Entre Sonderfall et intégration : les partis politiques suisses à l'épreuve de l'Europe (1989-2014)
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Entre Sonderfall et intégration : les partis politiques suisses à l'épreuve de l'Europe (1989-2014)

  1. 208 pages
  2. French
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  4. Disponible sur iOS et Android
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Entre Sonderfall et intégration : les partis politiques suisses à l'épreuve de l'Europe (1989-2014)

À propos de ce livre

Cet ouvrage permet d'appréhender la relation entre la Suisse et l'Union européenne sous un jour nouveau. Couvrant une période significative (1989-2014), ce livre reconstitue les positionnements des partis politiques suisses sur l'UE, ces derniers utilisant une argumentation oscillant entre nationalisme et universalisme. La compréhension de ces débats politiques sera utile à toute personne souhaitant saisir cette relation parfois tumultueuse.

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Informations

CHAPITRE 1

Théories, histoire et démarche méthodologique

Toute recherche se doit de se baser sur un cadre théorique. Nous allons donc fonder théoriquement nos hypothèses, qui seront ensuite développées après avoir posé le contexte historique. L’apport de la théorie politique est fondamental pour appréhender un objet complexe comme l’UE. Le but de la philosophie politique est de réfléchir normativement à la cité, ici l’UE, pensée que l’on peut retrouver, sous une forme simplifiée, dans les partis politiques. Pour commencer, nous poserons donc le débat qui existe entre les différents courants théoriques qui se sont intéressés à l’Union de l’Europe, puis à l’UE, ainsi qu’aux débats de philosophie politique plus contemporains s’affrontant sur l’analyse de l’objet européen.
Dans un deuxième temps, nous regarderons comment ces théories ont pu être reprises par des acteurs politiques, aux niveaux européen et suisse. Nous postulons que ce court détour historique et théorique par le monde des idées de l’Europe est nécessaire pour expliquer les débats actuels sur le projet européen, y compris au sein des partis politiques. Il s’agira de réhabiliter la notion d’idéologie politique malmenée dans certains courants scientifiques. Nous montrerons que l’idéologie peut être vue comme une traduction de la philosophie politique dans l’action et l’empirie politique, mesurable notamment grâce à l’argument partisan. Ces arguments partisans seront disponibles, tout au long de l’analyse, dans les figures que nous avons construites en nous fondant sur nos recherches.

1. Idées politiques et intégration européenne : de la théorie à l’idéologie ?

Pour pouvoir simplifier le débat de la théorie politique sur l’intégration européenne, nous identifions trois écoles principales : celle des fédéralistes, des cosmopolitistes et des nationaux-civiques. Nous tenterons de voir de quelle manière cette théorie peut se traduire en action politique, soit l’idéologie, à l’aide d’un corpus matériel. En effet, nous ferons appel à des acteurs politiques ayant laissé des écrits ou ouvrages sur ces questions (livres, éditoriaux de journaux), suivant ainsi l’évolution de la Nouvelle histoire des idées5, qui postule que les idées se trouvent non seulement chez les « grands penseurs », mais également chez des personnages plus « secondaires » comme des journalistes ou autres opinion makers. Dans ce sens, l’intellectuel ne sera pas seulement compris comme un universitaire, ou un penseur canonique, mais également comme un passeur ou créateur d’idéologie issu du monde culturel (les médias) et qui joue le rôle d’homme politique comme le précisent les historiens Pascal Ory et Jean-François Sirinelli dans un ouvrage qui fait référence6. Enfin, nous travaillerons le lien entre idéologie partisane et Europe.

