Des choses absolument folles
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Des choses absolument folles

Une lecture du roman Le TrĂšs-Haut de Maurice Blanchot

  1. 159 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Des choses absolument folles

Une lecture du roman Le TrĂšs-Haut de Maurice Blanchot

À propos de ce livre

« Un jour je dĂ©cidais que j'avais assez effleurĂ© Le TrĂšs-Haut et que j'allais y toucher. Vraiment. Je n'Ă©tais pas seule dans le choix. Une phrase m'avait dĂ©fiĂ©e, d'Emmanuel Levinas
: "Des ressources intellectuelles considĂ©rables, peutĂȘtre dĂ©mesurĂ©es, seraient nĂ©cessaires" pour toucher Ă  la poĂ©sie d'une oeuvre comme Le TrĂšs-Haut. La dĂ©mesure m'allait assez bien, je dĂ©cidais d'entrer dans le corps du texte et d'y recueillir ma lecture du TrĂšs-Haut...

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Informations

Éditeur
EME Editions
Année
2015
ISBN de l'eBook
9782806607195

La maladie ou le lieu de la perception folle

Des temps de trĂšs haut risque
Que raconte Le TrĂšs-Haut ? Henri Sorge est un jeune fonctionnaire employĂ© Ă  l’état civil de l’HĂŽtel de Ville. Il relĂšve de maladie, il s’est absentĂ©, d’une certaine maniĂšre, de la vie commune, de son travail, de son immeuble. L’arrĂȘt met en relief la gĂ©omĂ©trie selon laquelle s’ordonne sa vie. C’est d’abord une gĂ©omĂ©trie des relations intra et extra familiales : Une figure la domine, monumentale et dangereuse, celle de la mĂšre dont Sorge se protĂšge par le silence et l’éloignement. Elle disparaĂźt rapidement du rĂ©cit pour y inscrire avec plus d’intensitĂ© par son absence, l’ombre fantasmatique qui dĂ©termine les relations de Sorge avec les femmes, Marie, sa voisine de palier employĂ©e chez un photographe, Jeanne Galgat une infirmiĂšre qui sera sa garde-malade et Louise sa sƓur. Le pĂšre, « un homme de devoir, certes », mort depuis longtemps, redouble de prĂ©sence dans le cadre de granit qui enserre son portrait et en fait « une vĂ©ritable icĂŽne ». MausolĂ©e miniature gardĂ© farouchement par la sƓur Louise. Un autre axe de la gĂ©omĂ©trie familiale fait lien avec le dehors, c’est le beau-pĂšre, figure haĂŻe, un fragment du corps des autoritĂ©s qui a l’abject pouvoir d’obtenir faveurs, dispenses ou promotions pour celui qu’il aliĂšne. La gĂ©omĂ©trie familiale posĂ©e, le rĂ©cit ne s’y attarde pas. Elle importe par la distance que prend Sorge Ă  son Ă©gard et le regard Ă©tranger qu’il porte sur elle.
La situation du dehors prend le pas sur l’intimitĂ© domestique, une Ă©pidĂ©mie jamais identifiĂ©e se rĂ©pand dans la ville, rĂ©pondant par la dĂ©composition des corps Ă  grande Ă©chelle aux moisissures familiales. L’épidĂ©mie est le lieu d’une insurrection jamais dĂ©finie dans ses buts comme dans ses acteurs. C’est l’épidĂ©mie et l’insurrection comme catĂ©gories de ce qui arrive. Elles sont l’une et l’autre la voie de passage d’un pouvoir totalitaire qui s’installe entre les contrĂŽles, les soins et les condamnations. La ville se vide de ses fonctions vitales pour se transformer en une succession de dispensaires installĂ©s dans les immeubles, dans les appartements comme autant de postes de surveillance et de contention. L’appartement dĂ©laissĂ© par Marie la voisine – « qui avait habitĂ© lĂ  de l’autre cĂŽtĂ© de la cloison et qui maintenant... Souvenir de mort » (105) – est occupĂ© par Dorte, « en pleine transformation sous l’influence de la maladie » (106). De chambre Ă  chambre, ça communique par petits coups frappĂ©s sur les cloisons, comme de cellule Ă  cellule. La sensation de la prison n’est jamais loin. Dans cette actualitĂ©, Sorge trouve son pĂŽle opposĂ©, Bouxx, voisin de palier au dĂ©but du rĂ©cit et qui se rĂ©vĂšle ĂȘtre chef de l’insurrection. Entre eux un rapport de nĂ©cessitĂ© se tisse, rapport au sens propre de ce que chacun en retire, autour de l’enjeu brĂ»lant qui leur est commun, la loi : L’un et l’autre sont habitĂ©s par l’obsession d’ĂȘtre concernĂ©s et guettĂ©s par la loi. Bouxx et Dorte ont l’intime expĂ©rience des bas-fonds et de la prison.
