
eBook - ePub
Des choses absolument folles
Une lecture du roman Le TrĂšs-Haut de Maurice Blanchot
- 159 pages
- French
- ePUB (adapté aux mobiles)
- Disponible sur iOS et Android
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Ă propos de ce livre
« Un jour je dĂ©cidais que j'avais assez effleurĂ© Le TrĂšs-Haut et que j'allais y toucher. Vraiment. Je n'Ă©tais pas seule dans le choix. Une phrase m'avait dĂ©fiĂ©e, d'Emmanuel LevinasâŠ: "Des ressources intellectuelles considĂ©rables, peutĂȘtre dĂ©mesurĂ©es, seraient nĂ©cessaires" pour toucher Ă la poĂ©sie d'une oeuvre comme Le TrĂšs-Haut. La dĂ©mesure m'allait assez bien, je dĂ©cidais d'entrer dans le corps du texte et d'y recueillir ma lecture du TrĂšs-Haut...
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Informations
Sujet
Social SciencesSujet
SociologyLa maladie ou le lieu de la perception folle
Des temps de trĂšs haut risque
Que raconte Le TrĂšs-Haut ? Henri Sorge est un jeune fonctionnaire employĂ© Ă lâĂ©tat civil de lâHĂŽtel de Ville. Il relĂšve de maladie, il sâest absentĂ©, dâune certaine maniĂšre, de la vie commune, de son travail, de son immeuble. LâarrĂȘt met en relief la gĂ©omĂ©trie selon laquelle sâordonne sa vie. Câest dâabord une gĂ©omĂ©trie des relations intra et extra familiales : Une figure la domine, monumentale et dangereuse, celle de la mĂšre dont Sorge se protĂšge par le silence et lâĂ©loignement. Elle disparaĂźt rapidement du rĂ©cit pour y inscrire avec plus dâintensitĂ© par son absence, lâombre fantasmatique qui dĂ©termine les relations de Sorge avec les femmes, Marie, sa voisine de palier employĂ©e chez un photographe, Jeanne Galgat une infirmiĂšre qui sera sa garde-malade et Louise sa sĆur. Le pĂšre, « un homme de devoir, certes », mort depuis longtemps, redouble de prĂ©sence dans le cadre de granit qui enserre son portrait et en fait « une vĂ©ritable icĂŽne ». MausolĂ©e miniature gardĂ© farouchement par la sĆur Louise. Un autre axe de la gĂ©omĂ©trie familiale fait lien avec le dehors, câest le beau-pĂšre, figure haĂŻe, un fragment du corps des autoritĂ©s qui a lâabject pouvoir dâobtenir faveurs, dispenses ou promotions pour celui quâil aliĂšne. La gĂ©omĂ©trie familiale posĂ©e, le rĂ©cit ne sây attarde pas. Elle importe par la distance que prend Sorge Ă son Ă©gard et le regard Ă©tranger quâil porte sur elle.
La situation du dehors prend le pas sur lâintimitĂ© domestique, une Ă©pidĂ©mie jamais identifiĂ©e se rĂ©pand dans la ville, rĂ©pondant par la dĂ©composition des corps Ă grande Ă©chelle aux moisissures familiales. LâĂ©pidĂ©mie est le lieu dâune insurrection jamais dĂ©finie dans ses buts comme dans ses acteurs. Câest lâĂ©pidĂ©mie et lâinsurrection comme catĂ©gories de ce qui arrive. Elles sont lâune et lâautre la voie de passage dâun pouvoir totalitaire qui sâinstalle entre les contrĂŽles, les soins et les condamnations. La ville se vide de ses fonctions vitales pour se transformer en une succession de dispensaires installĂ©s dans les immeubles, dans les appartements comme autant de postes de surveillance et de contention. Lâappartement dĂ©laissĂ© par Marie la voisine â « qui avait habitĂ© lĂ de lâautre cĂŽtĂ© de la cloison et qui maintenant... Souvenir de mort » (105) â est occupĂ© par Dorte, « en pleine transformation sous lâinfluence de la maladie » (106). De chambre Ă chambre, ça communique par petits coups frappĂ©s sur les cloisons, comme de cellule Ă cellule. La sensation de la prison nâest jamais loin. Dans cette actualitĂ©, Sorge trouve son pĂŽle opposĂ©, Bouxx, voisin de palier au dĂ©but du rĂ©cit et qui se rĂ©vĂšle ĂȘtre chef de lâinsurrection. Entre eux un rapport de nĂ©cessitĂ© se tisse, rapport au sens propre de ce que chacun en retire, autour de lâenjeu brĂ»lant qui leur est commun, la loi : Lâun et lâautre sont habitĂ©s par lâobsession dâĂȘtre concernĂ©s et guettĂ©s par la loi. Bouxx et Dorte ont lâintime expĂ©rience des bas-fonds et de la prison.
