Dieu ou le chemin du retour au paganisme
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Dieu ou le chemin du retour au paganisme

Foi chrétienne, ambiguïté et sécurités dérisoires en Afrique

  1. 168 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Dieu ou le chemin du retour au paganisme

Foi chrétienne, ambiguïté et sécurités dérisoires en Afrique

À propos de ce livre

Il y a une dichotomie entre le contenu de la foi chrétienne et la concrétude de la vie des communautés chrétiennes d'Afrique. Cette dichotomie laisse transparaître un fait: la conversion des communautés africaines à l'Évangile est une véritable aventure ambigüe, due au manque d'approfondissement de la foi et d'appropriation essentielle de l'Évangile.

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Informations

1. LA FOI EN DIEU
ET SES ENJEUX EN AFRIQUE

Il s’avère important de proposer une réflexion fondamentale sur l’intelligence et l’expérience de la foi chrétienne dans l’Afrique Noire contemporaine, et cela à partir des pratiques concrètes où l’on peut constater des contradictions intrinsèques et extrinsèques du christianisme à travers divers territoires d’Afrique. Bien entendu, les enjeux de la foi en Dieu nous imposent une remise en question de nous-mêmes, de notre manière de croire en Dieu et de vivre cette foi en ce Dieu qui libère de tout. La problématique de l’indigénisation de la foi chrétienne ne se confond-elle pas aujourd’hui à une certaine tendance au retour à des pratiques superstitieuses des sociétés indigènes ? Que faire afin de parvenir à faire de l’Évangile un véritable lieu de rencontre et de rassemblement où les gens s’expriment librement et parlent profondément des questions essentielles de leur vie et approfondissent le sens de l’engagement et de la conversion au Christ ?
La question de la naissance et du cheminement des communautés chrétiennes locales doit constituer un socle de nos préoccupations majeures. Plutôt que de se contenter et de se réjouir du nombre croissant et impressionnant de sacramentalisés, il sied d’aller au-delà du christianisme de façade1. Il s’ensuit que la problématique de la pertinence de l’administration des sacrements, étant peut-être la plus importante, pourrait être prise en compte en second lieu, évidemment après celle de la naissance et du cheminement des communautés chrétiennes locales qui « constituent le lieu où la foi s’enracine dans le vécu d’un peuple », où surtout les prêtres, en tant que pasteurs et gardiens de ce peuple, se convertissent sincèrement avant de prêcher l’Évangile et la conversion à d’autres. Il n’est pas facile de vivre la foi dans des communautés où règne le soupçon mutuel, où on a peur de tout le monde, où il n’y a ni amour ni confiance. Ce qui suppose qu’on puisse mettre en valeur le fait communautaire « confronté à toutes les peurs qui paralysent la vie commune »2. Ceci permettra de s’approprier l’Évangile en vue d’un avenir qui cherche à naître.
Cela conduit à des questions cruciales. Quelle est la pointe du message de l’Évangile qui peut directement être le plus perceptible et signifiant pour les gens d’ici ? Comment vivre la foi pour créer autour de nous un espace de désir du Dieu vivant ? Ne devons-nous pas nous convertir avant de prêcher la conversion aux autres ? 3Quel est cet homme à qui est annoncé l’Évangile du salut ? Croire revêt quel sens pour nous aujourd’hui ? Quel visage revêt Dieu au sein des communautés chrétiennes d’Afrique ? Mais la question qui me hante davantage, ici et maintenant, et à laquelle restent soumises toutes les autres est celle-ci : après la réception des sacrements et un long moment de cheminement avec le message du Christ, pourquoi certains baptisés d’Afrique opèrent-ils un chemin de retour vers le paganisme ou les pratiques païennes incompatibles avec la foi au Fils du Dieu vivant ? À cette question s’ajoute une autre, non moins pertinente : parce que ces pratiques païennes caricaturent le vrai visage de Dieu au sein de nos communautés de foi, que doit-on faire pour parvenir à se débarrasser de la caricature ancestrale, religieuse, magico-fétichiste du Dieu vivant, afin d’embrasser le vrai Dieu, créateur et sauveur de toute l’humanité ? Cette interrogation nous oblige à cerner de près la problématique de la foi de l’homme africain en un seul Dieu.

