme contingents et politiques, c’est-à-dire comme empiriquement ouverts, modifiables et empreints de rapports de pouvoir. Faisant référence aux identités, Pott expose en ces termes l’aspect du pouvoir, qui s’exprime par exemple dans les spatialisations stabilisées : « L’identité fait l’objet de négociations, de lutte pour des significations au sein de discours, d’opérations de pouvoir, de relations sociales ou de réseaux » (Pott, 2007, p. 28). Ces deux citations montrent qu’identités et espaces sont envisagés comme processus performatifs qui doivent être analysés comme tels. Pour ce qu’il en est des identités spatiales, il faut donc prendre en considération des processus qui s’expriment dans des stratégies de spatialisation et de constitution de signification qui leur sont liées (Paasi, 2003).
Il convient, par ailleurs, d’aborder le caractère relationnel des identités, c’est-à-dire le fait que la formation de l’identité s’accomplit toujours en opposition (implicite ou explicite) par rapport à autrui – quelle que soit sa nature. Ou formulé d’un point de vue de l’acte de démarcation : « Toute démarcation est un acte de différenciation qui va de pair avec la constitution de signification, de même que toute définition se base sur le principe de la démarcation. […] Le déploiement de frontières est […] primordial pour l’établissement d’ordres symboliques et sociaux » (Doll et Gelberg, 2016, p. 18). En conséquence, les frontières comprises comme démarcations sont constitutives d’ordres (spatiaux) ou d’identités spatiales, raison pour laquelle la notion de frontière est essentielle pour la recherche sur l’identité. Il ne faut cependant pas réduire celle-ci aux frontières nationales (ou aux Autres définis par catégories nationales), notamment dans les contextes d’analyse transfrontaliers. Il faut plutôt partir d’un concept de frontière plus large qui se matérialise empiriquement sous différentes formes et inclut également d’autres formes de frontière (et de l’Autre). C’est également à cette conception que renvoient Rajaram et Grundy-Warr qui considèrent la frontière comme un phénomène social codé dans des pratiques performatives : « La frontière ne devient pas la ligne imaginaire de séparation, mais quelque chose de camouflé dans une langue et dans une performance de culture, de classe, de genre et de race […] » (Rajaram et Grundy-Warr, 2007, p. 11).
Les processus sociaux offrent donc des points d’ancrage appropriés pour l’analyse d’identités spatiales dans lesquelles les frontières prises dans le sens de démarcation sont établies, déplacées, supprimées – en un mot : négociées socialement. Afin de rendre de tels processus accessibles à l’analyse empirique, il est possible de distinguer des pratiques de représentation et de discours, faisant émerger un espace significatif par le biais de la langue, des signes et des pratiques corporelles comme performatives, en interaction avec l’environnement physico-matériel.
Cette distinction fait écho aux formes élémentaires de l’identité spatiale selon Graumann et peut se reformuler comme « identité projetée de l’espace » et comme « identité appropriée avec l’espace » (Graumann, 1983). Par « processus de projection identitaire », on entend des pratiques de reconnaissance, de catégorisation et de marquage d’espaces auxquels sont attribuées, à travers la projection (pour les distinguer d’autres espaces), certaines propriétés. Leur analyse renseigne sur les représentations spatiales individuelles et collectives, vécues et projetées et sur les démarcations et significations qui y sont codées. Les « processus d’appropriation identitaire » désignent les relations avec l’espace, plus précisément avec les projections le concernant et des expériences physico-corporelles. Ils s’expriment de manière empirique par des appropriations d’espace liées à des pratiques d’action ou par l’appartenance spatiale distinctes d’une personne à une autre et dotées de différentes significations.
Tableau 1 : Matrice à 4 champs sur l’a...

Table des matières

  1. Couverture
  2. 4e de couverture
  3. Copyright
  4. Titre
  5. TABLE DES MATIÈRES
  6. INTRODUCTION
  7. LE TRANSFRONTALIER, LABORATOIRE DE L’EUROPE ? POUR UNE APPROCHE SOCIO-HISTORIQUE EN TERMES D’ESPACE SOCIAL LOCALISÉ
  8. BORDERTEXTURES : VERS UNE APPROCHE TRANSDISCIPLINAIRE DES FRONTIÈRES. UN RAPPORT D’ATELIER
  9. FRONTIÈRES ET IDENTITÉS SPATIALES DANS/ DE LA GRANDE RÉGION : APPROCHES ANALYTIQUES ET RÉSULTATS EMPIRIQUES
  10. APPROCHE SOCIOÉCONOMIQUE DE LA MOBILITÉ DES TRAVAILLEURS FRONTALIERS : ENTRE CONDITION, CONTRAINTE ET RESSOURCE
  11. LA FORMATION PROFESSIONNELLE TRANSFRONTALIÈRE EN TANT QUE PROCESSUS D’APPRENTISSAGE ET MOBILISATION DU SAVOIR TRANSFRONTALIERS
  12. TRAVERSER LES FRONTIÈRES ET LES LANGUES DANS LA GRANDE RÉGION
  13. PLURILINGUISME ET ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL DANS UN CONTEXTE TRANSFRONTALIER
  14. LES DÉFIS D’UN AMÉNAGEMENT TRANSFRONTALIER DU TERRITOIRE DANS LA GRANDE RÉGION : PISTES DE RECHERCHE
  15. CULTURES D’AMÉNAGEMENT ET VILLES EN DÉCROISSANCE : VERS DES RECHERCHES APPLIQUÉES DANS LES RÉGIONS TRANSFRONTALIÈRES
  16. UNE CROISSANCE AMBIVALENTE : L’INSTALLATION DE LUXEMBOURGEOIS DANS LES VILLAGES DE LA HAUTE-MOSELLE EN ALLEMAGNE
  17. L’IMPORTANCE DES RÉSEAUX DE TRANSPORT POUR LES SERVICES D’INTÉRÊT GÉNÉRAL DANS LES ESPACES RURAUX
  18. LA RÉINTRODUCTION DES CONTRÔLES FRONTALIERS DANS L’ESPACE SCHENGEN : RÉFLEXIONS PRÉLIMINAIRES POUR UN AGENDA DE RECHERCHE
  19. DANS LA MÊME COLLECTION