
- 229 pages
- French
- ePUB (adapté aux mobiles)
- Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub
À propos de ce livre
En reprenant très rigoureusement et très pédagogiquement les grandes articulations de l'enseignement de Lacan, Élie Doumit déplie patiemment les enjeux de cette histoire et de cette parole, non sans y rencontrer l'impossible et ainsi y laisser entrevoir, par la lettre, ce que serait l'épreuve et la preuve du Réel.
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Informations
Sujet
PsychologyLE RÉEL EN PSYCHANALYSE
Entre Épreuve et preuve
Leçon 1
Qu’est-ce que le Réel en psychanalyse ?
Je ne sais pas si vous avez le même sentiment que moi ; est-ce qu’il ne vous semble pas que le mot Réel soit de nos jours le mot le plus côté à la bourse de la réflexion et de la culture. Il fut un temps où c’était la notion de vérité qui tenait le haut du pavé et pour laquelle la psychanalyse lacanienne a fomenté sa prosopopée : « moi la Vérité, je parle »…
Alors, qu’est-ce que le Réel ? Vous avez pu remarquer que ce n’est pas cette question que j’ai proposée comme titre pour mon séminaire. Le titre du séminaire de cette année, c’est : « L’épreuve du Réel », et je dois vous avouer qu’il n’a pas été sans susciter chez moi un certain malaise, voire même une difficulté due d’abord à l’équivoque créée par l’homophonie du mot, car selon qu’on l’écrive avec l’article défini au pluriel (les preuves), ou avec l’article défini singulier en apostrophe (l’épreuve), les conséquences sémantiques et cliniques ne sont pas les mêmes.
Autrement dit, est-ce que le Réel est de l’ordre d’une épreuve, c’est-à-dire de quelque chose qu’on pourrait éprouver et expérimenter, ou bien de l’ordre d’un processus démonstratif où l’on pourrait faire valoir des preuves quant au Réel, comme on parle des preuves de l’existence de Dieu ? On sait combien cette dernière question a divisé ceux qui étaient concernés et qui le sont encore peut-être, par le clivage de la Foi et de la Raison.
Ainsi l’équivoque que je viens de souligner (et qu’il ne faut pas se presser de dissiper), nous montre combien poser la question sous la forme « Qu’est-ce que le Réel ? », peut paraître réducteur. Car commencer par se demander : « Qu’est-ce que le Réel ? », ne me semble pas convenir à ce qui est en jeu dans la psychanalyse. Procéder par définition, ce serait faire basculer le Réel dans la catégorie de l’Être et réduire la psychanalyse à une simple théorie de l’humain qui ne porterait pas à conséquence.
Mais alors, comment un analyste dont la pratique se fonde sur la parole, peut-il avoir une quelconque idée du Réel en psychanalyse ? D’où peut lui venir cette idée du Réel, sachant que le Réel chez Lacan apparaît à l’opposé du sens et donc de l’interprétation ?
Bien sûr l’analyste ne vit pas en dehors du monde, et l’idée du Réel ne lui est pas étrangère en ce sens qu’il la trouve impliquée dans la culture, dans les investigations scientifiques, philosophiques ou autres. Mais en psychanalyse, peut-on dire que l’idée du Réel serait du même ordre que celles qui sont impliquées dans ces investigations ? Et si ce n’était pas le cas, d’où viendrait-elle ? Eh bien, elle nous vient certes de Lacan. C’est une invention de Lacan. Une invention qui serait, paraît-il, le symptôme de Lacan ; ou encore la réponse symptomatique de Lacan à Freud.