1.1. L’homme africain et la foi en Dieu

Il est indéniable de dire que l’homme à qui s’adresse l’Évangile du Christ est géographiquement situé, socialement défini et culturellement déterminé. Car, l’Évangile s’adresse toujours à un homme déterminé. « Un Évangile qui ne s’adresserait pas à l’expérience humaine la plus profonde n’intéresserait personne. Une réponse qui ne correspond pas à une question n’est pas une réponse : elle est un propos vain. Il faut que ce qui est annoncé concerne de façon vitale le plus profond de la conscience humaine »4. Et lorsque nous voulons aborder les questions essentielles de foi et de sa crédibilité en Afrique, il est important de ne pas perdre de vue cet homme qui prétend vouloir faire chemin avec le Christ. On se doit de le comprendre à partir de ses expériences vitales, de ses particularités historiques et de ses tensions culturelles.
Il y a un siècle, on l’a dit, le christianisme a fait irruption en Afrique. La foi chrétienne est venue d’ailleurs et a commencé à faire route avec les habitants du continent noir. Ce faisant, tout a commencé par une rencontre entre deux réalités profondément différentes, entre deux cultures marquées par leurs traditions et coutumes, entre deux systèmes de pensées et de croyances différents. Et c’est de cette rencontre inédite que sont nées les communautés chrétiennes locales d’Afrique. Cependant, l’entrée de ces communautés africaines au sein du christianisme a été douloureuse pour autant que ce dernier a rencontré la résistance africaine en ce qui concerne certains points majeurs de la doctrine chrétienne, notamment le mariage polygamique, la relation à l’ancêtre, les liens de solidarité au monde invisible, la force des liens de parenté susceptible d’assurer à l’homme la paix et la sécurité devant la vie et l’adversité5.
Dans cette perspective, on comprend que, même là où les communautés de foi semblent répondre à l’appel de la grâce que Dieu leur adresse en Jésus-Christ, nous sommes appelés à examiner et à redéfinir le christianisme en tenant compte de grandes questions qui les travaillent et les pénètrent aujourd’hui. Ainsi, nous devons retourner à l’homme africain qui fait chaque jour cette expérience de la rencontre de Jésus-Christ dans sa propre vie. Il sied de revenir sur l’intelligence de cet homme à qui le message du salut est annoncé par le Christ à travers ses apôtres, et qui donne son adhésion à ce message du salut. Ceci implique l’engagement de toute sa personne.
Certes, actuellement on peut oser dire que l’homme africain du XXIe siècle est différent de celui des débuts de la mission évangélisatrice. Mais cette différence ne se veut pas totale. L’Africain d’aujourd’hui, pénétré par une mentalité ambiante qui porte en elle un syncrétisme et une sorte d’athéisme6 à plusieurs niveaux, est confronté à des situations pénibles susceptibles de rendre la question de Dieu tertiaire, mieux insensée. Il est donc écartelé. Ce que rapporte Jean-Marc Ela à propos des gens qui se retrouvent dans des situations difficiles peut éclairer notre thèse. Au début de l’un de ses ouvrages les plus importants au style profond et saisissant, le théologien camerounais montre que la Parole de Dieu doit aller rencontrer l’homme africain dans son histoire concrète :
« Un soir, écrit-il, au cours d’une rencontre vécue sur le modèle de la palabre africaine, j’avais proposé que Dieu soit le sujet de nos échanges et de nos discussions. Au cœur du débat, une jeune femme prit la parole. Elle était en colère. Le débit de ses mots, réduits à une question essentielle, avait surpris et secoué tout notre groupe : “Dieu, Dieu, et après ?” interrogeait-elle. En approfondissant le sens de cette intervention percutante, j’avais fini par comprendre que, pour cette femme, il fallait reformuler la question d’une manière plus précise. En définitive, le thème de la palabre s’est articulé sur une question jugée plus pertinente : “Que signifie Dieu pour les gens qui sont dans les situations de pauvreté, de sécheresse et de famine, d’injustice et d’oppression” ? »7.
L’idée directrice de ce texte porte sur la signification de la Parole de Dieu, on pourrait même parler de la pertinence du discours sur Dieu dans la vie concrète des gens en situations difficiles. Comment annoncer que Dieu est amour à des personnes qui font l’expérience de la haine, de l’exclusion, à des abandonnés et à des méprisés ? Pour comprendre cela, il convient de rappeler que l’annonce de la Parole de Dieu doit avoir des répercussions sur la réalité humaine et sur le monde africain. La pertinence du discours sur Dieu et son impact dans la vie de l’homme africain, qui écoute ce discours, doivent constituer le socle de la Révélation de Dieu en Afrique. JeanMarc Ela insiste sur cet aspect dont la portée est fortement significative en matière d’intériorisation de la foi en Dieu et de son processus de signification. Il y revient en ces termes : « … Tout discours sur Dieu implique une parole sur la réalité humaine et le monde. En un sens, il s’agit ici d’un retour de l’homme sur lui-même comme auditeur de la Parole qui s’interroge sur son existence et sa condition à la lumière de la Révélation. En effet, Dieu ne se révèle pas à l’homme sans révéler l’homme à lui-même »8. Cependant, il est curieux de remarquer que l’homme africain, de manière générale, même alphabète, qu’on appelle parfois abusivement « intellectuel »9, s’évertue dans les bruits, ne mettant pas à profit un temps de méditation susceptible de lui permettre de s’arrêter un moment, d’opérer un retour sur lui-même et de s’interroger10. On se souvient du mot célèbre de saint Augustin : « Rentre en toi où habite la Vérité ». Et pour ceux qui connaissent bien saint Augustin, la Vérité dont il parle ici c’est Dieu.
