La mémoire est un délire de reconstruction
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La mémoire est un délire de reconstruction

  1. 257 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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La mémoire est un délire de reconstruction

À propos de ce livre

Ce livre commence par mettre en lumière la vie mouvementée de ma Loge-Mère, de Francis Baudoux la R? L? « Le ciment », G?O?B? No 83 de 5967 à 5982. C'est au cours de cette année qu'un groupe de contestataires dont j'ai fait partie a décidé d'essaimer. Les feux de l'atelier que nous avons créée, la R?L? « Le temps des cerises », ont été allumés en 5983. Après quelques années aussi euphoriques que créatives, sont apparues les flammes de la discorde...

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Informations

Éditeur
EME Editions
Année
2015
ISBN de l'eBook
9782806608345

Acte 1 —
Ma R Loge-Mère « Le ciment »
G O B n° 83

L’interminable couloir du vieil hôpital d’Ixelles est vide. Ses larges fenêtres accueillent les derniers rayons d’un soleil d’automne. Sauf celle que des traînées de pluie blanches, grises et noires ont tatouée de griffures obliques que personne ne tente d’effacer. Je la connais depuis une vingtaine d’années, cette rebelle. Pourquoi n’a-t-elle jamais été remplacée ? Peut-être attendons-nous la construction de ce nouvel hôpital qui remplacera notre cher ancêtre ?
Un escalier latéral mène vers de mystérieuses caves. Des pancartes en lettres majuscules noires sur fond blanc indiquent leur nature :
PHYSIOTHÉRAPIE et MÉDECINE PSYCHOSOMATIQUE.
Plus loin, une nouvelle plaque annonce : SALLE V.
Tout au bout du couloir s’ouvre le monde de la naissance, familièrement appelé la « MAT ».
Le décor est planté.
La pièce peut commencer.
Deux hommes sont apparus à la gauche de ce tableau. Le premier semble cassé par la vie. Ses Charentaises, ses « slaches » comme disent les Bruxellois, se traînent sur le sol de marbre. De sa main droite, il pousse son baxter accroché à son support à roulettes. Un petit chuintement rappelle que l’engin n’est plus de première jeunesse. Un homme en blouse blanche, long comme un jour sans pain, tente de régler son allure sur celle de l’ancêtre qu’il conduit Dieu sait où. Leur marche lente et silencieuse évoque un opéra de Philip Glass1. Nous sommes dans un autre monde, dans un autre temps. Nous sommes à l’hôpital.
Il est midi. Sa bonne bouffarde à la main, le F Jean-Marie, gynécologue de son état, rencontre son ami et complice, le F Francis le psychosomaticien, initié quelques années avant lui dans leur triste Loge-Mère. Joie des retrouvailles, amour partagé de la santé, de la vie et du bon vin. Les deux comparses se retrouvent, soleil aidant, à la terrasse de leur bistrot favori en face des étangs d’Ixelles. Ils refont le monde, lequel, comme chacun le sait, en a le plus urgent besoin. La conversation porte sur les sujets favoris : la médecine, les femmes et la maçonnerie.
Certaines questions posées par mon futé confrère sont restées gravées dans ma mémoire : « Enfin, mon vieux, pourquoi restes-tu accroché à cette loge dont le charme, pour autant qu’il n’en ai jamais eu, s’est évaporé depuis belle lurette ? »
« Tu as beau le savoir mais tu continues à le nier, à t’aveugler. Pire, tu t’agrippes à cette bouée percée. J’aimerais vraiment que tu m’expliques ce qui t’y emprisonne. Moi je m’en suis tout à fait libéré. Je n’y mets plus les pieds. Je suis enfin libre ! »
Éludant la pertinence de ses interrogations, je me suis lancé dans de longues justifications. J’ai d’abord brandi l’espoir suscité par la nouvelle commission qualifiée de « bande d’utopistes » par « le marais ». J’ai appelé à l’aide la fidélité à mes engagements et autres refrains édifiants. Je voyais bien qu’il ne me croyait pas. Je m’acharnais pourtant à jouer l’autruche, à nier l’évidence.
