
- 120 pages
- French
- ePUB (adapté aux mobiles)
- Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub
Ă propos de ce livre
Mike a vingt-deux ans quand il se fait tabasser dans une rue de Bruxelles. C'est le dĂ©but d'un long parcours qui se terminera par son suicide. Mike a toujours Ă©tĂ© rebelle. Une phrase devient son leitmotiv: «Ma vie, c'est ma guitare et mon chat!». Mais il est diagnostiquĂ© borderline, et le mal qui le ronge finira par avoir le dessus. Son parcours se termine lĂ oĂč le mien commence. Comment vivre aprĂšs le suicide d'un fils? Ce livre est le rĂ©cit d'un combat et d'une renaissance.
Foire aux questions
Oui, vous pouvez résilier à tout moment à partir de l'onglet Abonnement dans les paramÚtres de votre compte sur le site Web de Perlego. Votre abonnement restera actif jusqu'à la fin de votre période de facturation actuelle. Découvrez comment résilier votre abonnement.
Pour le moment, tous nos livres en format ePub adaptĂ©s aux mobiles peuvent ĂȘtre tĂ©lĂ©chargĂ©s via l'application. La plupart de nos PDF sont Ă©galement disponibles en tĂ©lĂ©chargement et les autres seront tĂ©lĂ©chargeables trĂšs prochainement. DĂ©couvrez-en plus ici.
Perlego propose deux forfaits: Essentiel et Intégral
- Essentiel est idĂ©al pour les apprenants et professionnels qui aiment explorer un large Ă©ventail de sujets. AccĂ©dez Ă la BibliothĂšque Essentielle avec plus de 800 000 titres fiables et best-sellers en business, dĂ©veloppement personnel et sciences humaines. Comprend un temps de lecture illimitĂ© et une voix standard pour la fonction Ăcouter.
- IntĂ©gral: Parfait pour les apprenants avancĂ©s et les chercheurs qui ont besoin dâun accĂšs complet et sans restriction. DĂ©bloquez plus de 1,4 million de livres dans des centaines de sujets, y compris des titres acadĂ©miques et spĂ©cialisĂ©s. Le forfait IntĂ©gral inclut Ă©galement des fonctionnalitĂ©s avancĂ©es comme la fonctionnalitĂ© Ăcouter Premium et Research Assistant.
Nous sommes un service d'abonnement Ă des ouvrages universitaires en ligne, oĂč vous pouvez accĂ©der Ă toute une bibliothĂšque pour un prix infĂ©rieur Ă celui d'un seul livre par mois. Avec plus d'un million de livres sur plus de 1 000 sujets, nous avons ce qu'il vous faut ! DĂ©couvrez-en plus ici.
Recherchez le symbole Ăcouter sur votre prochain livre pour voir si vous pouvez l'Ă©couter. L'outil Ăcouter lit le texte Ă haute voix pour vous, en surlignant le passage qui est en cours de lecture. Vous pouvez le mettre sur pause, l'accĂ©lĂ©rer ou le ralentir. DĂ©couvrez-en plus ici.
Oui ! Vous pouvez utiliser lâapplication Perlego sur appareils iOS et Android pour lire Ă tout moment, nâimporte oĂč â mĂȘme hors ligne. Parfait pour les trajets ou quand vous ĂȘtes en dĂ©placement.
Veuillez noter que nous ne pouvons pas prendre en charge les appareils fonctionnant sous iOS 13 ou Android 7 ou versions antĂ©rieures. En savoir plus sur lâutilisation de lâapplication.
Veuillez noter que nous ne pouvons pas prendre en charge les appareils fonctionnant sous iOS 13 ou Android 7 ou versions antĂ©rieures. En savoir plus sur lâutilisation de lâapplication.
Oui, vous pouvez accéder à Sa guitare et son chat par Betty Leruitte en format PDF et/ou ePUB ainsi qu'à d'autres livres populaires dans Literature et Literature General. Nous disposons de plus d'un million d'ouvrages à découvrir dans notre catalogue.
Informations
Sujet
LiteratureSujet
Literature GeneralTEARS
DJANGO REINHARDT
Et aprĂšs ?
De ma fenĂȘtre au quatorziĂšme Ă©tage, je regarde la rue oĂč habitait Mike. Il y a habitĂ© Ă deux adresses diffĂ©rentes. Au numĂ©ro 7, il a Ă©tĂ© heureux. Il nâavait pas encore ses nĂ©vralgies, partait en « tournĂ©e » avec son groupe, y recevait ses amis, avait Spoutnik auprĂšs de lui et des projets de musique plein la tĂȘte.