Et il est indéniable que pour Lacan le Réel soit de l’ordre d’une réponse. C’est du moins ce qu’il souligne dans son texte L’Étourdit3, quand il dit que le Sujet comme effet de signification est une réponse du Réel. Mais nous avons aussi d’autres références comme le texte « Science et vérité » où Lacan évoque différentes sortes de pratiques telles que la divination, la magie et l’oracle. Ce sont des pratiques répandues, même dans les contrées européennes, et on m’a appris qu’au Maroc, lors des périodes de sécheresse, on s’adresse à des devins afin de déclencher la pluie. Lacan indique, dans « Science et Vérité », comment dans ce cas « le Signifiant dans la nature est appelé par le Signifiant de l’incantation » (Écrits p. 871).
Évidemment, la pratique oraculaire chez les Grecs n’est pas du même ordre que la magie. L’oracle vous envoie un énoncé énigmatique qui nécessite un déchiffrage, alors que la magie ne tolère pas l’équivoque. D’ailleurs, Lacan considère la magie comme une réponse non pas du Réel, mais de la nature. Car, si tout est possible, il n’y a plus de Réel. Certes on pourrait toujours tirer la psychanalyse vers la magie, mais si l’on suit Lacan, la psychanalyse n’a pas de choix autre que la science. En quel sens ? Au sens où la psychanalyse est conditionnée par la science, au sens où il faut passer par la science pour qu’il y ait de l’impossible. Dans la science le Réel répond, et il répond parce qu’il y a du savoir dans le Réel. À cet égard, l’analyste soutient que tout le Réel est rationnel, ce qui justifie la règle de l’association libre. Mais cela n’implique pas pour autant qu’on ait affaire au même Réel pour la raison que dans la science il n’y a pas de Sujet qui, comme effet de signification, serait réponse du Réel.
Dire que le Réel est une invention de Lacan, reviendrait à dire que l’idée de Réel n’a pas cours dans l’œuvre de Freud. Pourtant nous savons combien Freud avait le souci de faire valoir dans ses élaborations l’existence d’un référent réel originaire, c’est-à-dire l’existence d’un événement historique, réel, sans lequel les hypothèses et les constructions analytiques manqueraient de véracité et de consistance. Bien sûr, ce référent freudien n’est pas le Réel de Lacan, il est pour Freud de l’ordre de la réalité.
Il y a un séminaire de Lacan intitulé : D’un discours qui ne serait pas du semblant. Est-ce que ce titre signifierait qu’il existe un discours qui serait du Réel ? Rien ne nous semble justifier une telle implication, qui supposerait l’existence d’une science du Réel en Psychanalyse. Dès lors, à défaut de science, à défaut d’une démonstration quant au Réel, nous nous trouvons amenés à nous rabattre sur l’expérience comme telle, en cherchant ce qui est susceptible de se manifester dans cette expérience comme Réel, comme ce qui fait butée pour le Sujet. Certes, il y a expérience et expérience, mais aussi butée et butée.
Prenons par exemple, l’expérience de la division subjective en analyse. Quand Lacan écrit dans « Science et vérité » que l’analyste, dans sa pratique, repère le sujet dans un état de division, de quel ordre peut-on considérer cette expérience ? Est-ce de l’ordre d’une expérience du Réel ? On sait que Lacan la fonde sur la parole en tant qu’elle se laisse interpréter indépendamment du bon vouloir du sujet : c’est-à-dire que ce que le patient dit, va au-delà de ce qu’il connaît ; il ne saurait anticiper le sens de ce qu’il dit ; et c’est ce qui explique sans doute pourquoi le sujet-supposé-savoir émerge en venant traduire l’impossibilité de cette anticipation. Lacan formalise, comme vous le savez, cette expérience de la division en montrant que le sujet surgit dans l’articulation d’un signifiant à un autre signifiant, à la place du signifié, selon la formule S1/$ → S2 (le signifiant représente le sujet pour un autre signifiant).
Cette division est structurale en analyse, elle témoigne du manque à être du Sujet, de l’ébranlement du ressort de son identité.
