"Timbo est morte !"
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"Timbo est morte !"

Vie, mort et mémoire (Fouta-Dialo, Guinée)

  1. 156 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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"Timbo est morte !"

Vie, mort et mémoire (Fouta-Dialo, Guinée)

À propos de ce livre

Modeste mais prestigieuse capitale politique, Timbo a régné pendant un siècle et demi sur l'état théocratique confédéral et original imposé par les Peuls aux populations non islamisées du Fouta-Dialo au début du XVIIIe siècle. Aujourd'hui résignée, Timbo, lointaine héritière d'une histoire exceptionnelle, unique dans toute l'Afrique de l'Ouest, se survit à l'ombre de sa mosquée neuve.

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Informations

Éditeur
Sépia
Année
2019
ISBN de l'eBook
9782336861340
76
780 m d’altitude, sur une soixantaine d’hectares près de Fougoumba et de la chute de Ditinn, « à la tête de la splendide vallée du Thénée. » (Rapport général Guinée 1898, p. 64). Noirot est fier de son œuvre au point de la vanter à son
gouverneur avec l’impertinence dont il est parfois capable quand il se fâche :
« Castelfrançais ? une institution encore précaire, alors que Ballayville offre à présent, avec des logements relativement confortables, tout le confort d’un jardin que je vous souhaite à Konakry… » (David, 2012, p. 206).
Et, dans la foulée… cela va de soi et pas d’inquiétude : vive Timbo capitale centrale de la Guinée !
L’ORDRE COLONIAL (après 1900)
L’action au Fouta-Dialo de Noirot et de sa petite équipe en tout juste trois ans est surprenante, fracassante et sans pitié dans le domaine politique, mais au contraire paisible, innovante et presque régénatrice dans les domaines économique et éducatif. Remarquons que Devaux sera vraiment le seul témoin extérieur et de bonne foi à en avoir, juste à temps, décrit et apprécié la réalité. Arrivé « résident » en 1897 et reparti « commandant » de fait d’un Fouta tronçonné et définitivement assujetti, Noirot passe son service le 9 avril 1900 et quitte Timbo, peut-être sans savoir que « l’administration du Fouta-Djalon », certains de ses notables (dont Alfa Yaya) et lui-même vont figurer au palmarès de l’Exposition universelle de Paris. C’est le docteur Maclaud qui lui succède et le choix est à première vue judicieux. Médecin et administrateur, celui-ci a effectué en 1897-1899 dans tout le Fouta un long voyage scientifique de 3 500 km assorti d’observations techniques de tous genres. Il était d’ailleurs l’hôte de Noirot à Timbo pour la Noël 1898.
Déclinante à l’arrivée de Noirot, indiscutablement malmenée et réduite dans son prestige et dans ses territoires, Timbo vient
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d’être un peu revigorée par l’action énergique et les projets éphémères de son maître. Va-t-elle, dans la paix forcée coloniale qui semble malgré tout lui promettre à la fois une agriculture diversifiée, un élevage moderne, la route et le chemin de fer, connaître un nouveau, et plutôt heureux, destin ?
Il n’en sera rien et Noirot va vite se retrouver seul à y croire. Tout d’abord, aussi étonnant que cela puisse paraître, les fermes-écoles de Ballayville et Castelfrançais disparaissent à la fois du paysage et des rapports officiels aussi vite qu’elles y sont apparues et ce phénomène demeure d’ailleurs largement inexpliqué. Alors que toute une série de jardins d’essais et de culture ont déjà repris l’expérience en Guinée, le silence se fait aussitôt, dès 1900, sur ces deux établissements qui n’ont pourtant connu ni sinistre ni épreuve majeure signalée. Leur créateur parti, les Rapports d’ensemble sur la situation générale de la colonie, si prolixes et si détaillés sur le sujet en 1898 et 1899, tant que Noirot est sur place, n’en disent plus jamais rien. Aurait-il, trois années durant, gonflé ses statistiques, inventé ses prouesses, mystifié sa hiérarchie et ses visiteurs ? On ne peut le croire. Pourtant, chargé à la fin de 1900 d’une mission « sur les plantes utiles et l’élevage des bestiaux », le docteur Vergely, assisté de Le Brun d’Heurgival (qui va d’ailleurs mourir à Timbo le 27 novembre) rencontre Maclaud à Timbo, Francon à Ditinn et Bonassiès à Koussi et conclut très sèchement :
