Une societe autour de l'étranger est-elle possible ?
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Une societe autour de l'étranger est-elle possible ?

  1. 128 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Une societe autour de l'étranger est-elle possible ?

À propos de ce livre

Nous étudions si la dichotomie de l'étranger en alter ego ou ennemi fait véritablement sens dans notre système international régi par les grandes puissances occidentales. Ce travail a pour ambition de mettre en perspective deux approches. L'approche philosophique d'un côté et celle concernant l'applicabilité politique de la démarche d'hospitalité de l'autre. Dépassant l'hospitalité kantienne Jacques Derrida propose une hospitalité philosophique absolue et inconditionnelle, une rupture avec l'hospitalité au sens courant, avec le droit ou le pacte d'hospitalité. Alors pourrait-on penser une société organisée autour de l'admission de l'étranger?

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Informations

1

La tradition philosophique de l’étranger

Voici les questions que nous allons tenter d’éclairer dans ce chapitre. Pourquoi faut-il regarder l’histoire de l’humanité très loin dans le temps ? Comment nos ancêtres ont-ils opéré le passage de l’individu subi à l’acteur sujet ? Pourquoi est-ce la philosophie que nous consultons ? Quels sont les philosophes les plus importants dans cette entreprise ? Pourquoi est-il nécessaire de resituer la pensée de ces auteurs dans leur contexte historique ? L’étranger n’est-il qu’une catégorie morale ? Pourquoi l’hospitalité était-elle considérée comme un devoir sacré dans l’Antiquité ? En quoi le XVIe siècle représente-t-il un tournant ? Quel rôle a joué la découverte du Nouveau Monde dans le rapport avec autrui ? En quoi la constitution d’un patrimoine commun et l’affirmation de l’unité du genre humain font-ils de l’individu mobile une catégorie juridique chez Grotius et Locke ? En quoi Candide est-il une figure emblématique des illusions et désillusions de l’individu mobile ?
Pour répondre à ces questions nous mobilisons essentiellement des philosophes de manière chronologique. L’histoire de la migration dont l’être humain est au cœur pourrait commencer avec cette maxime : « Être humain est un état, devenir humain est tout un processus, toute une histoire »1. Au fond de ce processus, il existe la vie des êtres humains et l’effort déployé pour trouver une place. Alors il nous faut connaitre l’histoire de la Vie.

L’individu sujet du monde

Dans un ouvrage collectif, Yves Coppens estime au chapitre « De l’élan cosmique » qu’il y a 4,6 milliards d’années, notre galaxie, la Voie lactée, a accouché du soleil et de la terre, laquelle est ainsi devenue une des planètes de notre système solaire2. Cet élan cosmique se poursuit ensuite par un élan biologique : selon le paléoanthropologue, il y a 500 millions d’années, dans l’eau et dans l’air, l’arbre de la Vie se propage de manière étonnante, la Vie se bat pour sa survie3.
Prenons le chemin de nos ancêtres errants. Dans Penser global, Edgar Morin développe l’idée de la trinité humaine, bio-socio-anthropologique et attire notre attention sur l’évolution biologique de l’homme4.
Qu’en est-il de ce deuxième élan de la matière, celui qui conduit à l’évolution biologique et qui a donné naissance à nos ancêtres ? Que le lecteur ne se sente pas égaré après ce début de chapitre où il est bien question de philosophie car nous gardons toujours à l’esprit l’objectif de savoir comment « devenir humain » et nous nous intéressons au choix de la Vie dans les bifurcations opérées.
Selon Jacob Bronowski (1908-1974), l’histoire de l’homme se scinde en deux périodes inégales : d’abord une évolution biologique (toutes les étapes qui nous séparent de nos ancêtres primates) qui dure plusieurs millions d’années. Ensuite, beaucoup plus courte, l’histoire culturelle humaine avec son développement de toutes les civilisations. Il a fallu au moins deux millions d’années pour qu’Australopithecus de l’Afrique centrale5, passe de la quadrupédie à la bipédie, comme l’ont montré Louis Leaky (1903-1972) et Mary Leaky (1913-1996) en 19606, et pour qu’il soit capable de tenir une pierre à la main. Les tribus de chasseurs ‒ cueilleurs évoluent et il y a environ 300 000 années apparaît l’Homo sapiens7.
Il semble que l’ancêtre de l’Homme moderne soit né en Afrique et qu’il ait fallu moins de 20 000 ans pour que les Homo sapiens deviennent, comme nous le sommes : « des artistes et des scientifiques, des bâtisseurs de villes et des planificateurs de l’avenir, des lecteurs et des voyageurs, des explorateurs pleins de curiosité pour la nature et les émotions humaines, immensément plus riches d’expériences et à l’imagination infiniment plus vaste qu’aucun de nos ancêtres »8. Dans son expansion à travers l’Eurasie, l’homo sapiens a dû se mélanger avec des populations antérieures ou entrainer leur extinction et pousser encore plus loin son déploiement grâce à des conditions paléogéographiques favorables, au point de peupler la terre entière9. Par conséquent, tout au long de ce périple conquérant, l’humanité n’a cessé de progresser culturellement : ses outils, ses réflexions, ses rituels, chemin faisant, sont devenus plus complexes. S’est développée alors une brillante culturo-diversité10 en symbiose avec la biodiversité de milliards d’années.
La démographie de l’humanité s’est accrue avec la découverte de nouveaux sols dans un environnement subi. Pendant des milliers d’années, cette humanité a vécu d’une économie de prédation, son système d’alimentation carnivore étant basé sur la chasse des animaux. Un changement environnemental important intervient durant le dernier âge de la glaciation, il y a environ 11 700 ans11. Selon Yves Coppens, « lorsque la fin de la dernière glaciation a sonné, séduite par la pousse généreuse et inattendue, dans un climat plus doux, d’une végétation que précisément elle consommait, elle [l’humanité] s’est arrêtée pour mieux la cueillir »12.
Ainsi l’homme est devenu sédentaire. En inventant l’agriculture, l’homme a entamé le tri des graines et a pu produire les premiers OGM. Dès lors, l’humanité a domestiqué les bêtes de compagnie, et « pour ses besoins a inventé l’élevage des bêtes de consommation ; une nouvelle économie, l’économie de production dans laquelle nous vivons encore, est née, dans un environnement conquis plus confortable au lieu d’être subi ; l’humanité a produit beaucoup plus d’enfants, et ce pendant ces milliers d’années où son développement est demeuré parfaitement durable »13. Dès lors, d’après Edgar Morin, l’humanité est passée d’une société primitive à une société humaine « à travers des transformations génériques, avec l’augmentation du volume du cerveau, la création du langage à double articulation, le développement de l’outil, la domestication du feu, et à travers la raison et le mythe »14.
Cette histoire du passé nous montre autre chose. En l’observant nous nous rendons compte que nous sommes plus proches les uns des autres que nous pourrions le croire. Mieux encore, nous serions tous cousins plus ou moins lointains, que nous soyons à Lagos, Paris, New York, à Tokyo, en dépit de notre apparence et de nos modes de vie ; quelles que soient nos croyances et nos aspirations, la langue que nous parlons, la façon dont nous nous alimentons et la partie du monde où nous vivons, nous sommes tous cousins ou cousines. Nous avons tous deux parents, quatre grands parents, huit arrière-grands-parents et ainsi de suite. À chaque génération il faut multiplier par deux pour obtenir le bon nombre d’ancêtres. Et c’est ainsi qu’à un moment donné, nos lignées généalogiques se croisent les unes avec les autres. Par le biais des migrations nos lignes généalogiques ne se croisent pas seulement à travers le temps, elles se rejoignent dans le monde entier. Nous sommes donc tous parents, l’histoire fait de nous une grande famille universelle et c’est une réalité simple car il semble bien qu’en remontant à 2500 générations en arrière nous retrouvions nos ancêtres communs qui vivaient sur le continent africain15.
Mais alors comment au sein de cette grande famille a-t-on pu se mettre à se considérer les uns les autres comme des étrangers ? Comment a-t-on pu insister sur nos appartenances communes différentes pour justifier l’hospitalité ou l’inhospitalité ?

