Portraits de campagne

Voyage iconoclaste au cœur de l'élection présidentielle 2017

Gabrielle Ratcliffe

• Éditeur: Les Impliqués
• Année: 2017
• ISBN de l'eBook: 9782336787336
• Sujet: Politique et relations internationales
• Sujet: Politique

Le pouvoir, un démon insatiable, transforme l'actualité en brûlot, particulièrement à la veille de l'élection présidentielle. Face à cette pollution médiatique, un exercice s'imposait: prendre la plume et brosser des portraits, parfois impertinents, souvent corrosifs, du parterre politique français. Aussi, vous ne trouverez dans ce mince inventaire, ni offre électorale ni panel marketing, mais des femmes et des hommes prétendant au suffrage populaire. Un spectacle d'opéra de boulevard, parfois comique, souvent tragique.

Les candidats déclarés

La valeur sans pouvoir est assez inutile :

C’est un tourment de plus.

Voltaire

François Fillon

Adressez-vous à ma femme

Monsieur Fillon, candidat à la fonction suprême après onction de ses pairs, a épousé voici des décennies une anglaise. Ce n’était pas Penny Lane, elle ne goûtait que très peu les chansons populaires, mais une machine à tricoter des pulls sans laine pour sa nombreuse tribu de bambins. On en compte cinq à l’appel pour une femme qui a fait don à sa progéniture comme à son époux de son corps, de son âme et de son cœur.

Car elle croit en Dieu, en son mari, pardon en sa carrière, et bien sûr en son pouvoir, auquel elle ne touche pas.

Oui, vraiment.

Car elle ne sait rien, ignore tout et ne voit toujours rien de son regard pourtant tant aiguisé que clair. Elle a une confiance absolue en ce potentiel, celui de son étalon de mari, un mentor, répète-t-elle à l’envi.

Entretenue aux frais de la République, sa famille sacrée a sucé abondamment les seins de Marianne, nourrie d’une foi indéfectible, celle des miracles de l’oligarchie.

Mais Pénélope se répand en larmes. Ses prières ne suffisent plus à la réussite de l’élu de son cœur.

Mais quel est ce fruit véreux du pêché, caché par son directeur de conscience ?

Aussi, Pénélope se réfugie dans un saint mutisme. Pourquoi parler lorsqu’on lui appose un bâillon, sur sa jolie lèvre décolorée d’angoisse, sentiment de poisse inédit jusqu’alors ?

Aussi, Pénélope feint la colère. Pourquoi attaquer sa progéniture, une telle torture, une véritable forfaiture pour une femme pourtant parfaite ?

Monsieur Fillon est bien embêté ; il lui avait tout caché, présumant en toute honnêteté que les femmes n’entendent rien à la politique, encore moins aux affaires de l’Etat.

La putative première dame de son pays d’adoption, lors du tant redouté meeting faisant suite au bouillonnement médiatico-judiciaire, prend la main de son mari sous l’œil bienveillant de la caméra. Son alliance grince, son sourire colgate se crispe. Car le sens de la famille est sacré, assure-t-elle sans jurer. Mais jusqu’où aller trop loin s’interroge-t-elle, le sourcil relevé d’une sidération soudain saine ?

Pénélope ne dort plus, elle éteint son petit écran et cesse de lire les tabloïds à son sens de pauvre facture, plume infestée de poison pour les siens. Et puis se relève… Pauvre François songe-t-elle. Les ors de l’Elysée, ce n’est pas pour nous ! Et quelle image de moi, piètre compagne d’un homme de pouvoir ? Tout est cuit, lui lance-t-elle, l’esprit pour la première fois bravache ! Et ta garçonnière, c’est comme la banque de Sablé, où est-elle cachée ?

Nous dirons, à ce propos d’une souffrance brûlante, pauvre rébellion d’une femme de qualité.

Pénélope encore et toujours pleure, elle n’entend décidemment rien au cirque médiatique. Et n’entend rien au travail, et peut-être rien à rien d’ailleurs, sinon à sa patrie et à sa famille chérie. Ne l’interrogez pas sur le montant du SMIC, ni sur celui du RSA.

Car elle a ses pauvres à elle et remplit son devoir de femme de, dicté par le Papa François.

Mais que me veut-on ? Soupire-t-elle encore.

Pénélope ferme les yeux de désespoir et d’un ultime sursaut d’orgueil déchire le bouquet de fleurs du meeting de son mari souffreteux. Elle rentre derechef à la maison inspecter le travail de sa cuisinière.

Elle ignore tout autre mode de vie que celui d’une famille bien comme il faut et donne une pièce bien charitable à un repris de justice, pardon, un clochard qui la harangue vertement :

« Que faites-vous pour la France ? »

Mon mari vous répondra, assure-t-elle d’un ton pour le moins naïf, telle une Penny laine en plein hiver.

Benoît Hamon

Monts et merveilles

Il y a peu encore, le Parti Socialiste le qualifiait, sans nulle amabilité, de gendre idéal. Au cœur du parterre d’éléphants de moins en moins roses, Monsieur Hamon se distinguait par ses idées de gauche, phénomène en cruelle raréfaction rue de Solferino.

Un ...

Table des matières

• Couverture
• 4e de couverture
• Les Impliqués Éditeur
• Copyright
• Titre
• Du même auteur
• Exergue
• Les candidats déclarés
• Les candidats déchus
• Les coulisses du pouvoir
• Table des matières