Bumuntu ou la culture de l'excellence
eBook - ePub

Bumuntu ou la culture de l'excellence

La praxéologie

  1. 294 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub

Bumuntu ou la culture de l'excellence

La praxéologie

À propos de ce livre

La thÚse centrale aux diverses harmoniques qui traverse le premier tome se prolonge en ce deuxiÚme tome avec un accent mis sur quelques domaines de son application: la démocratie, l'éducation et l'interculturalité. En effet, les fondamentaux du bumuntu ne se comprennent et ne prennent toute leur épaisseur qu'en rapport avec l'action, la praxis.

Foire aux questions

Oui, vous pouvez résilier à tout moment à partir de l'onglet Abonnement dans les paramÚtres de votre compte sur le site Web de Perlego. Votre abonnement restera actif jusqu'à la fin de votre période de facturation actuelle. Découvrez comment résilier votre abonnement.
Pour le moment, tous nos livres en format ePub adaptĂ©s aux mobiles peuvent ĂȘtre tĂ©lĂ©chargĂ©s via l'application. La plupart de nos PDF sont Ă©galement disponibles en tĂ©lĂ©chargement et les autres seront tĂ©lĂ©chargeables trĂšs prochainement. DĂ©couvrez-en plus ici.
Perlego propose deux forfaits: Essentiel et Intégral
  • Essentiel est idĂ©al pour les apprenants et professionnels qui aiment explorer un large Ă©ventail de sujets. AccĂ©dez Ă  la BibliothĂšque Essentielle avec plus de 800 000 titres fiables et best-sellers en business, dĂ©veloppement personnel et sciences humaines. Comprend un temps de lecture illimitĂ© et une voix standard pour la fonction Écouter.
  • IntĂ©gral: Parfait pour les apprenants avancĂ©s et les chercheurs qui ont besoin d’un accĂšs complet et sans restriction. DĂ©bloquez plus de 1,4 million de livres dans des centaines de sujets, y compris des titres acadĂ©miques et spĂ©cialisĂ©s. Le forfait IntĂ©gral inclut Ă©galement des fonctionnalitĂ©s avancĂ©es comme la fonctionnalitĂ© Écouter Premium et Research Assistant.
Les deux forfaits sont disponibles avec des cycles de facturation mensuelle, de 4 mois ou annuelle.
Nous sommes un service d'abonnement Ă  des ouvrages universitaires en ligne, oĂč vous pouvez accĂ©der Ă  toute une bibliothĂšque pour un prix infĂ©rieur Ă  celui d'un seul livre par mois. Avec plus d'un million de livres sur plus de 1 000 sujets, nous avons ce qu'il vous faut ! DĂ©couvrez-en plus ici.
Recherchez le symbole Écouter sur votre prochain livre pour voir si vous pouvez l'Ă©couter. L'outil Écouter lit le texte Ă  haute voix pour vous, en surlignant le passage qui est en cours de lecture. Vous pouvez le mettre sur pause, l'accĂ©lĂ©rer ou le ralentir. DĂ©couvrez-en plus ici.
Oui ! Vous pouvez utiliser l’application Perlego sur appareils iOS et Android pour lire Ă  tout moment, n’importe oĂč — mĂȘme hors ligne. Parfait pour les trajets ou quand vous ĂȘtes en dĂ©placement.
Veuillez noter que nous ne pouvons pas prendre en charge les appareils fonctionnant sous iOS 13 ou Android 7 ou versions antĂ©rieures. En savoir plus sur l’utilisation de l’application.
Oui, vous pouvez accéder à Bumuntu ou la culture de l'excellence par Joseph Mbayo Mbayo en format PDF et/ou ePUB ainsi qu'à d'autres livres populaires dans Sciences sociales et Anthropologie. Nous disposons de plus d'un million d'ouvrages à découvrir dans notre catalogue.

