
- 138 pages
- French
- ePUB (adapté aux mobiles)
- Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub
Île, état du lieu
À propos de ce livre
Ce nouveau - et dernier - numéro de Cultures et sociétés s'intéresse aux phénomènes insulaires, en tant qu'expérience et en tant que représentation. Tout à la fois "pièce à joindre au puzzle" et "portion autonome à part entière", l'île constitue une vraie singularité. Les différents contributeurs, en huit articles, s'essaient à étudier tantôt les points de contact, les interconnexions possibles, entre terres et îles, tantôt les points de rupture et de séparation.
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Sujet
Social SciencesSujet
Human GeographyChristiane Rochefort (1916-1998)
Thierry Goguel d’Allondans
Christiane Rochefort est bien plus qu’un écrivain, c’est une égérie des années 60 et 70, un « modèle à vivre » pour bien des jeunes de ces années-là. Elle naît le 17 juillet 1916, dans le quartier populaire parisien du 14e arrondissement. « Ça me revient – écrira-t-elle – je me souviens quand on m’a prise par les pieds et qu’on m’a tapé sur les fesses. » (1978 : 131) Elle évoquait souvent, avec nostalgie, sa jeunesse « désordonnée ». Elle s’avère d’emblée une jeune femme curieuse, ouverte à bien des aventures. En 1976, elle confie à Jacques Chancel (Radioscopie, 15 mars 197618) : « Mon ami, le hasard. Ma religion : le hasard ! » Elle s’essaie à tout : peinture (elle posera pour Soutine), dessin, sculpture, musique, journalisme… Elle écrit : des poésies (en étant, un temps, assez proche des surréalistes qu’elle jugera plus tard assez misogynes), nouvelles, romans, pièces de théâtre, essais… Cultivée, elle étudie dans tous les sens, papillonne parfois : la médecine puis la psychiatrie, et, à la Sorbonne, l’ethnologie et la psychologie. « Je me souviens pas une broque du premier cours de psycho auquel j’ai assisté, mais je me souviens qu’il n’y en a pas eu un second. Merci. » (1978 : 112) Christiane Rochefort l’avoue encore à Chancel : « Je suis une rebelle ». De fait, attachée de presse au festival de Cannes, pendant près de vingt ans, elle se fait remercier, en 1968, pour sa liberté de pensée. De même, par fidélité, elle quittera la Cinémathèque française en même temps qu’Henri Langlois, avec lequel elle collaborait, lors d’un conflit majeur que ce dernier avait avec André Malraux, alors ministre de la Culture. Rochefort est de toutes les luttes, elle participera notamment à la création de Choisir la cause des femmes (avec Simone de Beauvoir, Jean Rostand et d’autres) et du MLF (mouvement de libération des femmes) en 1971, à l’ « Appel du 18 joint » en 1976…
« Je me souviens quand j’ai dit le mot “écologie” en 55 et qu’il a fallu expliquer ce que c’était. » (1978 : 99)
« Je me souviens du référendum : Êtes-vous pour l’indépendance de l’Algérie et Moi, ou contre ? Et de ce que j’ai répondu. » (1978 : 96)
« Je me souviens quand Franco était en train de mourir et que toutes les bouteilles se vidaient avant. Et quand il a fallu on n’avait plus rien à boire. » (1978 : 99)
« Je me souviens quand j’ai acheté un petit bout de Larzac, et je suis devenue propriétaire de bleuets. Quarante, peut-être. J’ai trouvé que c’était un juste retour des choses. » (1978 : 110)
Mais ce qui la mobilise le plus, dira-t-elle à Jacques Chancel, c’est « la cause enfantine ». Pour elle, les enfants ont tant de potentialités mais – elle en a fait l’expérience avec désespoir – ils les perdent, pour bonne part, avec l’éducation, l’ordre social qui les prédestine à se marier, à avoir des enfants. Penser à autre chose, un autre destin, est si périlleux pour un enfant formé, dès son plus jeune âge, à des rôles sexuels convenus. De la vie privée de Christiane Rochefort, on sait peu de chose. « Je me souviens très mal – écrit-elle – de la première fois que j’ai fait l’amour comme on dit mais c’était à l’hôtel des Étrangers, rue Racine, et ma mère ne l’a pas lu sur ma figure. » (1978 : 103) Elle a été mariée, une fois, mais a divorcé pour préserver sa liberté. « On est plus libre quand on est seul » (à Jacques Chancel). Elle qui adorait les enfants, n’en eut pas. Elle écrit assez tôt, parfois sous des pseudonymes (Benoît Becker, Dominique Féjos), mais elle ne devient célèbre qu’à 41 ans, en publiant Le repos du guerrier (1958) qui sera porté à l’écran par Roger Vadim et propulsera les carrières de Robert Hossein et Brigitte Bardot. Pourtant, le livre choqua, fut jugé pornographique par certains, et sera même refusé par les jurys féministes du Prix