Le chaos gagne du terrain jusqu’à un point qui semble ĂȘtre pour Sorge Ă  la fois accalmie et bord de l’abĂźme. Il quitte son appartement, emmenĂ© par Jeanne l’infirmiĂšre dans un pavillon isolĂ© oĂč il entre de plain-pied – la prĂ©cision rĂ©pĂ©tĂ©e est importante, c’est peut-ĂȘtre la part d’accalmie. Sorge est nommĂ© par Jeanne et reconnu, dit-elle, comme « Le TrĂšs Haut ». Il essaie de rejoindre, avec son corps, dans son corps, ce vers quoi le nom du « TrĂšs Haut » l’appelle. Sorge est atteint d’une de ces crises d’épilepsie qui ponctuent le rĂ©cit. Le livre s’arrĂȘte brutalement sur un coup de feu tirĂ© par l’infirmiĂšre. L’évĂ©nement ultime est la profĂ©ration de Sorge :
« – Maintenant, c’est maintenant que je parle ».
Bien sĂ»r, il y a un rĂ©cit possible du TrĂšs-Haut, avec une Ă©pidĂ©mie, la peste peut-ĂȘtre, une insurrection violente, une maladie du narrateur, l’épilepsie peut-ĂȘtre. Des faits sont dĂ©crits : des malades sont rassemblĂ©s dans des chambres, des cadavres sont transportĂ©s, des hommes creusent des fosses pour les y jeter, des immeubles brĂ»lent, des rues entiĂšres sont interdites au passage, des odeurs nausĂ©abondes se rĂ©pandent, le narrateur a des accĂšs de fiĂšvre, il bave, il Ă©touffe. Certes tout cela est racontable. Tout cela arrive-t-il, y compris dans la fiction du roman ? L’épidĂ©mie a-t-elle une rĂ©alitĂ© physique ou est-elle le produit d’une reprĂ©sentation ? Qui est la maladie protagoniste du TrĂšs-Haut ? Quel est ce mal qui combat en premiĂšre ligne ?
Tout commence pour Sorge par la maladie, il a Ă©tĂ© malade, il en sort Ă  peine, il est toujours en congĂ©. Il n’en est pas encore totalement revenu. Reviendra-t-il Ă  l’état antĂ©rieur ? Il y aurait eu un Ă©tat indemne de fiĂšvre et de dĂ©lire. La maladie marque la fin d’un temps oĂč Sorge se connaissait, n’avait rien Ă  dĂ©couvrir sur lui, il savait pourquoi il Ă©tait lĂ , Ă  telle place et pourquoi autrui Ă©tait lĂ .
Il semble que Sorge soit atteint du haut mal, comme on Ă©voquait jadis, pour ne pas la nommer, l’épilepsie. Que le haut mal prenne place dans Le TrĂšs-Haut situe la maladie dans les rĂ©gions du sacrĂ© et de la faute. Ce mal lĂ  exprimerait la faute et le chĂątiment qui la rĂ©tribue. Or Sorge, Ă  la question que Bouxx lui pose, Ă  savoir s’il n’est pas un jour tombĂ© du haut mal, s’en dĂ©fend. « Vous m’attendez Ă  mes Ɠuvres ? DĂ©trompez-vous : je n’ai pas la fiĂšvre, ni le dĂ©lire, je ne suis pas malade » (91). Il s’agirait donc d’autre chose ? Ce ne serait pas une simple affaire de corps enflammĂ© ou infectĂ©. Il pourrait y avoir de la faute, chĂątiĂ©e par les crises que le divin envoie sur le coupable. Faute et chĂątiment sont deux faces d’un mĂȘme Ă©vĂ©nement. Blanchot pose la maladie – et la valeur symbolique de l’épilepsie en fait un protagoniste – comme la voie d’accĂšs Ă  l’expĂ©rience du fantasme.