Le chaos gagne du terrain jusquâĂ un point qui semble ĂȘtre pour Sorge Ă la fois accalmie et bord de lâabĂźme. Il quitte son appartement, emmenĂ© par Jeanne lâinfirmiĂšre dans un pavillon isolĂ© oĂč il entre de plain-pied â la prĂ©cision rĂ©pĂ©tĂ©e est importante, câest peut-ĂȘtre la part dâaccalmie. Sorge est nommĂ© par Jeanne et reconnu, dit-elle, comme « Le TrĂšs Haut ». Il essaie de rejoindre, avec son corps, dans son corps, ce vers quoi le nom du « TrĂšs Haut » lâappelle. Sorge est atteint dâune de ces crises dâĂ©pilepsie qui ponctuent le rĂ©cit. Le livre sâarrĂȘte brutalement sur un coup de feu tirĂ© par lâinfirmiĂšre. LâĂ©vĂ©nement ultime est la profĂ©ration de Sorge :
« â Maintenant, câest maintenant que je parle ».
Bien sĂ»r, il y a un rĂ©cit possible du TrĂšs-Haut, avec une Ă©pidĂ©mie, la peste peut-ĂȘtre, une insurrection violente, une maladie du narrateur, lâĂ©pilepsie peut-ĂȘtre. Des faits sont dĂ©crits : des malades sont rassemblĂ©s dans des chambres, des cadavres sont transportĂ©s, des hommes creusent des fosses pour les y jeter, des immeubles brĂ»lent, des rues entiĂšres sont interdites au passage, des odeurs nausĂ©abondes se rĂ©pandent, le narrateur a des accĂšs de fiĂšvre, il bave, il Ă©touffe. Certes tout cela est racontable. Tout cela arrive-t-il, y compris dans la fiction du roman ? LâĂ©pidĂ©mie a-t-elle une rĂ©alitĂ© physique ou est-elle le produit dâune reprĂ©sentation ? Qui est la maladie protagoniste du TrĂšs-Haut ? Quel est ce mal qui combat en premiĂšre ligne ?
Tout commence pour Sorge par la maladie, il a Ă©tĂ© malade, il en sort Ă peine, il est toujours en congĂ©. Il nâen est pas encore totalement revenu. Reviendra-t-il Ă lâĂ©tat antĂ©rieur ? Il y aurait eu un Ă©tat indemne de fiĂšvre et de dĂ©lire. La maladie marque la fin dâun temps oĂč Sorge se connaissait, nâavait rien Ă dĂ©couvrir sur lui, il savait pourquoi il Ă©tait lĂ , Ă telle place et pourquoi autrui Ă©tait lĂ .
Il semble que Sorge soit atteint du haut mal, comme on Ă©voquait jadis, pour ne pas la nommer, lâĂ©pilepsie. Que le haut mal prenne place dans Le TrĂšs-Haut situe la maladie dans les rĂ©gions du sacrĂ© et de la faute. Ce mal lĂ exprimerait la faute et le chĂątiment qui la rĂ©tribue. Or Sorge, Ă la question que Bouxx lui pose, Ă savoir sâil nâest pas un jour tombĂ© du haut mal, sâen dĂ©fend. « Vous mâattendez Ă mes Ćuvres ? DĂ©trompez-vous : je nâai pas la fiĂšvre, ni le dĂ©lire, je ne suis pas malade » (91). Il sâagirait donc dâautre chose ? Ce ne serait pas une simple affaire de corps enflammĂ© ou infectĂ©. Il pourrait y avoir de la faute, chĂątiĂ©e par les crises que le divin envoie sur le coupable. Faute et chĂątiment sont deux faces dâun mĂȘme Ă©vĂ©nement. Blanchot pose la maladie â et la valeur symbolique de lâĂ©pilepsie en fait un protagoniste â comme la voie dâaccĂšs Ă lâexpĂ©rience du fantasme.