Au numéro 35, il a plongé au plus profond de la souffrance, et y a laissé sa vie.
Deux cents mĂštres sĂ©parent ces deux adresses, et dix ans. Pour Mike, dix annĂ©es dâun combat acharnĂ© pour survivre, avant de finalement rendre les armes. Pour moi, dix ans dâespoirs et de dĂ©sillusions, avant de devoir accepter lâinacceptable.
Une rĂ©action frĂ©quente lorsquâon a perdu un proche par suicide est de chercher un coupable, je nây ai pas Ă©chappĂ©. Mais le suicide est multifactoriel, il ne rĂ©sulte jamais dâune seule cause.
Il y avait chez Mike une grande fragilitĂ©, sans doute gĂ©nĂ©tique, aggravĂ©e par un sentiment dâabandon dont je suis en grande partie responsable. Les Ă©vĂ©nements douloureux de sa vie, les agressions, les nĂ©vralgies, lâont fait sombrer. Et les mĂ©dicaments nâont rien arrangĂ©, bien au contraire.
Mike est parti en criant sa colĂšre contre les mĂ©decins. Quâil ait eu raison ou pas, je tiens Ă dire aussi ma mĂ©fiance Ă lâĂ©gard des mĂ©dicaments psychotropes, qui sont prescrits Ă tour de bras, non seulement par les psychiatres, mais aussi par des gĂ©nĂ©ralistes qui sont souvent influencĂ©s par lâindustrie pharmaceutique.
On a fait « essayer » Ă Mike des dizaines de molĂ©cules diffĂ©rentes. Pas une seule fois je ne lâai vu aller mieux. Au contraire, je lâai vu se transformer petit Ă petit en une sorte de zombie, toujours en proie aux mĂȘmes idĂ©es noires, et Ă des effets secondaires de plus en plus agressifs : tremblements, nausĂ©es, angoisses, difficultĂ©s de concentration qui ont fini par le rendre incapable de jouer.
Et ce nâest pas tout, il y a un effet secondaire dont je nâai pas encore parlĂ©. Car si la musique Ă©tait plus importante pour Mike que les filles, cela ne lâempĂȘchait pas dâavoir de temps en temps une relation dâun soir. Jusquâau jour oĂč il sâest rendu compte quâil Ă©tait devenu impuissant, Ă trente-quatre ans. Il lâa Ă©crit dans un cahier que jâai trouvĂ© chez lui.
Cet effet secondaire figure sur la notice de nombreux psychotropes, dont le Risperdal, celui sur lequel il faisait des recherches sur Internet, quelques jours avant de se suicider.
La psychiatrie moderne est basĂ©e sur le DSM, une notice universelle venue des Ătats-Unis, qui rĂ©pertorie les diffĂ©rents symptĂŽmes et permet au mĂ©decin dâĂ©tablir son diagnostic, la main dĂ©jĂ sur le carnet dâordonnances et lâĆil sur lâhorloge pour ne pas dĂ©passer le quart dâheure rĂ©glementaire.
Le professeur Maurice Corcos, psychiatre français, dénonce les failles et les dérives de ce systÚme dans un livre édifiant :
« Câest ainsi quâils (les Ă©tudiants en psychiatrie) avancent, guidĂ©s uniquement par les doctrines Ă©tablies par la bible diagnostique du moment, le DSM, avec la froideur dâune machine qui ne connaĂźt quâun seul mouvement, celui de la marche en avant, jamais en arriĂšre, Ă©cartant tous les symptĂŽmes secondaires que lâĂ©chantillon humain en face dâeux, sâingĂ©nie Ă exposer en contradiction totale avec les thĂ©ories. »10
Et plus loin :
« Les Ă©tats limites (borderline) sont les nouveaux âmonstresâ en tant quâils Ă©chappent Ă la logique classificatoire et aux grilles qui veulent les enfermer dans des cases. »
Le DSM est un « work in progress » qui est adaptĂ© rĂ©guliĂšrement. Sa derniĂšre Ă©dition, parue en mai 2013, continue Ă susciter de nombreuses critiques dans le monde de la psychiatrie. Plusieurs livres et articles lâaccusent de servir la toute-puissante industrie pharmaceutique, et de provoquer des surmĂ©dicalisations dangereuses.
Mike se serait-il suicidĂ©, sâil nâavait pas pris tous ces psychotropes ? Peut-ĂȘtre.
Mais peut-ĂȘtre pas.
