
- 296 pages
- French
- ePUB (adapté aux mobiles)
- Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub
ENVIRONNEMENTS ET IDENTITES
À propos de ce livre
Cet ouvrage examine, dans une optique pluridisciplinaire, les rapports entre environnements et identités.
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Informations
Sujet
Sciences socialesSujet
SociologiePREMIÈRE PARTIE :
PROBLÉMATISATION,
MODES DE CONNAISSANCE
ET REPRÉSENTATIONS

CHAPITRE 1
CONNAISSANCE DE SOI ET ENVIRONNEMENT
DANS LA SOCIOLOGIE
DE MAURICE HALBWACHS
Jean-Christophe MARCEL*
Maurice Halbwachs (1877-1945), membre bien connu de l’École française de Sociologie, s’est penché, comme on sait, sur la sociologie urbaine. Or dans l’entre-deux guerres, sa vision de ce qu’on pourrait appeler “l’environnement” (ici l’espace que s’approprient collectivement les individus) est étroitement mêlée à une théorie de la connaissance éparpillée dans son œuvre, dont on peut essayer de restituer l’unité sans trop faire violence à son propos. Cette théorie de la construction de la connaissance de soi en groupe est en effet réductible à une certaine vision de ce qu’on appellerait aujourd’hui “l’identité”, qui dans une perspective durkheimienne ne fait sens que pour autant qu’elle est collectivement constituée.
Il nous semble que cette sociologie, trop souvent reléguée au statut de curiosité historique, offre des pistes de recherche pour essayer de comprendre un certain nombre de phénomènes urbains récents, au prisme de ces deux entrées que sont l’identité et l’environnement.
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I. LES REPRÉSENTATIONS COLLECTIVES :
AU FONDEMENT DE LA CONNAISSANCE DE SOI
En digne durkheimien, Halbwachs considère que les individus ne se font une idée claire d’eux-mêmes qu’à partir du moment où ils se font une idée claire des groupes auxquels ils appartiennent, et de leur place dans ces groupes. La conscience de soi s’appuie sur des cadres sociaux, dont Halbwachs se fait toutefois une conception particulière.
Dans ce but, il mobilise, comme tous les autres durkheimiens ou presque, la notion de “représentation collective” que Durkheim définissait comme « des façons communes de perception, de connaissance, bien distinctes des représentations individuelles, et qui recèlent “un savoir qui dépasse celui de l’individu moyen” » (Durkheim, 1912, p. 621).
Le fait de partager des représentations collectives permet de se construire une connaissance à la fois générale et stable du monde et de soi, ces deux propriétés étant garantes de la cohérence d’une connaissance. Partager avec d’autres une certaine représentation de la famille par exemple (père, mère et enfants dans le même foyer) permet de mettre en perspective sa propre expérience avec celles des autres, et de constater que celles-ci confortent celle-là, moyennant éventuellement quelques réajustements. Or, Halbwachs se pose la question de savoir si, parmi ces représentations, il n’en existe pas qui auraient un rôle beaucoup plus actif, en termes de puissance cognitive et explicative, si l’on peut dire, dans la construction de la connaissance de soi et du monde. La force de ces représentations collectives “premières” deviendrait la garante de la perpétuité du lien social.
Halbwachs croit pouvoir trouver la solution en faisant valoir que, de même que pour avoir conscience de soi, un individu doit avoir une idée de son enveloppe corporelle telle que le reflet du miroir lui montre, un groupe, pour se faire une idée claire de lui-même, doit s’incarner dans l’espace. Imprimer sa marque spatialement est, en effet, un moyen qu’a la société de prouver “concrètement” son existence aux membres qui la composent.
Car la relative fixité de sa forme matérielle lui fournit, en plus d’une preuve tangible de son existence, un principe originel de stabilité : les individus, qui désormais peuvent se la représenter plus clairement, la perçoivent mieux et ressentent plus fortement leur communauté d’appartenance. C’est une sorte de “lest” qui donne plus de poids, si on file la métaphore jusqu’au bout, à ce type de représentations : « En d’autres termes, de même qu’un corps vivant est soumis en partie aux conditions de la matière inerte, parce que, par tout un aspect de lui-même, il est une chose matérielle, une société, réalité psychique, ensemble de pensées et tendances collectives, [sic] a cependant un corps organique, et participe aussi à la nature des choses physiques. C’est pourquoi elle s’enferme, à certains égards, elle se fixe dans des formes, dans des arrangements matériels qu’elle impose aux groupes dont elle est faite » (Halbwachs, 1970, p. 168).
Autrement dit, derrière les dispositions morales et les aspirations des individus, ce qu’on retrouve c’est en fait la forme matérielle de la société. Cette assertion appelle quelques éclaircissements : reprenant un résultat de Durkheim selon lequel les représentations collectives impulsent une vie psychique (et cognitive) particulière, c’est-à-dire plus haute et plus riche, ou encore une « hyperspiritualité », Halbwachs estime qu’on peut considérer que la façon dont les individus organisent leur vie dans ce cadre collectif pour pouvoir se sentir exister, et ce qu’ils ressentent en le faisant, est à comprendre comme le prolongement de ce que la société décide pour œuvrer à sa conservation.
Quand les fidèles d’un culte communient lors d’un rituel autour de la même foi, ils en ressentent plus fortement la ferveur et les bienfaits, pour peu que leurs actions renvoient à des représentations collectives communes, portant ici sur la séparation entre le sacré et le profane. Cela les conforte dans leur conviction qu’ils vénèrent correctement Dieu et ses prophètes. Si bien que ce que font les individus, et l’état d’esprit qu’ils développent en accomplissant leurs tâches, est à saisir comme le produit d’une sorte d’“instinct social de conservation”, qui les pousse à agir et penser conformément à ce que la société estime être bon pour elle (ce qui lui permet de se perpétuer dans son être) et, du même coup, conformément à ce qui est bon pour eux. Halbwachs parle aussi d’un « instinct collectif qui équivaut à une sagesse supérieure », d’un « sens intuitif et profond » (ibid., p. 176).