La maladie fait brĂšche dans une certitude de soi et ronge les dĂ©marcations qui organisent les champs de la perception. La crise, dont lâattaque Ă©pileptique est une mĂ©tonymie, opĂšre une rupture dans les reprĂ©sentations. Les bouffĂ©es dĂ©lirantes, sortes de crises psychotiques du corps, ouvrent la perception Ă des extensions qui lui sont ordinairement fermĂ©es : une odeur prend forme ; des sentiments se figurent dans lâespace : la colĂšre, la souffrance, la haine, dâatteindre une acuitĂ© incomprĂ©hensible, se coulent dans les traits dâun cheval monstrueux qui mord dans le vide. Les objets acquiĂšrent une existence autonome, les membres et les organes se perçoivent extĂ©rieurs au corps. Blanchot fait travailler la figure de lâĂ©pilepsie au-delĂ des symptĂŽmes physiques qui la dĂ©signent, ou plus exactement il investit les symptĂŽmes, il y entre par lâimaginaire et en visite toutes les potentialitĂ©s. LâhyperactivitĂ© cĂ©rĂ©brale qui prĂ©dispose au mal sacrĂ©, est une donnĂ©e constitutive du personnage de Sorge et constitutive de lâĂ©criture de Blanchot, qui traque avec obsession le dĂ©cours de la pensĂ©e. La maladie est alors le symptĂŽme permanent dâun questionnement de ce qui se joue entre un individu et ses semblables. Les phases paroxystiques Ă lâorigine de lâattaque Ă©pileptique proprement dite sont des ouvertures vertigineuses de la perception. La maladie est un passage privilĂ©giĂ© vers des zones de lâĂȘtre oĂč il est remarquable que la cohĂ©sion du sujet ne rĂ©siste pas Ă la dissolution des frontiĂšres entre le dedans et le dehors. Elle est la scĂšne oĂč sâexpose lâextrĂȘme friabilitĂ© de la certitude de soi ; la stabilitĂ© des ordres Ă©tablis sây rĂ©vĂšle alĂ©atoire.
La maladie dans Le TrĂšs-Haut est lâaccĂšs Ă la fissure du sujet : elle est en soi, dans cette figure mĂ©tonymique que fait agir Blanchot, le lieu et le temps de la subversion du sujet. En regard de la morale, cet accĂšs est coupable dâun discrĂ©dit de la totalitĂ©, il appelle donc le chĂątiment, le haut mal envoyĂ© Ă celui qui ne sait pas encore â et lâaccepterait encore moins â quâil est en route vers la sĂ©paration dâavec la loi et lâEtat. Le rĂ©cit de Blanchot est la traversĂ©e dâun ĂȘtre, Sorge, qui va de la certification de soi comme reprĂ©sentant permanent de la loi et de lâEtat Ă la dĂ©sidentification de soi Ă la loi et Ă lâEtat. Comment, Ă partir de cette proposition, entrer dans lâesthĂ©tique de la traversĂ©e et voir en quoi elle soulĂšve la question de la division du sujet ?
Le mouvement en est parfois douloureux, pour le lecteur autant que pour le narrateur, chargĂ© dâentĂȘtement et dâincomprĂ©hension. Il sâagit dâune sĂ©paration violente et soutenue qui rĂ©clame pour se rĂ©aliser son poids de chair. EvĂ©nement exorbitant dans lâhistoire du sujet, la sĂ©paration fixe son prix : il ne peut ĂȘtre que trĂšs Ă©levĂ©, Ă la mesure de lâessentialitĂ© de ce qui se passe et il est la condition indispensable pour que la chose se passe. Sans la maladie, la traversĂ©e ne serait pas, pour Sorge, envisageable. Elle ne peut ĂȘtre le fruit dâune dĂ©cision, ce serait trop exiger de lâindividu, ce serait au-dessus de ses forces vitales. La maladie lây engage, Sorge, dans cette traversĂ©e, elle lui est dâune certaine maniĂšre imposĂ©e. En dehors de lâĂ©tat limite apportĂ© par la maladie, lâexpĂ©rience, dâĂȘtre Ă ce point inconcevable, pourrait provoquer lâeffondrement total de lâindividu, avec, selon les rĂ©sistances du corps, la folie ou la mort comme horizon. La maladie apparaĂźt alors comme le lieu du plus haut risque et comme ce qui en protĂšge, en ce sens quâelle lui offre un cadre, Ă©tant en elle-mĂȘme la forme prise par la traversĂ©e. Sorge nâavance donc pas dans un espace perdu, il est dans la maladie et avec elle, dans une sorte dâentretien infini avec elle. Câest elle qui lâexpose Ă des perceptions quâil ne saurait par lui-mĂȘme atteindre, et qui lâamĂšne au-delĂ des limites du sujet vers lesquelles il nâoserait seul se risquer. Les noms donnĂ©s Ă lâĂ©pilepsie, le haut mal, le mal sacrĂ©, dĂ©plient leur sens : celui qui en est affectĂ©, touche Ă une connaissance interdite, non en ceci quâelle serait rĂ©servĂ©e Ă un petit nombre dâĂ©lus. Elle nâest interdite par aucune autoritĂ©, elle nâappartient Ă aucune instance. Elle nâest pas connaissance rĂ©vĂ©lĂ©e. Elle se caractĂ©rise dâĂȘtre accĂšs Ă lâinter-dit, Ă la parole qui rĂŽde dans la zone que Blanchot nommera plus tard, Le Pas au-delĂ 15, parole interdite de transgresser le pas et qui est toujours le pas dĂ©jĂ portĂ© au-delĂ .