Le comĂ©dien Patrick Chesnais a Ă©crit un livre en hommage Ă Ferdinand, son fils de vingt ans mort dans un accident de voiture. Il lâa intitulĂ© : Il est oĂč, Ferdinand ?11
Cette question, je me la suis posĂ©e tout de suite, le soir du 7 octobre. Il est oĂč, Mike ?
Hors dâatteinte, oui, mais oĂč ? Il y a seulement quelques jours, il Ă©tait lĂ , Ă portĂ©e de main, de voix, de tĂ©lĂ©phone. Mais maintenant ?
Attends, Mike ! Jâai encore tant de choses Ă te dire, tu ne peux pas partir comme ça. Dis-moi au moins oĂč te joindre, laisse-moi un numĂ©ro !
Dix fois, cent fois, jâai formĂ© son numĂ©ro, ne fĂ»t-ce que pour entendre sa voix :
â Ouais, laisse-moi un pâtit messageâŠ
â Je ne fais que ça, Mike, je ne fais que ça.
Alors jâai commencĂ© Ă lui Ă©crire, tous les jours une lettre, comme Patrick Poivre dâArvor Ă sa fille Solenn, en insistant : « Tu connais le numĂ©ro, nâhĂ©site pas. »12
Jâai continuĂ© Ă lui Ă©crire, pendant plusieurs mois.
Banjo, le chat de Mike que jâai recueilli, est le seul tĂ©moin des derniers instants de la vie de son maĂźtre. Quand il me fixe de ses yeux verts, je me dis que jâaimerais entrer dans sa mĂ©moire de chat.
Je ne saurai jamais si Mike a souffert, sâil a eu peur, sâil nâa pas regrettĂ© au dernier moment. Je ne saurai jamais quelle musique le berçait au moment de faire le grand saut. Ătait-ce Born Under a Bad Sign ? Ătait-ce Freedom ? Ă quoi a-t-il pensĂ© en dernier lieu ?
Je nâai pas dâautre choix que dâaccepter de ne jamais avoir de rĂ©ponse Ă mes questions.
Un mois aprĂšs la mort de Mike, je suis allĂ©e au concert de Chuck Berry avec une amie qui, elle aussi, a perdu un fils. Jâai invitĂ© cette amie parce quâelle aimait beaucoup Mike. Elle avait su voir, derriĂšre son mutisme et son air rĂ©barbatif, celui quâil Ă©tait vraiment. Mike lâavait senti, et lâaimait bien aussi.
Elle savait que jâaurais dĂ» aller Ă ce concert avec lui. Je lui ai demandĂ© de mâexcuser si je me mettais Ă pleurer. Elle mâa rĂ©pondu que ce nâĂ©tait pas un problĂšme, que je ne devais pas me gĂȘner pour pleurer devant elle.
En entrant dans la salle du Cirque Royal, une chose mâa immĂ©diatement sautĂ© aux yeux, lĂ sur la scĂšne, juste devant nous : lâĂ©norme ampli. Le mĂȘme, exactement le mĂȘme que celui de Mike.
Je lâai tout de suite entendu me dire ce quâil mâaurait dit sâil avait Ă©tĂ© lĂ :
â Tâas vu, Mâman ? Tâas vu lâampli ? Je tâavais dit que câĂ©tait le meilleur ! Et tu nâas pas voulu me croire, comme toujours !
â Oui, Mike, tu avais raison. Câest vraiment un ampli « de la mort ».
Jâai eu lâimpression quâil Ă©tait Ă cĂŽtĂ© de moi pendant tout le concert, et je nâai pas pleurĂ©.
Une nuit, quelques semaines aprÚs la mort de Mike, je me suis réveillée en sueur.
Je venais de rĂȘver quâon me sciait une jambe. Je me suis dit que câĂ©tait exactement ça : on mâa enlevĂ© une partie de moi-mĂȘme. Je suis invalide, pour toujours.
Mais il existe des bĂ©quilles qui permettent de se tenir debout et de marcher, mĂȘme sur une jambe. Jâai utilisĂ© toutes les bĂ©quilles que jâai pu trouver.
Jâai pris rendez-vous avec un psychologue du Centre de PrĂ©vention du Suicide, et je me suis inscrite dans un groupe de parole pour rencontrer dâautres parents ayant vĂ©cu la mĂȘme chose.