Les courants intellectuels de l’Europe

La première école d’analyse est le courant fédéraliste. Constituant initialement une théorie d’intellectuels, il mélange les niveaux d’analyse et d’action. Ainsi comme l’a montré René Schwok, il ne distingue pas l’analyse de l’engagement normatif7. Il se sépare en deux grands courants théoriques principaux. Le premier, dont la personnalité phare est Altiero Spinelli, militant d’un fédéralisme dit « hamiltonien », est plus institutionnel et prône la création d’un État fédéral européen, tandis que le deuxième est un fédéralisme d’origine personnaliste et anarchiste dont l’Europe se retrouve être une composante. Examinons brièvement leurs postulats.
A. Spinelli, opposant communiste du régime fasciste italien, développe ainsi une pensée originale où la théorie marxiste s’applique à cet idéal fédéral européen. La philosophie de l’histoire marxienne voit en effet la fin de la lutte des classes dans une société idéale dépourvue de celles-ci. Ainsi dans le manifeste de Ventontene, paru clandestinement en 1942, les auteurs analysent la crise historique de l’État-nation, dont le fascisme, l’aboutissement logique, incarne un régime au service des possédants réactionnaires. Il faut donc créer un État fédéral européen, véritable substitution de la société marxienne, pour éviter que ces classes réactionnaires reviennent au pouvoir dans un État-nation restauré. Ce penseur nous semble primordial pour comprendre le cheminement intellectuel de nombres d’acteurs de gauche, de la social-démocratie et du communisme, vers l’européanisme dans sa variante fédérale et sous-tend un certain discours progressiste, une philosophie de l’histoire vers le « plus d’Europe » – c’est-à-dire de l’Europe comme solution à tous les problèmes et qui déboucherait logiquement vers une Europe étatique fédérale8.
Denis de Rougemont incarne, quant à lui, l’autre versant du fédéralisme. Citoyen helvète, et véritablement imprégné de sa lecture de l’expérience suisse9, il applique le schéma de la création d’une Europe fédérale du bas en haut, notamment de : « proche en proche par le moyen de personnes ou de groupes »10, cher au fédéralisme associatif d’origine anarchiste et qui incarne comme Spinelli une vraie méfiance contre l’État-nation. Il verra plus tard dans une Europe des régions, transfrontalières et fonctionnelles, la matrice possible de cette Union européenne, avec un niveau fédéral assez grand pour certaines tâches, véritable État européen, et un niveau territorial plus petit que la nation, la région pour ce qui peut être réglé localement. Son engagement en faveur d’un État fédéral européen ne doit pas cacher ses critiques de l’Europe du Marché commun pour laquelle il avait peu d’estime11. L’influence de ce penseur est grande au sein des acteurs politiques suisses12, particulièrement des prœuropéens et/ou des écologistes, mais également chez certains eurosceptiques ayant repris ses thèses contre l’« Europe de Bruxelles ».
Dans la continuité des précurseurs fédéralistes, apparaît le travail de Jürgen Habermas, philosophe héritier mais émancipé de l’école de Francfort, qui évolue vers un fédéralisme institutionnel. C’est dans Après l’État-nation13 qu’il précise sa pensée. Prenant acte de la globalisation, il en conclut que l’État-nation ne peut y faire face en termes économiques, le keynésianisme national ne fonctionnant plus, il propose le transfert des compétences sociales vers un État fédéral. Selon lui, les sociétés changeraient et seraient en train de devenir multiculturelles, du coup l’identification ne serait possible que par le patriotisme constitutionnel14.
Une traduction partisane du courant fédéraliste nous semble pouvoir être trouvée dans un petit opus rédigé par deux hommes politiques européens, Daniel Cohn-Bendit, et Guy Verhofstadt. Le premier a été un des leaders de Mai 68 en France, puis une figure du Parti écologiste allemand, avant de devenir député européen et coprésident des Verts/Alliance libre européenne au Parlement européen. Le deuxième a été Premier ministre de Belgique pour les libéraux flamands et président du groupe Alliance des démocrates et libéraux pour l’Europe au Parlement européen. Alliés dans la cause fédérale, ces deux auteurs sont pourtant issus de deux bords opposés du spectre libéral, avec un libertaire radical et un ancien néolibéral radical. Ils reprennent les arguments de J. Habermas sur la globalisation économique qui doit être le motif pour créer une Europe avec des compétences budgétaires et fiscales. Ils refusent toutefois un sentiment identitaire qui rattacherait les citoyens à cet État fédéral européen, en refusant tous les mythes nationaux mais également européens (croisade contre les Turcs), ce serait en effet du populisme que les auteurs comparent directement aux années 1930 et 1940. Ils proposent donc plutôt un patriotisme constitutionnel inspiré de Habermas : « On peut être patriote de l’Europe comme réalisation politique »15.
Ce courant fédéraliste voit s’opposer, à partir des référendums sur le traité de Maastricht et de l’inauguration de l’expression publique de l’euroscepticisme, un courant intellectuel relativement structuré de critiques de l’UE. Loin d’être cantonné à la droite intellectuelle, il recouvre parfois des personnalités de gauche, ou issues de la gauche, pensons à Max Gallo ou Jean-Pierre Chevènement. Ces figures politiques et intellectuelles sont qualifiées de nationaux-civiques par la philosophe politique Justine Lacroix, car ils se concentrent sur la question de la démocratie et non pas uniquement de l’identité. En effet pour cette école, la démocratie n’est possible qu’au sein de l’État-nation, la nation était déjà un véritable petit universel, tandis que l’intégration européenne serait vue comme attaquant ces bases démocratiques au nom d’idéaux abstraits et difficiles à partager en l’absence d’identité commune. Cela rendrait d’ailleurs ridicule l’idée d’une citoyenneté européenne.16
Un auteur contemporain semble être représentatif de ce courant. Pierre Manent, philosophe politique, ancien directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales, disciple de Raymond Aron, cofondateur de Commentaire, et de sensibilité libérale-conservatrice. Dans un essai intitulé La raison des nations, paru en 2005, il précise sa pensée. Pour lui, il y a un arti...

Table des matières

  1. Couverture
  2. 4e de couverture
  3. Déjà parus dans la collection
  4. Titre
  5. Copyright
  6. Avertissement
  7. Chaleureux remerciements
  8. Liste des abréviations
  9. Liste des figures
  10. Introduction
  11. Chapitre 1 – Théories, histoire et démarche méthodologique
  12. Chapitre 2 – Évolution historique de l’argumentation partisane en Suisse
  13. Chapitre 3 – L’Espace Économique Européen dans les partis
  14. Chapitre 4 – L’adhésion à l’Union européenne
  15. Chapitre 5 – Les accords bilatéraux (1993-2009)
  16. Chapitre 6 – La votation du 9 février 2014
  17. Conclusion
  18. Annexe : Chronologie
  19. Bibliographie sélective*
  20. Table des matières