« Tu es vraiment certain que les véritables causes de cet accrochage désespéré ne remontent pas plus loin, mon ami le psy ? » me demanda-t-il avec son bon sourire à dégeler les banquises. Je me souviens d’avoir rougi.
Après un long silence, je lui ai avoué : « Tu as raison. Après ce divorce de mes parents qui a empoisonné toute ma vie depuis que je suis gosse, je me suis juré que je ne divorcerais jamais. Je me suis pourtant mal marié. Après m’être débattu pendant des années dans cette nasse, j’ai fini par m’en échapper. J’ai beau détester le parjure, j’étais tombé en plein dedans. Mais en maçonnerie, même si j’ai atterri dans notre triste groupe, je ferai tout pour ne pas trahir une fois de plus mon serment de gosse. Comme la moule à son rocher, j’y resterai collé malgré la force des marées ».
Heureusement, l’espérance des lendemains qui chantent a fini par m’arracher à cet emprisonnement. Ma boule de cristal était embuée.
Elle allait enfin s’éclaircir.
J’ai choisi d’apporter ma pierre à l’histoire de mon cher TDC en commençant par déterrer ce vieux souvenir. Sa force paradoxale éclaire l’intensité libératrice de mon immersion totale au sein de l’aventure au goût de cerise qui allait bientôt naître.
Environ deux ans après ce que je viens d’évoquer, j’ai répondu par un OUI enthousiaste à la proposition qui m’a été faite par le noyau de base des fondateurs de cette folie de me joindre à eux pour créer une nouvelle loge. Elle allait porter ce joli nom : « Le temps des cerises ».
Vers le début de l’année 1980 un évènement a secoué notre conservatrice assemblée fraternelle. Ni un putsch ni une révolution. Un simple vote à la majorité qualifiée. « Les jeunes avaient pris le pouvoir ». Cette expression jaillie sur les colonnes résumait bien la réaction ambigüe de la loge. Autour du charismatique F Paul, élu au premier maillet, ceux que la majorité appelait les « novateurs », les « mécontents », les « rouges », les « anars », j’en passe et des pires, avaient serré les coudes. Ils avaient présenté une commission homogène sans rencontrer la moindre opposition de la part de la majorité aussi silencieuse qu’amorphe. « Les révolutionnaires » avaient proposé au vote de l’atelier une équipe soudée par un ras-le-bol du soporifique ronron habituel. La recherche de l’utopie à construire était au centre de leurs dérangeantes propositions. À une écrasante majorité, la loge a voté en leur faveur. Pas par enthousiasme mais par pur réalisme. Il n’y avait aucune d’alternative. Les quelques frères capables de présider aux manœuvres de ce navire aussi pesant que conservateur avaient épuisé leur dernière énergie en tentant d’insuffler l’idéal maçonnique à son équipage de fortune.
Une CODprogressiste, si enthousiaste soit-elle, ne mobilise pas impunément un groupe passivement opposé à toute modification de ses habitudes. Malgré les efforts déployés, les trésors de créativité de la nouvelle équipe n’ont pas permis d’éviter la crise. À la fameuse question « Que venons-nous faire en loge ? » nos réponses étaient trop divergentes. Nous ne pouvions ni le savoir ni même oser l’imaginer mais une mutation explosive se préparait.
Un incident a servi de détonateur à cette casserole à pression artisanale. C’est du moins comme cela que je l’interprète aujourd’hui avec tout ce que cette hypothèse a de réductrice. À l’époque, en 1982, j’étais tellement investi dans le vécu quotidien bouillonnant que je n’avais aucun recul face aux évènements. Je crois que nous étions tous dans le même état d’aveuglement passionnel. Les motivations de chacun d’entre nous et les manières de les vivre avaient beau varier d’une personnalité à l’autre, nous n’en avions cure. Notre petit groupe voulait se libérer de la pesanteur du ciment et se lancer à la conquête de la toison d’or.
