Aide alimentaire
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Aide alimentaire

Les protections sociales en jeu

  1. 236 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Aide alimentaire

Les protections sociales en jeu

À propos de ce livre

Les auteurs de cet ouvrage explorent l'aide alimentaire sous différents angles: à partir de l'histoire politique, sociale et économique qui tend à l'ériger en solution privilégiée pour répondre à la précarité; à partir de ce qu'en disent ceux et celles qui la vivent au plus près (les personnes qui y ont recours et celles qui la mettent en oeuvre); à partir enfin d'expériences menées dans le champ de l'alimentation durable à la recherche d'alternatives.

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Informations

Chapitre 1

L’AIDE ALIMENTAIRE : UN ÉTAT DES LIEUX1

Deborah Myaux

L’univers de l’aide alimentaire est vaste, complexe et à peine visible pour le non-initié. Bien que l’on aperçoive quelquefois en rue ou dans une station de métro des files de personnes attendant un repas ou un colis alimentaire, la plupart des façades et vitrines des services d’aide alimentaire se veulent discrètes.
Il serait hasardeux de proposer une image précise de ce que représente l’aide alimentaire, tant elle est hétérogène, en constante évolution et tant ses acteurs, que l’on considère ceux qui fournissent une aide ou ceux qui en bénéficient, sont nombreux. Il s’agira ici de brosser les grandes lignes de ce tableau afin d’apporter des éléments de compréhension du phénomène tel qu’il se présente aujourd’hui et de donner un aperçu des enjeux qui le traversent2.
Cet article s’intéressera dans un premier temps aux formes que prend l’aide alimentaire, aux acteurs qui s’y impliquent et à son fonctionnement. Il s’intéressera ensuite aux personnes qui y ont recours. Qui sont-elles ? Combien sont-elles ? Une attention sera portée également à ce que ces personnes vivent à travers l’expérience de l’aide alimentaire. À cet égard, la notion de « bien-être » offre un repère intéressant. Car même si l’aide alimentaire apporte une réponse nécessaire aux personnes qui y ont recours, dans bien des cas, elle est loin d’être une solution idéale. Observer les pratiques d’aide en partant de la notion de « bien-être » permet de percevoir les limites des actions proposées (McAll et al. 2015) et de poursuivre la réflexion sur l’amélioration des services offerts.