Cela étant, partir de l’homme africain du XXIe siècle, pour comprendre les enjeux de la foi chrétienne en Afrique est une urgence qui s’impose et un devoir qui incombe à ces chrétientés d’Afrique, toujours en quête d’une certaine sécurité sociale et vitale et d’un avenir certain et prometteur. Comme on le verra dans la suite, la foi en Jésus-Christ n’est pas désincarnée, elle est et doit être davantage enracinée dans la vie et dans le vécu d’une communauté précise. Elle requiert une dimension spatio-temporelle. Elle doit tenir compte de l’espace géographique dans lequel elle devient annonce et manifestation de Dieu. Elle doit également tenir compte du temps, c’est-à-dire de la culture des peuples auxquels elle s’annonce.
En effet, les messagers d’hier, en portant la foi chrétienne en Afrique, se sont butés contre un monde des croyances qu’il fallait, à tout prix, combattre, détruire et supprimer. Partant, ceux qui ont adhéré à la foi au Christ, du moins la majorité, ont vécu dans un malaise on ne peut plus gênant, d’autant plus qu’ils ont porté un costume outre mesure, confectionné à partir de la laine d’agneaux venus d’ailleurs, qu’ils jugeaient comme étant étrangers à leurs milieux respectifs. Cette attitude, qu’une mentalité marquée par la rationalité scolaire et académique et par la cohérence peut qualifier de fâcheuse, ainsi que l’analphabétisme d’alors n’ont pas permis aux convertis de premières générations, de surcroît à certains d’entre nous aujourd’hui, de pénétrer plus à fond et de percevoir la cohérence des mystères du salut.
En fait, les Africains d’avant et du moment de l’arrivée des messagers du christianisme, lors de l’implantation et de l’érection de premières missions, avaient une idée sur Dieu, en tant qu’Être absolu, suprême, transcendant. D’ailleurs, les différentes nominations de cet Être suprême en nos langues en est une illustration. Mais, ils ne le connaissaient pas en qualité de Dieu de la Révélation biblique, le Père de Jésus de Nazareth, le Christ crucifié pour le salut de l’humanité. C’est ce Dieu, avec son Fils, que la religion chrétienne est venue révéler et annoncer à ces hommes, qui avaient leurs propres religions, religions des Ancêtres. Les premiers baptisés ont vécu les mystères de la foi chrétienne comme une victoire de la religion du Blanc sur les croyances ancestrales du Noir. Le manque d’enracinement total du message du Dieu de Jésus-Christ porté par les missionnaires venus d’Occident a créé un sentiment d’échec et de révolte intérieure. Ces missionnaires, faute de délicatesse, d’attention et de respect envers une autre manière de vivre, de penser et de concevoir le monde11, ont mis les tout premiers sacramentalisés d’Afrique Noire dans un état de captivité dont ils devaient absolument se libérer12.
Autant dire que les Africains de l’ère des fondations des missions chrétiennes avaient une connaissance naturelle de Dieu, connaissance acquise à partir de la perception commune et de la contemplation des créatures. On le voit, le bon sens et la raison naturelle posent cette connaissance de Dieu du fait de l’ordre de la nature. C’est une connaissance générique et confuse13, qui n’est pas le fruit de la recherche de la vérité, mais un don de la nature. On trouve cette connaissance de Dieu dans les religions traditionnelles africaines dans la mesure où ces religions reconnaissent l’éminence de la place de Dieu dans leur organisation et structuration. Elles nomment ce Dieu et posent son existence sans toutefois se préoccuper de dire quelque chose sur ce Dieu dont elles posent l’existence.
Mais la religion chrétienne, à la différence des religions traditionnelles africaines, porte la connaissance discursive14 par une démarche démonstrative et systématique de la raison15, elle dit quelque chose sur Dieu dont l’existence est posée, quel que soit l’état de contingence dans lequel se trouve cette connaissance. Elle démontre que Dieu communique son être, son essence, son identité à l’homme par la Révélation, mais sans s’offrir à lui « dans toute la nudité de son être »16.
Comme on peut s’en rendre compte, la religion chrétienne porte la connaissance révélée de Dieu, connaissance que, « par sa bonté, Dieu offre à l’homme pour suppléer aux limites de sa connaissance naturelle »17. Elle prend conscience que la substance de Dieu dépasse l’intelligence humaine, mais elle présente l’essence de Dieu à travers l’œuvre de salut opérée par le Verbe incarné, œuvre dont le christianisme procède comme de sa source première et profonde. Le christianisme démontre que, par le Verbe incarné, l’essence divine, qui est incréée, s’unit ...

Table des matières

  1. Couverture
  2. 4e de couverture
  3. Titre
  4. Copyright
  5. Avant-propos
  6. Introduction
  7. 1. LA FOI EN DIEU ET SES ENJEUX EN AFRIQUE
  8. 2. DES BASES POUR UNE FOI CHRÉTIENNE FERME ET INÉBRANLABLE
  9. 3. FOI CHRÉTIENNE ET ENGAGEMENT
  10. Conclusion
  11. Bibliographie
  12. Table des matières