Peut-on tenir cette division pour une expérience du Réel ? Une expérience du Réel ne peut tenir que si quelque chose du Sujet (le parle-être) s’avère imperméable au déchiffrage, quelque chose qui serait comme l’au-delà du sens. Or l’expérience de division nous paraît relever plutôt de la seule possibilité du déchiffrage, du déchiffrage des formations de l’Inconscient avec les effets de vérité qu’elles comportent. Y a-t-il un au-delà de ce déchiffrage ? C’est ce que la crise des années 1920 a mis en évidence et que Freud a essayé de saisir à partir de la deuxième topique, notamment dans Symptôme, Inhibition, Angoisse, mais également dans le dernier Lacan où s’affirme franchement l’orientation vers le Réel.
Cette orientation vers le Réel a tout son intérêt pour nous, d’autant que la pratique de l’analyse à notre époque a souvent tendance à se déployer sous le seul mode de la narration, c’est-à-dire de la construction d’une fiction.
Qu’est-ce à dire ? Tout simplement que nous assistons de plus en plus à une pratique analytique dans laquelle les constructions de récit se fondent sur un relativisme quant au Réel, du moment que le patient se trouve satisfait par les effets de vérité que comporte ces récits. Mais ces effets suffisent-ils à caractériser ce qu’il en est du discours analytique ? Parce qu’il faut bien se demander si tout cela n’est qu’un rêve, et soulever la question de ce qui, en fin de compte, est réel dans ce que la psychanalyse produit comme récit, représentation, fiction et plainte, mais également de ce qui nous permet de passer de la représentation au Réel.
Habituellement, la réponse qu’on fait valoir pour donner poids et consistance à nos constructions, c’est la clinique, comme la marque de ce qui peut nous préserver du déraillement théorique. C’est une attitude prudente, mais elle ne saurait suffire à caractériser le discours analytique, d’autant qu’il est inconcevable d’envisager une clinique sans une élaboration théorique.
Quand on entend quelqu’un dire : « Moi, je suis clinicien », c’est quelqu’un qui avance sans doute ce qualificatif comme le signe de celui qui aurait les pieds sur terre et qui n’est pas prêt à se laisser berner par des sornettes. Mais de quoi s’autorise-t-il dans cette posture ? On voit qu’il se réclame de la clinique, comme s’il s’agissait d’un savoir naturel ancré dans l’expérience, qu’il pourrait confondre avec une clinique psychiatrique qui traite le symptôme comme un signe, ou encore avec une clinique du comportement à visée éducative.
Nous savons que c’est plutôt une clinique du transfert, où la parole du patient inclut la présence de l’analyste auquel il s’adresse. Bref, c’est une clinique qui n’est pas reproductible étant donné la singularité de chaque cas. Mais cette condition ne permettrait pas de passer de la représentation au Réel.
La réponse de Lacan a varié tout au long de son enseignement. C’est ainsi que pour Lacan, le Réel était exclu de la cure, alors qu’il affirmait déjà le trio du Réel, de l’Imaginaire et du Symbolique. Il y instituait une hiérarchie entre les trois, dans laquelle le Réel était exclu comme donnée naturelle. C’est alors la période où Lacan envisage la psychanalyse selon l’idée hégélienne que, tout ce qui est Réel est rationnel et où le terme Wirklich désigne le Réel comme ce qui est effectif, voire actif. Bref, c’est le Réel en tant qu’il a des effets, le Réel comme cause. Mais, n’est-ce pas dire que le Symbolique est ce qu’il y a de plus Réel en psychanalyse et que la nature est ainsi écrite en terme mathématique ?
Il a fallu, comme on le sait, le séminaire VII L’Éthique de la psychanalyse pour que le Réel, sous forme de Das Ding trouve quelque distance par rapport au Symbolique et à l’Imaginaire relégués à leur statut de semblant.