Si l’on résume, on peut avancer que chez Halbwachs la construction de la connaissance de soi s’appuie sur un cadre collectif : un ensemble de représentations collectives. Ces représentations trouvent leur principe et leur cohérence en s’appuyant sur une sorte de “socle” fait de représentions collectives premières qui sont les représentations spatiales du groupe : « La pensée commune, dans le groupe, risquerait de devenir une pensée maniaque, incohérente, elle s’emporterait, à toutes les divagations sociales, se dissoudrait dans les rêves et les imaginations les plus chimériques, si elle ne se représentait pas de façon continue le volume et la figure stable du groupe, et ses mouvements réguliers dans le monde matériel » (ibid., p. 185).
En digne élève de Bergson, Halbwachs baptise ses représentations spatiales les « données immédiates de la conscience sociale » : « Les formes matérielles de la société agissent sur elle, non point en vertu d’une contrainte physique, comme un corps agirait, sur un autre corps, mais par la conscience que nous en prenons, en tant que membres d’un groupe qui perçoivent son volume, sa structure physique, ses mouvements dans l’espace. Il y a là un genre de pensée ou de perception collective, qu’on pourrait appeler une donnée immédiate de la conscience sociale, qui tranche sur toutes les autres » (ibid., pp. 182-183).
On peut voir là une clef de lecture pour mieux comprendre la façon dont les individus vivent “phénoménologiquement” leur appartenance à la société. Si on veut savoir comment les membres d’un groupe se pensent et pensent le monde, il faut regarder les représentations collectives qu’ils partagent de leur inscription dans l’espace ou, si l’on préfère, de leur manière de se l’approprier.
Par exemple, on peut définir une classe sociale par cette entrée. Dans L’Esquisse d’une psychologie des classes sociales, Halbwachs explique que les paysans sont viscéralement attachés à la terre à laquelle ils lient leur identité de groupe qui est pensée comme s’ils étaient les gardiens du monde passé. Chez eux, la vie collective s’appuie sur cette double conscience d’être quelque peu à l’écart, mais de représenter un foyer de tradition. Cela explique l’importance, pour eux, de la représentation qu’ils se font de leur foyer et de son voisinage, à savoir l’exploitation agricole et les fermes avoisinantes. Cette représentation commande et entretient l’attachement viscéral à leur terre, indissociable du culte de la famille qu’ils développent. Comment penser l’environnement dans ce référentiel théorique ?
II. ENVIRONNEMENT ET GENRE DE VIE
Pour le découvrir, il faut regarder plus concrètement à quoi ces représentations spatiales renvoient. Dans le langage de Halbwachs, elles sont relatives au « corps » de la société, c’est-à-dire à sa population et à la façon dont cette dernière s’étend et se répartit dans l’espace (c’est, soit dit en passant, le fondement d’une théorie de la population qui permet de comprendre comment Halbwachs aborde les faits démographiques). On peut donc caractériser ce qu’Halbwachs appelle une « civilisation », à la façon dont s’effectue cette répartition dans l’espace.
L’entrée analytique pertinente pour comprendre l’environnement associé à une civilisation, c’est le « genre de vie », écrit Halbwachs dans Les Causes du Suicide. Que faut-il entendre par là ? Le concept est emprunté à la géographie, et plus exactement à Vidal de la Blache. Halbwachs le définit comme « un ensemble de coutumes, de croyances et de manières d’être, qui résultent des occupations habituelles des hommes et de leur mode d’établissement ». En conséquence, « deux genres de vie ou deux types de civilisation, quelque différence qu’il y ait entre eux, se ressemblent en ce qu’ils comportent un nombre plus ou moins grands d’occasions pour les hommes d’entrer en rapport les uns avec les autres, rapports amicaux, rapports indifférents ou rapports d’hostilité » (Halbwachs, 1930, p. 502).
Autrement dit, ce que Halbwachs pointe du doigt, c’est que la distribution dans l’espace commande le mode de rencontres des individus, à travers ces rapports humains la façon de s’approprier l’environnement, et au final les représentations collectives qui sont associées à ces actions. Ce qui caractérise un genre de vie, c’est la fréquence avec laquelle les gens se rencontrent, et la “qualité” qu’on peut associer à cette sociabilité : rencontres éphémères ou non, amicales ou non, etc. En langage moderne, on dirait que l’auteur élabore une théorie des formes de sociabilité, ou une morphologie de l’entre-soi.
À ce titre, toujours dans Les Causes du Suicide, Halbwachs croit pouvoir opposer le genre de vie urbain au genre de vie rural, comme la vie moderne s’oppose à la vie d’antan. À la campagne, la vie collective est à la fois très forte et très simplifiée. Les occupations et les événements sont plus restreints, car dans ce monde vie professionnelle et vie familiale sont peu dissociées. Il se passe moins de choses (les “événements” sont plus ra...
Table des matières
- Couverture
- 4e de couverture
- Copyright
- Titre
- SOMMAIRE
- INTRODUCTION
- PREMIÈRE PARTIE : PROBLÉMATISATION, MODES DE CONNAISSANCE ET REPRÉSENTATIONS
- DEUXIÈME PARTIE : PROCESSUS DE SOCIALISATION ET CONSTRUCTIONS IDENTITAIRES
- TROISIÈME PARTIE : DÉVELOPPEMENT ET MILIEUX PROFESSIONNELS
- QUATRIÈME PARTIE : SITES ET DYNAMIQUES TERRITORIALES
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