La maladie fait brĂšche dans une certitude de soi et ronge les dĂ©marcations qui organisent les champs de la perception. La crise, dont l’attaque Ă©pileptique est une mĂ©tonymie, opĂšre une rupture dans les reprĂ©sentations. Les bouffĂ©es dĂ©lirantes, sortes de crises psychotiques du corps, ouvrent la perception Ă  des extensions qui lui sont ordinairement fermĂ©es : une odeur prend forme ; des sentiments se figurent dans l’espace : la colĂšre, la souffrance, la haine, d’atteindre une acuitĂ© incomprĂ©hensible, se coulent dans les traits d’un cheval monstrueux qui mord dans le vide. Les objets acquiĂšrent une existence autonome, les membres et les organes se perçoivent extĂ©rieurs au corps. Blanchot fait travailler la figure de l’épilepsie au-delĂ  des symptĂŽmes physiques qui la dĂ©signent, ou plus exactement il investit les symptĂŽmes, il y entre par l’imaginaire et en visite toutes les potentialitĂ©s. L’hyperactivitĂ© cĂ©rĂ©brale qui prĂ©dispose au mal sacrĂ©, est une donnĂ©e constitutive du personnage de Sorge et constitutive de l’écriture de Blanchot, qui traque avec obsession le dĂ©cours de la pensĂ©e. La maladie est alors le symptĂŽme permanent d’un questionnement de ce qui se joue entre un individu et ses semblables. Les phases paroxystiques Ă  l’origine de l’attaque Ă©pileptique proprement dite sont des ouvertures vertigineuses de la perception. La maladie est un passage privilĂ©giĂ© vers des zones de l’ĂȘtre oĂč il est remarquable que la cohĂ©sion du sujet ne rĂ©siste pas Ă  la dissolution des frontiĂšres entre le dedans et le dehors. Elle est la scĂšne oĂč s’expose l’extrĂȘme friabilitĂ© de la certitude de soi ; la stabilitĂ© des ordres Ă©tablis s’y rĂ©vĂšle alĂ©atoire.
La maladie dans Le TrĂšs-Haut est l’accĂšs Ă  la fissure du sujet : elle est en soi, dans cette figure mĂ©tonymique que fait agir Blanchot, le lieu et le temps de la subversion du sujet. En regard de la morale, cet accĂšs est coupable d’un discrĂ©dit de la totalitĂ©, il appelle donc le chĂątiment, le haut mal envoyĂ© Ă  celui qui ne sait pas encore – et l’accepterait encore moins – qu’il est en route vers la sĂ©paration d’avec la loi et l’Etat. Le rĂ©cit de Blanchot est la traversĂ©e d’un ĂȘtre, Sorge, qui va de la certification de soi comme reprĂ©sentant permanent de la loi et de l’Etat Ă  la dĂ©sidentification de soi Ă  la loi et Ă  l’Etat. Comment, Ă  partir de cette proposition, entrer dans l’esthĂ©tique de la traversĂ©e et voir en quoi elle soulĂšve la question de la division du sujet ?
Le mouvement en est parfois douloureux, pour le lecteur autant que pour le narrateur, chargĂ© d’entĂȘtement et d’incomprĂ©hension. Il s’agit d’une sĂ©paration violente et soutenue qui rĂ©clame pour se rĂ©aliser son poids de chair. EvĂ©nement exorbitant dans l’histoire du sujet, la sĂ©paration fixe son prix : il ne peut ĂȘtre que trĂšs Ă©levĂ©, Ă  la mesure de l’essentialitĂ© de ce qui se passe et il est la condition indispensable pour que la chose se passe. Sans la maladie, la traversĂ©e ne serait pas, pour Sorge, envisageable. Elle ne peut ĂȘtre le fruit d’une dĂ©cision, ce serait trop exiger de l’individu, ce serait au-dessus de ses forces vitales. La maladie l’y engage, Sorge, dans cette traversĂ©e, elle lui est d’une certaine maniĂšre imposĂ©e. En dehors de l’état limite apportĂ© par la maladie, l’expĂ©rience, d’ĂȘtre Ă  ce point inconcevable, pourrait provoquer l’effondrement total de l’individu, avec, selon les rĂ©sistances du corps, la folie ou la mort comme horizon. La maladie apparaĂźt alors comme le lieu du plus haut risque et comme ce qui en protĂšge, en ce sens qu’elle lui offre un cadre, Ă©tant en elle-mĂȘme la forme