Je viens de parler de singularité du cas, il faut dire qu’elle n’apparaît que comme subversion dans le système des catégories diagnostiques. Et vous comprenez que ce n’est pas en collectionnant les cas cliniques que l’on arrive à inventer des formules ou des énoncés fondamentaux de la psychanalyse comme ceux concernant par exemple l’incomplétude, l’inconsistance, etc. Là, il nous faut passer par d’autres instances, telles que la logique, la topologie pour avoir une idée quelque peu consistante de ce qu’on appelle la structure.
Est-ce que la structure, c’est le Réel ? Lacan emploie quelque part l’expression « réalisme de la structure », c’est une expression qui reste problématique, parce que ce réalisme, au regard du signifiant, ne procède d’aucune essence. Il suffit de parcourir l’enseignement de Lacan pour constater que cette structure change de forme, de sorte que l’on peut distinguer dans ce parcours, d’un côté une clinique du Sujet où le symptôme est réduit à son statut de signifiant et de l’autre, une clinique du « parlêtre » où le symptôme inclut la part de jouissance qu’il comporte. Nous verrons plus loin comment cette deuxième voie vise le Réel, et toujours avec cette tension qui travaille la psychanalyse entre le particulier de la clinique et le singulier de chaque cas.
Cette orientation vers le Réel est tardive chez Lacan, ce qui montre que le symptôme n’a pas trouvé sa juste place avant les derniers séminaires. Il suffit de se demander d’ailleurs où Lacan situe le symptôme dans son premier enseignement sur le schéma L par exemple. Est-ce qu’il le situe sur l’axe imaginaire des investissements libidinaux considérés comme le lieu de l’inertie, ou bien sur l’axe symbolique considéré comme le ressort dynamique de la psychanalyse, comme l’indique le schéma L ?

Sur ce schéma, le symptôme semble participer d’une position paradoxale : d’un côté il est situé dans le champ symbolique de la parole pleine comme formation de l’inconscient et de l’autre, il est considéré comme un phénomène frappé de stagnation et d’inertie. Et à quoi Lacan se réfère-t-il pour rendre compte de cette stagnation ? Et bien, il se réfère à l’automatisme de répétition, en le considérant non pas comme ce qui fait obstacle, butée, à la toute puissance du symbolique, mais pour faire valoir le statut de cet automatisme de répétition, comme une dimension historique, non biologique (c’était à l’époque une position de combat contre l’interprétation biologisante de Freud). Lacan soutenait la conception selon laquelle l’Histoire est tenue pour donatrice de sens et de « parole pleine ». Bon, je ferme cette parenthèse quelque peu abstraite, pour revenir à notre interrogation sur le Réel, par le côté pratico-expérimental, en se demandant ce qui est susceptible dans cette pratique de constituer un point de butée. Nous pouvons convoquer ici le texte de Freud Inhibition, Symptôme, Angoisse (ISA), dans lequel Freud caractérise le symptôme par sa stagnation et l’angoisse comme ce qui ne trompe pas. Et enfin il parle de l’inhibition en tant qu’elle spécifie un Sujet dont la posture se fige dans un « ne pas pouvoir » radical. Freud considère ces trois points, notamment le dernier, comme quelque chose de plus fort que le refoulement, c’est-à-dire comme quelque chose de réfractaire à l’efficace de l’interprétation. Je vous rappelle que, dans ce texte de ISA il s’agit d’une nouvelle élaboration pour répondre à la crise, au tournant des années 1920.
Je l’ai déjà commenté à plusieurs reprises. Cet enjeu apparaissait de plus en plus aux analystes de l’époque tel que l’accès au déchiffrement, c’est-à-dire l’accès au symbolique, n’était pas quelque chose d’aussi facile que ce qui était rapporté dans les livres canoniques de Freud. Dans ces ouvrages, Freud s’attache à montrer que les formations de l’inconscient ont un sens, et qu’elles se déchiffre...
Table des matières
- Couverture
- 4e de couverture
- Copyright
- Titre
- Dédicace
- Table des matières
- Préface
- Avant-propos
- Le Réel en psychanalyse
- BIBIOGRAPHIE