
- 126 pages
- French
- ePUB (adapté aux mobiles)
- Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub
À propos de ce livre
La société civile contemporaine n'apprécie guère le maintien de secrets que la quête d'une excessive discrétion rend plus suspects que sympathiques. Concernant la franc-maçonnerie, il importe que des initiés témoignent de leur expérience vécue sur une voie d'émancipation individuelle et collective à vocation universelle. Membre de la Grande Loge de Belgique après avoir été initié au Grand Orient, auteur de plus de vingt livres dont huit ouvrages maçonniques, Boris NICAISE répond sans tabou à la question la plus souvent posée: y a-t-il un secret maçonnique?
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Informations
INITIATION ET SECRET
Il ne peut y avoir d’initiation traditionnelle sans secret.
Telle est la part la plus difficile à admettre par qui se voudrait adepte de la transparence.
Mais encore va-t-il falloir s’entendre sur le concept de secret, voire en changer le terme pour lui en donner un et éviter que son fonds le connaisse.
Le secret initiatique existait-il avant la société qui le cultive ? En est-il une création ex nihilo ? Est-il une découverte scientifique ou échappe-t-il à toute analyse rationnelle ?
Une société dans laquelle tous seraient des initiés, verrait-elle le secret disparaître pour autant ? Que resterait-il éventuellement d’autre, qui en soit approchant ? Du mystère ? Ou le Mystère ?
Et si c’était l’existence du profane, au sens profond du terme plus qu’au sens banal, qui serait la pleine raison de vivre du secret, voire de vivre le secret ? Le secret n’a de sens que s’il ne se partage qu’en partie, notamment pas vis-à-vis de ceux qui ne sont pas censés le détenir (ce dont l’assurance n’est guère certaine mais acceptons-en le principe). Ainsi de l’initié face au profane. Ainsi, en franc-maçonnerie, du maître par rapport au compagnon et de ce dernier par rapport à l’apprenti, lui dont le signe rappelle le devoir de respect du secret qu’il va mettre toute sa vie à approcher, dont à chaque séance il va retrouver par le geste le rappel à l’ordre.
Un jour, l’apprenti deviendra maître. S’il l’est, il se reconnaîtra toujours apprenti en raison d’une question qui le taraudera toute son existence durant sans qu’une réponse puisse le satisfaire : lorsque se tait le maître, est-ce un silence de sage ou un silence d’ignorant ?
L’éveil au secret commence évidemment bien avant d’y être initié. Il change l’esprit du profane longtemps avant sa révélation. Telle est son action, en œuvre depuis l’origine de la connaissance de sa connaissance, donc de son ignorance. Un processus automatique se met en route dans la tête de l’être humain dès qu’il sait pouvoir avoir accès à un secret : il s’y investit avant même de l’avoir reçu et donc d’en savoir quoi que ce soit ! En maçonnerie, la demande de pouvoir entrer en société sera définitivement gardée secrète, puisque les pièces de son dossier d’enquête préalable seront détruites et que le souvenir même de sa candidature sera balayé, même en cas de non-réception. C’est une des garanties données par l’ordre et il y a fort à parier que le candidat qui aurait été évincé ne le rapportera jamais non plus autour de lui. Ainsi le secret de l’initiation commence-t-il bien avant celle-ci, du fait même du demandeur !
Une fois reléguées au rayon des vieilleries désuètes les filiations opératives où le secret eut pu avoir le sens du maintien de la connaissance, quelques francs-maçons enthousiastes quelque peu déboussolés de cette perte se référèrent aux mythes d’Eleusis ou de Mithra pour justifier le secret par rapport au contenu de l’initiation qu’ils avaient vécue, histoire de s’accrocher à quelque chose qui soit justifiant à leurs yeux. C’est un peu Madame Soleil prétendant descendre de la Pythie ! Est-ce bien utile et raisonnable ? Absolument pas ! Point n’est besoin de s’identifier à une secte antique, aussi intéressante et honorable put-elle sans doute être, pour donner raison à l’usage du secret en franc-maçonnerie.