Informations

Éditeur
Academia
Année
2017
ISBN de l'eBook
9782806121639

Chapitre 1 – La dĂ©mocratie
selon le bumuntu

Le bumuntu est une excellence de vie individuellement et collectivement. En tant que telle, cette excellence de vie se dĂ©cline comme bonheur partagĂ©. La plĂ©nitude de vie qui se matĂ©rialise en bonheur partagĂ© ne peut ĂȘtre effective que si elle est encadrĂ©e par les structures et les institutions dĂ©mocratiques. Les institutions justes qui encadrent l’ĂȘtre ensemble des hommes devraient ellesmĂȘmes ĂȘtre animĂ©es par les hommes-sources qui incarnent le bumuntu afin de matĂ©rialiser le dĂ©sir du bonheur partagĂ©. Ces institutions justes ne peuvent s’épanouir que dans une dĂ©mocratie qui en garantit la procĂ©dure et l’exercice. La dĂ©mocratie, forme de gouvernement qui correspond le mieux Ă  l’ĂȘtre-ensemble juste et bien de l’homme, devrait s’accompagner d’une problĂ©matisation en vue de sa perfectibilitĂ©. MarquĂ©e par l’inachĂšvement du fait de l’absence de fondement, la dĂ©mocratie se caractĂ©rise par une indĂ©termination qui, loin d’ĂȘtre nĂ©gative, la maintient dans l’orbite de la confrontation ouverte, de la perfectibilitĂ©. On ne discutera pas ici de cette fragilitĂ©14. On Ă©pingle certaines fragilitĂ©s gĂ©nĂ©ratrices du dĂ©ficit dĂ©mocratique. Le dysfonctionnement des systĂšmes dĂ©mocratiques actuels15, plus remarquable en Afrique, proviendrait d’une triple fragilitĂ© tributaire d’une triple primautĂ© de : a) la majoritĂ© au dĂ©triment de l’excellence, b) la leadercratie et/ou particratie au dĂ©triment de la dĂ©mocratie participative et dĂ©libĂ©rative, c) la procĂ©dure dĂ©mocratique au dĂ©triment de la culture dĂ©mocratique. À cette triple fragilitĂ©, il y a lieu de proposer une triple convergence entre : a) la majoritĂ© et l’excellence, b) la leadercratie et/ou particratie et la dĂ©mocratie participative et dĂ©libĂ©rative, c) la procĂ©dure dĂ©mocratique et la culture dĂ©mocratique. La culture dĂ©mocratique devrait mettre l’accent sur l’éducation Ă  la rĂ©solution des conflits selon la mĂ©diation praxique de la palabre africaine.