prise par la traversĂ©e. Sorge n’avance donc pas dans un espace perdu, il est dans la maladie et avec elle, dans une sorte d’entretien infini avec elle. C’est elle qui l’expose Ă  des perceptions qu’il ne saurait par lui-mĂȘme atteindre, et qui l’amĂšne au-delĂ  des limites du sujet vers lesquelles il n’oserait seul se risquer. Les noms donnĂ©s Ă  l’épilepsie, le haut mal, le mal sacrĂ©, dĂ©plient leur sens : celui qui en est affectĂ©, touche Ă  une connaissance interdite, non en ceci qu’elle serait rĂ©servĂ©e Ă  un petit nombre d’élus. Elle n’est interdite par aucune autoritĂ©, elle n’appartient Ă  aucune instance. Elle n’est pas connaissance rĂ©vĂ©lĂ©e. Elle se caractĂ©rise d’ĂȘtre accĂšs Ă  l’inter-dit, Ă  la parole qui rĂŽde dans la zone que Blanchot nommera plus tard, Le Pas au-delĂ 15, parole interdite de transgresser le pas et qui est toujours le pas dĂ©jĂ  portĂ© au-delĂ .
Le haut mal, en tant que figure, non en tant que rĂ©alitĂ© mĂ©dicale, fait passer Sorge par des Ă©tats de perception oĂč se produit un double Ă©vĂ©nement : emportement vers une sorte d’absolu, de satisfaction absolue qu’il serait possible d’atteindre – une identification transparente Ă  l’autre, une fusion avec la divinitĂ© – et Ă  l’acmĂ© de la trajectoire, contact avec rien au sens oĂč Blanchot Ă©crira dans un fragment de L’Ecriture du DĂ©sastre16, intitulĂ© (Une scĂšne primitive ?)17 : « rien est ce qu’il y a, et d’abord rien au-delĂ  ». Il ne s’agit pas d’éclairer Le TrĂšs-Haut par un texte qui lui est ultĂ©rieur mais de le comprendre Ă  la lumiĂšre d’une expĂ©rience vĂ©cue en amont, dans l’enfance, et dont Blanchot tĂ©moigne par ce texte, prĂ©sentĂ© ou approchĂ© Ă  quatre reprises dans L’Ecriture du DĂ©sastre, un poĂšme en prose – il en a l’inattendu et la puissance : L’enfant, sept ou huit ans, regarde Ă  travers la vitre le jardin, puis s’en lasse et lĂšve le regard vers le ciel ordinaire, qui soudain – « le mĂȘme ciel » – s’ouvre sur son vide « rĂ©vĂ©lant (comme par la vitre brisĂ©e) une telle absence que tout s’y est depuis toujours et Ă  jamais perdu, au point que s’y affirme et s’y dissipe le savoir vertigineux que rien est ce qu’il y a et d’abord rien au-delĂ  ». Ce qui suit chez l’enfant, c’est une « joie ravageante dont il ne pourra tĂ©moigner que par un ruissellement sans fin de larmes ».
La prĂ©cision trĂšs documentĂ©e de Bident permet d’entendre le caractĂšre autobiographique de ce texte qui n’est pas un rĂ©cit de soi mais une expĂ©rience intime rapportĂ©e par Blanchot en dehors de toute appropriation. La dĂ©couverte par l’enfant du ciel soudain noir absolu et vide absolu est renvoyĂ©e Ă  l’impersonnel de ce qui est toujours dĂ©jĂ  lĂ  et ne peut faire l’objet d’aucune revendication en nom propre. Entre la dĂ©couverte et l’enfant, la proposition est multiple : dĂ©couverte de l’enfant brusquement exposĂ© au secret, et Ă  travers le secret dĂ©voilĂ© Ă  lui-mĂȘme, dĂ©couverte dans l’enfant de la place en lui oĂč le dire peut ĂȘtre accueilli, dire du rien, dire altĂ©rĂ© Ă  sa source, et dĂ©couverte par l’enfant que le secret est qu’il n’y en a...

Table des matiĂšres

  1. Introduction
  2. Préface
  3. Claudine Hunault
  4. D’un coup de poing au coup de feu
  5. La maladie ou le lieu de la perception folle
  6. Une femme sans reste ?
  7. Les corps de la loi
  8. « Comment appeler cet état de choses ? »
  9. « Quelque chose de criminellement ancien »
  10. Plonger dans l’ombre de Dieu
  11. La parole et la mort
  12. Dans la collection « Lire en Psychanalyse »