Celle-ci n’a au demeurant, à l’inverse par exemple des premiers rassemblements de chrétiens, jamais été une secte. Elle n’a jamais prétendu détenir une quelconque vérité qu’elle aurait imposée à coup de dogmes, ni fait entrer un maximum d’adeptes pour les retenir ensuite contre leur gré. Elle est juste composée d’êtres libres tentant de vivre ensemble dans un concept de vérité, attitude exemplaire et difficile à l’attention de laquelle ils prennent le plus grand soin. Cela les amène à des débats contradictoires parfois délicats, chacun venant avec ses acquis et son éducation, ses préjugés ou ses lectures, où la division ne se rencontre pas et où l’addition devient multiplication, composante asymptotique du secret.
Par contre, oser dire et écrire que l’initiation a pour base même le serment de secret, consistant à ne rien révéler de ce qui a été vécu, nous semble juste et honnête. C’est d’autant plus évident en maçonnerie qu’un premier serment est demandé avant même l’initiation proprement dite, l’installant en quelque sorte, de ne rien révéler de ce qui sera vu et entendu. Souvent même, un serment est déjà demandé lors du dernier interrogatoire, celui qui rituellement précède l’accès à l’initiation, de sorte qu’en ce cas ce ne sont pas moins de trois serments répétés (de promesse de silence) qui sont faits avant de pouvoir être pleinement reconnu franc-maçon. Le secret peut être vu comme le sésame qui déclenche l’ouverture de la porte de tous les temples : celui de la loge, celui de son cœur et celui des autres qui l’accompagnent dans sa quête, le reconnaissant pour leur.
Avant même d’avoir reçu quoi que ce soit de secret, le futur silence permettra ce secret qui est au cœur, pour ne pas dire le cœur, de l’initiation. Et que ce serment soit presté sur la Bible, les Constitutions de l’Ordre ou un livre blanc, selon l’esprit de la loge où il se reçoit, ne change rien à sa valeur et ni à sa qualité, tous les maçons du globe le reconnaissant unique par l’esprit.
Ce silence réclamé du candidat est bien plus qu’une action de se taire, il participe pleinement à la transformation de l’être proposée. Ainsi qu’il se pratique en maintes sociétés de tradition, il vise à faire la paix en soi pour favoriser l’écoute sereine de l’autre puisque, comme le dit l’actuel Dalaï-Lama, celui qui parle dit ce qu’il sait déjà, alors que s’il se tait il apprendra peut-être quelque chose. Les esprits espiègles diront que, si tous s’adonnent à ceci, tout est aussitôt fini, l’humanité pouvant remballer ses outils !
Au-delà de cette boutade réaliste, ainsi le silence choisi par serment est-il voie de connaissance, prélude à l’énonciation de vérités, en ce compris par le jurant qui place sa prise de parole entre deux temps de silence. Le secret pour atelier du décret.
Cet esprit de secret accompagnera sans cesse le cheminant dans son parcours maçonnique puisqu’on le retrouve à l’entrée des loges de perfectionnement (appelées improprement hauts-grades) dont le premier degré (le 4e, donc, après ceux d’apprenti-compagnonmaître) est celui de maître secret, alors que le 32e degré, précédant le pseudo nirvana de l’ultime 33e est le prince du royal secret (à imprimer sur son T-shirt pour les vacances).
Mais tout ceci avait déjà été explicité lors de l’accès au 3e degré, celui de maître, où un psychodrame montre le sacrifice d’un homme refusant de dévoiler un secret (qui n’est d’ailleurs pas le secret) à des adeptes insuffisamment avancés dans la progression initiatique. Pourquoi ? Pour garder ce secret ? Bien sûr que non ! Mais pour faire en sorte que la transmission de la connaissance que permet la constante initiation se maintienne dans toute sa splendeur.