Pour tenter de comprendre la nature des facteurs déclenchants de ce bouillonnement, je dois revenir brièvement aux origines de la loge et à son évolution. Dans leur déclaration de principes, les FF∴∴ fondateurs avaient mis l’accent sur l’importance qu’ils attachaient aux outils traditionnels de la franc-maçonnerie. Au ciment, la référence rituelle « à la Gloire du Grand Architecte de l’Univers » était incontournable. Les travaux étaient ouverts puis fermés sur l’autel à l’aide des outils symboliques traditionnels : l’équerre, le compas et la bible ouverte à la première page de l’évangile selon St Jean. La loge pratiquait sa synthèse personnelle des rituels en usage dans les deux obédiences récemment séparées. Elle entendait ainsi marquer haut et fort sa volonté de témoigner de sa résistance à l’inacceptable scission du GOB en 1959. Pour des raisons que je continue à ignorer et malgré mes demandes réitérées, aucun ancien n’a expliqué pourquoi notre belle histoire n’était pas transmise aux générations suivantes par les FF∴∴ fondateurs.
Des années après mon initiation en 1967, j’ai osé demander au premier vénérable fondateur de la loge, le F François L, quelles étaient les raisons de cette curieuse habitude. Il a évité de me répondre. À force d’insistance je lui ai arraché au cours d’une fin de soirée exceptionnelle, des confidences favorisées par l’abus de poudres fortes. Je me souviens de son émotion au cours de cette confession. Ce moment important de ma vie maçonnique est resté gravé dans ma mémoire. François m’a confié l’histoire qui suit. Héros de la résistance traumatisé par les déchirements entre les hommes, il avait rêvé que le monde de l’après-guerre serait enfin rendu meilleur suite à l’anéantissement de la monstruosité nazie. Les souffrances, les privations, les tortures et la mort de tant d’hommes et de femmes ne pouvaient pas avoir été vaines. Que puisse survenir une telle injustice lui était viscéralement inconcevable. La réalité politique de l’après-guerre l’avait douloureusement déçu et blessé. Au-delà des drames profanes, il avait espéré que la grande famille maçonnique à laquelle il appartenait passionnément continuerait, contre vents, marées et politicaille, à donner l’exemple de l’union. Nous étions à ses yeux la seule véritable fraternité rescapée du naufrage, l’authentique centre de l’union. Une inaltérable fraternité soudée au-delà des différences de toutes sortes qui divisent les hommes. Le déchirement de 1959, coupant en deux parties opposées son cher GOB, avait profondément rouvert ses blessures de guerre. Malgré tous ses efforts pour s’y opposer, il n’était pas parvenu à empêcher « la connerie » (je le cite et je l’approuve) de la création de la GLB. Avec quelques anciens il s’était battu pour créer une loge « résistante ». Son ciment symbolique devait rappeler aux hommes qu’il fallait farouchement s’opposer à toutes les forces de désunion. « Rassembler ce qui était épars » et enfermer le tout dans un ciment indestructible. Telle était leur manière de tenter d’empêcher les FF∴∴ de s’engager dans la funeste voie que certains avaient choisie au nom de la liberté. « Le ciment » a été la seule loge du GOB à jeter, contre vents et marées, un pont entre les deux obédiences séparées. Et à s’y cramponner. Elle s’était engagée dans sa déclaration de principes à veiller à sa pérennité jusqu’à la réunification tant espérée des deux obédiences. Concrètement, elle travaillait selon les rituels en vigueur dans les deux obédiences. Elle voulait construire un triangle dont les deux pôles de la base seraient laïque et religieux. À partir de ce socle, les frères pourraient vivre la spiritualité ouverte de leur choix. Concrètement, l’atelier organisait une tenue annuelle suivie d’agapes avec une loge de « l’autre groupe » familièrement appelé...

Table des matières

  1. Introduction
  2. Acte 1 — Ma R∴ Loge-Mère « Le ciment » G∴ O∴ B∴ n° 83
  3. Acte 2 — La R∴L∴« Le temps des cerises » ou T∴D∴C∴1
  4. Le vénéralat de Marc
  5. Le vénéralat de Francis
  6. Le vénéralat de François
  7. Le vénéralat de René
  8. Le vénéralat de Christian
  9. Le vénéralat de Jean
  10. Documents
  11. Publications du même auteur
  12. Articles
  13. Dans la collection « Explorations Maçonniques »