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Pouvoir et société en Europe : essai critique sur l'intégration européenne
- 267 pages
- French
- ePUB (adapté aux mobiles)
- Disponible sur iOS et Android
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Pouvoir et société en Europe : essai critique sur l'intégration européenne
À propos de ce livre
Cet ouvrage analyse la nature de l'UE et le décalage existant entre un pouvoir européen croissant et une base sociale affaiblie. Cette étude met notamment en évidence les impasses structurelles de l'intégration, la difficulté de créer un lien social entre Européens, ou les faiblesses de l'espace public. Notre vision critique du pouvoir politique quasi étatique, instauré de manière diffuse, ouvre la voie à un débat substantiel sur l'avenir de l'UE pour les citoyens et les scientifiques.
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Informations
Partie I
De la nature de l’UE
Dans cette première partie, une question fondamentale sera mise en relief. Quelle est la nature de l’intégration européenne telle qu’elle s’est matérialisée dans l’UE ? Toutefois, avant d’aborder cette question, une remarque préliminaire s’impose sur la façon de procéder. En effet, comprendre la réalité de la construction européenne signifie saisir la substance des phénomènes en faisant abstraction d’un nombre incalculable d’événements, d’actions, d’acteurs, d’institutions. Une réflexion théorique sur la nature de l’UE est alors indispensable pour extraire l’essentiel, comprendre le décisif, expliquer les causes profondes des processus examinés. En étudiant les facteurs principaux (économiques, politiques, historiques, juridiques, …) et en évitant une analyse mono-déterministe, nous proposerons une lecture personnelle des arguments des auteurs choisis et une vision normative différente de l’intégration européenne.
Il est primordial de s’insurger contre la thèse très répandue, y compris auprès de nombreuses autorités européennes et dans les milieux académiques, que l’UE est un OPNI (c’est-à-dire un objet politique non identifié selon l’expression utilisée par Jacques Delors). L’Union est peut-être une nouveauté institutionnelle, dans le cadre des OI et des relations internationales, mais elle n’est pas un OPNI. Elle a des singularités, des particularités, des originalités, des états sui generis, mais ce n’est pas une raison de l’appeler OPNI26. Ceux qui défendent cette thèse, c’est soit pour mieux camoufler sa nature au niveau économico-politique, soit par paresse scientifique, afin d’éviter d’aller jusqu’au fond de l’analyse de la réalité européenne. L’Union, l’intégration et les transformations européennes sont certes des processus compliqués et complexes27, mais en aucun cas des objets non identifiés ou non identifiables.
Nous allons en premier lieu étudier brièvement l’UE comme pouvoir économique. Par la suite, nous examinerons plus en détail les dimensions politiques et institutionnelles : médiations effectuées, souverainetés et territorialités transformées, étaticité28 potentielle. Enfin, la question du pouvoir idéologique et symbolique, mais surtout l’analyse de la légitimité, de la citoyenneté et de la démocratie européennes compléteront notre étude sur la nature de l’Europe en voie d’intégration.
26 Sur ce plan, il est plus intéressant de parler d’un « objet politique en constante évolution » (OPCE), selon la proposition de Paul Magnette (Le régime politique de l’Union européenne, Paris, Presses de Sciences Po, 2009, p. 13).
27 Pour revenir à la pensée de Morin, la complexité d’un phénomène ne signifie pas qu’il ne doive pas être traité de manière approfondie : « … la pensée complexe est celle qui essaie de répondre au défi de la complexité et non celle qui constate l’incapacité de répondre » (Edgar Morin, « Réalisme et utopie », in Diogène, n° 209, janvier-mars 2005, p. 160).
28 Tout au long de cet ouvrage, nous utiliserons ce terme pour signifier l’existence d’une « qualité d’État » et d’un processus d’étatisation. Une réflexion conceptuelle et une application concrète concernant l’UE sont développées dans le troisième chapitre.
Chapitre I
La nature économico-politique de l’UE
« … Poussée par le besoin de débouchés toujours nouveaux, la bourgeoisie envahit le globe entier. Il lui faut s’implanter partout, exploiter partout, établir partout des relations. Par l’exploitation du marché mondial, la bourgeoisie donne un caractère cosmopolite à la production et à la consommation de tous les pays. Au grand désespoir des réactionnaires, elle a enlevé à l’industrie sa base nationale… À la place de l’ancien isolement des provinces et des nations se suffisant à elles-mêmes, se développent des relations universelles, une interdépendance universelle des nations. Et ce qui est vrai de la production matérielle ne l’est pas moins des productions de l’esprit… »29. Cette phrase prophétique du jeune Marx décrit le passage du capitalisme national vers la mondialisation. C’est une belle réflexion anticipatrice quand l’auteur parle du « globe entier » (il y a déjà l’idée de la globalisation), ou quand il évoque la « production matérielle… et de l’esprit » (à part la production des biens, il y a la production immatérielle et l’économie de la connaissance).
En saisissant la première mondialisation, plutôt commerciale, Marx n’avait certes pas prévu les détails des phases suivantes30 (les impérialismes, l’immense puissance des monopoles et des multinationales, l’expansion exponentielle du capital financier, les révolutions technologiques de communication) ou encore les tournures et les formes de l’intégration régionale, notamment européenne. Il avait toutefois mis en exergue les processus fondamentaux : l’internationalisation du capital31, appelée couramment et par euphémisme, globalisation32 ou mondialisation ; « l’interdépendance universelle des nations », qui est à la base de l’intégration régionale européenne.