1.1. Le principe de la majoritĂ© et le principe de l’excellence

« Constitutionnel, l’État dĂ©mocratique s’appuie sur les principes de la majoritĂ© (“majority rule”) et celui de la participation libre et Ă©gale des citoyens aux affaires de la citĂ© »16. En dĂ©mocratie, le pouvoir de la majoritĂ© est prĂ©dominant et irrĂ©sistible. PrĂ©pondĂ©rant car la majoritĂ© possĂšde une puissance de fait et d’opinion grande. IrrĂ©sistible dans le sens oĂč une fois la majoritĂ© constituĂ©e sur une question, il n’y a point d’obstacles pour l’arrĂȘter, retarder sa marche et lui laisser le temps d’écouter les plaintes de ses victimes17. On dirait que l’opinion du plus grand nombre ou la raison de la majoritĂ© est toujours la plus forte sans ĂȘtre nĂ©cessairement la meilleure. On croit volontiers que la vĂ©ritĂ© se trouve du cĂŽtĂ© du plus grand nombre. Le principe de la majoritĂ© assure non seulement l’accession au pouvoir mais aussi sa lĂ©gitimitĂ©. Selon Alexis de Tocqueville, l’origine de tous les pouvoirs se trouve dans les volontĂ©s de la majoritĂ©. « La lĂ©gislature est, de tous les pouvoirs politiques, celui qui obĂ©it le plus volontiers Ă  la majoritĂ© »18. Tous les partis, ceux de la minoritĂ© y compris, reconnaissent les droits de la majoritĂ© parce que tous espĂšrent pouvoir un jour les exercer Ă  leur profit19.
À vrai dire, en dĂ©mocratie, il y a primat de la majoritĂ©, voire dictature de la majoritĂ©. Sur ce point, les analyses de Tocqueville restent pertinentes et sont d’une brĂ»lante actualitĂ©20. DĂ©nonçant l’omnipotence de la majoritĂ© aux États-Unis, il martĂšle : « il est de l’essence mĂȘme des gouvernements dĂ©mocratiques que l’empire de la majoritĂ© y soit absolu ; car en dehors de la majoritĂ©, dans les dĂ©mocraties, il n’y a rien qui rĂ©siste »21. Certes, en s’appuyant sur le principe le pouvoir arrĂȘte le pouvoir, la Constitution amĂ©ricaine prĂ©voyait un dispositif pour Ă©viter l’oppression de la minoritĂ© par la majoritĂ© : « le lĂ©gislatif est divisĂ©, l’exĂ©cutif a une Ă©nergie propre sans pouvoir usurper la souverainetĂ©, et les tribunaux sont indĂ©pendants tout en jouant un rĂŽle politique central Ă  travers le contrĂŽle de la constitutionnalitĂ© des lois »22. Or c’est lĂ  oĂč se logent les dangers de l’omnipotence de la majoritĂ©, Ă  savoir l’instabilitĂ© des lois, l’influence de la majoritĂ© sur l’exĂ©cution de la loi et sur l’action de l’administration publique. Les graves imperfections de la dĂ©mocratie amĂ©ricaine, malgrĂ© les rĂšgles constitutionnelles, n’échappent pas au peuple amĂ©ricain qui estime que les gouvernants, les fonctionnaires et les magistrats sont au service de la majoritĂ©. Dans ces conditions, il n’y a que peu de garanties contre la tyrannie. À qui s’adresser en cas d’injustice ? « À l’opinion publique ? C’est elle qui forme la majoritĂ© ; au corps lĂ©gislatif ? Il reprĂ©sente la majoritĂ© et lui obĂ©it aveuglĂ©ment ; au pouvoir exĂ©cutif ? Il est nommĂ© par la majoritĂ© ? La force publique n’est autre chose que la majoritĂ© sous les armes ; au jury ? Le jury, c’est la majoritĂ© revĂȘtue du droit de prononcer des arrĂȘts : les juges eux-mĂȘmes, dans certains États, sont Ă©lus par la majoritĂ© »23. Il s’agit lĂ  d’une technocratie juridique prĂ©judiciable aux libertĂ©s individuelles. En dĂ©nonçant l’ambiguĂŻtĂ© de la rĂ©volution dĂ©mocratique, Alexis De Tocqueville attire l’attention sur une fragilitĂ© qui guette toute dĂ©mocratie qui se repose sur ses oreillers. « Le rĂ©gime majoritaire peut facilement basculer en un subtil, mais redoutable systĂšme totalitaire. Le principe de la majoritĂ© ne suffit pas et peut engendrer, s’il n’est pas soumis Ă  des rĂšgles de justice politique ou de constitutionnalitĂ©, Ă  l’idolĂątrie du plus grand nombre et dĂ©river vers une logique arithmĂ©tique de la foule »24.
