
- 146 pages
- French
- ePUB (adapté aux mobiles)
- Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub
Les petits enfants dans la Grande guerre
À propos de ce livre
Richement illustré de documents inédits et de photos d'époque, cet ouvrage s'intéresse au regard que les enfants, français, anglais, allemands, autrichiens, belges ou alsaciens-lorrains, portaient sur cette guerre. A travers leurs textes et leurs dessins, leurs devoirs d'école, les courriers échangés avec le père mobilisé, leurs jeux et leurs jouets, on découvre la réalité de leur condition. Un album révélateur et qui nous interpelle à une époque où, cent ans après, les enfants sont toujours témoins, héros ou victimes des conflits qui ensanglantent la planète.
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Informations
Sujet
HistoireSujet
Histoire du monde1 C’est la guerre
Papa s’en va
LA REALITE EST LA, désolante, même si Maman, ma grande sœur Colette et moi nous nous efforçons de ne rien en laisser paraître. L’ordre de mobilisation a été affiché le ier août. Nous avions appris qu’à la suite de l’attentat de Sarajevo, l’Autriche-Hongrie avait déclaré la guerre à la Serbie qu’elle avait envahie, que le Tsar de Russie Nicolas II avait battu le rappel de ses troupes et qu’en représailles l’Allemagne avait envoyé un ultimatum à la Russie et à la France. Mais nous ne voulions pas y croire.
Dans le journal il y avait un dessin de Poulbot où un gamin déclare à son copain : « Tu ne voudrais tout de même pas que pour un tout petit pays de rien du tout, toute l’Europe se fiche sur la gueule. » La veille encore, Maman nous répétait qu’on n’allait pas se battre pour la Serbie, que les travailleurs de tous les pays s’opposeraient à la guerre comme Jean Jaurès en France. Le 31 juillet, Jean Jaurès a été assassiné par un fou qui lui a tiré dessus dans un café.
Papa a été affecté dans un régiment stationné dans les Vosges à Épinal. Selon lui, c’est une bonne situation puisque nos troupes sont proches des cols et dès la première attaque vont pénétrer dans l’Alsace et la Lorraine. Peut-être même que les Allemands demanderont la paix quand nous aurons reconquis nos provinces et que la guerre sera terminée, mais rien n’est moins sûr. « Une guerre on sait comment cela

commence, on ne sait jamais quand ça finit » a soupiré Maman.
Nous avons pris le train pour Paris, tous les trois pour accompagner Papa jusqu’à la gare de l’Est. Quatre autres mobilisés du village nous ont accompagnés dont le petit Larrue qui n’a que dix-neuf ans et qui n’a pas arrêté de pleurer pendant tout le trajet. Les journaux disent que les soldats partent « la fleur au fusil. » Pas lui, je vous l’assure.
Sur le boulevard, il y avait un monde fou. À croire que toute la France s’était donnée rendez-vous pour ce grand départ. Les uns se hâtaient comme s’ils voulaient arriver les premiers sur le front. D’autres encombrés par leurs sacs, leurs valises ou leurs musettes s’arrêtaient tous les vingt mètres. Sans doute qu’ils voulaient retarder le plus possible le moment fatal. À l’intérieur de la gare pavoisée de drapeaux tricolores, des enfants se bousculaient en hurlant ou jouaient à chat perché en grimpant sur les marchepieds des trains. Des jeunes femmes sautaient fougueusement au cou d’un soldat puis d’un autre, alors qu’elles ne les connaissaient même pas. Des orchestres jouaient des marches militaires si entraînantes que des groupes défilaient sur la musique en claquant des talons ou faisaient une ronde en cadence qui se terminait par une course endiablée au moment où les instruments s’arrêtaient. Des photographes mitraillaient les convois prêts à partir et les familles qui posaient pour une dernière image souvenir. On s’échangeait des lettres, des adresses, des médailles, des croix, des porte-bonheurs. Dans les wagons sur lesquels étaient peints des slogans comme « À Berlin ! À Berlin » ou « Ils n’auront pas l’Alsace et la Lorraine », des soldats, surtout des jeunes j’ai remarqué, buvaient à même le goulot des bouteilles, chantaient à tue tête ou criaient « On va couper les moustaches à Guillaume ! »
Sur les quais l’ambiance était très différente. Des familles comme nous étaient venues avec leur père ou leur fils, déjà tout harnachés pour le départ. Elles n’arrivaient pas à se quitter. Quand est venu le tour de Papa, il nous a pressé contre son cœur en nous demandant d’être bien sages avec Maman. Colette lui a juré qu’il pouvait compter sur elle et qu’elle veillerait sur toute la famille jusqu’à ce qu’il revienne en vainqueur. Maman était si émue qu’elle n’a rien pu dire. Moi j’avais le cœur qui brinquebalait dans ma poitrine et je crois que j’ai bredouillé que je travaillerai bien à l’école et que je serai digne de lui. Nous avions tous les larmes aux yeux. Papa s’est détourné très vite. Il est monté dans le train et on l’a aperçu ensuite par la fenêtre du wagon qui agitait son mouchoir.
Un coup de sifflet a retenti. Le train s’est ébranlé lentement puis a pris de la vitesse. Il y avait des grappes de soldats agglutinés dans les portes, sur les marchepieds ou derrière les vitres mais on n’entendait pas ce qu’ils disaient. J’ai couru jusqu’au bout du quai en criant « Papa, Papa ! » Je crois qu’il m’a envoyé des baisers avec sa main puis le train s’est engagé dans les aiguillages et a disparu dans un tunnel. Je suis retourné près de Maman et de Colette. On s’est serré fort sans se dire un mot. Maman a sorti des barres de chocolat de son sac qu’elle avait emportées pour Papa mais qu’elle avait oublié de lui donner. Nous n’avons rien pu avaler. J’espère que la guerre sera courte et que Papa va revenir bien vite mais je suis triste à mourir.




