
- 242 pages
- French
- ePUB (adapté aux mobiles)
- Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub
À propos de ce livre
Édouard Moradpour est l’un des pionniers de la « nouvelle Russie », où il est considéré comme le « père de la publicité ». Il s’installe à Moscou au lendemain de la chute du mur de Berlin et y restera vingt ans. Il mêle ici parcours personnel et réflexions sur le passage de l’Urss vers la nouvelle Russie et son capitalisme débridé. Putsch raté, chute vertigineuse du rouble, crise financière, guerres de Tchétchénie, attentats de Moscou, adieux d’Elstine, prises d’otages des rebelles tchétchènes, naufrage du Koursk, chasse aux oligarques – autant d’événements qui ont marqué le destin de la Russie postcommuniste et constituent des « plaies » encore ouvertes.
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Informations
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« LES TÉNÈBRES » : LA CRISE UKRAINIENNE
ET L’ISOLEMENT DE LA RUSSIE
À PARTIR DE 2014
« … il y eut d’épaisses ténèbres… »
Exode 10 (21-29)
Exode 10 (21-29)
Avant de prendre l’avion pour Paris le 28 novembre 2010, j’avais décidé d’envoyer mes affaires en bagages non accompagnés sur un vol Air France partant de l’aéroport de Sheremetyevo de Moscou deux jours avant.
J’étais arrivé à l’aéroport le 2 novembre vers 8 heures du matin, ma Peugeot 607 pleine de valises où j’avais entassé l’essentiel de ce que je comptais rapatrier à Paris après vingt années passées en Russie. Il y avait là mes affaires personnelles bien entendu, mais également des documents historiques que j’avais conservés précieusement, articles de journaux, photos, livres, dossiers de travail, cassettes VHS et audio (j’ai commencé à travailler à Moscou au début des années 1990, les DVD et les CD commençaient à peine à exister…).
Je n’avais rien jeté.
J’avais l’intention d’entasser ces « souvenirs » dans ma cave à Paris.
À ce moment-là , je ne savais pas encore que je descendrais dans ma cave en 2015 pour remonter tous ces cartons précieux qui me seront très utiles pour écrire cet ouvrage.
Au cours de cette journée passée à l’aéroport de Moscou de 8 h du matin à 8 h du soir, j’aurai, une dernière fois, l’occasion de me confronter à la bureaucratie russe, fortement teintée de la petite corruption quotidienne et normalisée.
J’aurais pu gagner beaucoup de temps ce jour-là et m’éviter un stress inutile si j’avais eu la bonne information dès le matin.
Mon chauffeur m’accompagnait afin de m’aider dans les démarches pour expédier mes six ou sept valises, qui ne contenaient aucun objet précieux.
J’étais persuadé qu’il me suffirait de remplir quelques formulaires pour me débarrasser de cette tâche indispensable.
Après une heure d’attente dans une file interminable devant le premier guichet, mon parcours kafkaïen allait commencer.
On m’informe tout d’abord que je dois passer devant six guichets différents pour faire tamponner les documents adéquats une fois les taxes de douane réglées.
On m’oblige à ouvrir chaque valise pour faire la liste précise et complète de son contenu sur un formulaire incompréhensible, avec une estimation du prix de chaque objet.
Un agent des douanes vérifie mes listes en fouillant les valises.
Ces listes étant un peu trop globales, je dois remplir à nouveau tous les documents avec plus de précision : chemises, pantalons, vestes, chaussettes, chaussures, ordinateurs, cassettes VHS, petits souvenirs, livres, dossiers professionnels, etc.
Après plusieurs allers-retours entre des guichets où de longues files m’attendent, j’arrive à l’épreuve « infranchissable » des deux tableaux que je veux rapporter à Paris.
Tout à fait par hasard, au moment de la construction de mes nouveaux bureaux de Euro RSCG Moradpour en 2003, j’avais découvert, dans les ordures du chantier, deux tableaux sans valeur. Il s’agissait de portraits sur bois représentant deux écrivains russes célèbres, Ivan Goncharov et Alexandre Ostrovski. J’avais alors demandé au chef de chantier l’autorisation de prendre les deux tableaux pour les accrocher aux murs de mon bureau.
En Russie, toute œuvre d’art doit être expertisée et évaluée par un certificat spécial (tamponné bien sûr…) pour pouvoir franchir la frontière.