On l’aura compris, l’omnipotence de la majoritĂ© engendre les abus multiformes qui freinent la dĂ©mocratie. La majoritĂ© rĂ©git souverainement la sociĂ©tĂ© par des lois politiques. En favorisant le despotisme lĂ©gal du lĂ©gislateur et l’arbitraire du magistrat, le monopole de la majoritĂ© conduit Ă  la suppression et au nivellement du dĂ©bat dĂ©mocratique. La mainmise de la majoritĂ© se fait tellement Ă©crasante qu’elle induit l’effet d’alignement de l’opinion sur son idĂ©ologie instituĂ©e en pensĂ©e unique. « La majoritĂ© Ă©tant la seule puissance Ă  laquelle il soit important de plaire, on concourt avec ardeur aux Ɠuvres qu’elle entreprend ; mais du moment oĂč son attention se porte ailleurs, tous les efforts cessent »25. La pensĂ©e unique de la majoritĂ© se transforme aisĂ©ment en despotisme de la pensĂ©e. Penser en dehors des canons du chef ou leader de la majoritĂ© entraĂźne un isolement politique, voire le bannissement ou la mort politique. L’empire de la majoritĂ© Ă©touffe la pensĂ©e, il dispense Ă  la foule de penser en lui fournissant des prĂȘts-Ă -penser de toutes sortes. On se trouve sans le vouloir en rĂ©sidence surveillĂ©e de la pensĂ©e, on consomme une pensĂ©e standardisĂ©e. « La majoritĂ© vit donc dans une perpĂ©tuelle adoration d’ellemĂȘme »26. L’idolĂątrie de l’adoration de soi, appuyĂ©e par un discours auto-laudatif, renforce l’ego de la majoritĂ© au pouvoir tout en la rendant sourd aux cris et aveugle Ă  la misĂšre de la majoritĂ© silencieuse. Le despotisme de la majoritĂ© contribue Ă  l’étouffement des ambitions des hommes politiques mĂȘme au sein des partis majoritaires. Pire la majoritĂ© au pouvoir se distingue par son hypocrisie : elle se complait dans le fait de ne jamais afficher son vrai caractĂšre et exige le patriotisme au peuple sans ĂȘtre elle-mĂȘme attachĂ©e au patriotisme. La majoritĂ© a souvent les goĂ»ts et les instincts d’un despote27.
Et pourtant, Tocqueville vante a bien d’égard les mĂ©rites propres au rĂ©gime amĂ©ricain parce qu’il reprĂ©sente une synthĂšse originale entre les exigences libĂ©rales classiques et les aspirations propres de la dĂ©mocratie. Dans le systĂšme amĂ©ricain, la puissance des organes reprĂ©sentatifs est tempĂ©rĂ©e par l’énergie du pouvoir exĂ©cutif, la centralisation politique par le gouvernement local, et la souverainetĂ© populaire par le rĂšgne du droit et par la puissance politique des juges. Insistons sur ces trois contrepoids Ă  l’omnipotence de la majoritĂ©. D’abord, l’absence de centralisation administrative. La majoritĂ© nationale ne fait pas tout, elle dĂ©lĂšgue le pouvoir d’exĂ©cution de ses volontĂ©s souveraines aux magistrats et aux comtĂ©s. Ensuite, l’esprit lĂ©giste. Les lĂ©gistes ont une autoritĂ© et une influence au point de constituer la plus puissante barriĂšre contre les Ă©carts de la dĂ©mocratie. Les lĂ©gistes, qui ont les goĂ»ts et les habitudes de l’aristocratie, font pĂ©nĂ©trer leur esprit au sein des lĂ©gislatures, dans l’administration et cet esprit finit par donner au peuple lui-mĂȘme quelque chose des instincts des magistrats. « Ce que les lĂ©gistes aiment par-dessus toutes choses, c’est la vie de l’ordre, et la plus grande garantie de l’ordre est l’autoritĂ©. Il ne faut pas d’ailleurs oublier que s’ils prisent la libertĂ©, ils placent en gĂ©nĂ©ral la lĂ©galitĂ© au-dessus d’elle ; ils craignent moins la tyrannie que l’arbitraire »28. Enfin, le systĂšme du jury. Il est une consĂ©quence directe et extrĂȘme du dogme de la souverainetĂ© du peuple et du vote universel. La magistrature fait pĂ©nĂ©trer l’esprit lĂ©giste jusque dans les derniers rangs de la sociĂ©tĂ© Ă  l’aide du jury.
La tyrannie de la majoritĂ© pourrait disparaĂźtre si la libertĂ©, fondement de la dĂ©mocratie et condition de l’égalitĂ©, permet Ă  l’homme dĂ©mocratique de conserver un minimum de distance avec ses propres croyances et d’établir les liens sociaux autres que ceux de l’intĂ©rĂȘt. Ce qui suppose une capacitĂ© de dĂ©centrement et d’oubli de soi qui se situe au-delĂ  du naturel et en appelle Ă  une dimension Ă©thique. C’est pourquoi, le principe politique de la majoritĂ© devrait aller de pair avec le principe Ă©thico-anthropologique de l’excellence. En ce sens, on peut avancer une premiĂšre l’hypothĂšse de la perfectibilitĂ© de la dĂ©mocratie : la dĂ©mocratie gagnerait en force et en cohĂ©rence s’il y a convergence entre la loi de la majoritĂ© et la loi de l’excellence. Et une Ă©ducation du peuple et des dirigeants Ă  une culture de l’excellence rendrait cette convergence plus opĂ©rante.