Femina. Mais ses plus beaux livres sont, à notre avis, ceux qui mettent en scène des enfants et des adolescents épris d’amour libre. Rochefort revendiquait une « vie privée » pour les enfants. Elle est, bien avant l’heure, un précurseur de la diversité plutôt que de la différence. Ses jeunes personnages s’aiment dans et avec tous les sens, découvrent la frénésie des corps et des émotions, sans peur, sans culpabilité, qu’ils s’agissent de rencontres homosexuelles ou hétérosexuelles. Dans plusieurs récits, l’initiation se fait, de manière transgressive, dans les bras d’aînés : dans Le repos du guerrier (1958), Renaud est troublé par les avances et la séduction d’une petite fille ; dans Les petits enfants du siècle (1961), une adolescente de 13 ans s’amourache d’un maçon italien de 30 ans ; dans Les stances à Sophie (1963), une adolescente tombe amoureuse de sa belle-sœur ; dans Printemps au parking (1969), Christophe, adolescent, est en amour avec Thomas, jeune adulte ; dans Archaos ou le jardin étincelant (1972), il y a un foisonnement de relations plus diverses les unes que les autres, etc. Le thème de l’inceste émaille l’œuvre de Christiane Rochefort, comme une douleur inextinguible – « Le malheur, ce n’est pas le sexe. Le malheur c’est le Patron » (1988 : 4e de couverture) –, particulièrement dans son dernier roman, La porte du fond, qui lui vaudra, à 71 ans, son seul prix littéraire, le Médicis 1988. Elle explorera aussi, très en avance sur son temps, la thématique du genre, rappelant à Jacques Chancel que « Un ou deux garçons sur 100 rêve d’être une fille, 75 filles sur 100 ont rêvé un jour d’être un garçon ». Elle meurt le 24 avril 1998 au Pradet (Var) et est inhumée au Père Lachaise (22e division). Tous ses livres méritent d’être lus.
Note bibliographique
ROCHEFORT Christiane, 1978, Ma vie revue et corrigée par l’auteur, Paris, Stock.
–, 1988, La porte du fond, Paris, Grasset.
18 [http://www.ina.fr/audio/PHY03006021]
La chanson : un tabou national
Jacques Bertin
Puisque le nom de cette revue est Cultures & Sociétés, j’ai choisi de m’interroger sur un phénomène étrange : l’inexistence de cet art, la chanson, dans l’univers français de la Culture, dans la politique culturelle, dans l’Institution culturelle, à l’Université, dans le monde intellectuel, etc. Une absence, un tabou. Après cinquante ans de métier de chantauteur, je crois que j’ai quelques raisons de le penser.
(Avant tout, une précision : je ne fais pas de la « musique » ni de la « chanson française » ; je fais de la chanson. Un art multiséculaire… Il est d’ailleurs significatif qu’on ne dise plus jamais, désormais : « la chanson », mais « la musique » ou la « chanson française »… C’est justement mon sujet)
En ommençant, remémorons-nous un événement récent. Le président Obama chante (et très bien) devant des centaines de personnes une chanson traditionnelle. La foule reprend en chœur… Formidable ! Eh bien, imaginez François Hollande, dans une réunion publique, osant entonner « Le Temps des cerises » : l’assistance rit poliment, personne ne chante avec lui ; et le lendemain Libération et les comiques le ridiculisent ; il est mort.
J’exagère ? Eh bien, demandez-vous quand vous avez entendu, la dernière fois, une personnalité du haut chanter une chanson…
La chanson… Voyons l’action de l’État français
Permanentes et coûteuses politiques du théâtre, des arts plastiques, de la musique… La chanson ? Rien. Jamais. Chez nous, la chanson n’a jamais existé. Je dis bien, et j’insiste, et j’assume : jamais. Rien. Le Ministère ? La chanson a, depuis le début de la politique culturelle, et sans aucun débat, été confiée totalement au chaubise. Absence totale dans les salles subventionnées. Scènes nationales (environ 70) : un spectacle d’une vedette chaubise par an et c’est tout… Les SMAC (Scènes de Musiques actuelles – environ 150), leur nom l’indique, sont spécialisées dans tout ce qui n’est pas la chanson. Je ne crois pas y avoir chanté une seule fois depuis qu’elles ont été inventées. Cela contraste avec l’époque des MJC, plusieurs milliers dans les années 70, qui furent alors un extraordinaire véhicule de la chanson.
Aides publiques ? Savez-vous qu’on peut faire toute une carrière de chanteur, produire (à ses frais) des dizaines de disques, monter sur scène des milliers de fois sans jamais avoir eu un centime d’aide publique ? Si je crée une compagnie théâtrale, j’ai de bonnes chances d’être subventionné, c’est bien normal, par la mairie, la Région, le Ministère… Si je crée une compagnie de chanson ? Vous voulez rire ?