Écoutons un instant Luc Benoist : « Ce que transmet le maître au disciple, ce n’est pas le secret même, mais le symbole et l’influence spirituelle qui rendent possible la compréhension ». Ne transmettant pas le secret mais le symbole, nul dogmatisme n’est possible, laissant la plus grande liberté à celui qui reçoit et est lui-même appelé à transmettre, selon sa propre évolution et son incertaine compréhension, toujours à perfectionner. Tout cela en sachant que tous les secrets maçonniques peuvent être initiatiques mais que tous les secrets initiatiques ne sont pas maçonniques. Dès lors la franc-maçonnerie est à interpréter comme un carrefour de cultures et non comme une tradition à voie unique : un condensateur de courants alternatifs propre à générer de la transformation en continu.
Quant aux symboles, ils n’ont rien de secret non plus puisqu’issus de toutes les latitudes de l’humain et pouvant être utilisés en toutes interprétations libérées, sans plus faire appel à la maçonnerie pour augmenter ses chances d’explorer la plus vaste étendue possible des terres de la diversité. Il n’est en effet nul besoin pour y travailler d’être franc-maçon, lui qui n’en disposera que pas à pas, degré après degré, selon la délivrance qui lui en sera faite.
L’homme sacrifié que nous avons évoqué ci-dessus, Hiram de son nom, est très librement inspiré de textes vétérotestamentaires, en cette série de livres où le secret est valorisé à plusieurs reprises, ce dont l’Église catholique se gardera bien de se revendiquer (dont Tobie 12 : 7 et 11 ; Livre des Rois 1 : 6-7 ; Deutéronome 27 : 9). Un aspect vanté en ces écrits est que retenir sa parole permet d’entendre l’autre, et naturellement ici l’Autre.
Enfin, lorsqu’il sera question d’Hiram et de la construction du temple dans le Livre des Rois, le texte précisera qu’on n’y entendait nul bruit de métal (matière que les francs-maçons laisseront donc au parvis pour initier leur détachement), laissant augurer un certain silence sur le chantier. Il est donc logique de mentionner à la fin des travaux que les maçons se retirent en paix sous la loi du silence pour rester dans cet état de bien-être et de sérénité. Y voir un esprit de magouilles est d’un obscurantisme crasse !
Lors de la fermeture de chaque séance, deux devoirs sont rappelés à chacun de façon sentencieuse : « observer scrupuleusement la loi du secret maçonnique » (ce qui n’a rien à voir avec la dissimulation d’un quelconque secret) et « pratiquer toujours et partout les lois de la fraternité » (dont tous savent qu’elles sont élargies à tous les êtres humains). Il faut être très mal orienté pour y voir malice.
Tout ceci pour dire également qu’il ne faut pas s’imaginer qu’on va recevoir un enseignement secret en entrant en maçonnerie qui fera de nous un être nouveau et définitivement différent de celui que nous étions dix minutes auparavant, de l’autre côté de la porte ! Seul le chemin de la connaissance, sans cesse repris et entrepris, peut faire évoluer. Qui s’arrête parce qu’il s’imagine avoir reçu quelque grâce ou savoir caché voit sa quête mourir à l’instant et lui avec, en qualité d’initié tout au moins ! Les soufis ne conseillent-ils pas comme nombre de maçons de ne plus rien lire, avant d’entrer en confrérie ? La franc-maçonnerie également privilégie le perfectionnement à l’étude, c’est-à-dire d’approfondir ce qu’on pense savoir plutôt que d’accumuler des connaissances supplémentaires qui n’apporteront que peu à l’être.
Pour être tout à fait honnête, au terme même d’initiation qui annonce clairement qu’elle n’est qu’un début, juste une sorte de déclic, faut-il ajouter son caractère potentiel, quasi virtuel pour parler moderne : l’initiation ne passe du stade du virtuel au stade du réel que pour celui ou celle qui la poursuit en lui-même toute sa vie durant. Il n’y a donc pas de quoi pavoiser lorsqu’on a été initié, puisque ce n’est que l’enclenchement d’un processus, le déclic éventuel d’un mécanisme pouvant ouvrir des serrures qui donneront dans notre conscience l’accès à un véritable musée de la porte ! Insistons sur l’aspect éventuel car ce n’est pas parce qu’on a subi les rites d’une initiation qu’on est forcément initié. Quelle épreuve avons-nous entamée là, que nous regretterons bien vite si la seule curiosité était notre moteur !