Autrement dit, le candidat ou le parti majoritaire devrait ĂȘtre aussi un candidat ou un parti excellent. Le candidat ou le parti excellent est celui qui incarne le bumuntu29. On a vu que le bumuntu connote le fait d’avoir une personnalitĂ©, d’ĂȘtre homme. Il traduit aussi certaines rĂ©alitĂ©s Ă  portĂ©e Ă©thique telles que la considĂ©ration, la dignitĂ©, l’estime. On prĂ©senterait le bumuntu comme une dĂ©hiscence de l’humain, le nƓud oĂč se dĂ©noue en se renouant l’humain, le bourgeon oĂč l’humain germe, croĂźt, fleurit et Ă©clate. Le bumuntu procĂšde de l’ĂȘtre-homme (muntu), exprime l’ĂȘtre-homme et est le miroir de l’ĂȘtre-homme. Selon qu’on a ou pas le bumuntu, on est soit dans le type hommes-sources, soit dans le type hommes-boues. Ceux-lĂ  sont des hommes-excellents, ceux-ci sont des hommes-mĂ©diocres.
La convergence entre la loi de la majoritĂ© et la loi de l’excellence implique que la majoritĂ© est composĂ©e des hommes-sources. Il n’y a qu’une telle convergence qui peut donner une configuration de l’excellence Ă  la dĂ©mocratie. Comme culture de l’excellence, le bumuntu entraĂźne des ruptures susceptibles de transformer le vivre-ensemble d’un peuple. Parmi ces ruptures, deux mĂ©ritent toute l’attention. D’une part, il y a la mise en place des institutions justes qui encadrent le vivre-ensemble en s’appuyant sur la culture de l’excellence et l’éducation des peuples et des dirigeants Ă  tout faire pour la promotion de la culture de l’excellence. Toutefois, il ne suffit pas d’avoir des institutions justes, il faut en plus avoir des animateurs justes et excellents des institutions car les institutions valent ce que valent ceux qui les animent. En effet, les structures conditionnent les hommes mais ce sont les hommes qui les crĂ©ent pour les hommes et les transforment pour les hommes. Les structures doivent s’enraciner dans le bumuntu, reflĂ©ter, traduire le bumuntu et permettre ainsi aux hommes d’incarner le bumuntu sous peine de devenir sclĂ©rosĂ©es, Ă©touffantes et destructrices des hommes. Il est vrai que les hommes passent, les institutions demeurent. C’est pourquoi, les hommes doivent se battre pour mettre en place des institutions fortes qui sont Ă  la fois justes et excellentes. Dans Histoire et vĂ©ritĂ©, P. RicƓur « faisait dĂ©jĂ  remarquer que c’est dans la charitĂ© que se trouve le sens profond et final des institutions, dans la mesure oĂč, sous la figure de la justice, les institutions sont mues par le bien et le respect de la personne »30. P. RicƓur va mĂȘme plus loin : il considĂšre les institutions qui ne rendent pas service aux personnes comme vaines. « Le sens final des institutions, c’est le service rendu Ă  travers elles Ă  des personnes ; s’il n’y a personne Ă  en tirer profit et croissance, elles sont vaines. Mais ce sens final, prĂ©cisĂ©ment, demeure cachĂ© ; nul ne peut Ă©valuer les bienfaits personnels prodiguĂ©s par les institutions ; la charitĂ© n’est pas forcĂ©ment lĂ  oĂč elle s’exhibe ; elle est cachĂ©e aussi dans l’humble service abstrait de postes, de la sĂ©curitĂ© sociale ; elle est bien souvent le sens cachĂ© du social »31. Pour mettre en place les institutions dont la finalitĂ© est la charitĂ©, le service aux personnes, la croissance des personnes, la crĂ©ation et la promotion des liens sociaux, il faut des hommes-sources, des hommes visionnaires, des leaders charismatiques, des hommes capables d’oubli de soi et d’abnĂ©gation pour le service du peuple. Les hommes-sources...

Table des matiĂšres

  1. Couverture
  2. 4e de couverture
  3. Copyright
  4. Titre
  5. Introduction générale
  6. Chapitre 1 – La dĂ©mocratie selon le bumuntu
  7. Chapitre 2 – L’éducation Ă  la culture de l’excellence
  8. Chapitre 3 – Le bumuntu et l’interculturalitĂ©
  9. Conclusion générale
  10. Bibliographie
  11. Table des matiĂšres