« M. Noirot a fait dresser des bœufs porteurs et des bœufs de charrue mais, après expérience faite, il est reconnu que ces animaux ne rendent pas des services en rapport avec les sacrifices qu’ils exigent (…) Quant à la charrue, elle est peu commode (…) En somme, ces essais coûtent cher et le seul bénéfice sérieux qu’on en retire, c’est que les administrateurs futurs (?) n’ont aucun désir de recommencer des expériences coûteuses qui, somme toute, n’aboutissent à aucun résultat. Le plus simple et le plus rationnel (…) c’est de s’en rapporter à la vieille expérience des Foullas et les encourager dans leurs entreprises… ce que font… Maclaud… Francon et… Bonassiès. »
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Successeur de Noirot quelques mois plus tôt, et par ailleurs très compétent bien au-delà de la médecine, Maclaud aurait-il si vite contesté et abandonné l’œuvre de son ami ? Les deux seuls procès-verbaux de passation de service retrouvés aux archives sont très insuffisants, surtout quand un article de la Revue coloniale de 1908 affirme que les deux fermes, au motif que « les résultats n’en furent pas probants » auraient été « toutes deux supprimées le 23.2.1900 et remplacées par un Jardin d’Essai à Ditinn abandonné depuis. » (Arcin, 1907 p. 612). Supprimées par Noirot lui-même avant de quitter Timbo en avril ? C’est aussi invraisemblable – on s’en souvient – que la création de Ballayville le jour même de son arrivée. Noirot, revenu de congé, n’est pourtant pas loin. Nommé en mars 1901 « directeur des affaires indigènes » auprès du gouverneur Cousturier, il parcourt tout le pays, toujours très bien accueilli, parfois même ovationné. Mais, quand il repasse pour la première fois à Timbo, en mars (1902 ou 1903), il cède au découragement :
« Je viens de revoir la résidence de Timbo. Tout en remerciant MM. Hubert et Guéland d’avoir fait leur possible pour sauver les plantes de l’envahissement de la… (?), ma peine est si grande que
je préfère taire mes impressions. » (CARAN, cote 148-AP-4, p. 77 et David, 2012, p. 203-204).
N’aurait-il retrouvé que des ruines ? N’a-t-il pas revu sa ferme et ses bœufs ? Et où logeaient donc Hubert et Guéland ? Curieusement, il n’évoquera plus jamais Castelfrançais ni Ballayville si vite condamnées et oubliées. Timbo va quand même envoyer en 1902 au Concours agricole de Conakry une délégation forte de 300 personnes et conduite par Ibrahima Margato, oncle de l’almamy, mais incapable de rivaliser avec celle du Labé dirigée par Alfa Yaya en personne. Noirot sait en tout cas – on y reviendra – qu’il a aussi perdu pour Timbo le combat du chemin de fer. Et les visiteurs vont s’y succèder, muets ou dépréciatifs quant à ses expériences passées. Un texte banal mais
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illustré de deux clichés de Marcel Dubois et Camille Guy est publié en 1903 :
« Ferme de Timbo (cl.140), il y a très peu d’habitation...

Table des matières

  1. TIMBO est morte !
  2. TABLE DES MATIERES
  3. EN GUISE DE JUSTIFICATIF
  4. ORIGINES
  5. ALSILAMAAKU
  6. LE TEMPS DES VISITEURS
  7. LE TEMPS DES TRAITÉS
  8. L'ENCERCLEMENT
  9. POREDAKA
  10. LE PROTECTORAT ET LA COLONIE
  11. L'ORDRE COLONIAL
  12. TIMBO EST MORTE
  13. TIMBO EN SURVIE
  14. SOURCES ET ARCHIVES
  15. BIBLIOGRAPHIE
  16. ICONOGRAPHIE ET BIBLIOGRAPHIE
  17. ILLUSTRATION
  18. Remerciements