FORMES ET FONCTIONNEMENT DE L’AIDE ALIMENTAIRE

L’aide alimentaire prend, selon les pays et les époques3, des formes différentes. Généralement, plusieurs de ces formes coexistent sur un même territoire. À Barcelone, un système de cartes, siglées Visa, a été créé en 2013. Ces cartes – version moderne des bons alimentaires – sont distribuées par les centres de services sociaux. Les personnes qui les reçoivent peuvent les utiliser pour s’approvisionner dans les commerces alimentaires. En d’autres lieux, il existe des systèmes de repas scolaires gratuits, comme par exemple en Grande-Bretagne où des breakfast clubs permettent à des enfants issus de milieux socio-économiques moins favorisés de bénéficier de petits déjeuners. Cette approche a pour but explicite d’améliorer les performances scolaires des enfants, de promouvoir de saines habitudes alimentaires et de soulager financièrement les familles (European Commission 2015). Elle est également développée dans d’autres pays comme la Croatie et la République tchèque où les coûts des repas scolaires d’enfants vivant dans des familles à risque de pauvreté sont couverts par les pouvoirs publics.
En Belgique, de nos jours, les formes d’aide alimentaire « traditionnelles » comme la distribution de bons alimentaires, de repas, de soupe ou de colis alimentaires, côtoient des formes d’aide et des initiatives qui se veulent « innovantes ». Pour faire face à la précarité croissante, de nouveaux projets sont régulièrement créés à l’initiative de citoyens ou des pouvoirs publics. Citons le cas des épiceries sociales qui ont connu un essor important depuis le début des années 2000. Les « frigos solidaires », nés de la lutte contre le gaspillage alimentaire, apparaissent également dans le paysage. Ces frigos permettent d’accéder à des aliments déposés par des particuliers, des commerçants ou encore des restaurateurs. Leur contenu est accessible selon des modalités variables : certains sont ouverts à tous, en libre accès sept jours sur sept. De la récolte de fruits dans les jardins au glanage de pommes de terre, en passant par toutes sortes d’opérations de collectes d’invendus auprès des commerçants, l’aide alimentaire semble se renouveler et invite les plus jeunes au ralliement et à la solidarité dans un engagement qui se situe à la croisée de préoccupations sociales et environnementales.
Il est intéressant de noter à cet égard que pour beaucoup, ces formes « renouvelées » de l’aide alimentaire reposent en réalité sur des principes dont les origines sont anciennes (voir chapitre 2). C’est le cas, par exemple, du recours aux surplus alimentaires qui rappellent les « rogatons » décrits par Émile Zola au XIXe siècle.
Chaque matin, de petites voitures fermées, en forme de caisses, doublées de zinc et garnies de soupiraux, s’arrêtent aux portes des grandes cuisines, rapportent pêle-mêle la desserte des restaurants, des ambassades, des ministères. Le triage a lieu dans la cave. Dès neuf heures, les assiettes s’étalent, parées, à trois sous et à cinq sous, morceaux de viande, filets de gibier, têtes ou queues de poissons, légumes, charcuterie, jusqu’à du dessert, des gâteaux à peine entamés et des bonbons presque entiers. Les meurt-de-faim, les petits employés, les femmes grelottant la fièvre, font queue ; et parfois les gamins huent des ladres blêmes, qui achètent avec des regards sournois, guettant si personne ne les voit. (Zola 1964 [1873] : 341)
Si des initiatives d’un genre nouveau voient le jour depuis plusieurs années, les formes d’aide alimentaire les plus courantes en Belgique sont les restaurants sociaux, la distribution de colis alimentaires et les épiceries sociales.
Les restaurants sociaux
Notons d’emblée qu’il existe de nombreuses formes de restaurants et de cantines à finalité sociale. Du restaurant communal au restaurant d’insertion socio-professionnelle en passant par certains services de livraison de repas à domicile ou encore des « clubs » pour seniors, les initiatives publiques et privées sont nombreuses et certaines offrent la possibilité de manger à des prix très modiques.
Les restaurants sociaux, tels que définis ici, sont des initiatives dont un des objectifs principaux est de permettre à des personnes qui connaissent des difficultés financières d’accéder à des repas. Dans les restaurants sociaux, le service des repas s’accompagne souvent d’un travail social. C’est le cas, par exemple, à La Rencontre, restaurant social bruxellois qui se définit avant tout comme « un lieu d’accueil de jour de première ligne où quiconque peut s’asseoir, se reposer et déposer ses bagages »4. Dans cette optique, de nombreux restaurants sociaux développent des programmes d’animations et d’activités – jardinage, ateliers créatifs, ciné-clubs, etc. – pour favoriser la rencontre et le lien social.
La restauration n’est souvent qu’une facette de l’activité d’organismes déployant une palette de services plus large : maison d’accueil pour personnes sans abri, aide pour des familles en errance ou en grande précarité, service social généraliste, service de distribution de colis alimentaires, vestiaire social, etc. Un restaurant social peut également être un lieu d’insertion et de formation par le travail.
Le public des restaurants sociaux est très variable d’un lieu à l’autre. Certains s’adressent à des catégories de population spécifiques comme, par exemple, les personnes sans abri. D’autres accueillent des publics plus larges mais conditionnent l’accès au restaurant à l’état de besoin. D’autres, enfin, recherchent surtout la mixité sociale, culturelle et générationnelle.
Les tarifs sont adaptés au public : certains établissements pratiquent un prix forfaitaire (aux alentours de 3,5 euros). En d’autres lieux, les tarifs sont évolutifs en fonction du profil socio-économique des clients : le prix plein est appliqué aux uns, la gratuité peut l’être pour les autres.
Le service varie également d’un endroit à l’autre. Une formule courante comprend une entrée (souvent de la soupe), un plat et un dessert, servis en salle. Il est parfois possible d’emporter un repas, voire d’être livré à domicile.
Parmi les différentes déclinaisons du restaurant social, signalons les « bars à soupe » où il est possible de manger une soupe, une tartine ou « tout simplement [de] parler avec d’autres personnes dans une atmosphère chaleureuse »5, les « accueils-café » qui permettent d’accueillir les personnes autour d’une boisson chaude et d’un petit déjeuner ou encore les distributions de repas en rue ou dans des lieux publics.
Une quarantaine de restaurants sociaux sont répertoriés en Région bruxelloise et une trentaine en Wallonie, essentiellement dans les grosses agglomérations. La taille des restaurants sociaux varie mais ils servent en moyenne quatre-vingt-sept repas par jour.
Grâce aux services qu’ils offrent à une clientèle d’habitués qui se côtoient jour après jour, voire année après année, les restaurants sociaux peuvent être des vecteurs de cohésion sociale importants dans les quartiers où ils sont implantés.
La distribution de colis alimentaires
La distribution de colis alimentaires est la forme d’aide alimentaire la plus répandue sur le territoire. Plus de 400 points de distribution de colis alimentaires sont répertoriés en Wallonie. Parmi ceux-ci, plus du tiers sont pris en charge par des conférences et centres de la Société de Saint Vincent de Paul. Le reste est pris en charge par des CPAS (autour d’un tiers également), par la Croix-Rouge de Belgique et par différentes associations6.
En Région bruxelloise, 57 services de distribution de colis alimentaires sont identifiés dont près d’un tiers sont, comme en Wallonie, gérés par les volontaires de la Société de Saint Vincent de Paul. Quelques CPAS et différentes associations organisent les services restants.
Les colis alimentaires sont distribués gratuitement ou contre le versement d’une somme très faible (de 50 centimes à quelques euros) destinée à couvrir les frais générés par l’activité ou à tenir lieu de « contre-don symbolique ».
Il existe des services de distribution de colis de toutes tailles. En moyenne, ils délivrent 306 colis par mois. Certains services distribuent jusqu’à 2.800 colis par mois tandis que d’autres n’en délivrent que quelques-uns.
Le fonctionnement des services varie également. En certains endroits, les personnes reçoivent un colis préparé à l’avance en fonction de la composition du ménage. En d’autres, les personnes se servent elles-mêmes parmi les produits disponibles tout en respectant les limites imposées en termes de quantités.
Comme le signalent Hubert et Nieuwenhuys (2009), la distribution de colis alimentaires est sans doute la forme d’aide alimentaire la moins coûteuse pour les organisations qui la mettent en œuvre. Elle exige néanmoins la mobilisation de ressources importantes, notamment logistiques, et un certain nombre de compétences (collecte, manutention, stockage et conservation des aliments), sans parler des contraintes administratives, de la recherche de fournisseurs, des permanences et de l’accueil, des partenariats avec des services sociaux, etc.
Son fonctionnement repose en grande partie sur l’investissement de nombreux volontaires, qui y engagent par ailleurs souvent leurs ressources personnelles (véhicules, petit matériel, etc.).
Les épiceries sociales
Les épiceries sociales se définissent comme des magasins ouverts aux personnes en situation de précarité où ces dernières peuvent acheter des produits alimentaires et des produits d’hygiène de qualité à un prix inférieur au prix du marché.
Des critères précis conditionnent et limitent l’accès aux épiceries sociales. Une fois que l’accès leur est octroyé, les personnes sont considérées comme des « clients » et peuvent faire leurs achats parmi les produits disponibles.
Les épiceries sociales connaissent un succès important, notamment auprès des équipes des CPAS et de la Croix-Rouge de Belgique qui en ont développé un grand nombre ces dernières années. 85 épiceries sociales sont actuellement répertoriées en Wallonie, 14 en Région bruxelloise. D’autres sont en projet7.