Le haut mal, en tant que figure, non en tant que rĂ©alitĂ© mĂ©dicale, fait passer Sorge par des Ă©tats de perception oĂč se produit un double Ă©vĂ©nement : emportement vers une sorte dâabsolu, de satisfaction absolue quâil serait possible dâatteindre â une identification transparente Ă lâautre, une fusion avec la divinitĂ© â et Ă lâacmĂ© de la trajectoire, contact avec rien au sens oĂč Blanchot Ă©crira dans un fragment de LâEcriture du DĂ©sastre16, intitulĂ© (Une scĂšne primitive ?)17 : « rien est ce quâil y a, et dâabord rien au-delà ». Il ne sâagit pas dâĂ©clairer Le TrĂšs-Haut par un texte qui lui est ultĂ©rieur mais de le comprendre Ă la lumiĂšre dâune expĂ©rience vĂ©cue en amont, dans lâenfance, et dont Blanchot tĂ©moigne par ce texte, prĂ©sentĂ© ou approchĂ© Ă quatre reprises dans LâEcriture du DĂ©sastre, un poĂšme en prose â il en a lâinattendu et la puissance : Lâenfant, sept ou huit ans, regarde Ă travers la vitre le jardin, puis sâen lasse et lĂšve le regard vers le ciel ordinaire, qui soudain â « le mĂȘme ciel » â sâouvre sur son vide « rĂ©vĂ©lant (comme par la vitre brisĂ©e) une telle absence que tout sây est depuis toujours et Ă jamais perdu, au point que sây affirme et sây dissipe le savoir vertigineux que rien est ce quâil y a et dâabord rien au-delà ». Ce qui suit chez lâenfant, câest une « joie ravageante dont il ne pourra tĂ©moigner que par un ruissellement sans fin de larmes ».
La prĂ©cision trĂšs documentĂ©e de Bident permet dâentendre le caractĂšre autobiographique de ce texte qui nâest pas un rĂ©cit de soi mais une expĂ©rience intime rapportĂ©e par Blanchot en dehors de toute appropriation. La dĂ©couverte par lâenfant du ciel soudain noir absolu et vide absolu est renvoyĂ©e Ă lâimpersonnel de ce qui est toujours dĂ©jĂ lĂ et ne peut faire lâobjet dâaucune revendication en nom propre. Entre la dĂ©couverte et lâenfant, la proposition est multiple : dĂ©couverte de lâenfant brusquement exposĂ© au secret, et Ă travers le secret dĂ©voilĂ© Ă lui-mĂȘme, dĂ©couverte dans lâenfant de la place en lui oĂč le dire peut ĂȘtre accueilli, dire du rien, dire altĂ©rĂ© Ă sa source, et dĂ©couverte par lâenfant que le secret est quâil nây en a...
Table des matiĂšres
- Introduction
- Préface
- Claudine Hunault
- Dâun coup de poing au coup de feu
- La maladie ou le lieu de la perception folle
- Une femme sans reste ?
- Les corps de la loi
- « Comment appeler cet état de choses ? »
- « Quelque chose de criminellement ancien »
- Plonger dans lâombre de Dieu
- La parole et la mort
- Dans la collection « Lire en Psychanalyse »