
- 146 pages
- French
- ePUB (adapté aux mobiles)
- Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub
Ă propos de ce livre
Cet ouvrage se propose de mettre Ă jour la marginalitĂ© de l'ĂȘtre humain par rapport aux millions d'autres espĂšces vivantes: une diffĂ©rence non de degrĂ© ou de nature mais d'orientation. L'homme ne possĂšde pas tant le rire, l'art, des reprĂ©sentations ou l'idĂ©e de la mort mais des conceptions: du temps, du rire, de la famille, des noms propres, du sexe, du travail ou encore des Ăąges de la vie. Cette hypothĂšse rend aussi bien compte des points communs que des divergences entre cultures...
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Sujet
SozialwissenschaftenSujet
Soziologie
Introduction
Si chaque philosophe dĂ©finit Ă sa maniĂšre la discipline Ă laquelle il appartient - ainsi de G. Deleuze pour qui le penseur est crĂ©ateur de concepts, de Wittgenstein qui prĂ©conise lâanalyse des jeux de langage, de P. Ricoeur encore qui prĂ©fĂšre dĂ©montrer la lĂ©gitimitĂ© du discours poĂ©tique, ordinaire ou scientifique par rapport Ă un certain projet dâusage de la langue, notre dĂ©marche, plus modeste, se limitera Ă rĂ©veiller le sens endormi de certaines notions utilisĂ©es de maniĂšre rĂ©pĂ©tĂ©e. Cette image de la philosophie sera nĂŽtre afin dâanalyser un lexique et des Ă©noncĂ©s trop frĂ©quemment usitĂ©s dans les sciences de la vie aussi bien quâen Ă©thologie lorsquâelles abordent lâĂȘtre humain : sociĂ©tĂ©s, cultures, conscience, anthropomorphisme, pensĂ©e, diffĂ©rences de degrĂ© ou de nature, morale et histoire chez les grands singes, conscience de la mort chez certains vivants... autant de mots et dâexpressions intĂ©riorisĂ©s et diffusĂ©s frĂ©quemment lorsquâil est question de lâanimalitĂ© et de lâhumanitĂ©, leur signification ainsi que leur histoire Ă©tant le plus souvent Ă©vincĂ©es voire drastiquement simplifiĂ©es. Une absence de rigueur conceptuelle rĂšgne selon nous dans certains discours. Dans la mesure oĂč tout dĂ©bat sur lâhomme et lâanimal met en jeu des affects qui vont de la colĂšre Ă lâindignation, il convient de modĂ©rer lâesprit du lecteur soucieux dâentreprendre la lecture de cet ouvrage, et dâen appeler Ă sa tolĂ©rance pour la raison suivante : toute hypothĂšse proposĂ©e concernant les points communs et/ou divergences entre lâhomme et lâanimal (« lâhomme est un animal supĂ©rieur aux autres », « lâhomme est un animal comme les autres », « il nâexiste que des animaux », etc.), devrait au prĂ©alable ĂȘtre capable de rĂ©pondre prĂ©cisĂ©ment Ă trois exigences mĂ©thodologiques. Tout dâabord, ĂȘtre Ă mĂȘme de rĂ©pertorier la liste entiĂšre des animaux existant et ayant existĂ© (en ayant conscience de la difficultĂ© de la tĂąche puisque de nouveaux ĂȘtres vivants sont rĂ©guliĂšrement dĂ©couverts) ; ensuite, ĂȘtre capable dâanalyser toutes les espĂšces en question pour comprendre respectivement leur essence (et la tĂąche est Ă nouveau dĂ©licate puisque les chercheurs ne sâentendent pas nĂ©cessairement entre-eux â ainsi des hypothĂšses de Povinelli, Premack et Tomasello sur la thĂ©orie de lâesprit chez les grands singes) ; enfin, pouvoir comparer les donnĂ©es pour rĂ©ussir Ă dĂ©duire les diffĂ©rences ou similitudes entre espĂšces afin de poser les conclusions qui sâimposent. Or, il se trouve que personne nâest capable de rĂ©pondre Ă ces exigences mĂ©thodologiques. Dans cette mesure, il convient de tempĂ©rer les esprits belliqueux : nâest-il pas Ă©tonnant dâentendre dire que lâhomme est un animal comme les autres quand celui qui lâĂ©nonce ignore lâexistence du tarsier, du Palope du Pacifique ou de lâalpaga ? Nâest-il pas Ă nouveau curieux dâentendre dire quâil nâexiste que des animaux quand plusieurs espĂšces sont inconnues du chercheur, qui prĂ©tend avant mĂȘme de connaĂźtre lâentiĂšretĂ© du rĂ©el, dĂ©crĂ©ter a priori que tout est singulier ? Comme si, au passage, celui qui posait lâexistence de lâanimal nâavait pas conscience quâun pou se distinguait dâun serpent et ce dernier du tigre, et comme si ceux qui critiquaient le critĂšre Ă partir duquel chercher Ă distinguer lâhumain des autres espĂšces ne se rĂ©fĂ©raient pas eux-aussi implicitement Ă un critĂšre Ă partir duquel prĂ©tendre dire quâil nây a aucune diffĂ©rence (ou une diffĂ©rence de degrĂ© seulement1) - affirmations solidaires le plus souvent dâune mĂ©taphysique de la vie.
