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Quand les femmes ne voient plus la lune
Discours et pratiques autour de la ménopause en Suisse et au Cameroun
- 264 pages
- French
- ePUB (adapté aux mobiles)
- Disponible sur iOS et Android
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Quand les femmes ne voient plus la lune
Discours et pratiques autour de la ménopause en Suisse et au Cameroun
À propos de ce livre
Cet ouvrage nous livre une anthropologie de la ménopause. Il développe une perspective comparative sur les manières de penser et d'agir, profanes et professionnelles en Suisse et au Cameroun. Indépendamment de leur origine, les femmes rapportent une expérience plus ou moins incommodante des troubles de la ménopause mais se distinguent dans leur gestion: les Suissesses usent davantage de traitements, allopathiques ou "naturels", alors que les Camerounaises optent, en majorité, pour l'abstention thérapeutique.
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Informations
Sujet
Sciences socialesSujet
AnthropologiePREMIÈRE PARTIE
L’ÉTAT DE LA QUESTION
Cette première partie de l’ouvrage a pour objectif de contextualiser le phénomène étudié. Dans les deux premiers chapitres, l’on commentce par relater les recherches socio-anthropologiques relatives à la ménopause et à sa médicalisation. Il s’agira principalement de s’intéresser au caractère socialement construit de ce phénomène, que ce soit à travers les représentations culturelles et symboliques observées dans diverses sociétés et la pluralité des vécus des femmes, qu’à travers sa construction par la biomédecine comme une maladie carentielle. On observera, néanmoins, que la Suisse et le Cameroun ne sont que sporadiquement évoqués, vu le manque de travaux ethnographiques consacrés à la ménopause dans ces deux pays. Un troisième chapitre clôturera cette partie en présentant les deux terrains d’enquête et la méthodologie adoptée.
CHAPITRE I
Femmes, ménopauses et sociétés
Ultime étape du cycle reproductif féminin, la ménopause, arrêt des règles, est un phénomène physiologique et naturel inéluctable. Mais, elle n’est pas uniquement soumise à des lois physiologiques car elle fait l’objet d’une interprétation sociale. Chaque société, chaque culture se distingue par sa façon spécifique de considérer et de vivre cet événement. L’objectif de ce chapitre est alors de parcourir la littérature socio-anthropologique articulée autour de l’arrêt des règles et de ses implications socioculturelles. Les analyses des différents auteurs vont d’un pôle fonctionnaliste qui rend davantage compte du statut accordé aux femmes ménopausées dans diverses sociétés, à un pôle constructiviste et interactionniste qui met l’accent sur les représentations et le vécu subjectif des femmes elles-mêmes.
I. HISTOIRES DE LA MÉNOPAUSE À TRAVERS LES CULTURES
Chez les femmes, la période féconde est marquée par un début, la puberté et par une fin, la ménopause, soit l’apparition et la disparition des règles. Les règles sont la preuve qu’une femme peut être enceinte, et par là-même, perpétuer l’existence du groupe. Le statut des femmes dans la société semble ainsi largement déterminé par leur aptitude à procréer (Ginsbourg et Hardiman 1994). Or, à la ménopause, la principale caractéristique des femmes est qu’elles sont toutes stériles (Thiriet et Képès 1986 ; Héritier-Augé 1998). La ménopause, caractérisée par l’impossibilité pour elles de procréer, induit, par conséquent, une modification de statut social tel que le soulignent plusieurs expressions populaires dans diverses langues européennes qui insistent sur la notion de changement de vie : the change of life, die Wechseljahre, cambiamento di vita, cambio de vida (Delanoë 2004).
Les premiers travaux anthropologiques sur la ménopause accordent une place importante au statut social des femmes ménopausées et rendent particulièrement compte de la place qui leur est attribuée dans la société au moment où elles sortent du circuit de production lié à la maternité. Ils montrent que la ménopause est une transition qui peut être une perte ou une valeur ajoutée socialement pour les femmes de différentes sociétés, selon que l’arrêt des règles y est porteur d’avantages ou de désavantages. Le statut des femmes peut être rehaussé et leur permettre d’accéder à des rôles sociaux importants dans certaines communautés ou, à l’inverse, être dévalorisé dans d’autres (Héritier 1996 ; Mbarga 2001, 2005 ; Delanoë 2006). Les sections qui suivent ont pour but de présenter cette divergence des représentations culturelles et symboliques associées aux menstruations, à leur arrêt, ainsi qu’au statut accordé aux femmes ménopausées dans diverses sociétés étudiées. L’objectif n’est pas de comparer ces études qui ont été réalisées à des époques différentes et probablement avec des méthodes d’investigations non similaires. Il est de montrer que les considérations culturelles et symboliques relatives à l’arrêt des règles peuvent être différentes d’un contexte à l’autre, d’une société à l’autre.
I. 1. Un statut privilégié
Plusieurs études ethnographiques1 évoquent la situation favorable qu’acquièrent les femmes à l’arrêt des règles. Selon les sociétés, cette amélioration inclut l’accès à un statut supérieur, à des privilèges sociaux ou à l’acquisition d’un nouveau rôle social, à de nouvelles manières de faire. Réalisés à des époques différentes et dans des milieux socioculturels différents, ces travaux montrent ainsi le caractère socialement construit de l’arrêt des règles. On peut, par exemple, observer avec Hoestler et Huntington (1960 cités in Delanoë (2006) que chez les Hutterrites du Sud de Dakota, l’arrêt des règles représente un privilège car il dispense les femmes ménopausées des travaux agricoles fatigants. Il en est de même dans la société gouro traditionnelle de Côte d’Ivoire où les femmes ménopausées ne préparent plus la nourriture, mais dirigent les travaux de la maisonnée (Haxaire 1987 cité in Delanoë 2006).