LES MOYENS DES ACTEURS DE PREMIÈRE LIGNE

Le terrain de l’aide alimentaire se caractérise par sa grande diversité. Les petites organisations côtoient de plus grandes structur...

Table des matières

  1. Couverture
  2. 4e de couverture
  3. Copyright
  4. Titre
  5. Dédicace
  6. Remerciements
  7. INTRODUCTION – Deborah Myaux
  8. Chapitre 1 – L’AIDE ALIMENTAIRE : UN ÉTAT DES LIEUX – Deborah Myaux
  9. Chapitre 2 – PAUVRETÉ ET ACCÈS À L’ALIMENTATION AU FIL DU TEMPS : DE LA DISTRIBUTION À L’AUTONOMIE ? – Peter Scholliers & Jeffrey Tyssens
  10. Chapitre 3 – ENTRE CONSTRUCTION ET DÉCONSTRUCTION DE L’ÉTAT SOCIAL : LA PLACE DE L’AIDE ALIMENTAIRE – Pierre Reman & Philippe Defeyt
  11. Chapitre 4 – L’AIDE ALIMENTAIRE DANS LE PAYSAGE DE L’ACTION SOCIALE : REGARDS DES TRAVAILLEURS DE TERRAIN – Lotte Damhuis
  12. Chapitre 5 – ÉPICERIES SOCIALES : LE POINT DE VUE DES USAGERS – Charlotte Maisin & Louise Méhauden
  13. Chapitre 6 – ACCÈS À UNE ALIMENTATION DE QUALITÉ POUR TOUS : PROMESSES ET LIMITES DE L’ALIMENTATION DURABLE – Catherine Rousseau & Lotte Damhuis
  14. CONCLUSION – Hugues-Olivier Hubert & Deborah Myaux
  15. Postface
  16. PRÉSENTATION DES AUTEURS
  17. Table des matières