Envol

Aider l'enfant à déployer ses ailes

Charlotte Fletcher-Rots

• Éditeur: Les Impliqués
• Année: 2017
• ISBN de l'eBook: 9782336788623
• Sujet: Éducation
• Sujet: Éducation générale

Durant les années qui ont précédé et suivi mai 68, l'auteur de cet ouvrage était institutrice en classe de CM2 et en certificat d'études, d'abord en Normandie puis à Paris. Quand le temps de la retraite est arrivé, ses élèves lui manquaient. Alors, elle s'est mise à écrire. Les souvenirs d'abord se sont imposés, comme la meilleure part de l'inspiration qui permet de partager ce qui lui tient le plus à cœur: le problème de l'éducation.

« Sur mes cahiers d’écolier… »

Je n’avais retenu que les paroles du premier couplet d’une hymne de paix que nous chantions à l’école communale en cette année scolaire 1936-37

« L’Amour est plus fort que la haine,

De nos mains tombez lourdes chaînes.

L’effort commun des travailleurs

Unit les cœurs »

J’avais besoin, aujourd’hui, de retrouver la suite… Je compte sur l’aide de mes amis et anciens camarades d’école dont la mémoire est restée fidèle pour me rappeler les paroles oubliées.

J’avais dix ans cette année là.

Nous étions plus habitués à chanter, comme tous les écoliers, les refrains connus des chansons enfantines :

« Gentil coquelicot », « joli tambour », « à la claire fontaine » et bien d’autres… Notre répertoire s’était même enrichi d’une chanson que nous aimions fredonner, le matin, sur le chemin de l’école :

« Il fait jour, le ciel est rose

L’horizon vermeil

Quand la lune se repose

Lève toi soleil »

Des paroles simples qui sont restées inscrites dans notre mémoire avec les « récitations » et « les fables de la Fontaine ».

Il semble que l’ambiance dans laquelle baignait naturellement notre enfance trouvait son épanouissement à l’école où nous étions à l’aise et où, progressivement, se formait notre personnalité.

Si j’éprouve, aujourd’hui, le besoin de retrouver les paroles de ce chant de paix, qui n’était pas de notre âge, c’est parce que, plus tard, j’ai découvert qu’il faisait partie d’une histoire dans laquelle j’avais envie de me replonger.

En ce temps-là, nos jeunes instituteurs et institutrices avaient à cœur, non seulement de nous instruire, mais aussi de nous éduquer.

Ils étaient, pour nous, de vrais « tuteurs » qui nous aidaient à nous épanouir. Ils nous communiquaient aussi leur enthousiasme en participant aux nombreuses fêtes des écoles qui réunissaient les enfants du canton où nous chantions, tous en chœur, ces hymnes de paix et de liberté.

Nous allions aussi à Falaise, chef-lieu d’arrondissement, où nous participions, avec des milliers d’écoliers, à la grande fête de la gymnastique que nous avions préparée chacun dans nos écoles.

Enfin, tout cela nous impressionnait ; nous rêvions, pendant les vacances, de fêtes, de chansons, de distributions des prix et nous attendions la rentrée avec impatience !

Ainsi s’écoulaient ces années d’école, tous ensemble, garçons et filles, dans la même classe unique, depuis le C.P, où nous apprenions à lire comme par enchantement jusqu’au certificat d’études qui nous donnait un bagage de connaissances utiles et pratiques. Une précieuse clé, passe partout, qui nous permettait d’ouvrir notre esprit à une plus vaste culture.

Dans notre famille, c’était considéré comme un honneur et une promotion de devenir instituteur.

Notre oncle Emile, frère de Grand-père Léopold, avait pu réaliser ce rêve. Ses descendants ont continué à tracer le sillon qui a donné une moisson d’universitaires.

Notre Mère espérait bien qu’une de ses filles entrerait dans la carrière.

Le sort étant tombé sur moi, j’étais destinée à devenir institutrice…

C’est la cousine Jeanne, fille aînée de l’oncle Emile, qui a conseillé Maman. Professeur de lycée à Paris, ainsi que Pierre, son mari, Jeanne était bien placée pour m’orienter vers une carrière d’institutrice dans l’enseignement public.

Les événements devaient en décider autrement. C’était la guerre, l’occupation.

L’Ecole Normale de Falaise avait été rattachée à celle de Caen qui ne prenait plus d’internes cette année là.

Je me suis retrouvée à suivre le cours complémentaire au Pensionnat de Thury-Harcourt où j’ai rejoint mon amie Cécile que j’ai suivie, après le brevet élémentaire, à l’Institution Saint-Pierre de Caen, chez les « Ursulines ». Nous étions « normaliennes » destinées à servir l’enseignement libre.

Jeanne et Pierre, qui s’intéressaient à mon avenir, ont toujours regretté que je ne suive pas la voie normale qui m’aurait conduite vers l’école publique. En plus de servir l’idéal de la laïcité, j’aurais bénéficié d’une meilleure situation, ce que je ne devais pas négliger…

Jeanne espérait bien qu’un jour, tôt ou tard, je me retrouverais dans le giron de l’école publique, pour mon bien et celui de ma famille.

Mais, en ce temps de mon adolescence, j’allais inconsciemment où le vent me poussait… J’ignorais, d’ailleurs, les problèmes liés à l’existence de deux écoles : cette guerre qui a duré 100 ans !

Ma mère aussi ignorait tout de ce combat. Il y avait, pour elle, une seule école où son institutrice qu’elle vénérait, lui avait transmis, non seulement, le savoir mais aussi les valeurs qui l’avaient aid...

Table des matières

• Les Impliqués Editeur - Déjà paru
• Page titre
• Copyright
• Poème
• Dédicace
• Première partie : Quelle école pour demain ?
• Ces enfants perdus... Ne les laissez pas tomber
• Retour aux sources de la laïcité et de l'éducation
• Deuxième Partie "J'écris ton nom : Liberté !"
• "Sur mes cahiers d'écolier..."
• "Sur les ailes des oiseaux"
• Rêves d'avenir
• Epilogue
• Achevé d'imprimer
• Quatrième de couverture
• Notes