Le xenos dans l’Antiquité grecque

Questionnons maintenant « l’étranger » sous un angle différent à partir des travaux éclairants dirigés par Marie-Claude Blanc-Chaléard, Stéphane Dufoix et Patrick Weil qui lient l’étranger à des thématiques comme l’immigration, l’intégration et la citoyenneté16. Nos approches philosophiques et systémiques n’interrogent pas le cas particulier d’un État17 faisant face à des individus mobiles mais tentent plutôt de comprendre la place d’un phénomène incarné par la figure de « l’étranger » au sein d’un ordre en mutation divisé entre le Nord et le Sud et dans lequel la place de l’étranger est aujourd’hui centrale, sans être pour autant nouvelle.
Bien que conceptualisé juridiquement à l’époque moderne, le concept d’étranger n’en existe pas moins depuis des millénaires. Dans l’Antiquité grecque celui qui demandait l’hospitalité était considéré comme un envoyé de Zeus et l’hospitalité constituait un devoir sacré comme il est possible de l’observer dès l’Iliade et l’Odyssée d’Homère. Les suppliantes d’Eschyle sont aussi un bon exemple montrant le roi d’Argos qui offre l’asile aux suppliantes en accord avec le peuple, sans pour autant exclure la dimension pragmatique d’une telle décision18. Dès l’Antiquité, le xénos (l’étranger en grec) a donc un statut et des droits. La relation entre le citoyen athénien et le xénos est fondée sur un pacte dont découlent des obligations, lesquelles sont transmises de génération en génération, comme l’évoquent Socrate (470-399 av JC) et certains sophistes pour la cité athénienne19.

L’école de Salamanque : la dimension inclusive

Au début du XVIe siècle, lorsque la Renaissance prend son essor en Europe, les conceptions traditionnelles de l’homme, de sa relation avec Dieu, la nature, le monde, l’univers et la société sont ébranlées par l’apparition de l’humanisme, par la découverte de l’Amérique et par la Réforme. Tout le système des connaissances semble se réinventer. Ainsi, le droit de sortie d’un pays et le droit d’entrée ont été soulevés dès le début du XVIe siècl...

Table des matières

  1. Couverture
  2. 4e de couverture
  3. Copyright
  4. Du même auteur
  5. Titre
  6. Remerciements
  7. Préface de Michel Wieviorka
  8. Introduction Migration, cadre général
  9. 1 La tradition philosophique de l’étranger
  10. 2 Du droit de visite à l’hospitalité inconditionnelle
  11. 3 La malédiction du nationalisme
  12. 4 Le transnationalisme comme remède
  13. 5 Vers une gouvernance mondiale représentative
  14. Conclusion générale
  15. Bibliographie
  16. Article III du livre d’Emmanuel Kant
  17. Résumé en français
  18. Summary in English
  19. Résumé en iranien
  20. Table des matières