Connaissant bien cette réglementation, j’avais pris la précaution de faire le nécessaire pour obtenir les certificats en question, délivrés par un bureau dépendant du ministère de la Culture.
Même pour des croûtes sans valeur, il fallait s’acquitter de droits substantiels pour obtenir les certificats d’exportation.
Je pensais que j’étais en règle pour rapporter ces deux tableaux à Paris.
Vers 15 h, je commence à déchanter en entendant le commentaire de l’un des douaniers :
« Comment être certains que ces certificats correspondent bien à ces deux tableaux ?! Nous devons vérifier. Je dois appeler la responsable culturelle de l’aéroport pour faire une expertise. » Je n’ai pas le choix, je tiens beaucoup à ces deux tableaux, souvenirs sans valeur, qui ont orné mon bureau pendant des années.
Je vais attendre plus de deux heures cette fameuse « responsable culturelle » qui examine longuement les portraits de Goncharov et d’Ostroski, côté face et côté pile, avant de tamponner et signer mes certificats.
Il est plus de 19 h quand j’arrive au bout de ce parcours absurde et épuisant, au dernier guichet pour régler les ultimes formalités. J’ai réussi à garder mon calme pendant près de douze heures sans quoi on m’aurait obligé à revenir le lendemain et tout recommencer à zéro.
C’est devant ce dernier guichet que j’entends la révélation d’un fonctionnaire étonné :
« Ah, mais vous êtes français ! Vous auriez dû, comme tous les étrangers, prendre un broker. Il vous aurait obtenu tous les documents nécessaires en moins d’une heure pour 500 $. Il y en a plusieurs à l’aéroport. »
Je comprends soudain que toutes les embûches de ce parcours sont autant d’obstacles destinés à décourager les gens à accomplir eux-mêmes toutes ces formalités. L’« intermédiaire » rémunéré partagerait les sommes collectées avec une chaîne de petits responsables.
À l’instar du « pourboire » qu’il fallait donner aux portiers des hôtels pour étrangers durant les années communistes pour faire entrer une amie soviétique, il s’agit du même système de petite corruption administrative banalisée.
Je connaissais pourtant bien ces pratiques, mais j’avais oublié, à l’heure du départ, qu’en Russie, tout (ou presque) peut s’acheter, à condition d’en connaître le prix.
Ainsi, j’étais de retour à Paris fin novembre 2010, sans pourtant quitter la Russie dans ma tête. Je réfléchissais à ces vingt ans passées dans ce pays. J’avais tant de choses à raconter !
Grâce à mes deux premiers romans, j’ai continué à vivre dans mes pensées, la Russie ne me quittait pas.
Je suivais de près l’actualité de ce pays en gardant un contact permanent avec mon réseau d’amis. Je n’ai pas passé un seul jour sans échanger de coups de fil, d’e-mails ou de SMS avec ceux que j’avais quittés.
À chaque événement, j’avais pris l’habitude de vérifier les informations par le biais de mes relations. Je voulais leur version des faits. Elle variait souvent de 180 degrés avec ce que nous entendions dans les médias français et occidentaux.
J’étais très marqué par les informations diamétralement opposées, au niveau des discours officiels comme en ce qui concerne les opinions publiques. Notamment sur ce qu’on appellera, début 2014, la « crise ukrainienne » qui allait aboutir, rapidement, à l’isolement de la Russie sur la scène internationale.
Cette crise ukrainienne était l’aboutissement d’une série d’événements qui avaient marqué la vie politique de la Russie durant la fin du mandat du président Medvedev en 2012 et au moment du retour de Poutine, en mars, pour un troisième mandat.
Le début du mandat du président Medvedev en 2008 avait été marqué par la crise économique mondiale, on l’a vu.
Au cours des années 2010-2012, l’économie du pays avait renoué avec une croissance relative, grâce à l’aval de la Banque mondiale. Le contexte n’était pas pour autant merveilleux. On assistait à une montée du mécontentement de la population dans une cinquantaine de grandes villes, en raison de la hausse du coût de la vie. Des centaines de milliers de manifestants réclamaient la démission de Poutine en tant que Premier ministre, tandis que ce dernier préparait déjà son retour comme président.
En septembre 2011, Medvedev et Poutine vont annoncer officiellement que Vladimir Poutine est le candidat de leur parti, Russie unie, à l’élection présidentielle de mars 2012. Medvedev sera son Premier ministre.
Lors des élections législatives de décembre 2011, le parti Russie unie obtient 49 % des voix, soit 15 points de moins qu’en 2007.