En effet, concernant le secret, savoir pour le simple fait de savoir n’a aucun intérêt. Que ferions-nous d’une information qui ne ferait pas sens ? Bien sûr, il y aurait pour certains la vanité de pouvoir se revendiquer de la détenir, histoire de briller dans l’obscur, le temps d’un feu follet dans un cimetière oublié. Les secrets peuvent être affichés en place publique durant des mois et des années, si on ne les comprend pour ce qu’ils peuvent offrir une fois véritablement intégrés, cela n’aura aucune portée utile pour qui que ce soit, ni pour ceux qui les auront divulgués ni pour ceux qui les auront parcourus d’un regard désenchanté.
Dans une société de peuples premiers, l’initiation concerne généralement tout qui a l’âge et le sexe voulus. Cependant le secret ne s’y vit pas toujours de cette manière et il arrive que les initiateurs, tout en ayant à cœur de le divulguer à tous, choisissent le bon moment pour ce faire. Sory Camara, auteur guinéen ayant fait une étude exhaustive sur la parole des griots, publia un article intitulé « Servitudes rituelles, subversion narrative ou le secret de l’existence » dans la revue Mande Studies, concernant les conceptions ésotériques de la connaissance chez les Mandenkas (Mali). Chez eux, la transmission se fait par des « maîtres de sentiers de la traversée de l’existence » dont le statut de sages a été reconnu en raison de leur longue expérience de la vie. Lorsqu’un homme ou une femme souffre de troubles dont elle ne peut sortir, ils lui proposent un récit sans le moindre commentaire, nommé « parole à fondements », qui a un sens caché sous forme de « grains de lumière » (yelenkise en langue locale). La parole donnée contient son déchiffrement de façon cachée, avec des clés pour le trouver, sans que quoi que ce soit puisse être imposé au receveur qui traduira selon son être et ses besoins propres. Voilà une méthode extrêmement semblable à la méthode maçonnique !
De plus, la notion de secret existe de la même manière chez les Mandenkas, notamment parce que les effets du savoir obtenu sont réputés pouvoir être dangereux, si utilisés par quelqu’un qui ne l’a pas reçu dans les règles. C’est pourquoi les « maîtres du sentier » vérifient d’abord que le futur récipiendaire en a les potentielles compétences, qu’il est libre et de bonnes mœurs, apte à recevoir l’initiation qu’est le mythe qui va lui être confié et dont la vocation d’élévation est évidente. En préliminaire, il lui sera d’ailleurs réclamé un serment de garder le secret, à partir duquel le savoir deviendra pour lui connaissance.
Tous les courants de l’humanité ont conçu des mouvements initiatiques contenant un temps de secret qui peut sembler visible et concret, que ce soit au travers de rites sacramentels comme la communion, ou via une marque délivrée telles les scarifications ou la circoncision. Cela fait autant partie de la nature humaine que probablement de la nature elle-même. Songeons à l’œuf, au cocon, à la chenille, à la chrysalide, à cette cigale restant de un à dix-sept ans dans la terre pour, enfin adulte, se reproduire et chanter le temps d’un demi-été. La mort symbolique à l’enfance, pour renaître avec de nouvelles armes pour affronter la vie adulte et s’insérer en toute responsabilité dans le monde, est l’affaire de tous. Cependant, là aussi le passage de l’ignorance à la sagesse est gardé par quelques-uns, vu qu’il y a des chamans et des prêtres partout et que tout le monde ne le devient pas vu qu’une sorte de grâce en est l’instigatrice.