En partant de cette réalité générale, il y a néanmoins une dimension qu’il ne faut pas oublier quand l’on traite de la nature de l’UE. Il s’agit d’un facteur fondamental : l’Europe en construction, et sa forme la plus avancée, l’UE, est de nature capitaliste. En effet, sous le nom pudique d’économie de marché, l’Union est fabriquée selon les canons et les prescriptions du mode de production capitaliste. Même si cette variable est consciemment et consciencieusement « passée sous silence », elle est essentielle pour comprendre la nature de l’UE. Dire que cette dernière est à la fois une initiation et un produit final du capitalisme semble une évidence indéniable, mais ni la majorité des scientifiques ni, encore moins, les autorités européennes ne prononcent le mot… Les sciences politiques, juridiques et économiques étudient souvent les aspects extérieurs de l’intégration pour mieux cacher sa nature profonde, objective : capitaliste économiquement, oligarchique politiquement et institutionnellement, (néo)impérialiste dans une version soft power en matière de relations internationales. Une grande majorité des chercheurs évitent donc de se référer aux évolutions des forces productives, des rapports de production, de la concentration et de l’internationalisation du capital, de l’unification ou de la fragmentation des structures capitalistes.
Mais alors, comment définir l’intégration économique régionale dont le prototype est l’UE ? C’est un processus objectif visant la construction d’un grand marché et permettant une meilleure allocation des ressources, ainsi que la perpétuation du système socio-économique à l’ère de la mondialisation33. Le moteur principal qui met en mouvement ce processus de l’intégration économique, comme c’est le cas pour l’impérialisme classique34, ce sont les monopoles et les multinationales. Dans le cadre actuel, le rôle du capital financier international est particulièrement fondamental. La recherche du profit, l’évolution technologique et des forces productives font que les intégrations régionales deviennent une nécessité. C’est la tendance actuelle du mode de production capitaliste, du commerce international, du besoin d’investir les profits et les capitaux accumulés.
Cependant, avec l’intégration économique, nous sommes à un stade encore plus poussé et plus spécifique. C’est la création de superstructures différentes permettant de mieux servir les intérêts économiques : marché unique plus vaste, libre circulation des capitaux, des biens, des services et des travailleurs, institutions et règles nouvelles ; ce n’est pas seulement l’ajout des États mais une nouvelle entité, une nouvelle superstructure, qualitativement différente.
L’intégration n’est pas un phénomène provisoire ou hasardeux mais une loi de l’évolution de l’économie de marché. Elle correspond à la montée des monopoles, des multinationales et des centres politiques inter- et/ou supra-nationaux. C’est la forme politique concentrée de l’économie actuelle. Sans réduire l’UE à une simple machine au service des multinationales (productives ou financières) et des lobbies, il est incontestable que les grandes orientations politiques prises à Bruxelles vont dans le sens des intérêts du capital plutôt que du monde du travail. L’intégration fonctionne aussi pour mieux inclure les pays dépendants ou périphériques dans le système économique mondial. En ce sens, l’intégration européenne participe, à sa manière, au partage du monde.
L’État national participe à ce processus d’intégration pour défendre ses entreprises dans le cadre de l’internationalisation du capital. Il se peut que des États s’opposent, ou ne participent pas formellement, totalement ou partiellement, au processus de l’intégration (voir les cas de la Suisse ou même du Royaume-Uni). Toutefois, la tendance continue objectivement à aller vers une intégration plus poussée. Cette dernière est un processus objectif, néanmoins les formes qu’elle peut prendre, les régions qu’elle peut concerner, les pays qu’elle peut inclure ou exclure, le moment où elle émerge, ne sont pas connus par avance.
On peut évoquer à titre exemple, les opting-outs des Britanniques35 ou les accords bilatéraux entre l’UE et la Suisse, qui attestent des options différenciées par rapport à l’intégration régionale en Europe. D’une certaine manière, les partis dits populistes de droite (FN, FPÖ, …) sont pour le mode de production capitaliste, voire l’internationalisme économique (comme l’UDC ou l’UKIP), mais ils veulent une superstructure étatique nationale et refusent la supranationalité de l’UE. Si un jour ces partis se mettaient à gouverner, seuls ou en coalition, les contradictions et les impasses pourraient apparaître au grand jour. L’UDC, transformée depuis les années 1990 par Christophe Blocher, est partisane du libre-échange, pas de l’Europe ; elle est pour un capitalisme international au niveau économique, mais pour un nationalisme identitaire au niveau politique. C’est une option possible pour le mode de production capitaliste, de plus en plus fréquente.
De toute manière, économie et politique sont fortement liées dans le cadre de l’économie du marché. « Si l’État est, à la rigueur, extérieur au marché, il n’est pas extérieur au capitalisme »36. Selon l’auteur, au mode de production capitaliste correspond toujours une subjectivité, un sujet de pouvoir. Ainsi, l’État américain (et les OI sous son influence, comme le Fonds Monétaire International ou la Banque Mondiale) représente le pouvoir de la mondialisation37. Dans le cas européen, c’est certes plus complexe mais, comme nous le verrons par la suite, il y a une étatici...
Table des matières
- Couverture
- 4e de couverture
- Déjà parus dans la collection
- Titre
- Copyright
- Dédicace
- Remerciements
- Liste des acronymes
- Avertissement sur le Brexit
- Avant-propos
- Éléments introductifs
- Partie I – De la nature de l’UE
- Partie II – De la société européenne
- Conclusion générale
- En lieu et place de bibliographie
- Table des matières