LâĂ©ternel dĂ©bat se poursuit au sein dâune alternative oĂč le vocabulaire des diffĂ©rences de degrĂ© et de nature est constamment invoquĂ©. Soit lâhomme est conçu comme Ă©tant radicalement distinct des autres vivants et se trouve alors sĂ©parĂ© de ces derniers (diffĂ©rences de nature), soit il est perçu Ă partir dâune complexitĂ© supĂ©rieure en partageant certaines de ses facultĂ©s (diffĂ©rences de degrĂ©). Ce cadre mĂ©thodologique est pourtant Ă©nigmatique pour deux raisons ; la premiĂšre, parce que lâintellectuel utilise deux concepts qui ne peuvent se rencontrer et cette opposition a donc selon lui un sens absolu. Elle est pourtant des plus relatives. Deux exemples suffiront Ă le prouver. Dans le domaine physique en effet, des diffĂ©rences de degrĂ© peuvent produire des divergences de nature ; ainsi, lâaugmentation ou la diminution de la chaleur dans un milieu ambiant peut contribuer Ă rĂ©-hausser ou abaisser la tempĂ©rature de lâeau (diffĂ©rences de degrĂ©), mais pouvant transformer sa nature en glace ou vapeur (diffĂ©rence de nature) â lâopposition de ces notions nâest plus pertinente si on la pense absolue. Dans le domaine biologique il en va de mĂȘme : lâallomĂ©trie, qui exprime la corrĂ©lation entre la taille dâun organisme et certains de ses paramĂštres biologiques, montre que le petit ne fonctionne pas comme le grand. Ainsi, lâaugmentation de la taille du cerveau (diffĂ©rences de degrĂ©) peut produire une mutation des lois rĂ©gissant certaines des rĂ©gions cĂ©rĂ©brales. Ce que S. Jay Gould a bien montrĂ© :
« La taille elle-mĂȘme dĂ©termine, dans des proportions importantes, la fonction et la structure dâun objet. Le grand et le petit ne fonctionnent pas de la mĂȘme maniĂšre. On appelle âallomĂ©trieâ lâĂ©tude des changements liĂ©s Ă lâaugmentation de la taille [...] il est possible que lâaccroissement prononcĂ© de la taille du cerveau chez lâhomme ait eu des consĂ©quences allomĂ©triques dĂ©terminantes, car les connexions neuroniques ont alors Ă©tĂ© suffisamment nombreuses pour transformer un outil inflexible et programmĂ© avec rigiditĂ© en un organe souple [...] Il est probable que la programmation du comportement nâest plus adaptative »2.