LĂ , dans les deux cas, jâai pu parler sans quâon essaie de me « changer les idĂ©es », sans quâon me dise de « penser Ă autre chose », puisque jâen Ă©tais incapable. LĂ jâai pu pleurer, sans quâon me force Ă sĂ©cher mes larmes. LĂ jâai pu dire ma rage dâentendre ces petites phrases qui font mal : « Il faut avancer », « Il faut tourner la page ». Ăa veut dire quoi « tourner la page » ? Effacer trente-cinq ans de ma vie ? Oublier la personne que jâaimais le plus au monde ?
Quant à « avancer », on avance de toute façon, puisquâil nây a pas de retour en arriĂšre possible. Le deuil est un voyage quâon fait malgrĂ© soi, et qui nâaime pas ĂȘtre bousculĂ©.
Jâai rĂ©alisĂ© que je nâavais fait que rejoindre la cohorte de ceux dont un proche a, un jour, franchi ce pas, et ils sont nombreux. Jâai appris quâil y a six suicides par jour en Belgique. Peut-ĂȘtre Ă©tait-ce mon destin dâaccompagner un de ces ĂȘtres pour qui la vie Ă©tait un fardeau trop lourd Ă porter. Un de ces ĂȘtres de souffrance, qui nâont pas choisi le mal de vivre qui leur est un jour tombĂ© dessus.
Dans le groupe de parole, on mâa dit quâun jour, aprĂšs un temps plus ou moins long, je « sentirais » la prĂ©sence de mon fils en moi, et que cette prĂ©sence ne me quitterait plus. Ăa me semblait un peu loufoque, je ne « sentais » rien du tout. Mais je leur ai fait confiance. Eux, ils savaient. Ils Ă©taient passĂ©s par lĂ avant moi. Ils avaient vĂ©cu cette horreur et ils Ă©taient lĂ , souriants. Comment faisaient-ils ?
Ăa sâest passĂ© comme on me lâavait dit. Un jour, jâai rĂ©alisĂ© que Mike nâĂ©tait plus hors dâatteinte. Il Ă©tait en moi, jâavais « intĂ©grĂ© » sa prĂ©sence. Ce jour-lĂ , jâai compris les mots de Victor Hugo Ă sa fille LĂ©opoldine : « Tu nâes plus lĂ oĂč tu Ă©tais, mais tu es partout lĂ oĂč je suis. »
Tenir son enfant mort dans ses bras est une expĂ©rience abominable. Pourtant, je pense que le pire mâa Ă©tĂ© Ă©pargnĂ©. AprĂšs sâĂȘtre jetĂ© sous le mĂ©tro, Mike aurait pu se retrouver paralysĂ© Ă vie, ou pire, dans un Ă©tat vĂ©gĂ©tatif.
Je pense Ă ces parents qui jour aprĂšs jour, se retrouvent au chevet de leur enfant mort-vivant. Ă ces mĂšres et Ă ces pĂšres qui en sont parfois rĂ©duits Ă se battre pour quâon accorde Ă leur enfant le droit Ă lâeuthanasie. Ces parents-lĂ sont en enfer.
Je pense malgrĂ© tout que le pire nâest pas de voir son enfant mort, mais de le voir souffrir sans pouvoir lâaider.
Est-ce que je me sens coupable ? Oui, bien sĂ»r, et je le suis. Coupable dâavoir mis au monde un enfant sans pĂšre, de ne pas avoir Ă©tĂ© une mĂšre attentive, de ne pas lui avoir donnĂ© toute la tendresse Ă laquelle il avait droit, et surtout, de ne pas lâavoir Ă©coutĂ©.
Il mâa fallu avoir moi-mĂȘme besoin dâĂȘtre Ă©coutĂ©e, pour rĂ©aliser Ă quel point une Ă©coute bienveillante peut soulager.
On mâa dit que jâĂ©tais peut-ĂȘtre responsable, mais pas coupable, puisque je n...
Table des matiĂšres
- Couverture
- 4e de couverture
- Copyright
- Titre
- Exergue
- Avant-propos
- Nuages Django Reinhardt
- Hey Joe ! Jimi Hendrix
- Stray Cat Strut The Stray Cats
- Born Under a Bad Sign Jimi Hendrix
- Swing Guitars Django Reinhardt
- Purple Haze Jimi Hendrix
- Voodoo Child Jimi Hendrix
- Manic Depression Jimi Hendrix
- Boys Donât Cry The Cure
- Why Canât I Run Away ? Down But Not Out
- Tears in Heaven Eric Clapton
- Freedom Jimi Hendrix
- Tears Django Reinhardt
- Wish You Were Here Pink Floyd
- Out of This World The Cure
- Lovesong The Cure
- Remerciements
- Annexe
- Table des matiĂšres