Chanteurs, il nous faut vivre ainsi, totalement à nos frais. Et j’ajoute même ici une situation que j’ai vécue : la rupture avec le chaubise vous prive aussitôt, bien sûr, de tout moyen de financement pour réaliser des disques.
Et, plus grave, tout cela ne choque ni n’a jamais choqué personne.
Parlons de l’intelligentsia
Le désossage, le dévoilement, l’analyse des phénomènes de manipulation de masse par la mode (le « matraquage », etc.), la consommation massive en temps ultra-bref, tout cela aurait dû être une tâche majeure de l’intelligentsia, à partir des années 70. Or il n’est rien venu. Rien. Indifférence totale.
L’université ? Rien, pendant des décennies pour décrypter ces phénomènes. Ici, je dois dire que depuis quelques années, le nombre des universitaires intéressés augmente, c’est vrai. Mais il est encore dérisoire. Naguère, quatre ou cinq ; aujourd’hui, dix ou vingt.
Avez-vous lu un livre paru chez un grand éditeur et décrivant le système économique de production et diffusion, ou la sémiologie de la « variété » (hier), des « musiques » (aujourd’hui) ? Où sont les Bourdieu et les Barthes ? Occupés ailleurs ! Dans des sujets sérieux. Une phrase d’Edgar Morin résume tout : « l’étude des sujets discriminés est discriminée ». Étudier un sujet pas réputé sérieux, c’est ne pas être sérieux. J’ai rencontré jadis, exemple triste mais qui en dit long, un peintre talentueux qui ne voulait surtout pas qu’on dise dans son CV qu’il avait été chanteur ! Ça aurait été un suicide, n’est-ce pas !
La militance politique ? Rien. L’absence de lutte, d’information, de mobilisation par l’extrême-gauche, si prompte à hurler, d’habitude, au sujet de « l’aliénation », est quelque chose d’ahurissant. La chanson est le lieu du libéralisme économique absolu ; et sans aucune opposition des milieux oppositionnels.
La presse ? Rien. Du people, de la mode, de la fausse rébellion… Aucune enquête sérieuse, jamais. Trafics de droits d’édition et abus de position dominante ? Jamais rien vu. Rien.
Ici, il faut ajouter une nuance. Tandis que jamais les manipulations (les tubes, le matraquage, etc.) dans la chanson n’ont été attaquées par les intellos, on a vu brusquement, dans les années 2000, apparaître les premières (les premières !) alertes, contre le chaubise de la littérature, par André Schiffrin, et par Jean Clair pour les arts plastiques ! Le thème : c’est affreux, voilà « les mœurs du show-business » dans la culture, la culture est menacée ! … Cinquante ans de retard, les amis !
La chanson est un territoire oublié dans le désert. Hors du débat culturel. Avez-vous jamais entendu parler d’un programmateur de radio emmerdé par des journalistes sur ses critères de choix, sur les chiffres ? Jamais, n’est-ce pas. Les noms de ces programmateurs, d’ailleurs, ne sont pas publics ; et la façon dont ils sont choisis est totalement secrète. La programmation entêtée de chansons en anglais sur les antennes publiques est comme une insulte permanente, mais on ne sait qui en a décidé ni pourquoi.
Les milieux artistiques ? Les problèmes esthétiques ? Prenez la question de la scène : la présence, la distanciation… Voyez les gars qui entrent sur le plateau comme s’ils étaient possédés : hurlements du public ! Or il me semble que le brechtisme avait, en théâtre, donné une analyse sur ce sujet. Eh bien, tout le monde s’en fout ! On n’en parle jamais, on n’en parlera pas : la chanson (ou la « musique ») n’est pas un sujet de culture – donc : pas de débat esthétique.
La chanson est hors de la culture
Voici donc ma thèse. C’est celle de la distinction, au sens de Bourdieu, si l’on veut. La chanson est trop commun des mortels pour permettre d’avoir l’air distingué. Donc, passons notre chemin. Car pour figurer dans le groupe supérieur de la culture, il faut se distinguer de.
Et je vois là la lassitude des classes supérieures à l’égard de la France. La fin de la France voulue par nos élites actuelles. Quoi de plus français, en effet, que la chanson...
Table des matières
- Couverture
- 4e de couverture
- Titre
- Sommaire
- (Br) exit !
- Des études sur le genre à l’éducation au genre6
- Saturation du spectacle sportif
- ÎLE, ÉTAT DU LIEU
- Île, état du lieu De l’espace aux enjeux de société
- Les territoires insulaires : des lieux d’exception ?
- Les îles divisées Dos-à-dos impossible, face-à-face insulaire
- Les néo-entrepreneurs des îles, moteur d’un renouveau économique ?
- La Terre de Gonneville, dernière station avant Mars Les bases historiques de « bases » futures
- Dans la famille accident, je demande le naufrage…
- D’île et de quelques choses
- Des rumeurs et des légendes, ou la vérité, d’une île à l’autre
- La condition peule – Autour de la vache, nomade ou sédentaire ?
- Christiane Rochefort (1916-1998)
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