En franc-maçonnerie au contraire, chaque adepte peut être amené à diriger une loge, pour peu que le groupe vote en sa faveur : l’élection vers ce droit ne se fait pas de la même façon en ces deux milieux fort différents. Mais les données de réception sont de même ordonnance : un lieu et un moment, pour ce qui est de la partie cérémonielle ; une méthode et une durée, pour ce qui est du processus de continuation. Au-delà d’infimes différences auxquelles s’accrochent les intégristes pour pendre les oripeaux de leurs revendications fanatiques, cela se présente comme une anatomie de l’humanité, constante malgré l’espace et le temps.
Un élément similaire avec d’autres sociétés initiatiques est que, malgré le caractère durablement sacré des officiants, les rites de passage au sein des sociétés premières sont pour l’essentiel connus de tous, bien avant de les vivre, la voie orale et l’imperfection du secret ayant permis les mêmes fuites que celles que le livre ou tous les autres médias offrent dans les sociétés dites développées.
Ce qui est différent dans les sociétés premières est que l’importance n’est pas mise sur la connaissance du secret (ou des secrets) en lui-même mais sur le droit à le(s) divulguer. Cela entraîne un langage spécifique aux initiés qui, au-delà de l’expression ou non du secret, auront à user de métaphores ou de jeux de mots pour dévoiler tout en revoilant, grand classique de la pratique du secret à rendre intelligible, en toute incertitude au demeurant. Cela se retrouve en franc-maçonnerie, que ce soit au travers d’une écriture codée ou de dates délirantes (dont les secrets sont dignes de Polichinelle), d’abréviations convenues ou de termes désuets cultivés avec délice.
Nous allons bientôt vendre la mèche. Mais savez-vous d’où vient cette expression désuète ? Dans les anciens dictionnaires de marine militaire est évoqué le secret du brûlot, cet endroit caché au sein de l’épave flottante envoyée contre un navire armé, où se trouve la mèche qui permettra de faire sauter l’engin au moment le plus ad hoc. La mèche pour arme ? Dévoiler la mèche l’est aussi !
Même s’il n’y aura sans doute pas matière à pétarade, faisons-en un bref et partiel inventaire à la Prévert, meilleur mode possible pour une exploration des secrets maçonniques qui ne sont en réalité que cachotteries de petite conciergerie.
Il y a évidemment, marque la plus connue du grand public, les trois points disposés en un petit triangle équilatéral après l’une ou l’autre lettre. Qu’après VM cela signifie Vénérable Maître et qu’après GADLU cela abrège Grand Architecte de l’Univers, passe encore, mais que des missives terminent par NVSPTLNQVSC fait bien rire tout le monde, même si l’intention est d’écrire « Nous vous saluons pas tous les nombres qui vous sont connus », ce qui du reste est encore plus comique et valait bien ces abréviations d’effacement ! Attention bien entendu que ce n’est pas de l’espéranto et que AhgwtatB ne veut rien dire chez Voltaire puisque c’est Franklin qui vous remet a hearty good wish to all the Brethren, excusez du peu ! Peut-être seuls les cruc...
Table des matières
- Couverture
- 4e de couverture
- Copyright
- Titre
- Exergues
- INTRODUCTION
- DE QUOI PARLONS-NOUS
- DE L’IMAGINAIRE PROFANE
- S’EN LAISSER CONTER
- LE SECRET AUX ORIGINES DE LA FRANC-MAÇONNERIE
- RAISONS DE LA HAINE
- INITIATION ET SECRET
- HUMOUR BRITISH HORS D’ÂGE
- PRATIQUE DU SECRET DANS UN GROUPE INITIATIQUE
- FAUT-IL MAINTENIR LE SECRET ?
- SENS DU SECRET
- SECRET DU SENS
- UN MOMENT DE POÉSIE
- DISTORSIONS DU SECRET
- QUATRIÈME POUVOIR
- VÉCU DU SECRET EN FRANC-MAÇONNERIE
- EST-IL BON OU MAUVAIS DE SE DÉVOILER FRANC-MAÇON ?
- CONSISTANCE DU SECRET
- BIBLIOGRAPHIE SUCCINCTE
- TABLE DES MATIÈRES