Georges Devereux (1950), étudiant les rites menstruels et les différentes étapes de la vie féminine chez les Indiennes mohaves s’est aussi intéressé à l’arrêt des règles. Il relève que, dans cette société, les femmes ménopausées jouissent d’un statut favorisé. L’arrêt des menstruations n’est pas vécu comme une période traumatisante, marquée par des tensions psychologiques. Au contraire, il équivaut à une consolidation des acquis de l’existence, à une décantation graduelle et à une cristallisation du sens de la vie et il s’accompagne d’un grand nombre de prérogatives. En l’occurrence, les femmes participent désormais à la vie publique du groupe d’où elles étaient auparavant exclues. Modèles de sagesse et d’expérience, elles deviennent des personnages importants de la tribu : leurs conseils sont écoutés et leur bienveillance maternelle appréciée. Sur le plan sexuel, leur vie ne s’arrête pas et même, il leur est plus facile de se marier ou de trouver un amant, plus jeune qu’elles.
Loin des Indiennes mohaves, de nombreuses femmes d’autres sociétés acquièrent également une utilité sociale nouvelle à l’arrêt des règles. La fonction d’accoucheuse, par exemple, n’est exercée que par les femmes ménopausées, dépourvues de toute souillure, chez les Mossi du Burkina Faso de même que chez les Lobi du Burkina Faso et de Côte d’Ivoire (Bonnet 1988 ; Cros 1990).
Dans la même mouvance, Yvonne Verdier (1979) peint le personnage de « la femme-qui-aide », dont la description du rôle par les villageois de Minot (en France, dans la Bourgogne rurale) remonte au début du XXème siècle. La tâche attribuée à « la femme-qui-aide » se réfère à deux moments précis, la naissance et la mort : « elle « fait les bébés », elle « fait les morts », c’est-à-dire leur toilette » (Verdier 1979 : 85). Sa fonction est à distinguer de celle de la sage-femme, car elle s’occupe uniquement de baigner et d’habiller l’enfant. Cependant, la plupart du temps, la sage-femme ou le médecin du village arrivaient tard de sorte que la « femme-qui-aide », toujours présente dès les premières douleurs, mettait très souvent l’enfant au monde. De plus, de 1905 jusque vers 1950, Minot n’ayant pas de sage-femme ni médecin, il fallait faire appel à ceux des villages voisins, qui souvent n’étaient pas disponibles ou arrivaient aussi trop tard. Le rôle de la « femme-qui-aide » était donc prééminent pendant cette période.
Saisir le nouveau-né ou ensevelir le mort, à Minot, effrayent les proches de la même manière : le nouveau-né est un être particulièrement vulnérable qu’il faut protéger des étrangers, c’est-à-dire des autres villageois, qui sont considérés comme dangereux ; à l’inverse, le mort, lui, est craint, car il représente le danger pour son entourage immédiat, qui est considéré comme vulnérable. S’occuper des bébés et des morts nécessite alors d’être à la fois inoffensif et invulnérable. Ainsi, les jeunes femmes ne peuvent être « femmes-qui-aident » à cause de la vulnérabilité de leur corps, soumis aux émois amoureux, aux alternances tumultueuses de leur sang, aux variations des règles et des grossesses. Le sang menstruel ou celui de l’accouchement font tarir le lait, empêchent le linge de blanchir, troublent l’eau des puits et des fontaines et s’accompagnent de nombreux interdits comme celui du saloir, etc. L’arrêt des règles est donc la condition première pour assumer la fonction de « la femme-qui-aide » : « cette stabilité achevée du corps nous paraît (…) la condition préalable à l’exercice de sa charge : invulnérable et inoffensive, elle peut manipuler les morts et les nouveau-nés » (Verdier 1979 : 151). Si dès les années 60, la plupart des femmes se rendent à la maternité de Dijon pour l’accouchement, le personnage de la « femme-qui-aide » reste marquant à Minot.
Ngoundoung Anoko (1996) décrit également l’acquisition d’un nouveau rôle social chez les Tikar du Cameroun, où la femme ménopausée est la figure sociale qui prépare la femme féconde à recevoir l’enfant, don des ancêtres. Dans cette société, lorsqu’elles n’ont plus les règles, les femmes deviennent mères des masques et entretiennent une relation privilégiée avec les masques, esprits de la forêt. Elles deviennent ainsi les in...
Table des matières
- Couverture
- 4e de couverture
- Copyright
- Titre
- RÉSUMÉ
- REMERCIEMENTS
- INTRODUCTION
- PREMIÈRE PARTIE : L’ÉTAT DE LA QUESTION
- DEUXIÈME PARTIE : REGARDS DE FEMMES
- TROISIÈME PARTIE : MÉNOPAUSE ET PRATIQUES
- CONCLUSION
- BIBLIOGRAPHIE
- Table des matières