Ces élections législatives seront contestées pour fraudes massives, provoquant d’importantes manifestations qui réclament l’annulation du scrutin.
Le tour de passe-passe entre Medvedev et Poutine ne passait pas auprès de l’opinion publique.
La cote de popularité de Poutine va chuter auprès d’une grande partie de la population qui a bien compris la manœuvre.
Poutine reste le grand favori pour la course à la présidentielle, mais il est contesté au cours de manifestations de masse à Moscou comme dans d’autres grandes villes. Ces manifestations réunissent des opposants comme Boris Nemtsov ou Garry Kasparov, le champion d’échecs.
Afin de retourner l’opinion publique en sa faveur, Poutine va organiser une gigantesque contre-manifestation qui réunit plus de 130 000 personnes en janvier 2012, dans le stade olympique de Moscou.
Poutine-candidat affirme son « amour de la Russie » et demande à ses opposants : « Aimez-vous la Russie ? »
La réponse ne peut être que « Oui ! ».
Dès le lendemain, les sondages donnent Poutine gagnant avec plus de 63 % des voix dès le premier tour. Il sera effectivement élu président de la Russie en mars 2012, pour un troisième mandat de six ans avec plus de 63 % des voix au premier tour de scrutin.
En mai 2012, à l’issue de la cérémonie officielle d’investiture, il propose le poste de Premier ministre à Dmitri Medvedev.
L’opinion publique n’est pas dupe. Une cassure dans les esprits se produit à ce moment-là .
Les deux premiers mandats de Vladimir Poutine entre 2000 et 2008 ont entraîné une excellente cote de popularité et de confiance, bâtie sur des résultats économiques positifs.
Son faux départ entre 2008 et 2012 en tant que Premier ministre de Medvedev a déjà eu du mal à passer.
Son vrai retour en tant que président provoquera des oppositions farouches et des questionnements profonds qu’il essaiera de contrebalancer par une politique de plus en plus « autoritaire » à partir de 2012.
Il va s’appuyer sur un certain nombre de valeurs patriotiques, nationalistes, chrétiennes et familiales profondément ancrées dans la population russe.
Sans les présenter dans un ordre chronologique, les faits politiques majeurs suivants illustrent à l’évidence la dérive autoritariste du président.
– La création du Comité d’enquête de la Fédération de Russie. Ce sera l’organe d’enquête principal du pays, créé en janvier 2011 et nommé directement par Poutine.
Ce comité remplace le Comité d’enquête du procureur général de Russie. Il se situe au sommet du pouvoir juridictionnel. Ce sera, en quelque sorte, le bras armé judiciaire de Poutine. Le « Comité d’enqu...
Table des matières
- Couverture
- 4e de couverture
- Copyright
- Titre
- Dédicace
- Citation
- PRÉFACE
- PROLOGUE
- I. « LES GRENOUILLES » : LE PUTSCH DE MOSCOU D’AOÛT 1991
- II. « LA GRÊLE » : LE BOMBARDEMENT DU PARLEMENT ET L’OCTOBRE ROUGE D’ELTSINE EN 1993
- III. « LES TAONS » : LES PRIVATISATIONS ET LES OLIGARQUES 1992-1997
- IV. « LES FURONCLES » : LES DEUX GUERRES DE TCHÉTCHÉNIE DE 1994 ET 1999
- V. « LES SAUTERELLES » : LA GRANDE CRISE FINANCIÈRE D’AOÛT 1998
- VI. « LES POUX » : LES TERRIBLES ATTENTATS « TERRORISTES » DE MOSCOU EN 1999
- VII. « LES EAUX CHANGÉES EN SANG » : LE NAUFRAGE DU SOUS-MARIN KOURSK EN AOÛT 2000
- VIII. « LA MORT DES TROUPEAUX » : LA PRISE D’OTAGES DANS LE THÉÂTRE DE LA DOUBROVKA DE MOSCOU EN OCTOBRE 2002
- IX. « LA MORT DES PREMIERS-NÉS » : LA PRISE D’OTAGES DANS L’ÉCOLE DE BESLAN EN SEPTEMBRE 2004
- X. « LES TÉNÈBRES » : LA CRISE UKRAINIENNE ET L’ISOLEMENT DE LA RUSSIE À PARTIR DE 2014
- ÉPILOGUE. POUTINE À JAMAIS ?
- ANNEXE. REPÈRES : DE L’URSS À LA RU$$IE