2 De bons petits Français
Pierre-François à l’école
CE LUNDI 14 SEPTEMBRE, Pierre-François se rend à l’école comme tous les enfants de son âge. Enfin, presque tous. C’est la guerre, les pères sont partis au front et certains de ses camarades ont été obligés d’aider leur mère et les grands-parents aux travaux de la ferme car les récoltes n’attendent pas et il faut s’occuper du bétail.
Le directeur vient solennellement lire devant les élèves une circulaire du 7 août signée par le Ministre de l’Instruction Albert Sarraut qui invite les enseignants à « faire comprendre aux enfants les événements actuels et à exalter dans leur cœur la foi patriotique. »
« Nous devrons honorer la lutte sacrée où nos armes sont engagées », ajoute le maître. Voilà Pierre-François invité à conjuguer à tous les temps de l’indicatif le verbe « combattre ». Il ouvre son cahier à carreaux que protège une couverture ornée de dessins patriotiques, trempe l’extrémité de son porte-plume fait de deux cartouches soudées à la bougie dans le réservoir gauche de son encrier et s’applique à disposer à l’encre violette avec pleins et déliés les uns sous les autres les pronoms et les verbes. « Ils combattaient, Ils combattirent. » La plume sergent-major crachote. Le buvard laisse des taches. « Je combattrai, ils combattront. » Ces derniers mots, Pierre-François les trace avec grand soin.

Puis vient la leçon de calcul. Révision générale. Au lieu des problèmes de robinets qu’il a eu tant de mal à résoudre à la fin de l’année précédente, l’énoncé porte sur le nombre de balles de fusil Lebel qu’on peut fabriquer avec des quintaux de métal. Pierre-François imagine les trouées fait dans les rangs ennemis par les tirs précis des fantassins, la panique qui s’empare des maudits Boches. Les soldats français les poursuivent. Ils vont les rejoindre, les embrocher avec leurs baïonnettes. Mais la cloche sonne. Le maître ramasse les

cahiers. Pierre-François pose ses divisions, vérifie le résultat. Pourvu qu’il n’ait pas oublié les retenues !
Les élèves sont déjà dans la cour en train de jouer aux cava...
Table des matières
- Couverture
- 4e de couverture
- Titre
- Copyright
- Avant-propos
- 1 – C’est la guerre
- 2 – De bons petits Français
- 3 – Un enfant comme les autres
- 4 – Comme les grands
- 5 – Séparation et retrouvailles
- 6 – Les enfantsfrançais dans la guerre
- 7 – D’autres enfants dans la guerre
- 8 – La peur au ventre
- 9 – Après la guerre
- Pour ne pas conclure
- Bibliographie
- Table des matières
- Remerciements