Ă nouveau, lâabsoluitĂ© de lâopposition se trouve fragilisĂ©e. La deuxiĂšme raison qui alimente notre scepticisme vient de la conjonction pourtant inĂ©vitable entre ces deux concepts. Prenons par exemple le philosophe John Locke qui affirme que lâhomme et les autres espĂšces sont capables dâĂ©tablir des comparaisons et compositions dâidĂ©es selon des niveaux de complexitĂ© diffĂ©rents, lâabstraction seule plaçant toutefois une diffĂ©rence radicale entre lâĂȘtre humain et les autres vivants3. Si on considĂšre en effet ce dernier facteur, Ă le supposer valide, nous serions effectivement en prĂ©sence dâune diffĂ©rence de nature. Toutefois, lâauteur affirme aussi dans sa premiĂšre proposition que lâĂȘtre humain possĂšde conjointement des aptitudes quâil partage avec les autres ĂȘtres vivants mĂȘme sâil en a complexifiĂ© lâusage. Il faudrait dĂšs lors en toute logique penser simultanĂ©ment et une diffĂ©rence de nature et aussi des divergences de degrĂ©. Mais comment alors penser globalement lâĂȘtre humain dans son rapport Ă lâanimal eu Ă©gard Ă un tel contexte, qui nâest ni de degrĂ© seulement ni de nature exclusivement ?
Un certain discours Ă©thologique et officiel affirme encore quâil nây a pas plus dâanimal gĂ©nĂ©rique que de groupe rigide chez certaines espĂšces : il existerait ainsi aussi bien des populations de singes que des singes particuliers (Sultan, Nim...) plutĂŽt que des reprĂ©sentants interchangeables de la mĂȘme catĂ©gorie. Il en est Ă©videmment de mĂȘme pour lâhomme. Toutefois, ce simple constat de la diffĂ©rence qui veut interdire ce privilĂšge des cultures aux ĂȘtres humains sous prĂ©texte que la diversitĂ© est aussi prĂ©sente chez les chimpanzĂ©s et dâautres vivants, achoppe sur lâabsence de clartĂ© dâun tel concept. Car il resterait en effet Ă savoir si les diffĂ©rences sont bien du mĂȘme genre, sâil existe un concept uniforme de diversitĂ© : agriculture, Ă©criture, grooming, systĂšme de signes, danse, taille des incivises chez certaines tribus, pĂȘche aux termites et cannibalisme de certaines Esquimaux se sentant apparentĂ©s aux Dieux peuvent-ils ĂȘtre subsumĂ©s indiffĂ©remment dans la classe homogĂšne de la diversitĂ©, satisfaisant le chercheur les regroupant aprĂšs inventaire ? Ă ce compte en effet, et au nom de la diffĂ©rence, autant dire que le code gĂ©nĂ©tique diffĂšre dâune plante, dâun minerai, dâun roman policier, lui-mĂȘme distinct de tel autre roman policier ou des poĂ©sies et dâune coiffure Ă la mode. Il faudrait commencer par montrer lâexistence de diffĂ©rentes diffĂ©rences et Ă©claircir leurs diverses acceptions. G. Devereux affirmait que
« Le trait le plus caractĂ©ristique que tous les hommes ont en commun est leur capacitĂ© dâĂȘtre plus diffĂ©rents entre eux quâun lion ne peut lâĂȘtre des autres lions »4
Une lecture superficielle raterait pourtant le sens de sa proposition puisque la diffĂ©rence Ă laquelle il est fait ici allusion nâest pas similaire Ă celle des animaux entre-eux, car les raisons responsables de cette diversitĂ© chez lâhomme sont bien diffĂ©rentes des causes responsables des variations dans la population des lions â ce qui les rend alors en cela plus dissemblables en effet ; A. Espinas, dĂšs 1878, critiquait tout misonĂ©isme en montrant que certaines fourmis faisaient preuve dâinitiative individuelle. Mais le concept de diversitĂ© mĂ©rite dâĂȘtre interrogĂ© dans la mesure oĂč il sâagit dâune autre hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ©. Nâest-ce pas ce que Condillac suggĂ©rait dans son TraitĂ© des animaux :
« Câest ainsi que lâhomme nous paraĂźt plus diffĂ©rer de lâAnge, et lâAnge de Dieu mĂȘme : mais de lâAnge Ă Dieu la distance est infinie ; tandis que de lâhomme Ă lâAnge elle est trĂšs considĂ©rable, et s...
Table des matiĂšres
- Introduction